C'est souvent lorsque nos derniers aïeuls disparaissent qu'on éprouve le besoin d'en savoir davantage sur leur vie : "Sans qu'on y ait pris garde, nous étions parvenus au bord du précipice de la mémoire familiale. [...] Soudain, j'avais tant de questions. Et plus personne pour y répondre." (p. 9 & 11)
Entre remords, curiosité et urgence de retrouver des racines qui ne pourront plus exister que dans sa mémoire, l'auteur de cet album reconstitue la vie de ses grand-parents et d'un oncle.
Elle présente ces biographies en images, après avoir travaillé à partir de photos, documents, témoignages de proches, inventant le reste pour combler les vides et les zones d'ombre.
Birgit Weyhe dresse ainsi cinq portraits d'autant plus intéressants que ces personnages ont traversé une période riche en bouleversements (sociaux, culturels, politiques) et meurtrie par des drames : le XXe siècle dans une Allemagne marquée par des guerres.
L'accent est mis sur les grands-mères, deux femmes fortes et indépendantes de milieu bourgeois relativement aisé. Les hommes figurent en arrière-plan, ternes et faibles, vivant dans l'ombre de ces femmes de caractère qui tiennent les rênes.
Le graphisme dépouillé et grossier peut sembler austère voire rebutant. Les visages sont souvent lourds, disgracieux. Mais de loin en loin, des symboles éloquents expriment la douleur mieux que des mots (quelques gouttes de sang pour un avortement, des cadavres dans des cauchemars, ce remaillage sur la couverture...). C'est à mon avis l'un des points forts de l'ouvrage.
Un témoignage très intéressant de destins de femmes du XXe siècle, sans événements spectaculaires. Des fragments de vies qui ressemblent certainement, à quelques détails près, à ce qu'ont pu connaître nos propres grands-parents - l'auteur est née à la fin des 60's.
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Ou comment, grâce à 10 personnes, un médaillon part du Canada, va en Europe, fait un petit tour en Afrique, et s'en revient.
10 portraits d'hommes et de femmes pris dans l'histoire de façon plus ou moins prégnante, pour qui le médaillon fut une chance et un cadeau. 10 personnes qui se passent le relai pour écrire l'histoire du bijou. Pour qu'il revienne, par hasard ou par chance, dans sa famille d'origine. Et la ronde est fermée.
Des dessins en noir et blanc, simples et terriblement expressifs, qui donnent leur force à cette histoire simple et extraordinaire.
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Très beau portrait de la famille de l'Auteure qui retrace son arbre généalogique via les histoires de ses grands-parents.
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La Ronde est constituée de 10 portraits très différents les uns des autres. Difficile au premier abord de repérer ce qui les relie. Pourtant, de Marie la superstitieuse aux Etats-Unis, à Yves parti combattre sur le front en France, en passant par Emil en Allemagne ou Grace en Afrique, une belle médaille en or sert de point commun. Neuf fois offerte, trouvée, perdue ou vendue, elle passe de main en main et finit miraculeusement par se retrouver entre celles de Marie Laurent, l'arrière-petite-fille de la propriétaire initiale. Une belle fresque graphique empreinte d'humanité et de poésie.
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En suivant l'histoire d'un médaillon, on voyage au fil du siècle dernier, de Montréal à Hambourg en passant par l'Afrique. Petites peintures de vies croisées. J’ai bien aimé cette BD en noir et blanc, de construction simple. La fin est un peu rocambolesque, mais il fallait bien…fermer la ronde.
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Une chaîne avec une médaille de la vierge : voila le thème et le personnage principal de l'histoire. De 1915 aux années 2000, cette chaine passe du Canada, à la France au continent africain pour enfin revenir en Amérique du Nord. Comment ? En passant de main en main, comme un porte-bonheur, un gage d'amour ou d'amitié. Pour faire un peu d'histoire, la grande comme la petite, celle d'êtres pris dans les grands bouleversements du siècle dernier.
