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Critiques de Jacky Durand (195)
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Les recettes de la vie

Le cahier de recettes, c'est ce qui reste de ce père cuisinier à Julien, le fils qui aura grandi non pas dans les jupes d'une mère mais dans les casseroles, les épices, la chantilly, les tables pleines d'un monde affamé. Julien se souvient de son père, si absent, si distant, si taiseux. Il se souvient de son enfance où la nourriture était prêchée avec le plus grand respect. Il se souvient de la belle Hélène, agrégée en lettres, de son savoir, de son amour pour les livres. Puis, c'est du vide dont il se souvient. La solitude comme seule amie. Hélène est partie. Faute à cette profession ingrate de cuisinier où il faut travailler de 7h à minuit, où on n'a plus le temps pour vivre ailleurs que dans une cuisine.



Un roman sympathique et léger qui relate sans extravagance l'envie d'un jeune de s'émanciper, de puiser dans l'héritage paternel pour vivre ses envies. On sent combien l'auteur est passionné par la gastronomie. Ce roman transpire de métaphores culinaires, de recettes en tout genre. le tout est néanmoins servi sans cette pincée de sel et de poivre. Je n'ai pas vraiment senti toutes les saveurs décrites dans ce roman. C'est fluide et léger mais aussi plat et creux, sans exaltation culinaire ou émotionnelle à mon humble avis.



#LeCahierDeRecettes #NetGalleyFrance
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Les recettes de la vie

Au travers de ce roman on sent la passion, mais aussi cet amour filial et paternel. Cette transmission d'un savoir , d'un amour pour la cuisine. Mais aussi cette envie de protéger et de voir les siens avoir une vie meilleure.



J'ai adoré ce roman qui m'a mise face a certains éléments de ma vie. Au devoir de mémoire que nous avons vis à vis de nos ancêtres . Il y a quelques jours un évènement important est venu frapper à ma porte. Certains membres de ma famille et moi-même avons appris l'existence d'un carnet écrit par mon grand-père maternel. Il avait été conservé et caché par un autre membre de la famille. Nous n'avons, par le biais du net, pu en lire que quelques pages.. mais c'est très émouvant de voir l'écriture d'un ancêtre et surtout ce qu'il a vécu. Mon grand père y notait ses 5 ans de captivité dans un camps lors de la seconde guerre mondiale, ainsi que son arrestation et sa libération.

La vive émotion que nous avons pu ressentir est très certainement ce que Julien a lui aussi du vivre.



Revenons au roman, qui mérite d'être lu et connu. Il est court , sans doute mon seul regret. Une écriture agréable et fluide , prenante. D'ailleurs je l'ai lu d'une traite.



L'auteur maitrise a la perfection les description et les sentiments. En fait on est immergé complètement dans cette histoire... histoire qui se déroule chez moi d'autant plus. Ce qui fait qu'on y retrouve ses marques .. des noms de rues, auxquelles on peut y associer des odeurs, des souvenirs personnels.



Bref un roman qui se lit vite mais qui est une incroyable leçon de vie, ou chacun pourra s'y reconnaître ou tout au moins y reconnaitre quelqu'un qui lui est proche.
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Plus on est de fous, plus on s'aime

Ce roman est une vrai hymne à l'amitié.



Deux amis d'enfance se retrouvent bien des années plus tard.

La vie ne leur a pas fait de cadeaux, et pour se reconstruire quoi de mieux qu'un bébé abandonné sous leurs yeux sur une aire d'autoroute..



Ce roman, au premier abord semble léger et facile, mais il est en fait bien plus profond.



L'écriture de l'auteur est agréable et pleine de sincérité. Tout comme ses personnages a la fois sincères, simples et biscornus.

C'est également la vie décrite qui montre de la simplicité et qui nous fait nous rendre compte que le bonheur se trouve dans les petite joie du quotidien.

C'est aussi une démonstration de vie, ou parfois cette dernière nous réserve une seconde chance.



J'ai apprécié les personnages, l'atmosphère dégagée par ce roman. Et puis également les petites idées émises par ci par là, qui rejoignent fortement mes conceptions de la vie et de la mort.



Un petit bijou de simplicité qui même avec sa touche de tristesse nous rend le sourire



Et puis on y parle aussi de poulet au vin jaune et aux morilles... et je trouve que ce roman a le goût de ce merveilleux plat... alors je ne peux que recommander la lecture de ce petit roman
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Les recettes de la vie

Le narrateur s'adresse à son père, désormais disparu, pour évoquer avec tendresse et émotion ses souvenirs de leur relation : restaurateur d'origine modeste qui rêvait d'un destin intellectuel pour son fils, forçat du travail qu'il accomplissait dans la passion et le respect des bonnes choses, taiseux maladroit mais désespérément fidèle en amour, ce père si marquant avait finalement fini par transmettre à son fils, à son corps défendant et contre tous ses espoirs, la passion de la cuisine. Après le décès paternel, le fils n'aura de cesse de remettre la main sur le fameux cahier de recettes rédigées au temps où ses parents étaient encore unis, obstinément soustrait à sa curiosité dans le refus du vieil homme de voir son rejeton suivre ses traces, à ses yeux honteusement ouvrières.





