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Critiques de Algernon Blackwood (39)
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La forêt pourpre

Ces cinq nouvelles réunies dans ce livre, écrites entre 1906 et 1921, offrent une agréable lecture où s'imbriquent le fantastique et ce que l'on n'appelait pas encore à l'époque nature writing.



Elles se déroulent toutes au coeur des forêts canadiennes, à l'automne, saison où lumière et couleurs sont un véritable festival pour les yeux. L'auteur se complaît dans de nombreuses descriptions de la nature, des animaux, des lacs, des oiseaux, des poissons, entraînant le lecteur dans une véritable ode à la nature sauvage, au "wild" fascinant pour tous ceux qui aiment l'aventure.



Chaque histoire comporte sa dose de mystère, la première qui constitue presque la moitié du livre, emmenant le lecteur dans un univers fantastique avec disparition, réapparition d'un homme emporté par ses croyances et ses peurs.



Les autres, impliquant tantôt le loup ou l'orignal, tantôt les indiens, avec quelques fantômes d'êtres n'ayant pu trouver la quiétude du repos éternel, se lisent aussi aisément, en profitant surtout, à mon goût, de toutes les descriptions poétiques de la nature et de ses hôtes.



L'écriture est de belle facture, les phrases élaborées avec soin, le climat souvent angoissant créé et entretenu avec soin et, même si la chute peut être parfois un peu brève et donc légèrement décevante, c'est un bon moment de lecture au coeur de la forêt pourpre.
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John Silence - Intégrale : Nouvelles

Algernon Blackwood (1896-1951) aborda la carrière d'écrivain en 1906 après sa rencontre avec le poète W.B.Yeats et avoir rejoint la fameuse "Golden Dawn".



Le présent volume rassemble six textes parus initialement entre 1908 et 1914 et consacrés au personnage de John Silence un médecin qui se consacre à des cas insolites...



John Silence est médecin psychiatre et tout naturellement son approche du surnaturel est marquée par des considérations psychologiques voire psychanalytiques.



En outre, Silence présente une qualité appréciable chez un homme de l'Art, celle de faire preuve d'empathie : il soigne et réconforte autant qu'il résout des mystères.



Le résultat : des textes originaux et un fantastique de qualité, rien d'étonnant à ce que H.P.Lovecraft admira et salua l'œuvre de Blackwood..!
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Le Wendigo

Dans ce recueil paru pour la première fois en 1972, le lecteur curieux, amateur de fantastique, pourra découvrir la plume d'un auteur majeur du genre.



C'est avec "Le wendigo", l'un des textes les plus connus de Blackwood que s'ouvre le volume.

Il y est question de cette créature issue des croyances amérindiennes, une sorte de monstre féroce qui pourrait être la personnification des peurs amenées par l'hiver et le risque de crimes cannibales liés à la famine.



Mais on retrouve aussi dans ce volume un thème cher à cet auteur : le passage vers d'autres réalités, d'autres mondes ou dimensions.



Algernon Blackwwod, un grand auteur britannique de littérature fantastique,il est étonnamment peu connu en France.

Heureusement, l'éditeur "l'arbre vengeur" commence à le remettre au goût du jour, ce qui vous évitera si la lecture de ces nouvelles vous tente, de courir après des livres épuisés !
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Le camp du chien

Algernon Blackwood est une figure importante de la littérature fantastique. En tout cas, il est considéré comme tel dans le monde anglo-saxon mais il reste assez injustement méconnu en France. C’est aussi une personnalité singulière au parcours hors norme. Parmi ses excentricités, il était membre de la fameuse Golden Dawn. D’ailleurs, à la lecture des histoires qui composent ce recueil, on perçoit très nettement qu’il s’agit de l’œuvre d’un mystique.