Le dessin peut sembler bâclé ou moche selon les goûts et les sensibilités, son côté simple et sans fioriture met l'accent sur l'histoire tout en la soulignant. Du coup, on l'oublie pour mieux suivre cette ronde à travers l'espace et le temps.
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Très contente de découvrir que ce roman graphique de l'Allemande Birgit Weyhe est disponible en français. L'auteure a passé son enfance et adolescence en Ouganda et au Kenya, 40 ans plus tard à l'occasion d'une visite au Mozambique, elle se sent immédiatement chez elle et interroge la notion de patrie. Ce questionnement s'impose d'autant plus à elle qu'elle rencontre des hommes et des femmes qui ont vécu et travaillé, avant la chute du mur, de longues années en Allemagne de l'Est, pays socialiste frère du Mozambique. A partir de leur témoignages, Birgit Weyhe, retrace le parcours de deux hommes et d'une femme, employés comme ouvriers malgré eux, marqués par les désillusions, les souvenirs douloureux, l'entredeux où on ne se sent nul part chez soi. C'est une bande dessinée d'une grande force, qui éclaire sur un pan méconnu de l'histoire récente entre un pays d'Afrique et un pays d'Europe. Le choix des couleurs, noir, ocre-or et blanc, le graphisme capable de plonger le lecteur dans un vécu entre deux cultures, s'intègrent parfaitement à cette narration.
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(IK971) Un album qui m'a touché personnellement (elle me rappelle celle de mes parents...en ex-RFA par contre). Malgré le caractère peu engageant de la couverture et du graphisme, il réussit à rendre l'histoire, de ses 3 migrants (d'après des entretiens avec de véritables travailleurs immigrés) aux parcours croisés, vivante et émouvante. Il mêle la grande Histoire méconnu du Mozambique et des migrants envoyés comme main d'oeuvre en ex-RDA jusqu'à la chute du mur de Berlin et la petite histoire de ces hommes et femmes qui ont lutté et pour certains tout perdu, spolliés par les gouvernements corrompus et les guerres. le graphisme finalement colle assez bien à la dureté du récit et revêt une originalité qui rend ce roman graphique unique. A voir pour le Prix mais je le recommande pour le fonds d'un CDI afin d'éclairer ce pan méconnu de l'histoire coloniale lusophone et germanique et la face cachée de l'immigration.
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Avec cette bande dessinée l'auteur nous plonge dans son histoire familiale. Lorsque l'une de ses filles lui demande de construire son arbre généalogique, elle tente d’éclairer les zones d’ombres qui apparaissent. Ainsi, elle retrace le destin de ses aïeuls. Nous y découvrons en même temps qu'elle des personnalités surprenantes et des parcours de vie marqués par les bouleversements du 20ème siècle. Pour moi, le récit en lui même est moyennement intéressant, certes c'est très bien raconté, mais sur le fond, bof, ce sont des histoires qui la touchent elle mais qui ne m'ont pas spécialement émues. Au niveau du dessin, c'est toujours top et très agréable.
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Présentation du livre :
Le livre s'intitule La Ronde. L'auteur et dessinatrice de ce livre est Brigit Weyhe. Il s'agit d'un livre traduit de l'allemand par Elisabeth Willenz. La Ronde est une bande dessinée qui a plusieurs thèmes différents car il s'agit du récit de dix petites histoires ayant pour élément principal un collier (une chaîne) qui passe de personne en personne et d'époque en époque. On peut ainsi suivre le chemin de ce collier à travers différents pays et continents. Les principaux thèmes de ce livre sont donc l'amitié, l'amour et les histoires de famille. On remarque aussi que les différents propriétaires de la petite médaille sont liés d'une manière ou d'une autre …
La chaîne part de chez une retraitée superstitieuse et va suivre ensuite différents chemins pour arriver jusqu'à son arrière-petite-fille.