Une émotion toute de pudeur et de délicatesse imprègne les pages de ce récit qui se lit la gorge souvent serrée, voire un début de larme au coin de l'oeil. Tandis que le fils découvre peu à peu les secrets de son père, si dignement et désespérément tus, se dessine une relation filiale forte et unique au sein d'une galerie de beaux personnages, tous rendus avec justesse et profondément attachants. Le mode de narration, où le fils s'adresse à son père, rend l'histoire nostalgique et touchante, tout en lui conférant une crédibilité simili autobiographique.





Au-delà du récit intime de l'amour et de la transmission entre un père et son fils, ce roman est aussi une ode à la gastronomie et un hommage aux hommes passionnés qui lui asservissent leur vie, dans un environnement professionnel exigeant et impitoyable : impossible de ne pas saliver au fil des pages, emportés à notre tour par la magie et l'amour de la cuisine. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Les recettes de la vie

Très beau roman sur le temps qui passe , l'amour familial , le désir d'ascension sociale d'un père pour son fils , les non- dits , les premières amours , et , aussi , la passion d'un jeune pour le métier exécuté par la figure tutélaire.....Nous sommes dans les années 70 , dans les environs de Dijon , une époque qui voit décliner l'intérêt pour les études " techniques " et monter dans les classes populaires la fierté de voir accéder les enfants au très élitiste BAC , porteur d'honneur , de fierté , un sésame vers une vie qu'on espère plus " facile " , mieux reconnue et valorisée....

Ce livre , c'est déjà ces transformations sociales qui s'infiltrent peu à peu dans un monde jusqu'alors assez cloisonné, assez figé, entraînant souvent des " conflits de génération ".Julien et son père, Henri , n'échapperont pas à cette tendance ...

Dès le début, c'est l'émotion qui nous gagne avec Julien qui assiste son père au moment du grand départ....Et tout , bien entendu , tout , va remonter . Les personnages , incroyables de charisme comme Lulu , Gary et Maria , énigmatiques comme Hélène, l'épouse enfuie....On va les suivre avec intérêt et mesurer leur rôle dans le cheminement initiatique du jeune Julien . Il y aura aussi les obstacles à franchir , les interrogations , les joies , les peines jusqu'à un dénouement...Un roman de la vie , simple , comme ont pu la connaître nombre d'entre nous , une vie insérée dans la passion , les odeurs , l'art de ces bons petits plats généreux, goûteux , qui flattent nos papilles .

Ce livre , c'est une explosion d'émotions et j'avoue m'être repu de ces mots , de ces phrases , de ces images soignés, aussi bien " cuisinés" que les plats préparés avec amour et passion par Henri ....

J'ai eu l'occasion de m'en expliquer déjà, je n'apprécie pas spécialement les romans " feel - good" qui envahissent le marché ( attention , j'ai grand respect pour leurs auteurs et leurs lecteurs , à chacun ses goûts ) . Ce livre me semble aller au - delà de ce genre littéraire par sa sincérité naturelle , son reflet de la société et des mentalités d'une époque qui m'est familière , et il y a une incroyable pudeur à dévoiler juste ce qu'il faut des personnages .Malgré un sujet somme toute délicat, on vit , on vibre , on rit , on comprend ou pas la situation , on prend parti ou non , on rit , bref , c'est un livre dans lequel je me suis senti " acteur " et qui a fait remonter en moi , nombre de souvenirs .C'est très bien écrit, on se croirait dans " la maison des autres " de B Clavel ( fabuleuse série que je vous recommande ) et dans le film " le grand chemin" avec Bohringer et la talentueuse et regrettée Anémone avec le " déshabillage " du lapin....

Un peu ( beaucoup) de douceur , un luxe aujourd'hui , il est là , sous vos yeux , laissez - vous aller....
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Marguerite

J'avais eu le plaisir de découvrir Jacky Durand à travers le trés beau "Recettes de la vie "et c'est donc sans aucune hésitation que j'ai voulu faire la connaissance de " Marguerite" , une jeune femme dont la vie aurait finalement été sans doute été assez " classique , heureusement banale " si l'on n'était pas en 1939 , si elle ne s'était pas mariée 15 jours avant le départ de son jeune mari pour défendre la patrie , si elle n'avait pas vécu dans un petit village où tout le monde se connaît et s'épie , si elle n'avait pas rencontré certaines personnes , si , si , si.....

C'est cette attente de l'être aimé , la survie au village , la souffrance d'un corps jeune privé de la satisfaction des sens , cette adaptation à un monde " nouveau "que nous allons vivre avec Marguerite .

Hélas , tous les regards ne sont pas empreints d'empathie et , dans l'ombre se préparent les vengeances qui permettront à bon nombre de dissimuler l'instinct sauvage qui les anime et leurs propres méfaits ou lâchetés .