En effet, au long des 3 récits, on trouve les thèmes chers à ce type de personnalité versé dans l’occulte et intéressé par le monde invisible : des personnages instruits du monde des mystères, la dualité qui oppose en l’Homme ses deux natures : la sauvage et la civilisée, l’existence d’une sorte d’énergie cosmique qui dirige l’univers et les éléments et fait des humains de faibles pantins.

Le 1er récit intitulé « la folie de Jones » met ainsi en scène un homme qui, apprenant des événements lui étant arrivés dans une vie antérieure, va commettre l’irréparable. Cette histoire est bien menée et j’ai particulièrement aimé le fait qu’on ne sache jamais si le personnage est fou ou bien si ce qu’il croit est vrai.



La 2ème nouvelle qui donne son titre au recueil, la plus longue, est selon moi la meilleure. Je connaissais de nom le personnage de John Silence mais s’agissant de ma 1ère lecture de Blackwood, j’ai fait sa connaissance. Ce n’est pas vraiment le personnage en lui-même qui m’a séduite, je l’ai trouvé finalement assez fonctionnel et peu caractérisé même si ce n’est en rien gênant. C’est vraiment l’intrigue que j’ai adorée. « Le camp du chien » est une formidable histoire d’amour qui donne l’occasion à l’auteur d’illustrer la double nature de l’Homme. On perçoit très nettement que Blackwood regrette que la nature sauvage de l’humain soit étouffée par le carcan de la civilisation. Le salut pour les personnages du récit ne peut venir qu’en acceptant leur nature sauvage, en s’abandonnant à elle.



Enfin, le dernier récit, « la vallée perdue, encore une histoire où l’amour tient une place centrale, voit des personnages subir des forces qu’ils sont incapables de maîtriser et qui déterminera leur destin. Cette nouvelle est sans doute la moins bonne du recueil mais est tout de même agréable à lire.



Cette première découverte de l’œuvre d’Algernon Blackwood en appellera d’autres tant j’ai passé un bon moment.

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Le Wendigo

"Le Wendigo" ("The Wendigo") est un récit fantastique magistral dont la première publication en qualité de "short story" date de 1910 : son édition définitive en recueil par J. Baker Publishers Ltd. à Londres date de 1964. Il y est question d'une malédiction antique des grandes forêts canadiennes. L'approche d'une bête monstrueuse est annoncée. On sait que lorsque "la chose" se manifestera, une peur panique vous saisira pour vous arracher du sol lorsque vous voudrez fuir la menace. Une odyssée de la Contamination.



L'histoire s'annonce paisiblement autour de la réunion saisonnière et presque habituelle de deux chasseurs d'élans, Hank Davis (solide et rationnel) et Joseph Défago (ombrageux et superstitieux), servant de guides à un docteur d'Aberdeen et à son neveu, un jeune pasteur. le quintet - puisque s'y adjoint un Amérindien silencieux - est plongé dans un environnement forestier majestueux... Mais l'élan se fait craintif, cette année-là... Une expédition s'annonce : on laissera le camp de base et l'on s'approchera, en deux groupes, du Lac aux Cinquante îles pour surprendre les troupeaux... Les protagonistes sont peu à peu contaminés insidieusement par la peur et l'effritement de toutes leurs certitudes... L'esprit humain vacille... "La chose" finira par s'emparer de l'esprit et d'une partie du corps de l'un d'entre eux : la transformation la plus manifeste résidera dans la peau du visage qui se met à pendre (de s'être rapprochée des étoiles), tout comme les yeux qui se mettent à saigner pour la même raison... et surtout dans les pieds de la victime, qui finissent par perdre leur aspect humain et finissent par ressembler aux sabots du Wendigo tout en semblant carbonisés, comme s'ils avaient pris réellement feu dans la vitesse d'une course éperdue à la cime des érables et des mélèzes... Cette victime sera justement celui qui redoute le plus cette terrifiante malédiction des forêts canadiennes : le Canadien français superstitieux... Ceci dans une belle assonance : car c'est bien le guide - canadien français - Défago qui verra (et vivra) le Wendigo !

