AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Harold Cobert (328)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Périandre

Sous la forme d'un huis clos étouffant, Harold Cobert propose une relecture du mythe de Périandre, tyran antique de la cité de Corinthe qui tenta de s'émanciper de sa puissante mère. Cette dernière imagina un terrible stratagème pour parvenir à le séduire et l'écarter du mariage, ce qui provoqua la folie et la chute de son fils, lui qui était au départ un jeune monarque doux et intelligent, plein de promesses.



Le roman est donc construit comme une tragédie grecque moderne, l'auteur prenant même la peine d'inciser dans le récit contemporain, de façon très pertinente, l'histoire du Périandre antique. Une tragédie grecque dans laquelle est insufflée une ironie mordante qui donne au récit un air de farce cruelle.



Dès les premières pages, le texte est percutant et dérangeant tant l'atmosphère est saturée de sexualité et d'érotisme latents. La mère du personnage principal est incapable de renoncer à la possession exclusive de son fils. On le voit grandir en pleine confusion des positions aux côtés d'une mère intrusive, enfermée dans son ego, qui veut avoir la haute main sur le corps de son fils. Avec sa folie froide, cette mère est de loin le personnage le plus intéressant, le fils étant assez falot tant la mère l'étouffe physiquement et psychiquement. C'est elle qui attire l'attention du lecteur entre fascination pour sa monstruosité et dégoût pour ce qu'elle incarne.



Pour autant, on est très loin du mythe d'Oedipe auquel on sera tenté de penser. Dans la pièce de Sophocle, Oedipe et Jocaste ( la mère ) sont dévorés par une culpabilité reconnue. Ici, les personnages semblent anesthésiés, sans remise en question possible ou sentiment de fauter, sans que l'auteur recoure à un ressort psychologique précis qui aurait pu éclairer ses comportements incestuels banalisés par la mère. C'est cela qui rend ce roman très singulier et assez perturbant, renforçant la férocité de ce conte moderne très noir.



Pour autant, j'ai trouvé le récit quelque peu répétitif voire tournant un peu rond pour conclure. Certes, à mesure que grandit le fils, l'incestualité déborde de plus en plus, mais sans qu'on comprenne vraiment où l'auteur veut en venir. le personnage de la belle-fille aurait ainsi mérité une meilleure caractérisation car c'est son arrivée dans la vie du fils qui perturbe la mainmise de la mère. Je referme le roman quelque peu dubitative sur la chute.





Commenter  J’apprécie          1022
Belle-Amie

Chacun connaît Bel-Ami de Guy de Maupassant publié en 1885, mais qui aurait pensé qu'un auteur contemporain, en l'occurrence Harold Cobert, en écrive un jour la suite ?

Et bien voilà, c'est chose faite et c'est sous le titre Belle-Amie que l'auteur nous fait vivre la suite des aventures de Georges Duroy, devenu Georges du Roy de Cantel. On retrouve donc cet homme à femmes, arriviste, dénué de scrupules et de sens moral, marié à Suzanne Walter, non par amour mais par ambition. Ils ont deux enfants et Georges est à la tête du journal La vie Française.

Il se met à rêver d'une carrière politique et pour cela, va intriguer comme jamais, bien aidé par sa femme qui, par ailleurs, milite pour les droits des femmes. Dans un premier temps, il vise la députation, puis pourquoi pas un ministère... Mais il ne faut pas oublier que dans sa vie, les femmes jouent un rôle prépondérant et il va convoiter en particulier la mystérieuse Salomé "la belle-Amie" qui hantera ses jours et ses nuits...

Dans ce Paris de fin du XIX ° siècle, Harold Cobert décrit de façon très réaliste la vie mondaine des gens aisés de la bourgeoisie et de l'élite du journalisme et de la politique. Il porte un regard sévère et même féroce sur les politiques qu'il n'hésite pas à décrire comme des opportunistes et des gens prêts à toutes les magouilles pour s'enrichir toujours plus et conquérir le pouvoir, un regard acerbe également sur les journalistes qui jouent la plupart du temps un double-jeu avec le pouvoir politique et les banquiers, au rôle non négligeable.

Tout cela a-t-il bien changé ? C'est la question que l'on se pose et c'est aussi ce qui fait la force de ce roman. Non seulement, l'écrivain restitue de façon magnifique un portrait de cette société fin de XIXe, mais apporte également un air contemporain et moderne à son récit.

J'ai trouvé très intéressant et très instructif le récit de tout ce qu'avait été le scandale du canal du Nicaragua, auquel le héros est mêlé, ce grand projet porté par Ferdinand de Lesseps à la notoriété établie avec le canal de Suez. On assiste également au début du combat mené par les femmes pour obtenir des droits et une certaine indépendance, mais aussi malheureusement, à la montée de l'antisémitisme en France.

Ce qui contribue à faire le charme de ce roman, à mon avis, est l'intégration au récit de Guy de Maupassant lui-même ! Un beau clin d'oeil. Un roman à la fois historique et contemporain qui, je trouve, respecte bien le style et l'esprit de son modèle, un roman où le suspense est maintenu du début à la fin, Belle-Amie m'a vraiment enchantée ! Je tairai la chute bien évidemment, mais vous pose la question :

C'est en grande partie grâce aux femmes que Duroy s'est élevé, mais qui le fera chuter ?


