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Critiques de James (211)
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Amour, passion et CX diesel, saison 2

La famille Gonzalès est toujours en ébullition ! Harold, le patriarche, souffrant d'Alzheimer, n'a toujours pas désigné celui qui héritera de sa CX diesel. À Brandon et son épouse Jessifer, tout juste jeunes parents ? À Bill qui se rêve déjà au volant, le bras sur la portière (avec Jessifer à ses côtés si celle-ci avait le courage de quitter Brandon) ? À Pamela et Bill, qui se trouve être au chômage et qui boit un peu trop ? Un couple qui, via Adoption Discount, entreprend des démarches pour adopter un Coréen. Ou encore à Jean-Mortens (à la peau noire mais pour autant personne ne semble l'avoir remarqué !) qui, avec son ami, Elton, aura bien du mal à faire comprendre à toute sa famille qu'il est homosexuel ? Ah... sacré dilemme pour Harold d'autant que les coups bas, les messes basses, les tromperies et les piques vont fuser !



Toute ressemblance avec une célèbre série (qui en est à presque son 8000ième épisode, pfff, rien que ça !) serait purement non fortuite. Des situations prenantes, des quiproquos hallucinants, des dialogues riches (en humour), une famille qui se déchire, des cœurs tiraillés... et j'en passe. Sous l'œil avisé et cinglant de Fabcaro, la famille Gonzalès se déchire, en effet, pour savoir qui héritera de la CX d'Harold. Évidemment, tous les coups sont permis. Et les pièces rapportées peuvent y apporter, cela va de soi, leur grain de sel (elles semblent d'ailleurs y prendre un certain plaisir). L'auteur aborde, non sans humour, divers thèmes tels que l'amour, l'infidélité, la maladie, l'homosexualité, l'infécondité, l'adoption, l'argent, le chômage... Les personnages, parfaitement campés, sont d'une sournoiserie et d'une bêtise abyssales... mais finalement attachants dans leur stupidité. Les dialogues sont très travaillés et les chutes un régal. L'on se délecte de ces piques cinglantes entre Jessifer et Pamela ou cette incompréhension à comprendre Jean-Mortens. Le trait zoomorphe et délicat de James et la douce palette de BenGrrr atténuent le propos faussement cruel mais intelligent des dialogues.
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Amour, passion et CX diesel, saison 1

Harold Gonzalès, le patriarche de la famille, est malade. Il souffre d'Alzheimer. Depuis que Cynthia, sa femme, l'a annoncé à ses quatre enfants et leurs conjoints, ces derniers ont compati (en apparence) et se sont inquiétés... pour savoir lequel allait hériter de la CX diesel (dotée d'une suspension hydro-pneumatique par bras transversaux superposés, au tableau de bord muni d'un compte-tours à tambour rotatif, rien que ça !). Brandon et son épouse, qui pense être enceinte de son amant, Bill (le petit frère célibataire de Brandon), Pamela et son mari, qui en auraient bien besoin vu que Tony est au chômage, et Jean-Mortens vont se livrer une bataille sans merci et vont rivaliser de coups bas pour s'attirer les faveurs d'Harold...



Amour, passion et CX diesel... c'est un peu Santa Barbara chez les beaufs ! Et quel régal que ce premier tome dans lequel l'on fait connaissance avec la fratrie Gonzalès. Pas un pour rattraper l'autre, que ce soit Brandon, tenancier d'une boite de nuit, le Chunga Night, Tony, le soi-disant concepteur de projets, ou encore Jessifer qui n'hésite pas à tromper son mari avec ses beaux-frères. Composé de strips de 6 cases, le tout formant une histoire cohérente, cet album fait mouche de par ses répliques cinglantes ou vachardes, ses dialogues savoureux, ses chutes jouissives, ses personnages attachants dans leur beauferie et leur bêtise... Graphiquement, le décor se veut un brin kitsh, les personnages zoomorphes sont bien vus. Fabcaro, James et BenGrrr nous offrent une sitcom hilarante et intelligemment menée !