La conclusion se recentrera d'ailleurs sur le système de croyances de l'Amérindien dénommé "Punk", qui fuit l'expédition qu'il venait d'accompagner et - comme le relate la dernière phrase - "connaissait le sens de tout cela : "Defago avait vu le Wendigo".



On retrouvera d'ailleurs ce schéma narratif dans l'excellent premier film "Projet Blair Witch" de Daniel MYRICK et Eduardo SANCHEZ [1999], dont le tournage eut lieu dans une forêt du Maryland. le plus beau - ou le pire - dans "Le Wendigo" est qu'on ne le verra jamais : juste ce "fantôme d'odeur" que l'Indien sent - dans la nuit qui précède le départ de l'expédition - descendre du Lac aux Cinquante îles...



Cette malédiction des Grandes Forêts vous transformera, vous rendra étranger aux autres, insidieusement méconnaissable, bien que "presque" semblable à votre apparence première... Modifié de l'intérieur. On songe là aux aspects premiers (effrayants) des transformations subies par les malheureux protagonistes de "The Thing" de John CARPENTER (1985) : mais, dans cette longue nouvelle de Blackwood (1910), ce qu'est réellement "The Wendigo" gardera également tout ses mystères (organiques comme spirituels)...



Première des cinq nouvelles de ce recueil du Maître britannique de l'étrange, Algernon BLACKWOOD (1859-1951) dont l'art fantastique suggestif s'apparente effectivement à celui du "Maître" Arthur MACHEN ("Le Grand Dieu Pan", "Le peuple blanc"), d'Edgar Allan POE (celui de "La chute de la Maison Usher") ou de Henry JAMES (celui de "Le tour d'écrou").



L'auteur, né en Angleterre, connaîtra des années très difficiles jusqu'à l'âge de 35 ans : ses échecs professionnels récurrents l'amèneront à vivre dans l'extrême précarité sur la côte est des Etats-Unis, en particulier à tenter de survivre au sinistre quartier "Tammany Hall" de New York (que le film "Gangs of New York" [2002] de Martin SCORSESE a rendu célèbre depuis... ). Il s'installera en 1905 dans le Jura suisse, là où il commence à écrire : dès sa publication en 1908, sa nouvelle "John Silence", chef d'oeuvre du "récit policier surnaturel" (son personnage-titre, "détective de l'occulte" est décrit comme un "Sherlock Holmes du surnaturel, combattant par des moyens naturels les forces démoniaques qui menacent notre monde"), rendra le nom de Blackwood immédiatement célèbre... Sans quitter son "havre de paix" helvétique, il publiera par la suite des "short stories" à caractère majoritairement fantastique et dont il pourra vivre... Ses nombreuses nouvelles seront extrêmement appréciées - et constamment rééditées - dans son pays natal, en particulier.



La deuxième nouvelle du recueil - "Celui que les arbres aimaient" - est un long récit d'inspiration animiste, évoquant le climat d'irréalité magique du second roman de Dino BUZZATI ("Le secret du Bosco Vecchio", 1935, magnifique et trop méconnu...) et les meilleures nouvelles de Rabindranath TAGORE ("Le Vagabond et autres histoires"). L'humain y accomplira sa mue et accèdera bientôt à sa nouvelle identité végétale - à la fois poétique et salvatrice... L'arbre,"Insan al kamîl" : cet "être parfait" des Soufis...



On découvrira avec plaisir ces cinq récits dans l'excellente traduction de Jacques PARSONS, réalisée pour la fameuse collection de poche "présence du futur" des éditions Denoël (1972).