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          883
Un hiver avec Baudelaire

Elle lui avait donné 3 mois après leur divorce pour qu'il se trouve un appartement. Recherches vaines. Philippe est mis à la porte en ce dimanche soir de mai, après une dernière histoire racontée à sa fille, Claire, avec qui il est très proche. Une première nuit passée dans sa voiture, une brève toilette le lendemain dans les locaux de l'entreprise de pompes à chaleur dans laquelle il travaille en tant que commercial. Des hôtels de seconde zone et un dossier pas très rassurant pour les agents immobiliers. de mauvais chiffres au boulot, un contrat qui lui passe sous le nez et Philippe démissionne. Recherche de boulot infructueuse. L'argent qui vient à manquer rapidement. Et la rue pour seul domicile...



Philippe n'a rien vu venir. Son ex-femme, son boulot, l'argent, tout lui file entre les doigts. Il est devenu l'un de ces hommes que l'on regarde à peine. Mais, une fois dans la rue, comment rester digne une fois qu'on tend la main pour faire l'aumône ? Garder la tête haute malgré ces regards détournés, gênés ou méprisants ? Se sentir encore un homme, être quelqu'un dès lors que seuls les gestes du quotidien, manger, dormir, pisser, font encore de lui un homme ? Seuls ces gestes le maintiennent encore en vie. Heureusement que dans cette société parfois inhumaine et froide Philippe va faire de belles rencontres, humaines et animale. Harold Cobert nous livre un roman social très fort et profondément humain dans lequel l'on suit Philippe dans son combat du quotidien, déterminé à ne jamais baisser les bras. Un portrait bouleversant et saisissant d'une société individualiste où se mêle poésie et âpreté, tristesse et petits bonheurs... boulettes de viandes et crêpes au sucre !



Passez Un hiver avec Baudelaire...
Commenter  J’apprécie          873
Un hiver avec Baudelaire

La loi de Murphy, vous connaissez ?

Philippe fait mieux, il l'incarne.

Sa femme ? En croix !

Son taf ? En croix !

Sa baraque ? En croix !

Son avenir ? En croix !

Hey, les gars, j'ai un quatre à la suite ! Si c'est pas du bol, ça...



Un Hiver Avec Baudelaire ou la longue mais inéluctable descente aux enfers d'un mec plutôt sympa, d'un père aimant, d'un employé dévoué et d'un mari qui aurait mieux fait de se casser une jambe le jour où il a épousé sa future ex-femme appelée très rapidement à devenir sa bouteille à oxygène, toujours sur son dos ! Une femme que l'on adorera détester tout au long de ce court roman.



J'ai adoré passer un hiver avec Baudelaire.

Touchant, crispant, désolant, énervant, les émotions sont multiples, tout autant que les situations traversées par notre Phiphi, anti-thèse parfaite de Midas - pas le centre d'entretien, hein – susceptible de transformer tout ce qu'il touche en plomb.

De la normalité d'une vie bien rangée à l'anormalité du froid glacial et de l'anonymat minant de la rue, il suffit parfois d'un petit grain de sable venu se figer dans vos rouages bien huilés pour que votre quotidien si rassurant s'effondre tel un château de cartes.



Si le propos est rude, il réserve cependant de bien belles rencontres.

Baudelaire en est l'exemple type.

Bien mieux qu'un compagnon d'infortune, une bouée de sauvetage.

Le périple sera douloureux, la fin lacrymale (putain de rhume des foins!).

Une ode à la débrouille et à l'amitié qu'il serait dommage de bouder vu l'originalité du discours couplée à une qualité d'écriture indéniable.



4,5/5
Commenter  J’apprécie          763
Un hiver avec Baudelaire

Voilà, je sèche mes larmes.

Je viens de terminer le roman d’Harold Cobert : « Un hiver avec Baudelaire »

C’est triste ? Oui un peu.

C’est un bon roman ? Oh oui, excellent.

C’est bien écrit ? Magnifiquement, avec beaucoup de sensibilité.

C’est un livre « tout public » ? Oh non, ce livre s’adresse seulement aux lecteurs qui ont un cœur et savent ce qu’amour et solidarité veulent dire.

Philippe avait tout, une épouse, une jolie petite fille, un job, bref une vie normale et un jour il a tout perdu, son épouse d’abord, puis son travail et peu à peu, comme beaucoup il est devenu un anonyme de la rue.

Un parmi tant d’autre. Il a fallu apprendre à survivre, à accepter le regard ou plutôt, le non regard des autres, l’indifférence de ceux que la misère a épargné.

Baudelaire est son compagnon à quatre pattes, ils feront un bout de chemin ensemble.



J’ai fait la connaissance d’Harold Cobert lors du récent Salon du livre de Vannes et c’est sur ses conseils que j’ai découvert Philippe et Baudelaire, alors que je lui avouais n’avoir jamais lu aucun de ses livres.

Je tiens à remercier l’auteur pour sa gentillesse et son écoute lors de ce trop bref échange.