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Amour, Passion et CX diesel, saison 3

Chez les Gonzalès, la tension est toujours palpable entre les 4 enfants d'Harold à propos de la CX diesel tant convoitée... En dehors de ça, ça se chamaille à tout va, ça se lance des piques, ça fait des coups bas... Jessifer doute de sa relation adultérine avec son beau-frère et veut y mettre un point final. Mais visiblement, Bill et son sex-appeal savent être dissuasifs... Pamela se trouve laide, terne, et grasse. Elle négocie auprès de son mari pour une éventuelle opération chirurgicale. Ce dernier se laisse convaincre d'autant qu'il en a trouvé un super ! Un qui fait travaux de plomberie, d'électricité, de jardinage et de chirurgie... Jean-Mortens, lui, est déprimé depuis le départ d'Elton et cherche la meilleure façon pour se suicider... Quant à Jessifer et Brandon, ils décident de prendre une baby-sitter pour leur fils. Une belle étudiante en philosophie qui fera tourner la tête des 3 frères...



Dernier opus vaudevillesque et jubilatoire des aventures de la famille Gonzalès... Et c'est non sans un certain regret que l'on quitte tous ces personnages totalement atypiques ! Fabcaro, BenGrrr et James s'en donnent de nouveau à cœur joie dans ce troisième volet. Toujours à raison de 6 cases par saynètes, avec une chute vraiment bien trouvée à chaque fois, ce soap opera Santa Barbaresque nous plonge au cœur des mesquineries, des répliques vachardes, des prouesses intellectuelles, des jalousies ordinaires, des incompréhensions délirantes de cette famille hors norme, composée de beaufs attachants. Sans jamais être méchant, Fabcaro se montre plutôt tendre envers eux. La finesse du trait de James et la délicate palette de couleurs de BenGrrr adoucissent la teneur des propos.

Jouissive, pertinente, finement travaillée, une série incontournable !
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... A la folie

Un couple est assis sur un canapé. Habillés en tenue de mariage, ils racontent leur vie amoureuse, chacun leur tour.

Cela commence évidemment par la rencontre. Ils sont à la fac tous les deux. Elle, elle a complètement craqué pour lui. Mais, il était entouré la plupart du temps de ses amis, sortait beaucoup et, beau jeune homme, avait beaucoup de succès avec les filles. Elève studieuse, de bonne famille, douce et timide, les garçons ne la regardaient pas vraiment. Il s'est rendu compte de son manège et se demandait alors ce qu'elle lui voulait. A bien la regarder, il la trouvait plutôt jolie sous ses vêtements un peu démodés. La rencontre a eu lieu au cours d'une soirée, malheureusement un peu trop arrosée. Un regard, une danse puis un baiser. S'ensuit le mariage en grande pompe. Chacun raconte alors ce jour mémorable. Lui, apparemment, comptait sur ce jour-là pour se créer un réseau professionnel. Une fois installés ensemble, il a décidé qu'elle ne devait pas travailler, son salaire suffisant largement aux dépenses. Elle s'occupe alors de la décoration de l'appartement, reçoit ses amies chez elle mais elle doit surtout s'occuper de son mari: lui préparer son petit-déjeuner aux aurores et lui concocter de bons petits plats quand il rentre le soir. Un jour où sa meilleure amie est venue lui rendre visite, elle remarque un bleu au coin de l'oeil. Elle lui avouera que sous la tension du travail et la fatigue, son mari était un peu énervé mais lui a promis que cela ne se produirait plus...



Assis côte à côte, ce couple visiblement épris l'un de l'autre raconte à tour de rôle sa vision des événements marquants de leur vie. Au fil de la lecture, l'on se rend compte qu'ils ne les ont pas vécus de la même façon ou qu'ils sont abordés différemment. Ainsi, avec ces flashbacks, l'on remonte le cours de leur vie et l'on essaie de comprendre comment ils ont pu en arriver là, chacun apportant son lot d'explication et son propre ressenti. Sylvain Ricard étonne et interpelle avec cet album à l'allure inoffensive et atypique puisque l'on ne se doute pas de prime abord du sujet sensible et très fort de cette histoire, traité intelligemment et sans fausse note. La trame de cet album est terriblement accrocheuse et astucieuse avec les témoignages à la façon de "Quand Harry rencontre Sally". De plus, l'auteur a choisi expressément un milieu social favorisé pour montrer que cette violence physique et psychologique est partout. Le dessin animalier, créant une fausse distance, nous plonge immanquablement dans cette tragédie conjugale.