Ce recueil de 224 pages contient les 5 nouvelles suivantes :



- "Le Wendigo" ("The Wendigo", 1910 - réédition : 1964) : pages 11 à 69

- "Celui que les arbres aimaient…" ("The Man Whom the Trees Loved", 1912 - réédition : 1964) : pages 71 à 158

- "La Danse de mort" ("The Dance of Death", 1907 - réédition : 1962) : pages 159 à 171

- "Complice par omission" ("Accessory Before the Fact", 1914 - réédition : 1962) : pages 173 à 181

- "Passage pour un autre monde" ("The Trod", 1946 - réédition : 1962) : pages 183 à 221
Lien : http://www.dourvach.canalblo..
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Migrations

Si beaucoup d'auteurs de fantastique, trouvent l'inspiration soit dans des rêves (ou des rêveries) soit dans les croyances et légendes populaires, la source des oeuvres de Blackwood est d'une autre nature.



Ses nouvelles, sont le produit de chocs émotionnels vécus, tant dans sa jeunesse parfois difficile, que dans ses voyages d'adulte.



Ainsi, par exemple, la nouvelle intitulée "Max Hensig" lui a été en partie inspirée par un épisode difficile de sa vie, quand jeune homme pauvre il vivait dans un quartier mal famé de New-York où il côtoyait des personnages déchus, comme un médecin allemand morphinomane.



Les cinq textes qui composent ce recueil, sont ainsi malgré leur propos fantastiques, un aspect vécu, que l'on retrouve plutôt habituellement dans les récits autobiographiques.

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La forêt pourpre

Algernon Blackwood (quel nom!) nous plonge dans les forêts canadiennes, à une époque de l'année où la lumière décline et où les légendes se faufilent. La qualité de La Forêt Pourpre est de parvenir à allier la forme et le fond, c'est-à-dire des nouvelles, ressemblant un peu à des contes, capables de nous faire un peu frissonner ou en tous cas de nous projeter dans une ambiance propice à l'épouvante, et de le faire avec élégance, en offrant aux lecteurs la profondeur des allégories, c'est-à-dire avec une réflexion, un fond. Impossible de refermer cet ouvrage sans se dire que dès le début du XXe siècle, on pouvait écrire avec autant d'acuité sur la nécessité de considérer notre environnement avec respect.

On pourra néanmoins trouver que dialogues et personnages sont un peu surannés mais c'est un détail, qui ne doit rien enlever au mérite de Blackwood.
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Elève de quatrième... dimension

"The Willows" ou "Les Saules" est cette extraordinaire nouvelle fantastique publiée pour la première fois en 1907... Les premiers paragraphes, somptueux de pure poésie géographique, nous rappellent les plus belles pages de Julien GRACQ, celui des "Eaux étroites" (1976) décrivant les mouvements de feuilles des grands peupliers de l'Île Batailleuse sur sa chère Loire, face à Saint-Florent... sauf qu'il s'agit ici du Danube estival au début du XXème siècle... Fleuve sauvage... et constamment en crue... où les dizaines de milliers de saules nains forment une mer miroitante qui a l'habitude d'être submergée... Deux campeurs aguerris (le narrateur et son compagnon, dit "Le Suédois") se réfugient -- avec leur canoë et leurs deux pagaies -- sur un îlot immergé, couvert de sable, de galets, et de saules... Là où ils ne sont pas attendus... "Des intrus", donc... Tout d'abord, l'arrivée de quelques Signes... Oui, des "Intersignes", exactement comme dans les récits ethnographiques d'Anatole LE BRAZ ("La Légende de la mort chez les Bretons armoricains") ou dans son célèbtre roman, "Le Gardien du Feu"... Ce langage des Signes que l'on retrouvera encore dans les romans-poèmes les plus méconnus du Vaudois Charles-Ferdinand RAMUZ ("Le Règne de l'Esprit Malin", "Les Signes parmi nous") : ces Signes sont ici un cadavre flottant qui se révèle une otarie plongeant au fond de l'eau, puis un étrange Hongrois les hélant depuis une barque à fond plat qui file à toute vitesse, du côté du lointain rivage lui-même recouvert de saules... L'homme écartera lentement les bras dans le crépuscule, se signera puis disparaîtra : le Suédois comprendra que cet étrange Hongrois des brumes les a pris eux-mêmes pour... des fantômes ! La beauté, la sauvagerie, l'inquiétude, le chant du fleuve qui grossit, des bruits curieux, des chuchotements autour du fragile abri de toile, l'une des pagaies qui disparaît, le fond du canoë fendu (et la noyade assurée), l'inquiétude qui monte, d'étranges silhouttes brumeuses entraperçues dans les arbres, les provisions qui disparaissent, une myriade de trous autour de la tente, l'attente anxieuse du petit matin...