Dés le début , dans les toutes premières pages , "Août 1944" , le drame éclate et nous emmène vers des pistes qui nous réserveront bien des surprises .

Encore un récit sur l'épuration , me direz vous .Hum , je vous laisse découvrir et réfléchir , voire même , pourquoi pas , transposer ce monde d'hier à celui d'aujourd'hui .Les différences ne sont pas aussi évidentes que cela .

Encore une fois , j'ai été séduit par les propos de cet auteur qui a su faire passer des émotions dans un roman facile à lire et loin d'être naïf ou redondant .Marguerite et quelques personnages sauront capter votre attention , vous faire apprécier leurs personnalités et vous allez passer un bon moment d'humanisme en leur compagnie .
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Les recettes de la vie

C'est vrai que le titre pourrait faire penser à un roman feel-good ou de développement personnel, comme certains l'ont perçu, mais ce n'est pas du tout cela, selon moi! C'est bien mieux! Et sûrement pas un petit livre sucré, plein de bons sentiments, sans profondeur.



Jacky Durand est journaliste et écrivain et rédige des chroniques culinaires pour" Libération ". Il connait donc bien la cuisine. Et il l'aime. Ce roman en témoigne.



On s'attache immédiatement à Julien, le narrateur, au chevet de son père . Il entremêle son présent d'étudiant aux souvenirs d'enfance liés au bistrot paternel, à la bonne cuisine de terroir, quelque part dans l'Est de la France. Des senteurs de terrines de lapin, d'omelettes aux herbes, de pêches rôties l'accompagnent, le bercent aussi, le réconfortent. Car il y a les chagrins, les manques, les pertes non élucidées. Celle d'Hélène surtout, qui a veillé sur ses jeunes années. Il y a aussi les sautes d'humeur , l'entêtement d'un père tant aimé, qui veut que son fils fasse des études, qu'il ne soit pas " mangé" par un métier exigeant, prenant, alors que celui-ci ne rêve que de cuisine. Et ce carnet de recettes disparu, que Julien voudrait tant retrouver.



Voilà un livre tout en arômes, en générosité de coeur, en émotions contenues mais palpables. Les personnages ont du mal à communiquer, sont pudiques, cependant quel beau lien entre un père et son fils, au-delà des incompréhensions! Et c'est la transmission d'une passion, d'un savoir qui continuera à les réunir, indéfiniment. Un partage de vie savoureux et délicat . A lire!
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Les recettes de la vie

A vos fourchettes, prêts, lisez :-)



Dans ma famille, la cuisine et les plaisirs du palais sont plus qu'une institution, un Art de vivre. Alors s'il y a bien un roman qui vient de me régaler, qui m'a fait saliver de plaisir, donné des frissons tout le long de "l'échine" et fait délicieusement gargouiller l'estomac, c'est bien Les recettes de la vie. Car ce petit roman concentre toutes les saveurs, comme un jus réduit et corsé. J'y ai trouvé tout ce que j'aime :

- une écriture sensuelle et gourmande qui sublime la chère. Pas de place pour le jambon-purée. Ici, le feu ronfle dans les entrailles de la cuisinière à charbon, on écoute le murmure du bœuf carottes ou le riz qui chantonne, on admire le velours d'une farce ou le drap écru d'une pâte, on hume, narines dilatées, le parfum fauve et torréfié du civet de lièvre...

- la culture de l'émerveillement, le don de percevoir l'extraordinaire dans le quotidien. La magie du crépitement d'un feu, le satin d'un tapis végétal, le bonheur d'un lait chaud, le plaisir lascif des dimanches...

- un portrait magnifique de figure paternelle. Car Henri a beau être taiseux, nerveux, avare de compliments, il a beau ne pas avoir toujours le mode d'emploi de la relation père-fils, il n'en est pas moins un monument pour Julien. Un véritable pilier qui canalise, transmet la passion, la rigueur, donne sans compter, inspire, subjugue.

-un hommage appuyé et talentueux à ceux qui consacrent leur vie à "enluminer" la cuisine, ces bourreaux de travail créatifs, généreux, passionnés, ces femmes et ces hommes "ouvriers de la transmission". Artisans ou artistes, si terriblement éprouvés depuis la crise sanitaire et dans les assiettes desquels nous attendons, impatients, de retrouver ce goût de paradis qui nous manque tant. Celui de la bonne chère et de la convivialité.

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Les recettes de la vie

Excellent ! Je me suis régalée du début à la fin au sens propre comme figuré. C'est touchant, émouvant, beau, simple à la fois mais authentique. Une vraie ode à la cuisine ou plutôt au métier de cuisinier. Ça grésille, chantonne, ça mijote. Chatouille les narines, taquine les papilles, vous creuse le ventre, et vous prend aux tripes. En relief, il y a bien sûr la bonne cuisine du père, mais en dessous du feuilleté, il y a tout un paysage à explorer, une rivière à suivre avec ses remous, ses débordements et aussi ses périodes à sec, les relations d'un père avec son fils. Gaby, Lulu, Nicole, Hélène et puis les années lycées suivies de la fac, le premier béguin et la première "claque", l'orientation déterminante, et les imprévus de la vie. Le hasard et le destin qui détournent la rivière de son lit.