J’ai été conquise par la qualité de sa plume et suis impatiente de poursuivre la découverte de son oeuvre.

Commenter  J’apprécie          655
Un hiver avec Baudelaire

"Un hiver avec Baudelaire ", un livre qui m'a attiré par son titre, un hiver pleine de poésie et de beauté?...et non, Baudelaire c'est le nom d'un chien, et l'hiver, un hiver passé à la rue.

La descente aux enfers d'un jeune homme de vingt-sept ans, qui perd femme,boulot,repères, dans un très court laps de temps.Misére totale, il touche le fond. La rencontre avec Baudelaire ( l'animal et la littérature) , qui ramène chaleur et poésie dans sa vie décharnée, sera sa bouée de secours.Ce chien irrésistible va relier cet homme qui a pratiquement perdu tout humanité à l'humanité.

C'est une leçon de vie,comme quoi, on ne possède rien tout à fait, tout peut basculer très vite.

L'auteur s'est inspiré d'une histoire vraie et a passé beaucoup de temps avec les SDF,pour écrire ce récit poignant et profondément humain.J'ai été aussi trés touchée par ces organisations comme Fleuron Saint Jean et les bénévoles qui y travaillent.Bien que très peu de SDF s'en sortent(2% selon l'auteur ),c'est toujours une lueur au bout du tunnel.
Commenter  J’apprécie          540
Un hiver avec Baudelaire

De très nombreuses et excellentes critiques sur ce roman émouvant, que j'ai lu il y a déjà un long moment. Un récit attendrissant d'un homme dans le désarroi, tombé dans la précarité et dans la rue... après différents accidents de vie. Ce livre nous colle au coeur... car dans cette vie provisoirement "amputée" , assombrie... Un rayon de soleil... va survenir dans le quotidien de notre "anti-héros", sous la forme d'un très gentil chien, au prénom béni de "Baudelaire"...

Je suis justement entrain de lire un texte épatant de Roger Grenier sur les chiens, où il cite des extraits magnifiques de Baudelaire, qui fait l'éloge du " -chien crotté du chien pauvre...le chien sans domicile... je chante les chiens calamiteux, ceux qui errent, solitaires, dans les ravines sinueuses des immenses villes, soit ceux qui ont dit à l'homme abandonné, avec des yeux clignotants et spirituels: "prends-moi avec toi, et de nos deux misères nous ferons peut-être une espèce de bonheur"... en relisant, je me suis souvenue de cet "Hiver de Baudelaire" où l'auteur faisait justement allusion au poète...et à ce passage...



Le personnage retrouvera courage, goût de vivre grâce à son affectueux compagnon à poils... Et moi... je me fais le double plaisir en parlant de livres qui me plaisent beaucoup, qui relient l'amour des humains, l'amour des chiens et celui de la littérature... En plus de ce roman très attachant de Harold Cobert, ne ratez pas le très beau texte de Roger Grenier, "Les larmes d'Ulysse"
Commenter  J’apprécie          480
Belle-Amie

Dans Bel-Ami, Guy de Maupassant avait raconté, à la fin du dix-neuvième siècle, la réussite de Georges Duroy, un homme à femmes ambitieux, dénué de scrupules et de sens moral, parvenu à la tête d’un journal d’opinion perverti par des rapports malsains avec les mondes de la politique et de la finance. Harold Cobert, un homme de lettres d’aujourd’hui, rouvre le dossier du même personnage, désormais connu sous le nom de Georges du Roy de Cantel, dix ans après son mariage en grande pompe. A-t-il poursuivi son ascension ? Se peut-il que ses frénésies de sexe, d’argent et de pouvoir aient précipité sa chute ? Peut-être aussi s’est-il acheté une conduite, en se consacrant à des œuvres nobles ! C’est le sujet du roman Belle-Amie, qui s’inscrit donc comme la suite du roman de Maupassant.



L’auteur place intelligemment sa fiction dans le contexte historique de l’un des grands scandales de l’époque, celui de la faillite de la société du canal de Panama, rebaptisé pour l’occasion canal du Nicaragua, sans doute pour pouvoir s’affranchir si nécessaire de quelques détails historiques. Il en reconstitue parfaitement les circonstances et les conséquences pour l’époque, les disgrâces et les condamnations pour corruption de nombre d’hommes politiques de premier plan, ainsi que l’opportunité qu’y virent certains de tenter de renverser la République et de restaurer la monarchie.



Dans la logique de ses ambitions insatiables et de ses impulsions mal maîtrisées, Georges du Roy du Cantel se retrouve au cœur du cyclone. Saura-t-il tirer durablement son épingle du jeu ? Pourra-t-il toujours compter sur son charme et sur sa capacité à manipuler les femmes ?



Les personnages féminins de Bel-Ami sont bien là, autour de lui, à l’exception de Clotilde de Marelle, dont on apprend qu’elle est décédée. J’ai sur le moment pensé que l’auteur avait supprimé son personnage parce qu’il ne lui avait pas trouvé de place dans l’intrigue, mais je me trompais… A découvrir par vous-même !... Deux nouveaux personnages apparaissent : le mystérieux Siegfried de Latour et sa troublante cousine Salomé, pour des péripéties étranges, parfois franchement extravagantes, quelque peu tirées par les cheveux.