L'une des plus extraordinaires nouvelles extraite de ce recueil de sept contes, reflétant tout l'art anxiogène et animiste du grand Algernon BLACKWOOD (1869-1951), auteur anglais justement célèbre Outre-Manche. Humble auteur parfois qualifié de "Lovecraft anglais" dont trois autres recueils de nouvelles fantastiques ("Le Wendigo", "Migrations" et "Le Camp du Chien") ont également été traduits en français -- talentueusement par Jacques Parsons -- pour être publiés dans la légendaire collection "présence du futur" par l'éditeur Denoël...



[Ajoutons ici en appendice la reproduction du court -- et excellent -- article en langue anglaise du site "GoodReads" à propos de le nouvelle "THE WILLOWS" (1907) d'Algernon BLACKWOOD... ]



" Two friends are midway on a canoe trip down the Danube River. Throughout the story Blackwood personifies the surrounding environment — river, sun, wind — and imbues them with a powerful and ultimately threatening character. Most ominous are the masses of dense, desultory, menacing willows, which "moved of their own will as though alive, and they touched, by some incalculable method, my own keen sense of the horrible."

"The Willows" is one of Algernon Blackwood's best known short stories. American horror author H.P. Lovecraft considered it to be the finest supernatural tale in English literature. "The Willows" is an example of early modern horror and is connected within the literary tradition of weird fiction. "




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La forêt pourpre

Les éditions de l'Arbre Vengeur ont rassemblé cinq nouvelles, écrites en 1906 et 1921, dans ce recueil tourné vers les grands espaces et ce qui s'y cache.

Elles prennent toutes place à l 'automne, dans les forêts canadiennes et mettent en scène les légendes du windigo, des dieux animaux, des colons et des amérindiens.

L'auteur décrit avec beaucoup de poésie la nature, la profondeur des forêts, le mystère des lacs, les animaux et la pratique de la chasse à l'orignal.

Il manipule à merveille l'angoisse chez le lecteur pour rendre la nature hostile où l'homme n'a pas sa place.

La première nouvelle, qui fait également la moitié du recueil, est celle que j'ai préférée. On y suit un groupe de chasseurs et leur guide. J'ai beaucoup aimé le lien entre la nature et l'homme, surtout quand ce dernier cède à ses croyances et comment elles peuvent alors le dévorer.

Les autres nouvelles sont parfois trop courtes pour en apprécier la saveur même si la même thématique rythme le recueil : celle de l'homme et sa transformation, parfois étonnante, au contact de la nature.

Je découvre l'auteur, considéré comme un classique du genre.

Bien que datées du début du 20ème siècle, ces nouvelles résonnent quand même de modernité sur le colonialisme et l'écologie.
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Le Wendigo

Un chef d'oeuvre de l'horreur psychologique, où les informations et preuves objectives de la menace ne sont distillées qu'au compte-goutte, par le dosage savant de la narration. L'horreur de ce qui est montré et de ce qui est caché se complètent parfaitement, au point que même les battements d'ailes d'un papillon de nuit au milieu de pins enneigés peuvent contribuer à faire monter l'angoisse. Algernon Blackwood fournit une vive évocation des paysages du Canada, où il entremêle les légendes indiennes et son mysticisme personnel, célébrant l'immensité intimidante des forêts de conifères primordiales face aux silhouettes humaines (mais le sont-elles encore ?) perdues dans la nuit polaire.
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L'homme que les arbres aimaient