C'est toute une époque, toute enfance qui se façonne et évolue vers un horizon pas toujours bien net et pourtant ! Julien est bien déterminé lui mais son père ne veut rien entendre.

C'est une lecture qui vous emporte et vous n'avez plus envie de la quitter, le fin du livre approche pourtant et va falloir tirer sa révérence. Bien dommage, j'aimais les personnages, j'aurais bien aimé poursuivre encore un petit bout de route en leur compagnie.

Je vais voir du côté de Marguerite si la plume est aussi enchanteresse que ce cahier de recettes.

A lire à déguster à savourer, ou grignoter selon votre appétit voire à dévorer. Faites vous plaisir sans modération !



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Les recettes de la vie

Autre roman découvert grâce aux éditions Stock : Le cahier de recettes de Jacky Durand.

Monsieur Henri, le charismatique patron du restaurant le Relais fleuri, s’est toujours opposé sans explication à ce que son fils Julien devienne cuisinier. Quand il sombre dans le coma, Julien n’a plus qu’une obsession : retrouver le cahier où, depuis son enfance, il a vu son père consigner ses recettes et ses tours de main. Il découvre alors d’autres secrets et comprend pourquoi Henri a laissé partir sa femme sans un mot....

Le cahier de recettes est un joli petit roman parsemé de recettes que j'ai pris plaisir à dévorer.

J'ai découvert avec plaisir cet homme dont la cuisine est plus qu'une passion, c'est toute sa vie.

Ce roman, c'est aussi une jolie histoire de famille, l'amour d'un père pour son fils... et d'un fils pour son père. Il y a des secrets de famille, des non-dits, là encore tout ce que j'aime lire.

L'écriture est agréable et l'ensemble donne un petit roman à découvrir :)

Pas un coup de cœur certes, mais j'ai apprécié ma lecture, c'est déjà pas mal ;)
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Les recettes de la vie

Après le remarqué «Marguerite» Jacky Durand nous revient avec un roman aux forts accents autobiographiques qui rend hommage à un père disparu. Un cuisinier qui lui aura laissé «Le cahier de recettes».



Ce joli roman, dans lequel on retrouve l’écriture sensible qui avait déjà fait merveille dans Marguerite, pourrait être sous-titré «ce que je dois à mes parents» ou encore «naissance d’une vocation». Car l’histoire de Julien, un jeune garçon qui rêve de suivre les traces de son père cuisinier et qui décide de suivre des études de lettres pour se rapprocher de sa mère, a tout du récit autobiographique. Rappelons que Jacky Durand est aujourd’hui chroniqueur pour Libération («Tu mitonnes») et France-Culture («Les mitonnages de Jacky»), qu’il marie à merveille son expérience en cuisine, sa connaissance des produits et des petits plats à un style qui met en éveil tous les sens, à commencer par le goût et l’odorat qui ont accompagné son enfance et son adolescence.

Au moment où il fait ses adieux à son père, emporté par une longue maladie, Julien se souvient de ses années durant lesquelles il s’immisçait dans la cuisine du restaurant, observant son père aux fourneaux puis tentant de lui apporter son aide, fasciné par son savoir-faire: «Pour moi, tu es le maître du feu; un magicien quand tu fais gonfler la brioche; un perceur de coffre-fort quand tu ouvres les huîtres; un roi mage quand tu fouettes la crème Chantilly et que tu fais fondre pour moi du chocolat noir. La cuisine embaume la brioche qui dore et l’orange pressée. C’est la saison des sanguines. Tu les pèles à vif et me laisses placer les tranches sur une assiette. Tu ajoutes quelques gouttes d’eau de fleur d’oranger. Tu dis que ça te rappelle l’Algérie.» 

L’Algérie, c’est l’autre part – mystérieuse – de cet homme qui se livre peu. On comprend entre les lignes combien cette expérience l’a changé. Il y aura beaucoup appris sur l’âme humaine, y aura découvert des villages «où personne ne savait ni lire ni écrire», mais aussi la fraternité. Lucien, l’ami inséparable, l’accompagnera du reste à son retour et le secondera dans son restaurant du Relais fleuri.

C’est là, du côté du Jura, qu’un jour s’installe Hélène. Elle sera séduite par la cuisine du patron avant de l’être par le chef venu lui expliquer que chez lui «on aime beaucoup ou pas du tout». La prof de français, «l’intello bourgeoise», et l’artisan s’apprivoisent et offrent chacun au petit Julien de partager leur passion. Cuisine et littérature, tendresse et tours de main. On suit Cinq colonnes à la Une ou Les Animaux du monde de Frédéric Rossif à la télé. La vie suit son cours paisible, aux effluves de paupiettes de veau, d’un fromage de tête à nul autre pareil, de vol-au-vent ou encore de cette brioche à la fleur d’oranger. Jusqu’au jour où Julien est envoyé quelques jours à Dijon, chez Gaby et Maria.