… à la folie... plus du tout?
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Amour, passion et CX diesel, saison 1

Serait-on plus sur des pneus Michelin Alpin ou des Hancook winter 205/55 R16 cet hiver ?

Y aura-t-il de la dinde (et je parle du gallinacé) à Noël ?

Mais surtout, surtout, qui héritera, au décès du patriarche souffreteux, de la CX diesel si congrûment convoitée ?

Autant de questions auxquelles ne répondront pas Fabcaro et sa bande.

Au temps pour moi, il semblerait qu'il y ait réflexionite aigüe sur la CX.



Un sujet à la con.

Et j'ai rien contre Citroën. La preuve, je roule en Fuego.

Un rythme nerveux, s'appuyant sur des strips de 6 cases, sur l'air des feux de la moue, épisode 35268 - pour donner une idée du "high level" aux puristes -, d'amour gloire et poire belle-Hélène, de Dynastie, c'est vous qui voyez en fonction de votre sensibilité romantique et capillaire, le tout se veut burlesque, absurde, facétieux...c'est vous qui voyez en fonction de votre sensibilité humoristique.



Très bon moment.

N'est-il point, Jessifer?
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Sales mômes, sales vieux

J'ai reçu cette Bd dans le cadre de la Masse Critique Graphique, merci Babelio et Fluide Glacial. Beaucoup de chance sur ce coup-là, je n'y ai pensé que dans l'après-midi et dans les titres restants je n'avais coché que celui-ci.

Ce n'est d'ailleurs pas vraiment une BD au sens classique du terme, plutôt un album graphique petit format, avec une histoire sur quatre cases par page (dont une pour le titre) et de temps en temps un dessin pleine page. Une seule couleur par page également (rose, bleu, vert, et occasionnellement du violet ou de l'orange. Les personnages, très caricaturaux, sont récurrents, et représentent les différents âges de la vie, du bébé au vieillard.

Comme le titre vous l'aura sans doute fait comprendre (et la couverture encore mieux au cas où vous auriez encore un doute), les situations présentées dans chaque historiette mettent en scène tous les moments où on a du mal à supporter la vie de famille : cela va du bébé qui se réjouit des années qu'il va passer à pourrir la vie de sa mère, aux adultes qui n'en peuvent plus d'aller voir leurs parents décrépits à la maison de retraite (parents qui ne se privent pas non plus de baver sur leur progéniture). Au passage on rencontre aussi une mère indigne qui veut continuer à vivre sa vie "comme avant", des ados en rébellion, une jeune femme enceinte avec des parents donneurs de bons conseils ou un couple gay qui se refile le bébé pour les corvées.

Si vous n'êtes pas amateur d'humour cynique et premier degré, mieux vaut éviter ce titre, vous risqueriez d'en prendre pour votre grade ! En effet, c'est bien dans la lignée "Fluide glacial", sans complaisance et pas sympa. Moi j'apprécie, donc j'ai bien ri, mais j'attendais encore pire à vrai dire. Et au niveau du dessin j'ai été un peu frustrée, je préfère quand même des personnages un peu plus soignés (ces horribles nez !) et un minimum de décor. Là, c'est très efficace, mais mochouille.

En conclusion j'ai passé un bon moment (très court!), mais ma note est mitigée à cause de l'esthétique du dessin.

Vive la famille !
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Chères élites

Les puissants de ce monde, et les hommes/femmes politiques en particulier, sont une source inépuisable de rigolade (rire jaune, mais bon). Mégalos et riches, ils sont forcément suspects pour nous, gens du peuple. Et aucun dérapage n'est épargné à ceux qui sont célèbres, qui aiment s'afficher publiquement.



C'est pour ça que je suis friande de dessins de presse, sur FB ou ailleurs, que je lis le Canard enchaîné et que j'écoute/regarde avec délice quelques chroniqueurs de France Inter, dont le brillant 'gauchiasse' (sic) Guillaume Meurice - merci, L. ! 😉



Dans cet album, François Ravard & James prétendent égratigner

« héritiers, dirigeants politiques, châtelains, capitaines d'industrie, actionnaires, rentiers, traders ».

Ils y évoquent donc l'argent et le pouvoir, bien sûr, et ce qui l'accompagne : le mépris de classe, la corruption, le sexe...