J’ai été bluffé par une trouvaille géniale de l’auteur. Les épisodes du roman Bel-Ami avaient été publiés en leur temps sous forme de feuilleton. Dans l’intrigue de Belle-Amie, ces épisodes sont présentés comme des articles de presse d’investigation, publiés pour incriminer Georges du Roy de Cantel, en révélant les turpitudes de son parcours d’ascension. Auteur du premier ouvrage, le dénommé Guy de Maupassant se retrouve personnage du second : il est le journaliste en charge de l’enquête et le rédacteur des articles. Harold Cobert s’est inspiré des méthodes d’une certaine presse d’opposition d’aujourd’hui à l’encontre d’hommes politique à dézinguer.



L’auteur réussit peu ou prou à se placer dans la continuité de Maupassant, sans toujours restituer la fluidité et la subtilité de son écriture. J’ai regretté une tendance à abuser de passages descriptifs se voulant lyriques, mais pas toujours heureux. Ils rallongent inutilement le texte et cassent le rythme de la lecture, surtout dans la première partie du livre.



J’ai noté quelques références discrètes et élégantes à la littérature et à l’histoire. Il me revient notamment une évocation de Dorian Gray ; j’ai aussi noté le nom d’un aventurier russe qui jouera plus tard un rôle clé dans l’histoire des emprunts russes. La future affaire Dreyfus, en revanche, n’est pas évoquée, bien que l’auteur rappelle avec insistance l’antisémitisme largement partagé par la population de l’époque, un antisémitisme attisé par des campagnes virulentes menées par certains courants politiques, en marge des scandales et sans lien particulier avec eux.



On peut certes être tenté par des comparaisons avec quelques événements actuels. Attention toutefois à en relativiser les circonstances pour ne pas alimenter une thèse de « tous pourris », qui ferait proliférer des propos et des actes nauséabonds.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          463
Un hiver avec Baudelaire

Baudelaire en aura déposé des litres de spleen dans les rues de Paris.

Il fait froid quand les portes se referment une a une. Il fait froid dans les rues de Paris pour Philippe.

Il savait pourtant si bien endormir sa jolie fille Claire le temps d’une lecture, c’était pas suffisant, sa femme le pousse à la porte.

Il savait aussi qu’il faut être productif au boulot, meilleur que les autres, que réussir ne suffit pas, il faut plus de contrats. Il prend la porte.

Il paie ses nuits à l’hôtel.

Il devient interdit bancaire.

Plus d’argent.

Il squatte les rues.

Il note dans sa tête les jours qui passent pour ne pas oublier qu’il y a une vie avant et après la rue.



Vagabond solitaire pris d’assaut par les défaillances de la société.

Pas d’argent, pas de domicile.

Pas de domicile, pas de travail.

Pas de travail, pas d’argent.

Pas d’argent, la rue.

Adieu l’ami, la société ne veut pas de toi. Misérable, même les bancs tu ne peux pas t’y allonger, ils sont pris par ceux comme toi, abandonnés à leur sort.



Charles te voit, ta misère remplit le cœur éteint du poète, avec ses airs de chevalier, son côté fidèle, il t’envoie Baudelaire, ce chien qui te sauvera des griffes de la nuit.

Finalement, tu ne seras pas devenu alcoolique, tu croiseras de braves gens, avec ton chien Baudelaire comme guide, le jour viendra à grossir pour toi pour que la nuit n’ait plus sa place, Philippe.



Harold Cobert, tout en douceur et émotions. Un hiver avec Baudelaire.
Commenter  J’apprécie          465
Belle-Amie

Dix ans ont passé depuis que Bel-Ami sortait triomphalement de l'église de la Madeleine avec à son bras sa jeune épouse, l'héritière Suzanne Walter. Quadragénaire fringuant, il est désormais à la tête de La vie française, le journal de son beau-père, vit dans un luxueux hôtel particulier, est père de deux enfants et forme avec Suzanne un couple solide et solidaire. Une belle réussite qui ne saurait être complète sans un siège au Palais Bourbon. En effet, celui qui dorénavant se fait appeler Georges du Roy de Cantel vise la députation et, pourquoi pas, un ministère !



L'ambitieux Bel-Ami méritait bien de revivre, même sous la plume d'un autre que Maupassant. D'autant que Cobert s'en sort plutôt bien. Il a gardé les codes du XIXè siècle tout en modernisant l'oeuvre. L'on retrouve Georges Duroy, fidèle à lui-même et les femmes qui l'entourent. Car Belle-Amie aurait pu s'intituler Belles-Amies avec Madeleine la journaliste pugnace, Virginie la bigote, Suzanne la fidèle alliée et Salomé, la mystérieuse. C'est par les femmes que Duroy s'est élevé, est-ce par elles qu'il chutera ? Elles semblent s'émanciper et militent pour leurs droits. Mais son ascension semble pourtant ne jamais devoir s'arrêter. Il veut réussir et il s'en donne les moyens, n'hésitant pas à tremper dans diverses magouilles, à la fois sûr de lui et naïf. Sûr de son instinct, sûr de son bon droit, sûr de son impunité et naïf de croire qu'il pourra manipuler, menacer, distribuer des pots-de-vin et toujours s'en sortir. Harold Cobert, qui a potassé son sujet, plonge son héros au cœur d'un scandale d'Etat, l'affaire du canal du Nicaragua, le grand projet de Ferdinand de Lesseps qui conduisit à la ruine ses investisseurs. Comme Maupassant avant lui, il décrit bien les mécanismes de la Troisième République, les luttes de pouvoir entre politiciens, journalistes et banquiers, les gouvernements qui tombent, la corruption, les chantages, les riches qui s'enrichissent quand les plus pauvres finissent ruinés...