À son retour, Hélène a disparu. «Pour étouffer la douleur, je sors ton cahier de recettes. Je l’ai récupéré dans le tiroir de la table de nuit de maman avant que Nicole s’installe dans votre chambre. Je le feuillette souvent sous les draps. Pas tant pour lire les recettes que pour retrouver maman à travers son écriture. Je m’attarde sur chacune des lettres, imaginant le grain de beauté sur son doigt alors qu’elle tient son crayon. Elle a une façon bien à elle de former les "e". Elle les termine par un trait qui se jette dans le vide au lieu de s’arrondir. "C’est mon côté rebelle", m’avait-elle dit en riant.»

Ce cahier de recettes est en quelque sorte le condensé de toute l’histoire de Julien. Derrière les ingrédients et l’explication de la préparation des plats sont rassemblés la savoir-faire de l’un et l’écriture de l’autre, l’idée de transmission tout autant que celle du changement de statut social et les deux pôles qui vont présider à la vie du jeune homme un fois son bac en poche.

Jacky Durand nous a mitonné un roman émouvant, fleurant la nostalgie. Une déclaration d’amour et quelques recettes… de vie.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Plus on est de fous, plus on s'aime

Samedi 5 mars 2022 / Librairie Caractères .Issy-les-Moulineaux



Très joli brin de lumière printanier !



Mes camarades libraires m'ont prêté ce livre, qui paraîtra début avril 2022...j'avoue avoir eu peu peur entre une couverture un peu trop naïve...dans la mode "feel-good"....Toutefois, j'avoue qu'après la lecture passionnante mais combien éprouvante du "Voyage thérapeutique " d'Armand Cabasson, j'ai pris plaisir à être en compagnie de nos deux acolytes principaux ; des amis de jeunesse qui se retrouvent très longtemps après ayant chacun traversé de grandes épreuves : Robert a fait un braquage avec d'autres,n'a jamais voulu les dénoncer et à pris 20 ans de prison; ainsi,il n' a pas pu voir grandir sa fille adorée, Julie....et Joseph, brillant cadre,heureux mari,heureux père qui s'effondre à la mort de son bébé...



il quitte tout de sa vie d'avant, confortable et urbaine...se retire au fond des bois dans une cabane au confort des plus sommaires....un jour,à sa sortie de prison,Robert le rejoint...et ces deux hommes blessés vont par leur amitié et affection communes se réconforter et se reconstruire...un autre cadeau magnifique va leur offrir l'Espérance et une envie redoublée de se battre: sur une aire d'autoroute un bébé est abandonné devant leurs yeux. Ils n'hésitent pas une seconde,ils le recueillent,en prennent soin,évidemment dans la plus grande illégalité...



Ce sont deux "papas gâteaux "...autour deux...une jolie galerie de personnages atypiques et bienveillants: Karl Marx,un psychiatre atypique qui soigne l'Indien,un homme aux mains pleines de talent,bien cabossé, Julie,la fille De Robert,faisant ses études de médecine avec Karim,son amoureux...un moine franciscain chaleureux qui a sauvé du désespoir Robert quand il était en prison..

Angelo,un faussaire génial ; Muguette, une prostituée que Robert a protégée..

Une fine équipe qui s'aide à vivre...loin de la ville et de la vie ordinaire...dans une belle nature sauvage....



un livre léger, qui apporte une pause colorée,en ces temps violents, avec juste une bande d'amis ,avec leurs failles,leurs erreurs ...qui grâce à leur amitié, leurs retrouvailles avec la Nature et l'Essentiel et ce bébé abandonné, Moïse vont "RENAÎTRE "...pouvoir se projeter à nouveau dans la vie.



Une envie furieuse de ne pas quitter cette joyeuse équipe et de me faire inviter à leurs déjeuners affriolants au creux de la forêt...comme hors du

monde !!!



"Il était Oncle Jo. Joseph n'y connaissait rien en ados mais

il avait le don de les apaiser dans le silence de la forêt. Il n'imposait rien,entraînait juste le gamin,la gamine dans sa solitude, dans la simplicité de son ordinaire où l'on touche du doigt l'essentiel. "(p.38)
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Les recettes de la vie

Julien est au chevet de son père mourant, aux soins palliatifs. Le cuisinier, qui est déjà ailleurs, continue à faire dans le vide les gestes de toujours, fraiser la pâte sablée ou enfourner le pain avec ses mains qui portent les stigmates de ce métier difficile et exigeant…

***

Julien va nous raconter sa vie, son enfance, heureuse puis marquée par le départ d’Hélène. On assistera au développement de sa passion pour la cuisine qui passe par l’admiration et l’imitation de ce père taiseux, avare de compliments et de gestes d’affection, tout entier pris par son travail, et qui cache à son fils les motifs d’une douleur profonde. On assistera à la rencontre entre son père et Hélène, au sentiment d’infériorité dont ce dernier ne se départira jamais face à elle, agrégée de lettres, au point qu’il tient à ce que son fils fasse des études pour s’élever dans l’échelle sociale et ne pas avoir à travailler autant que lui, dans des conditions difficiles. Dès l’école, Julien souffrira de ce sentiment de transfuge de classe. Il adore la cuisine : la faire, la goûter, la lire, l’écrire… D’ailleurs, où est le cahier de recettes que sa mère et son père écrivaient ensemble ?