Bof, pas assez corrosif. Raccord avec le dessin vieillot & terne, la plupart des gags sont usés ou gentillets.
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Dieu point zéro

Imaginez un peu le travail, à l’heure actuelle, pour un Créateur connecté ! Il faut négocier, tout négocier : avec son ennemi juré des Enfers, avec les autres religions, avec sa propre femme qui débarque sans crier gare en Femen ! Alors que lui ne rêve que d’une chose : faire sa sieste.



Evidemment, tout est à prendre avec humour et j’ai souri à chaque page de cette BD ! Cet album est paru chez Fluide Glacial, je le précise car je sais qu’il y a des réfractaires à l’humour noir.
Lien : https://promenadesculturelle..
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... A la folie

Bon, j'avoue, en ce moment, je turbine au Ricard.

Au Sylvain Ricard, pour être précis.

Apéro du jour: … à la folie.

J'vous préviens tout de suite, pour la p'tite collation, oubliez confettis et cotillons, pas vraiment le style du bonhomme.



Ils sont deux sur un sofa. Ouais, on pourrait légitimement appeler ça un couple.

Deux êtres unis par les liens du mariage pour le meilleur et pour le pire.

Pouf, pouf, ce se-ra toi qui te col-ti-nera le pire.

De fait, madame sera la grande gagnante multirécidiviste. Heu-reuse !



La violence conjugale, voilà de quoi il retourne présentement.

Les deux époux se dévoilent, assis côte à côte, sans qu'il n'y ait aucune sorte d'interaction entre eux.

Le physique de madame évoluant au fil du temps mais surtout au rythme des coups reçus inlassablement.

De la rencontre, belle, comme dans un rêve de princesse, au quotidien triste à pleurer, chacun donne sa version du couple étonnamment dissemblable. En même temps, allez demander, vous, à un gland corrigeant sa femme, de faire preuve d'un minimum d'honnêteté intellectuelle. Et je parle même pas de repentir, là.

Elle l'avait bien cherché et pis c'est tout.



Ce qu'il y a de frappant, sans mauvais jeu de mot, c'est ce statut de victime expiatoire assumé qui se met en place au fil du temps.

La femme, pas franchement aidée par une amie horrifiée par la situation mais totalement incapable de l'en sortir ni par une mère approuvant ouvertement les méthodes musclées de son gendre, ira jusqu'à accepter cet état de fait en trouvant à son boxeur de mari toutes les raisons possibles et imaginables excusant de tels agissements. Call me ball, punching-ball.



Ricard et James ne font pas dans le sensationnalisme.

Ils auront mis des mots sur ces maux.

Un dessin bicolore, des animaux en guise de protagonistes, ils misent tout sur la dramatique de la situation et le font avec brio.

Ils décrivent parfaitement ce lent et douloureux processus victimaire qui ferait hurler toute personne douée d'un minimum de raison mais totalement étrangère à la situation. le lire est une chose, le vivre en est une autre.

La lente descente aux enfers de notre Eurydice et son morne quotidien tragiquement répétitif comme piqûre de rappel.



Chaque année, en France, près de 216000 femmes sont victimes de violences verbales, psychologiques, physiques ou sexuelles.  Une femme décède tous les 3 jours sous les coups de son con-joint.

Parfois, il arrive cependant que la victime en réchappe, s'en émancipe, mais à quel prix.

Cf affaires emblématiques du moment avec Jacqueline SAUVAGE et Bernadette DIMET.

L'homme est un loup pour l'homme qui, dans un trop louable souci d'équité, décida un jour d'élargir son terrain de chasse...



4.5/5
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La sémantique c'est élastique

Cet album compile une vingtaine de chroniques parues dans 'La Revue dessinée' - magazine d'actualité en BD.

L'auteur, qui est aussi dessinateur et humoriste, précise en préambule ne pas être un 'linguiste émérite', mais 'un simple et humble amateur, curieux des mots et du langage'.

Pareil ! Donc habituellement, ce niveau de vulgarisation me convient parfaitement. Mais j'ai sauté sur cet album juste après avoir été bluffée par 'Et cetera, et cetera...' de Julien Soulié et M. la Mine, ouvrage plus érudit - plus exigeant, aussi.



J'ai donc lu mollement le début de cet ouvrage de James, le trouvant trop simple (et n'apprenant pas grand chose).