Harold Cobert a su respecter le style et l'esprit de son modèle (auquel il fait d'ailleurs un charmant clin d'oeil en l'intégrant dans son récit) tout en apportant sa touche personnelle, féminine, féministe, sensuelle, et son roman aurait pu être une belle réussite sans la pirouette finale qui tient plus de la farce peu crédible que de l'habile manipulation du lecteur. Un bon moment de lecture tout de même.
Commenter  J’apprécie          452
Belle-Amie

Avec « Belle Amie », Harold Cobert s'est lancé un pari littéraire ambitieux et a priori un peu fou : écrire une suite au « Bel Ami » De Maupassant. le roman de Cobert s'ouvre là où s'achève celui De Maupassant : Georges du Roy, petit provincial parti de rien, monstre d'ambition dénué de tout sens moral, a gravi à grande vitesse les échelons de la réussite professionnelle et sociale en exploitant toutes ses relations – notamment féminines – avant de les sacrifier sans le moindre remords sur l'autel de ses intérêts.



A la fin du texte De Maupassant, nous quittons un Georges du Roy en plein essor, le regard fixé sur un avenir, désormais politique, qu'avec son assurance et son cynisme il imagine déjà triomphal. Harold Cobert, dans son « Belle Amie », imagine la suite et l'avenir – dix ans plus tard - de ce personnage qui n'a, chez Maupassant, jamais dû payer le prix de son amoralité, de ses trahisons, de son cynisme et de sa cruauté : grandeur et décadence, la chute de du Roy, fomentée avec une habileté diabolique, sera-t-elle enfin la juste « récompense » à tant de perversité ?



Harold Cobert s'essaye dans son roman à un triple exercice pour le moins périlleux : exercice de style, d'abord, dans un « à la manière de » Maupassant qui ne soit ni artificiel ni pompeux mais au contraire incisif et fluide comme l'est l'original ; exercice de cohérence narrative, ensuite, où il s'est agi de construire une intrigue compatible avec le récit antérieur auquel elle offre une possible suite logique tout en respectant la personnalité et la psychologie des personnages ; le tout au fil d'une histoire suffisamment puissante pour emporter l'adhésion du lecteur familier de celle De Maupassant et ne pas le décevoir.



Avec ce roman, pour lequel il a certainement dû effectuer un travail de recherche considérable, Harold Cobert a su restituer à merveille l'atmosphère propre à l'univers De Maupassant ainsi que le Paris du XIXe siècle finissant et les intrigues malodorantes d'un monde politique corrompu, cynique et profondément amoral. J'ai trouvé le style séduisant et le scénario élaboré ici par Cobert intéressant, crédible et cohérent au regard du texte De Maupassant. Quant à sa construction, originale et intelligente, qui reprend par fragments des extraits du roman original pour les mettre habilement en abyme, elle m'a également beaucoup intéressée.



Reste que, plus qu'un livre inoubliable, ce roman m'est surtout apparu comme une prouesse littéraire très réussie qui m'a par ailleurs offert un bon moment de lecture. Certains se sont interrogés quant à l'intérêt de « prolonger » un roman ayant déjà, en l'espèce, l'exemplarité du chef-d'oeuvre… et la question est, en effet, ouverte. Car malgré toutes ses qualités et les efforts de son auteur, et même s'il est indéniablement talentueux et tout à fait digne d'intérêt, le « Belle Amie » d'Harold Cobert relève surtout, à mes yeux, du jeu littéraire… et ne joue pas tout à fait dans la même cour que son illustre modèle, l'imitation étant (même lorsqu'elle est, comme ici, de belle facture) toujours impuissante à reproduire le souffle et l'inspiration d'une oeuvre originale.
Commenter  J’apprécie          436
La mésange et l'ogresse

Michel et Monique Fourniret forment un couple tristement célèbre... A travers le filtre de la fiction, Harold Cobert nous offre ici un très bon roman sur la folie humaine et le pire qu'un être humain peut faire. Qui de cet homme ou de cette femme est le plus pervers, le plus fou, le plus malade ? Harold Cobert ne cherche pas de réponse, il n'annonce que des faits mais sans jamais tomber dans le sanglant ou le sensationnel. Non, son écriture fluide, froide et précise nous plonge dans l'horreur sans avoir besoin de plus de détails.

Il est difficile d'écrire qu'on a ailé un tel roman, car au delà des changements de noms ou de lieux, on a conscience que ce sont de véritables vies humaines qui ont été bafouées et anéanties... Il n'en reste pas moins une grande qualité d'écriture. Un grand roman d'Harold Cobert !!
Commenter  J’apprécie          430
Belle-Amie

Je vais commencer par vous faire un aveu, Harold Cobert, je l’aime.