***

J’ai été touchée par ce roman simple et bref, assurément en partie autobiographique. Les savoureux personnages secondaires, le traumatisme de l’Algérie (20 mois !), le secret obligatoire sur l’homosexualité, le sens de la répartie, l’apprentissage par la pratique, autant de passages obligés, souvent douloureux, mais formateurs. J’ai retrouvé dans cette histoire une part de mon enfance et de mon adolescence dans la pâtisserie de mes parents et le bar attenant : la même vision du travail, la même pudeur de sentiments, la générosité, le respect, et le désir d’une vie meilleure que la leur pour les enfants… Et toute la place donnée au plaisir d’apprendre, de découvrir, de rire, d’aimer et de savourer !

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Marguerite

Août 1939, en Alsace.

Marguerite est heureuse. Elle vient d'épouser Pierre. Ils se sont installés dans une jolie petite maison de campagne dans l'Est de la France. Même s'ils savent qu'un conflit se prépare de l'autre côté de la frontière, ils profitent de chaque instant. Les petits bonheurs quotidiens du jeune couple n'ont jamais eu autant de sens qu'à cette période.

Mais, au bout de seulement un mois, ce que tout le monde redoutait se produit. La France entre en guerre. Les hommes sont appelés. Pierre est mobilisé. Durant les six années qui suivent, Pierre et Marguerite ne se revoient que deux fois. En attendant, comme beaucoup de femmes, Marguerite doit vivre et survivre. Le quotidien se réorganise. L'entraide est courante. Puis, les soldats allemands arrivent. Les envahisseurs. Marguerite rencontre Franz. Il n'est pas comme les autres. Franz a aussi dû quitter les siens. Il n'a pas souhaité cette guerre. Il lui tarde de rentrer. Franz fait parti du bataillon qui surveille le village. Il fait la connaissance de Marguerite.



Jack Durand est un journaliste et écrivain qui aime sillonner la France pour écrire des articles sur ses régions. Elles ont toute leur histoire, leurs coutumes et leur passé. Dans "Marguerite", l'auteur emmène le lecteur dans l'Est, en Alsace d'après les descriptions qui y sont faites.



Dès la première page, nous sommes en 1944 et ça démarre fort car on reproche à Marguerite ses actes.

"Marguerite ne sourit pas, Marguerite ne pleure pas non plus. Elle fixe simplement l'objectif du photographe. Un regard qui vous transperce comme un surin d'Apache. Deux yeux noirs et ronds semblables à des boutons de bottine avec des pupilles qui brillent qu'on les dirait lustrées par des crachats de haine. Pensez donc, elle a couché avec les Allemands, Marguerite, c'est écrit en gros sur son front et ses joues : trois croix gammées peintes d'un trait épais et gras de goudron encore tout frais."

Puis, on remonte le temps en 1939. A partir de cet instant, on la suit sur plusieurs années de peur, de solitude, face à la dureté de ce monde terrible.



L'histoire de Marguerite est celle des femmes durant la Seconde Guerre Mondiale. Seules, livrées à elles-mêmes, elles doivent continuer à élever les enfants, à s'occuper des anciens, à faire vivre les cultures, et les commerces, à vivre le plus normalement possible malgré les sirènes, les bombardements et l'occupation allemande. Elles doivent savoir se protéger, se défendre et prendre les distances avec l'ennemi.



A travers le portrait de son héroïne, l'auteur parle de l'occupation mais aussi de l'amitié franco-allemande, du regard des autres, d'une femme qui va prendre son destin en main et faire ses propres choix malgré les risques encourus.



Un excellent roman que j'ai eu plaisir à lire abordant la question du courage à travers un personnage fort, touchant et émouvant.



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Les recettes de la vie

Emincer, hacher, émonder, rissoler, réduire, tamiser, chemiser...

Vous vous y voyez, là, près des fourneaux ? Vous entendez les casseroles, les couverts, l'eau frémir, la graisse rissoler, vous sentez l'ail, l'échalote, le poivre. Les cuisiniers s'activent, passent les plats aux serveurs...

Voilà, vous êtes chez Julien et son père Henri, le Chef du 'Relais fleuri' dans les années 70-80. On s'y régale de bonne grosse cuisine traditionnelle, généreuse : charcuterie, viande & poisson en sauce avec dose copieuse de légumes, pommes de terre, frites...



Pour moi, ça a manqué de dessert, j'avais préféré l'ambiance de 'Chocolat' de Joanne Harris, lu en salivant, langue pendante de convoitise 😋.