La pause de quinze jours a été salutaire. Je l'ai redécouvert d'un autre oeil en le reprenant, savourant cette fois la logique, la gymnastique des jeux de mots & démonstrations, l'humour et les petites piques sur la politique, la religion, le snobisme, etc.
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Hipster than ever

Je remercie Masse Critique Babelio et les éditions Jungle qui m'ont permis de découvrir ce livre. Cet album se lit très vite. La couverture simple, façon carton naturel, est attrayante et l'illustration de couverture est sympathique. Quant aux scènes de cette bd, elles s'adressent à des adultes. A un public très particulier dont je ne fais pas partie, alors j'ai moyennement apprécié ce livre qui m'a quand même fait découvrir ce qu'était le mode de vie hipster.
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William, 31 ans, scénariste

L’enfer, c’est la surproduction des autres.

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Ce tome contient une série de gags, la majorité en une page, indépendant de toute autre série. Sa date de parution initiale date de 2023. Il a été réalisé par James pour le scénario, les dessins et les aplats de couleurs. Il comprend soixante-trois gags, la majorité en une page, à l’exception des strips intitulés Lil’ Will (cinq pages à raison de trois strips par pages), deux gags en deux pages et un gag en trois pages.



William Cabot, scénariste âgé de trente-et-un ans, ouvre la porte palière de son appartement et accueille l’équipe de tournage pour leur proposer d’aller directement dans son bureau. Il effectue le mouvement de leur tourner le dos pour rentrer dans son appartement, marque une pause, tourne la tête et leur demande si ça fait assez naturel cette fois. Le journaliste lui répond qu’ils sont encore en train de tourner et qu’il faut attendre qu’ils aient coupé avant de faire des apartés. Il faut la refaire et il doit tâcher de rester spontané. William se confie à la presse : l’intervieweur constate que le bédéiste ne fait pas de séries d’Heroic Fantasy avec des guerrières dévêtues, des épées, tout ça, et demande pourquoi donc. William répond qu’en réalité il n’a fait que de l’Heroic Fantasy jusqu’à ses trente ans, maintenant il a trente-et-un ans, il a mûri. Réclame : une femme en maillot de bain déclare qu’elle ne pourra jamais tomber amoureuse d’un scénariste tout maigrichon ; le texte explique comment rajouter quatre-vingts à cent kilos rapidement et facilement.



La magie de la rencontre : à une question posée, William répond qu’être scénariste de BD, c’est avant tout une histoire de rencontre, de complémentarité avec ses dessinateurs. Ils savent dessiner, il sait écrire. Off the record : la caméra continue à tourner, et William se demande en quoi sa réplique précédente pourrait être drôle. La note d’intention : William explique le projet de sa prochaine bande dessinée, c’est-à-dire l’histoire d’un gamin des favelas, on découvre qu’il est le dernier hériter de la dynastie des Kennedy. À la suite d’un bug informatique, il est propulsé directeur de la CIA et le voilà alors poursuivi par une horde de parachutistes ninjas qui veulent sa peau. Pour donner une petite couleur politique à l’histoire, le héros couche avec la femme du président des États-Unis. Bref, comme peut le constater le journaliste, on est bien loin de l’Heroic Fantasy. C’est du sérieux ! William révise ses classiques : accoudé à la rambarde sur son minuscule balcon parisien, il déclare Madame Bovary, c’est moi. Le journaliste l’interroge pour savoir si à l’instar de Flaubert, l’auteur du roman, il s’identifie au personnage d’Emma. Il dissipe rapidement le malentendu : Madame Bovary, c’est lui… qui l’adapte en BD. Le quotidien de l’artiste 1 : quatre figures montrant William en train de marcher pipe au bec, s’arrêter avec la pipe à la main, adoptant une posture avantageuse, un pied sur une souche d’arbre, assis dans son fauteuil, jambes croisées, le regard fixant le lointain, avachi dans le même fauteuil en train de piquer un roupillon, la quête de l’inspiration.