Résumé :
La chaîne part de chez une grand-mère, superstitieuse concernant les chiffres pairs et impairs, qui en a hérité lors de son baptême. Elle l'a ensuite donnée à son mari pour partir à la guerre avec. Mais ce dernier s' est retrouvé dans un hôpital militaire suite à un accident sur le front, a été amputé de plusieurs membres et n'a pas survécu. Quand ses affaires sont arrivées à sa femme, elle n'a plus retrouvé la chaîne. A la fin, la vieille femme va se rendre compte que ses superstitions concernant les chiffres sont fondés. Mais chez qui la médaille de baptême de Marie Boivin a-t-elle été ? Le début du voyage de la médaille commence…
La chaîne finit chez l'arrière-petite-fille de Marie Boivin. Elle se prénomme également Marie et vit avec sa compagne Agnès Ledoux, à Montréal. Marie va recevoir une lettre de la part de son père. Elle n'est d'accord sur aucun point, notamment sur le plan religieux. En effet, son père vient d'une famille très catholique et a éprouvé une énorme honte lorsque sa fille a décidé de s'éloigner de la religion et de vivre librement, comme elle l'entendait. Les proches de son père ont alors remis en question son rôle dans l'éducation de sa fille. Ils disent qu'il l'a ratée. Mais se sentant coupable, il décide de renouer avec sa fille suite à la mort de sa femme et va recevoir un refus de le part de sa fille. Marie le trouve égocentrique et indigne d'un père. Sa compagne, Agnès va essayer de la résonner mais elle reste sur ses positions et ne veut plus revoir son père. Que va devenir la chaîne ?
Critique :
Le thème de l'histoire m'a assez plu, je n' ai pas eu beaucoup de mal à suivre le fil du livre car les différentes aventures étaient bien séparées et mises en évidence. Les personnages sont liés, ce qui nous permet notamment de faire le lien entre les différentes époques et les différentes lieux. Quant au suspense, il est bien conservé durant tout le récit étant donné qu'on ne sait jamais où la chaîne va finir. Le vocabulaire et le style de narration sont relativement simples, on comprend bien ce qui nous ai dit. Par contre, il y avait du vocabulaire concernant le guerre que je n'ai pas bien compris, mais ça ne m'a pas empêcher de suivre l'histoire. Comme il s'agit d'une bande dessinée, je me suis aussi attardée sur le dessin, la mise en page et la mise en couleur. En effet les dessins sont en noirs et blancs et assez simples. Je n'ai ainsi pas eu de mal à comprendre ce qui se passait. Par contre, la première de couverture ne nous donne aucune information sur l'histoire (mis à part le titre du livre). Quant au résumé, il est court et nous explique le concept du titre et de l'histoire.
J' ai aimé l'histoire de cette bande dessinée, très bien retracée et claire. J'ai moins aimé la première de couverture.
par Roudaïna, 3e
Cote : BD WEY - Emplacement : CDI - Bac à BD
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Une véritable leçon de vie, d’ambition et de courage ce livre. Le concept de « chez soi » est illustré par différents résumés de vie de dizaines de personnes ayant voyagé, découvert d’autres contrées, d’autres cultures, d’autres langues et qui ont réussi (enfin pas toujours) à se re(créer) un chez eux où qu’ils allaient.
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Dans cette bande dessinée, le lecteur découvre dix portraits d'hommes et de femmes grâce au voyage à travers le globe et les époques d'un médaillon en or. Et grâce à ces portraits, c'est l'histoire du bijou qui se dessine.
J'ai aimé l'histoire, la trame narrative et les illustrations. Une très belle réussite.
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Une BD assez méconnue en France, et c'est bien dommage! Le dessin, en noir et blanc, est haché et dur, à l'image du scénario. Avec, pour prétexte, le voyage (la "ronde") d'une petite médaille à travers l'espace et le temps, l'auteure esquisse la vie, souvent abîmée, de dix personnages au cours d'un 20° siècle marqué par les guerres. C'est une BD dense et émouvante.
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