J’aime son sourire, son charme, son charisme, son écoute courtoise et patiente et par-dessus tout son talent d’écrivain.

En découvrant qu’il avait osé s’affronter à Guy de Maupassant pour écrire la suite de « Bel-Ami », j’ai ressenti comme un léger malaise.

Comment allait-il se sortir d’un exercice aussi périlleux ?

C’est donc assez dubitative que j’ai parcouru les premières pages du roman, prête à l’abandonner rapidement par peur d’être déçue.

Passé le premier chapitre, la magie a opéré.

« Belle-Amie » met un terme à l’histoire imaginée par Guy de Maupassant à travers une machiavélique vengeance qui est un plat qui se mange froid surtout servi par quelques femmes séduites et bafouées par le bel arriviste.

En effet, tous les travers et toutes les « perfidies » auxquelles s’est livré George Duroy dans le premier opus se retournent invariablement contre lui dans une implacable ironie du sort.



N’hésitez pas à découvrir « Belle-Amie », un roman magnifiquement écrit, intelligent, passionnant.

Du grand art.

Chapeau bas Monsieur Cobert !



Merci à NetGalley et aux Editions Les Escales.

#BelleAmie #NetGalleyFrance



Commenter  J’apprécie          422
La mésange et l'ogresse

Dans la peau de Monique Fourniret.

C’est une vision originale que nous propose Harold Cobert pour raconter les faits, la capture et les interrogatoires d’un des plus célèbres couples du crime contemporain.

Une exploration, jusque dans l’intimité des personnages.

Il nous place dans la tête de deux des principaux protagonistes. Monique Fourniret, monstre de froideur et de maîtrise, et le commissaire belge qui n’aura de cesse de faire éclater la vérité. Un jeu du chat et de la souris, qui durera pendant de longs mois, entre le policier et « La mésange » comme la surnomme son binôme et mari Michel.

L’auteur se sert des minutes du procès et des récits de différents témoins de cette affaire d’enlèvements et d’assassinats d’adolescentes, qui défraya la chronique en son temps pour nous narrer, dans toute sa monstruosité, le périple et les méfaits de ce couple au sang-froid à toute épreuve, qui passa à travers les mailles du filet pendant des années entre France et Belgique.

Entre roman et document, ce livre se lit comme un polar. La différence, celle qui vous glace, c’est que ces personnages abjects ont bel et bien existé tout comme leurs trop nombreuses victimes.

Commenter  J’apprécie          421
Belle-Amie

Nous retrouvons ici, Georges Duroy, qui a rajouté une particule à son nom, pour mieux parvenir à se moyens, à ses ambitions, il s’appelle dorénavant Du Roy de Cantel ! et l’auteur nous livre une suite au roman de Guy de Maupassant.



Dix ans ont passé depuis son mariage ; il a deux enfants et vise désormais la députation sur ses terres natales, à Rouen.



Il refait le parcours qu’il effectua jadis vers la Madeleine, se demandant ce qu’il serait devenu, s’il n’avait pas croisé son ami de régiment, alors qu’il n’était qu’un petit employé aux bureaux des chemins de fer du Nord. Un brin de nostalgie ? peut-être, mais il fait surtout le bilan du chemin parcouru, de son ascension. En même temps, d’ailleurs, il revient sur ses maîtresses et le rôle qu’elles ont joué dans son parcours.



Au début, j’ai crié intérieurement au plagiat, car on retrouve parfois mots pour mots le texte de « Bel-Ami » mais il fallait bien resituer le contexte… Mais, peu à peu, je me suis laissée prendre par l’énigme qui est plutôt savoureuse, Harold Cobert nous entraînant dans le milieu plus ou moins honnête de la politique, la campagne électorale de Georges étant haute en couleurs (il s’entraîne comme un acteur devant son miroir, apprenant son rôle de manière cynique.



On retrouve les thèmes : la finance, l’argent, les scandales financiers, mes magouilles de la société du XIXe siècle et qui ressemblent étrangement à notre époque ; mais surtout l’auteur nous offre la chute du héros qui après avoir atteint des sommets, jusqu’au ministère, au prix d’entorses à la loi car tous les moyens sont bons.



Il va retrouver son péché mignon, les femmes, dont la mystérieuse « Belle-Amie » que l’on identifie trop facilement à mon avis.



Ce roman est bien écrit, moins pétillant certes que « Bel-Ami », mais jubilatoire quand même, et la vengeance des laissées pour compte offre une fort belle chute.



Le style de cet auteur m’a plu et j’en envie de le découvrir davantage…





#BelleAmie #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          417
Belle-Amie

****



Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les Éditions Les Escales pour l'envoi de ce roman lors de la dernière masse critique.



Georges Du Roy de Cantel est un homme ambitieux. Depuis toujours mais encore plus depuis qu'il a épousé Suzanne Walter il y a dix ans en l'église de la Madeleine à Paris. A la tête du journal La Vie Française, il vise désormais les hautes sphères du pouvoir. Rien ne l'arrêtera, prenant de plus en plus de risque, notre Bel-Ami, comme à son habitude, atteindra la place qu'il convoite... Entre secrets, intrigues et trahisons, Du Roy se maintiendra-t-il sur le siège qu'il pense être le sien ?