Oui, bien sûr, il s’agit d’un ouvrage nombriliste où un bédéiste considère sa profession, réduite à la portion de scénariste, car l’auteur, lui, est un auteur complet. Il a choisi une forme qui peut sembler minimaliste : William porte toujours la même tenue, à savoir un pantalon avec un pli sur le devant, une chemise et une cravate, et un gilet assorti, sans oublier ses lunettes et sa coupe impeccable avec une raie sur le côté. Le journaliste et le caméraman restent hors champ tout du long, avec seulement leurs remarques ou leurs questions dans une cellule de texte. Le nombre de personnages est assez limité : William, les deux journalistes, deux amis d’enfance du scénariste, une femme assise à la table d’à côté à la terrasse d’un café, Caroline Cabot (54 ans) la mère de William le temps de deux gags, Antonin (59 ans, éditeur) le temps de trois gags, une femme demandant un autographe en convention, Vulvania (27 ans, autrice, 1 gag), trois autres dessinateurs (chacun le temps d’un gag), un autre scénariste (le temps d’un gag), Claire (44 ans, libraire). Bon, mine de rien, ça fait quand même une douzaine d’autres personnages.



Bien sûr, William est au centre de tous les gags, il est même le seul personnage à apparaître dans quarante-et-un d’entre eux, sur un total de soixante-trois, c’est-à-dire juste deux tiers. Bon d’accord, mais ces gags se déroulent presque tout le temps dans son salon, sauf pour la porte palière, sa bibliothèque, son petit balcon étroit, l’atelier d’un dessinateur, une terrasse de café, l’appartement de sa mère, le bureau de son éditeur Antonin, la cuisine de William, une galerie d’exposition de planches de bande dessinée, une table à une convention BD, une ville de western, une librairie, sans compter les décors des strips Lil’ Will. D’ailleurs, le lecteur constate rapidement que la monotonie apparente de la forme même des strips (trois bandes de deux cases) est régulièrement rompue par des formes différentes. Ça commence avec un gag en trois cases les unes au-dessus des autres, une rubrique appelée Off the record qui revient à sept reprises dans le tome : le journaliste repose une question pour avoir une réponse plus honnête, moins politiquement correcte. Ça continue avec les pages appelées Le quotidien de l’artiste : uniquement William dans une posture posé, entre une et quatre postures, pour illustrer un thème, comme 1 La quête de l’inspiration, 2 Inspiration nocturne, 3 Le processus de création, 4 Explorer de nouveaux terrains créatifs, 5 Jalouser/admirer le talent d’un concurrent/collègue, 6 Le scénariste de bande dessinée dans un salon du livre, 7 S’accorder une petit pause de temps à autre, 8 Rester connecté au monde extérieur, 9 Boucler un livre. Puis, le lecteur découvre les strips intitulés Lil’ Will : trois bandes de rois cases, chacune constituant un gag, un hommage patent aux Peanuts de Charles M. Schulz (1922-2000), avec parfois une petite touche de Calvin & Hobbes, de Bill Watterson (1958-). Le bédéiste réalise également des parodies de réclame (celle sur le thème de Charles Atlas), deux pages de Trucs & astuces de scénariste, ou encore un western parodique dessinée à la manière des westerns de comics. Le lecteur tombe vite sous le charme de cette diversité, de la capacité de l’auteur à faire siennes des formes classiques.



Mais quand même, ça doit vite tourner en rond ces gags ? Ben, pas du tout. James fait usage de la dérision et de l’autodérision, pour évoquer de nombreuses facettes du créateur solitaire et isolé, soumis à une concurrence protéiforme. Il intègre le fait qu’il y a une part d’immodestie plus ou moins consciente chez l’auteur qui estime qu’il peut vivre de sa plume, que ce qu’il raconte et la manière dont il le fait vont intéresser assez de personnes pour qu’il en vive, qu’il y aura assez d’êtres humains ayant envie de savoir ce qu’il exprime, pour acheter ses œuvres, pour le rémunérer. Dans le même temps, William (forcément l’avatar de papier de l’auteur pour une partie significative) a conscience qu’il n’est qu’un auteur parmi tant d’autres, sans compter les écrivains qui l’ont précédé, aussi bien en bande dessinée, qu’en littérature. L’expérience de la vie lui a permis de constater qu’il ne serait jamais un écrivain dont la postérité retiendra le nom pour les siècles à venir, qu’il n’est pas grand-chose comme scénariste de bande dessinée comparé à des vrais écrivains (ceux qui écrivent des vrais livres), que son métier est dépendant des artistes dans une relation pas toujours très saine (le scénariste exigeant une case avec des centaines de personnages en costume, seulement avec quelques mots, ou une séquence de course-poursuite dont il laisse le soin à l’artiste de la concevoir sur trois pages), qu’il est dépendant d’une inspiration que la banalité de son quotidien à sa table de travail ne nourrit pas. Sans compter sa notoriété quasi inexistante. Son chiffre de vente peu élevé comparé à d’autres. Sa propension à s’en tenir à des récits de genre pour une littérature d’évasion avec des clichés de genre infantiles (comme les femmes en armure riquiqui ou les épées en guise de symbole phallique) le rend pathétique par rapport à de jeunes autrices parlant sans tabou d’une facette de la condition féminine dans la société.