Dans ce décor un peu trop culinaire, Jacky Durand nous raconte une belle (et triste) histoire de famille et d'amitiés solides, qui m'a autant séduite et touchée que la couverture douce, colorée et pleine d'amour de cette édition Folio. Plus que tout, j'ai aimé les escapades chez Gaby & Maria, parenthèses enchantées loin de l'univers familial tristounet de Julien, avec ce père taiseux et bourru.



Bon moment de lecture, mais j'ai eu ma dose, ces derniers temps, de souvenirs d'enfance. Vite, un polar !
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Les recettes de la vie



En fidèle abonné de Libération, je ne manque pas chaque vendredi "Tu mitonnes", la rubrique culinaire de Jacky Durand .Si vous êtes comme moi un lecteur de Libération du vendredi, vous connaissez alors cette chronique à la fois littéraire et gourmande.



Assurément, Jacky Durand fait partie de ces journalistes, gourmands et curieux, qui nous mettent chaque semaine l’eau à la bouche.



Dans son joli roman "Les recettes de la vie" - qui s'appelait le cahier de recettes à sa sortie en grand format et qui vient juste de sortir en poche chez Folio- Durand prouve une nouvelle fois d'une joli facon en racontant une histoire à la forte fibre autobiographique.



MON FROMAGE DE TÊTE - La Table Des PlaisirsUn joli récit simple généreux et tendre sur la relation parfois difficile parfois savoureuse entre un père et son fils et de leur passion pour la cuisine qui parle de sujets aussi universels que fondamentaux tels que la transmission, la nostalgie la gastronomie, le respect envers les aînés, l'amitié.



On fond devant ces recettes de la vie, cette véritable ode à la cuisine, au terroir, aux saveurs multiples portée par une écriture simple et accessible, mais jamais maladroite.



Et histoire de nous faire encore plus saliver, Jacky Durand agrémente son récit sans presque y toucher de jolies recettes, comme celle du fromage de tête au civet de lapin à la « mloukhiya ».



Une agréable lecture plus que jamais nécessaire à lire en ce moment car comme le dit l'auteur dans son "Tu mitonnes" du jour " toujours où la vie tangue, c'est toujours par la bouffe qu'il renait de ses cendres".
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les recettes de la vie

Une histoire pleine de nostalgie, qui donne envie de s'installer derrière les fourneaux, avec ceux qu'on aime, de faire les marchés pour dégotter des légumes et des fruits gorgés de soleil, des épices dorées et des produits frais à partager...



Jacky Durand égraine au fil des pages, les souvenirs de Julien, enfant unique élevé dans les tabliers de son père, cuisinier en chef du Relais fleuri. Ce petit bistrot de campagne a plus qu'une histoire, il a une âme. En accompagnant son père dans ses derniers instants, Julien se souvient : de sa mère, de la brioche dorée encore chaude du dimanche matin, de son parcours chaotique d'étudiant, de cette vie rythmée par les services et les gitanes qui se grillent plus vite que le pain...



"J'irai me coucher sur le lit où tu dormais, près de tes fourneaux. Plus les soirs passent, plus je reste longtemps. tu es comme ces enfants qui ont peur d'être seuls dans le noir et qui n'en finissent pas de vous enlacer au moment du coucher. La morphine t'emporte parfois dans des voyages solitaires où tu râles des songes douloureux. Mais quand revient le jour et que tu en as la force, tu veux que je t'emmène pour faire encore quelques pas".



Il en est de la vie, comme de la cuisine : les bonnes recettes ne nous sauveront pas toujours, mais la plupart du temps, elles suffisent amplement à faire notre bonheur...
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Les recettes de la vie

la cuisine peut-être douce, amère, piquante, épicée, tendre, simple ou compliquée. On peut vivre des moments inoubliables, qui laisseront des souvenirs mémorables. Tel est le cahier de recettes de Jacky DURAND.



Le narrateur, Julien, est au chevet de son père, qui tenait le relais fleuri. Il sait qu’il va bientôt mourir. Julien raconte son enfance auprès de ce père qui l’aimait, toujours à ses fourneaux, mais taiseux. Il ne sait pas comment parler à ce fils qui grandit et dévoiler ses sentiments. Il faut dire qu’il n'a pas eu la vie facile Monsieur Henri. Il a fait la guerre avec Juju qui restera à ses côtés pour tenir le restaurant de leur vie.



Julien va grandir dans la cuisine et apprendra lui aussi à réaliser de succulentes recettes, les produits, la bouffe au coin du comptoir, car pas le temps de s’asseoir. Mais celui-ci a d’autres ambitions pour lui. Il veut que son fils fasse des études.



A l’adolescence, des malentendus se créent. Ces deux là, c’est comme l’eau et le feu ! Mais Julien sera toujours présent pour son père et malgré ses réticences, il se lancera, lui aussi, dans la cuisine.



Et le cahier de recettes me direz-vous ! et bien si vous voulez connaître ce qu’il en est il vous faudra lire ce livre. Des secrets seront dévoiler au long de cette lecture et le « Cahier des recettes » en fait partie.