Quel bonheur de retrouver Georges Duroy, et quelle surprise aussi. Qui aurait prédit que ce séducteur reviendrait sur le devant de la scène ? Qui aurait pu imaginer le voir de nouveau au centre de toutes les attentions ?

Harold Cobert reprend dans ce roman la plume de Maupassant et nous emporte avec lui dans le Paris de la fin du XIXème siècle. Duroy est resté le même, comme dans mon doux souvenir : intriguant, manipulateur et secret, il entraine dans son sillage tout autant les femmes que les hommes.



Doté de l'écriture toujours aussi agréable d'Harold Cobert, ce roman est vif, rythmé et diabolique, à l'image de Bel-Ami.

Les 400 pages se tournent rapidement, tant l'histoire est prenante. Les personnages sont parfaitement dessinés, et ils leur arrivent de nous surprendre !



J'ai vraiment passé un très bon moment en compagnie de Georges Duroy et de sa famille...

Un dernier frisotis dans les moustaches et un salut à cet homme confiant, le dos toujours droit et la tête haute et dont l'ascension fulgurante nous aura tous éblouis...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2019..
Commenter  J’apprécie          405
Un hiver avec Baudelaire

Et dire qu'on les croise tous les jours ! Et dire qu'ils vivent un enfer tous les jours !

Ce livre sur la lente plongée de Philippe,27 ans, récemment divorcé, une petite fille, m'a profondément touchée.

Mais heureusement, il peut se diviser en 2 parties :

- La première relate la déchéance sociale et familiale, elle est désespérée. Cette partie me fait penser aux "Heures souterraines" de Delphine de Vigan. Même solitude, même mépris de la part des "autres", l'horreur totale. Et on s'identifie bien malgré nous à cet homme jeune qui, en un jour, n'est plus "regardé" par les autres, ou bien avec gêne.

- La deuxième partie fait entrer un ange....un chien, nommé Baudelaire. Ce chien sauve Philippe, il l'a choisi, il reste auprès de lui, le conduit dans des endroits où il peut dormir, manger...Pour moi, qui ne connais pas les chiens, cela a été complètement inattendu, extraordinaire. Ca existe, des chiens comme ça? En tout cas, les descriptions du chien sont complètement attendrissantes. Et ce sont uniquement des postures, des gestes, évidemment ! Mais que c'est drôle, émouvant !



Ce sauvetage, cette lente remontée ne se fera pas sans mal...

Mais que cet "Hiver avec Baudelaire" a passé vite, grâce à lui !
Commenter  J’apprécie          350
Le rendez-vous manqué de Marie-Antoinette

Le 3 juillet 1790, un an après la prise de la Bastille, Marie-Antoinette accorde une audience secrète à Mirabeau dans le parc de Saint-Cloud.

Un face-à-face de quelques heures au cours duquel Mirabeau tente de convaincre la souveraine qu'elle peut encore sauver le trône et contribuer à ce que son époux, Louis XVI, instaure une monarchie constitutionnelle.



A travers ces deux figures, deux mondes se font face : la révolution et la monarchie, l'avenir de la France et son passé. Cette rencontre apparaît comme la dernière chance pour la royauté de sauver la mise mais l'échange vire à l'affrontement et au règlement de compte personnel.



Lire ce moment d’histoire sous la plume d’Harold Cobert a été un immense plaisir, car outre la finesse de son style, il réussit avec brio à rendre vivante cette entrevue, connaissant parfaitement ses personnages, notamment Mirabeau auquel il a consacré sa thèse de doctorat ainsi qu’un essai.





Commenter  J’apprécie          342
Un hiver avec Baudelaire

Grâce à des chapitres courts et un style assez factuel, ce roman se lit très facilement et pourtant, il traite d'un sujet grâve qui est celui des sans-abris.



Philippe, après avoir été mis à la porte par sa femme, démissionne de son travail par manque de reconnaissance et se retrouve à la rue sans un sou.

Il est alors confronté aux rudes conditions de survie des sans-abris.

Les gestes, même les plus anodins, de la vie quotidienne deviennent un problème.

Trouver à manger, à boire ou un lieu pour se soulager, se laver relève du parcours du combattant.

Sans compter la difficulté de trouver un endroit pour dormir qui ne soit déjà occupé et farouchement défendu.

Tenir bon moralement face à l'indifférence ou au mépris demande du courage et une volonté tenace.

Il fait la pénible expérience des foyers d'accueil souvent bondés, sâles, fréquentés par des SDF alcooliques pour la plupart.

Heureusement, dans la rue il y a aussi de belles personnes, compatissantes et généreuses qui permettent de souffler un peu.

Et puis, il y a Baudelaire, ce chien paumé qui s'attache à Philippe jusqu'à lui sauver la vie.



Cette incursion dans le monde des sans-abris m'a bouleversée... bien plus que l'histoire en elle-même.