"Celui que les arbres aimaient" est un long récit d'inspiration animiste, évoquant le climat d'irréalité magique du second roman de Dino Buzzati ("Le secret du Bosco Vecchio", 1935, magnifique et méconnu...) et les meilleures nouvelles de Rabindranath Tagore ("Le Vagabond et autres histoires"). L'humain y accomplira sa mue et accèdera bientôt à sa nouvelle identité végétale -- à la fois poétique et salvatrice... L'arbre,"Insan al kamîl" : cet "être parfait" des Soufis...



"Les saules" est une montée en puissance d'une sorte d'horreur grise et vorace, au milieu du monde végétal : on pressent peu à peu que ne restera bientôt plus sur ces lieux sauvages la moindre trace de l'humain, cet "intrus"...



Puissance d'évocation -- en leur Poétique populaire et naïve -- des contes fantastiques "modernes" d'Algernon Blackwood (1869-1951).
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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La forêt pourpre

Un recueil de cinq nouvelles qui nous emportent dans une ambiance de "nature surnaturelle" si cela veut dire quelque chose... Je m'explique : Blackwood (rien qu'avec son nom) nous embarque dans des forêts dont on peut facilement imaginer qu'elles peuvent s'animer et nous parler, basculer à tout moment dans le fantastique. Comme dans les contes de notre enfance. C'est cet esprit que j'ai pu retrouver au travers de cette lecture très plaisante, qui nous invite à la rêverie, au mystère. Le tout est servi par une plume superbe, très affutée pour décrire nature et paysages. On voyage en même temps qu'on est pris par les récits. Une très belle découverte en ce qui me concerne.
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La forêt pourpre

La forêt pourpre est un recueil de nouvelles écrites par l’auteur anglais Algernon Blackwood entre 1906 et 1921 et publié en septembre 2022 chez les éditions de L’arbre vengeur.

Dans les forêt canadiennes, en ce début de 20ème siècle, la nature semble encore sauvage et elle cache au coeur de ses forêts profondes ce qui subsiste des légendes indiennes de l’ancien temps. Malheur à ceux qui ne respecteront pas les règles occultes qui régissent les grands espaces nord-américains. Ils n’en reviendront pas indemnes.

Puissiez-vous ne jamais entendre l’appel du Wendigo…

Tous ces récits racontent la solitude et l’infinie vulnérabilité de l’homme civilisé perdu au milieu des vastes étendues lacustres et des grands espaces boisés du nord de l’Amérique de ce début de vingtième siècle.

Algernon Blackwood explore la psyché humaine, la résistance de l’esprit face à l’effroi que suscite la confrontation au monde sauvage.

Chronique complète à lire sur le blog !
Lien : http://les-carnets-dystopiqu..
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Le Wendigo

Peu de temps pour en parler, mais vraiment un gros coup de cœur pour ce recueil de nouvelles admirable. En gros, c'est entre les "Histoires extraordinaires" d' Edgar Poe et "Le Horla" de Maupassant. Sauf que c'est encore mieux écrit que les deux réunis, à mon sens du moins. Un ensemble d'histoires qui mettent mal à l'aise, petit à petit, puis gagnent en puissance sans en avoir l'air. Des personnages quelconques qui se retrouvent face à des phénomènes surnaturels. Et au service de tout cela, une plume qui s'attarde sans jamais peser. Magistral.
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L'homme que les arbres aimaient

Lovecraft le présentait comme le maître incontesté de l'ambiance fantastique. Alléchant n'est-ce pas ? D'autant qu'il n'y a là rien de mensonger : Blackwood maîtrise son sujet, c'est une certitude. J'ai notamment apprécié son fantastique teinté de mysticisme. A titre d'exemple, on peut évoquer "la folie de John" qui reprend le thème de la réincarnation pour faire naître un sentiment d'horreur froide où le personnage semble prisonnier d'un autre lui-même. Cette thématique du double (réincarnation passé, fantôme, "somnambulisme", etc. ) est une constante.