Je vous assure que vous ne le regretterez pas. Vous aurez les papilles frémissantes et l’eau à la bouche de la première à la dernière page. Un vrai régal, tant sur la forme, l’histoire et l’écriture.
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Marguerite

Pour un premier roman, quelle réussite. J'ai adoré le style simple et limpide de cet auteur. Il commence par la scène la plus lourde où Marguerite est tondue à la libération, avec toute la violence et la cruauté des résistants de la dernière heure...Puis il remonte en arrière, en 39 où une toute jeune fille se marie 1 mois avant la mobilisation, c'est tout le chemin parcouru par cette jeune femme, seule et fière qui doit gérer cette période d'occupation, sa bonté, son désespoir, sa solitude et les nombreuses questions qu'elle se pose pour "l'après". Très humain, sans psychologie à 4 sous!! à lire!
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Marguerite

Août 1944. Une grande partie de la France est libérée, mais au milieu de la liesse populaire se déroulent des scènes dramatiques, car il s’agit aussi de faire payer ceux qui ont pactisé avec l’ennemi, de se venger, voire de se dédouaner à bon compte. Quelques jours après la libération de la ville, trois gars attendent Marguerite à la sortie de l’usine pour la conduire sur la place de l’hôtel de ville où elle sera tondue, enduite de trois croix gammées au goudron sur son front et ses joues et affublée d’un carton portant l’inscription «collaboratrice horizontale».

Après cette scène inaugurale violente, Jacky Durand reprend le récit dans sa chronologie. Il retrace les cinq années qui ont précédé, depuis cette année 1939 qui a vu la célébration de son mariage avec Pierre et l’emménagement dans leur nouveau foyer. Un bonheur qui ne durera que quatre semaines, jusqu’à la mobilisation générale et le départ du jeune mari vers le front de l’Est. La période qui suit va être difficile à supporter pour la jeune fille, confrontée à une brutale solitude.

« Marguerite s’effraie et enrage de ce manque trop grand pour la seule absence d’un vivant, de son impuissance à la maîtriser, à le supporter. » Il lui faut certes gérer les affaires courantes, constituer des réserves pour l’hiver, mais le temps s’est comme arrêté dans l’attente d’informations venues de la ligne Maginot.

Et quand un cheminot arrive, porteur d’un message de son mari, les quelques lignes griffonnées pour rassurer son épouse sont décevantes.

Ce n’est qu’à l’approche de Noël qu’une vraie lueur d’espoir arrive : « Mon amour, retrouve-moi à la gare de A., le 24 vers midi, nous passerons Noël tous les deux, je te le jure. »

Un voyage périlleux qui a fallu ne jamais avoir lieu. Fort heureusement l’épouse d’un officier a offert son aide à Marguerite et elle a pu partager quelques heures d’intimité avec Pierre. Sans se douter que cette rencontre sera la dernière avant la fin de la guerre, Marguerite «sent déjà le froid de sa cuisine quand elle ouvrira la porte.»

Quelques heures de ménage chez Raymonde, la receveuse des Postes, vont permettre à Marguerite d’améliorer son ordinaire. Mais aussi de se rendre compte qu’une femme n’est pas forcément sous les ordres d’un mari, fidèle servante d’un ordre établi. Le jour où elle découvrira que Raymonde s’est engagée dans la résistance, qu’elle fait passer la ligne de démarcation à des personnes recherchées, elle gagnera en assurance. Quand elle est embauchée à l’usine, elle tiendra tête au contremaître qui semble tenir pour acquis son droit de cuissage sur les ouvrières.

Une autre rencontre va la transformer bien davantage, celle du jeune André qui vit avec sa mère et ses frères et sœurs dans une roulotte. Elle offrira au garçon de la nourriture et des vêtements, il coupera du bois pour elle. Mais surtout, il se liera d’amitié avec Franz, un Allemand qui le prendra son son aile protectrice et évitera à la famille d’être raflée par la Gestapo.

Si Marguerite est plus que méfiante face à cet ennemi, il lui faudra bien vite convenir que ce soldat est «plus courageux que la plupart de ses voisins. Elle veut savoir pourquoi il agit ainsi, à prendre des risques qui pourraient le mener au peloton d’exécution. »

Avec beaucoup de finesse, l’auteur décrit ce lent et imperceptible mouvement, l’évolution de la psychologie de Marguerite, la mutation de l’attente «en un espoir immobile», ce «drôle de sentiment, mélange d’amertume, de résignation mais aussi de soulagement.» L’émancipation d’une femme qui choisit de ne plus subir, mais de décider de son destin, de chercher le vrai derrière les apparences, de ne pas cacher ses sentiments. Quitte à déplaire au point d’en arriver à la scène traumatisante qui ouvre le livre.

Car l’un des points forts de ce livre tient justement à sa construction. Le lecteur va finir par comprendre pourquoi et comment Marguerite a été tondue. Mais il sera ensuite invité, en guise de conclusion, à suivre Marguerite durant l’été 1945. L’été où tout devient possible.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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