Il est révoltant que les personnes précarisées soient obligées, pour espérer survivre, de côtoyer le luxe et de se contenter, tels des chiens, de ce que la société de consommation jette derrière elle sans même avoir la décence de le leur proposer décemment.

Heureusement, il y a aussi des gens qui mettent tout en oeuvre pour leur venir en aide en créant des hébergements d'urgence et de réinsertion sociale, tels le Fleuron St Jean à Paris.

Le grand intérêt de ce livre est d'ailleurs de dresser la liste non exhaustive des associations françaises.

J'aime à croire que de beaux projets comme celui-là existent également en Belgique...



Il n'y a pas de petits gestes, un élan est toujours grand....
Commenter  J’apprécie          335
Belle-Amie

« Quand le serveur déposa sur la nappe le petit plateau d’argent contenant la monnaie de l’addition, Georges Du Roy de Cantel le poussa sur le côté, signe de pourboire pour le personnel. Il s’appuya contre le dossier de la banquette en cuir, prit son verre de cognac dans le creux de sa main, le fit tournoyer avec nonchalance pour le chauffer, frisa sa moustache avec un geste familier d’homme du monde puis but une longue rasade. L’alcool lui enflamma la gorge, sa chaleur réconfortante ruissela jusque dans son ventre. Il aimait cette brûlure ; comme le picotement âcre du tabac, elle lui rappelait qu’il avait un corps et qu’il était en vie.» Cela ne vous rappelle rien?

Harold Cobert relève haut la main le défi de nous offrir une suite au «Bel-Ami» de Maupassant. Avec les mêmes codes et de savoureux clins d’œil à l’œuvre originale, il réussit même le tour de force d’en faire un roman aux notes très actuelles.

Il n’est certes pas nécessaire d’avoir lu Maupassant pour apprécier ce roman, mais cela ajoute encore un peu de piment à la chose. Car les clins d’œil sont nombreux entre les deux livres. Harold Cobert s’amuse même à nous raconter la publication en feuilleton de ce roman qui met en scène un héros proche du sien par un certain Maupassant!

Il n’oublie pas non plus de résumer l’œuvre de ce dernier pour nous rafraîchir la mémoire: « Georges se demandait parfois quelle aurait été sa vie s'il n'était pas tombé sur son ancien compagnon de régiment ce soir-là; si, bien que l’ayant reconnu après un bref effort de mémoire, il n’avait pas allongé le pas pour aller frapper sur son épaule. C'était peut-être la seule fois qu'il avait agi sans calcul, à la hussarde, porté par la surprise improbable de rencontrer une connaissance dans ce grand désert d'hommes qu'est Paris; surtout lui, alors petit employé aux bureaux des chemins de fer du Nord à quinze cents francs par an, qui avait si peu de relations dans cette ville, à l'exception de ceux avec qui il travaillait, des quelques prostituées qu'il fréquentait, quand il voulait se donner l'illusion de mener la grande vie. Après, tout s'était enchaîné très vite: un dîner chez Charles et sa femme Madeleine le lendemain, où il était venu avec des habits d'occasion et bon marché, payés grâce à l’argent que lui avait donné la veille son ancien camarade; dès le surlendemain il commençait en tant que chroniqueur à La Vie française, le journal qu'il dirigeait désormais depuis une dizaine d'années. » 

Comme dans la fable de la Fontaine, La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf, les premiers succès de Georges Du Roy de Cantel ne font que faire croître son ambition. Lorsqu’on le retrouve, il gravit un échelon de plus en se faisant élire député de sa circonscription d’origine du côté de Rouen. Son but n’est pas de représenter ces «bouseux», mais d’occuper les bancs de l’Assemblée qui sont pour lui le lieu idéal pour les «petits arrangements d’intérêts bien consentis» et «d‘escroqueries, où la vanité la plus exacerbée le disputait à l’égoïsme le plus forcené» avant d’être un tremplin vers un poste de ministre.

Après lui avoir permis une élection triomphale, Siegfried lui promet des millions. Ce mystérieux homme d’affaires a, outre ses montages financiers plein de promesses, un argument irrésistible: sa sœur Salomé, femme aussi libre qu’entreprenante et qu’il n’aura de cesse de poursuivre de ses assiduités. Ne cherchez pas plus loin l’explication du titre. Dans cette version, les femmes prennent le pouvoir au moment où les hommes croient le détenir.

S’appuyant sur les deux scandales qui ont mis à mal la République en cette fin de XIXe siècle, celui dit des Décorations et celui du Canal de Panama, Harold Cobert nous offre à la fois un ouvrage très documenté et une histoire très moderne. Sans vouloir jouer ici l’antienne du «tous pourris», on est bien obligé de constater que les affaires et les scandales nourrissent aujourd’hui encore la suspicion vis à vis des politiques. Ce roman est l’un de mes coups de cœur de cette rentrée. Une petite merveille !




Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          320




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Harold Cobert (825)Voir plus

Quiz Voir plus

Calendrier Masse Critique

Mauvais genres se déroule en :

Mars Octobre
Mai Novembre
Avril Décembre
Janvier Septembre
Février Juin

5 questions
302 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture , intelligence , connaissanceCréer un quiz sur cet auteur

{* *}