Blackwood verse parfois plus précisément dans le mysticisme. Le règne végétal est toujours considéré comme vivant c'est à dire animé d'intentions et de sentiments. Le titre du recueil est à ce titre significatif (les arbres aiment). C'est une approche originale et très efficace pour faire naître l'angoisse. A ce propos, il faut citer les deux nouvelles "Les Saules" et "L'Homme que les arbres aimaient", parfaites en tout point.



Comme, en prime, il n'y a pas déchet, on peut dire que L'Arbre Vengeur signe une nouveau succès dans sa croisade au profit des auteurs injustement méconnus.
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Elève de quatrième... dimension

Ca traine, ça traine.

Trop de descriptions, de tergiversations.

On s'emmèle et on avance pas.

Dommage, c'était prometteur et il y a de bonnes idées.



Pioche de janvier 2017 choisie par Jamik
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La forêt pourpre

Algernon Blackwood (à prononcer syllabe par syllabe).

Si ça en jette pas ça comme blaze ! Quand t’es affublé d’un titre pareil t’es on ne peut plus calibré pour écrire des trucs qui font flipper nan ?

C’est le cas ici. Sans que rien ne soit gore ni sanguinolent, Blackwood incarne ce carrefour parfait entre les récits qui narrent les histoires de la baie de l’Hudson - chères à James Fennimore Cooper et Washington Irving, les romans aux teintes sinistres de la Nouvelle-Angleterre et plus précisément du Maine de Stephen King et les légendes propres aux Autochtones du Canada, avec toujours cette petite morale qui va bien.

Étant contemporain d’une époque où les indiens d’Amérique étaient encore plus privés de libertés qu’aujourd’hui, les nouvelles de Blackwood possèdent ce ton un peu old school niveau clichés et de la façon dont ils se font appeler.

Mais la morale qui découle de chaque nouvelle est plus intelligente que l’époque où vivait Blackwood, et fait ainsi de l’auteur une sorte de progressiste humaniste, défenseur de la nature et des traditions autochtones.

S’inspirant de la légende du Wendigo pour ouvrir ce recueil, Blackwood plonge en plein nature writing et pose ces ambiances brumeuses, forestières, remplie d’une mythologie animale que nous délivre à chaque fois ce genre littéraire (et dont je raffole, forcément).

On y croise des loups, des orignaux, des castors, des huards, et des chipmunks (Tic et Tac ne sont pas des écureuils, ce sont des chipmunks, maintenant vous savez).

L’homme blanc y est toujours perçu comme un conquérant, un civilisé violent qui se prend tartes dans la gueule sur crise de nerfs à force de côtoyer la puissance et la mysticité sylvestre de ces régions vastes des forêts canadiennes, rappelant un peu le ton moqueur de certains Contes de la crypte (beaucoup plus urbain, certes, mais t’as compris l’idée).

Je me suis régalé ! Comptez 5 nouvelles pour 200 pages, et pour un premier travail de traduction, c’est très réussi !

Go !


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L'homme que les arbres aimaient

Il est bon de temps en temps de revenir à l’origine, de goûter le charme des anciens, de savourer le style parfois ampoulé, mais poétique des débuts du fantastique. Quand en plus l’auteur est Anglais, le bonheur est double, car ils sont particulièrement doués pour suggérer sans imposer, pour décrire la tempête sous le masque tranquille.

Algernon Blackwood prend le contrepied du romantisme qui veut voir dans la Nature le paradis perdu : chez l’auteur, elle est angoissante, pleine de périls et d’êtres cachés hostiles. La peur, l’inquiétude font jour progressivement, sourdement.

