Les étrons ne refoulent-ils point diverses fragrances selon les intestins et la pitance qui les ont mûris ? Carroel possédait donc une touche locale dans son bouquet de remugles, un arôme qui tenait au mariage de latrines charnues et de cuviers astringents avec, en arrière-bouche, comme une chancissure de vasière remontée des berges du Vernobre. Le ruisseau gras qui courait en pleine rue dispensait équitablement cette pestilence à tous les pas de porte. Pour parachever l’enchantement, il fallait garder un œil sur le cul des chevaux qui nous précédaient ; ils relevaient parfois la queue sans pudeur et nous chiaient quasiment à la gueule ; l’initié Erlend et moi, nous esquissions alors des entrechats pour éviter de patiner dans le crottin fumant. En bref, c’était l’odeur de la civilisation.