Une série de gags sur le métier de scénariste de BD, réalisée par un bédéiste auteur complet, avec une forme un peu austère d’interview d’un monsieur dont les années fougueuses sont derrière lui, en chemise et cravate, et déjà un peu résigné à une carrière sans éclat. Certes, mais aussi une mise en forme très variée, des dessins de type Ligne claire, un regard pénétrant, honnête sans être méchant ou condescendant. James fait sourire grâce à une solide maîtrise de la bande dessinée, une franchise implacable et gentille, une vraie compassion sans hypocrisie. William 31 ans, scénariste, sait qu’il pratique un métier dans lequel il doit convaincre de potentiels acheteurs de lire ce qu’il écrit, qu’il doit convaincre des dessinateurs de donner à voir le fruit de son imagination, que certains genres restent encore infantiles ou adolescents, que d’autres auteurs sont beaucoup plus doués ou enrichissants, qu’il participe à la surproduction, mais c’est son métier. Un paradoxe insoluble et parfois accablant quand l’inspiration fait défaut et qu’il faut gagner sa croûte.
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... A la folie

- Atroce ! la vie de couple pour le pire...



Histoire d'un couple. Qui s'aime ? Dès le mariage, l'époux décide qu'avec sa bonne situation, sa femme n'aura pas besoin de travailler. Amen. Ainsi en sera-t-il. L'homme est commercial, il a la pression au boulot, ça le met à cran. Il retrouve sa fée du logis le soir dans leur maison impeccable, elle devance ses moindres désirs, se lève avant lui le matin pour préparer son petit déjeuner. Malgré cette perfection apparente, tout devient vite prétexte à mécontentement… donc à disputes, puis à violence. Si la jeune femme essaie de se rebiffer au début, elle ploie vite sous les coups, de plus en plus forts, de plus en plus camouflés sur son corps pour ne pas laisser de traces, mais de plus en plus douloureux…Sans compter la terreur permanente, la crainte de susciter de nouvelles colères démesurées.



Une BD terrifiante, éprouvante, un tourbillon, une spirale infernale vers le fond du gouffre. La violence va crescendo, l'enfer de la jeune femme aussi. Comme l'amie à laquelle elle se confie, on a beaucoup de mal à comprendre : qu'elle ne fuie pas cette situation, qu'elle ne porte pas plainte, qu'elle prétende aimer son mari, avoir besoin de lui (la dépendance financière qu'elle transforme en amour ?), qu'elle croie aux déclarations d'amour du bonhomme, qu'elle lui trouve des excuses… Ce genre de cas est toujours incompréhensible vu de l'extérieur, mais il concerne tellement de femmes qu'on ne peut qu'admettre que c'est souvent inextricable.



Cela dit, sans vouloir le dédouaner, on ne comprend pas davantage l'homme tortionnaire, qui se prétend amoureux, qui promet à chaque fois de ne pas recommencer, mais qui a visiblement de gros problèmes dans ses relations avec les femmes, toutes les femmes.
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La vérité nue

Le livre propose 100 moments où la vérité finit par surgir. Pourquoi les éléphants détestent-ils la tradition de la galette des rois ? Que savons-nous du virus très virulent de la connerie ?



Autant de questions universelles qui trouvent enfin une réponse définitive dans ce livre.



James dévoile l'animal qui est en nous. et se propose de répondre avec énormément d' humour aux questions universelles que tout le monde (ou presque tout le monde) se pose. James met la patte là où ça fait mal avec des personnages humains à tête d'animaux, réalistes et très expressifs.