Bien loin de la littérature gore et sanglante actuelle, les nouvelles de Blackwood amènent à vaciller, à douter de ses sens et de son esprit.

Si « Les saules » qui ouvre le recueil est extraordinaire, j’ai cependant un attachement particulier pour la nouvelle éponyme « L’homme que les arbres aimaient » tant elle est l’archétype de l’étrange et du pouvoir de cette nature personnalisée, jalouse et cruelle.

La préface et la postface éclairent le parcours de cet auteur trop peu connu en France. On y apprendra sans surprise ses liens avec des écrivains irlandais, le monde de l’occultisme et son intérêt pour l’ésotérisme, montrant si besoin en était l’attache entre les écrits et la pensée de l’auteur.

En bref, un recueil hautement recommandé et recommandable.

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Le Wendigo

Lu en anglais dans l'édition penguin classics de S T Joshi, l'occasion de relire en VO notamment" les saules" et "l'homme que les arbres aimaient" traduits chez l'arbre vengeur. Tant de chefs d'oeuvres dont le cadre, le lieu, l'atmosphère prime sur le récit et les chutes. Chez Blackwood, la nature a le premier rôle. Les protagonistes ne font que subir l'étrange influence qu'elle exerce et parfois se mettent même à la servir. D'une nouvelle à l'autre, la nature est poétiquement évoquée, des montagnes enneigées aux sables du désert, en passant par les rives du Danube, elle est d'abord accueillante, puis se révèle à la tombée de la nuit. Blackwood se met en scène dans tous ses récits, il observe, comprend, se laisse emporter par la beauté et n'a que mépris pour la superficialité de la civilisation. Wendigo est un chef d'oeuvre d'horreur qui a précédé des milliers de récits mineurs. Parce que l'horreur réside dans une beauté étourdissante, que la nature fascine, hypnotise avant de frapper les intrus...
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Le camp du chien

Attention : spoil !



Ce recueil est composé de trois nouvelles fantastiques de thématiques variées.



« Le camp du chien », qui donne son nom au recueil, met en scène de façon volontairement désuète une histoire de loup-garou. Une famille (père, mère, fille unique adulte) part pour quelques jours faire du camping en pleine nature, accompagnée de deux amis, dont Sangree, un jeune amoureux de Joan, et le narrateur. Dès les premières nuits, Joan est réveillée par des grattements sur sa tente, des halètements animaux et des hurlements de loups. La situation empire rapidement et tous s’inquiètent pour sa sécurité. Le narrateur fait alors appel à un ami, John Silence, scientifique-psychologue bercé dans les arts occultes semble-t-il, qui comprend d’emblée la situation et devra aider Sangree à prendre conscience de sa double-nature, tandis que la jeune Joan, si rétive aux hommes et étrangement si intéressée par Sangree, devra elle-aussi découvrir sa nature sauvage de louve.

« La vallée perdue » est une histoire elle aussi romantique, mais par la sensibilité de son récit. Des vrais jumeaux ont appris à grandir ensemble et se sont juré franchise et fidélité, acceptant tacitement la concordance de leurs goûts et, partant, l’impossibilité de vivre en couple pour l’un comme pour l’autre (les deux aimant toujours les mêmes femmes). Inévitablement, tous deux découvrent un jour qu’ils aiment une jeune femme qu’ils pensaient seuls avoir découvert ; ils hésitent, décident de quitter les lieux pour rester ensemble ; n’y parviennent pas ; décident tous deux de se sacrifier pour l’autre. L’un d’eux finira par mourir pour laisser la place libre à son frère : pendant qu’il se noie, le frère se perd dans une forêt interminable où il subit des hallucinations qu’il ne pourra comprendre qu’en apprenant la mort de son double.

Je ne me souviens plus de la « folie de Jones »… désolée.

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Thèmes : Cinéma et littérature , films , adaptation , littérature , cinemaCréer un quiz sur cet auteur

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