Les planches sont très drôles avec un humour absurde et grincant que ne renierait pas un Fabcaro auquel on pense souvent .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans mon Open Space, tome 1 : Business Circus

Les éditions Dargaud ont la gentillesse de mettre, pendant cette période de confinement, plusieurs bandes dessinées consultables gratuitement sur leur site.

C'est ainsi que je viens de dévorer : Dans mon Open Space, tome 1 : Business Circus de James.

Travailler plus pour gagner plus, ou travailler moins sans se faire repérer ?

Open Space est un portrait au vitriol de la vie en entreprise, les guerres inter-services, les hiérarchies plombantes, les stagiaires exploités et sous payés...

Chaque planche raconte une histoire, c'est sympathique toutefois je n'ai pas accroché plus que ça.

J'ai apprécié que les personnages soient des animaux, et j'ai bien aimé les traits qui leur a été donné. Les couleurs sont jolies.

L'humour est parfois mordant, ce n'est pas désagréable à lire même si je ne suis pas certaine d'en garder un grand souvenir. Mais Certaines planches m'ont fait sourire, et dans l'ensemble j'ai passé un bon moment de lecture.

Ma note : trois étoiles.
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Hipster than ever

Cette bande dessinée que j'ai reçu dans le cadre de masse critique m'a permis de découvrir ce qu'était un hipster. Jusqu'à présent, je n'en avais jamais entendu parler. Je tiens donc à dire que c'est l'un des avantages d'être membre de Babelio. Cela nous ouvre des horizons auxquels nous n'aurions pas pensé de prime abord.



Quant à la BD, j'ai été plus attirée par les planches où sont représentées trois vignettes mettant en scène un hipster.

C'est court et agréable à lire.



Conclusion : intéressante découverte avec une conception de l'ouvrage assez originale. J'ai été séduite par le format différent des BD traditionnelles et le choix d'une couverture cartonnée.



Merci aux éditions Jungle et à Babelio :)
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Dans mon Open Space, tome 1 : Business Circus

Une critique sans concession mais non sans humour du monde du travail;

Les coups bas, les médisances, les calembours sont réunis ici pour le plus grand plaisir des lecteurs, même si Hubert, appelé aussi Hub, le stagiaire dit de ne pas utiliser le second degré si tu ne veux pas te faire virer

les petits tracas et les travers des différents services sont scutés à la loupe , chacun défendant son secteur Un mot les réunis pourtant, à quand une augmentation
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Dans mon Open Space, tome 1 : Business Circus

Hubert entame son quinzième stage

Il a terminé ses études en 98, et

depuis il est ...stagiaire !

Il est accueilli dans cette entreprise,

où l'on se tutoie du sol au plafond

"à l'américaine"....

Il faut intégrer la culture de la boîte...

être "corporate"..





Un monde du travail scruté à la loupe avec férocité

les petites et les grandes saloperies qu'il faut subir

Sous des allures super cooool,

personne n'écoute personne..

les ego s'affrontent ,

les dignités sont blessées..

les espoirs exploités

Chaque personnage est représenté en animal.

Un jungle habilement observée.

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Backstage, tome 1 : Pierre qui roule

Backstage est une vie imaginaire des Rolling Stones d'avant leur reconnaissance racontée sous forme de gags en demi page, mêlant anecdotes réelles, références, histoires d'ados et humour décalé.

Mick rencontre Keith et il se mettent à rêver de gloire.

Sex and Rock'n Roll, non, il manque quelque chose... Sex, pudding & Rock"Roll ?

C'est drôle, les gags collent bien à ce qu'on imagine d'un groupe qui essaie de se former, musiciens moyens, parents indifférents ou au contraire, admiratifs de leur petit rejeton, ados incompris, libido de lycéens...

Bande dessinée vraiment sympathique.
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Dans mon Open Space, tome 1 : Business Circus

Pas si loin que ça de la vérité, une caricature du monde du travail qui, c’est vrai, reprend tous les poncifs, et s’en amuse. Le dessin est simple, avec des personnages animaliers qui collent parfaitement aux rôles. Les histoires sont une successions de gags en une planche. C’est drôle et nous fait voir les mesquineries du monde du travail avec beaucoup de dérision. Quelques bonnes crises de rires...
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