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Critiques de Victor Jestin (249)
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La chaleur

Dès l’incipit, le récit s’impose : « Oscar est mort parce que je l’ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d’une balançoire, comme les enfants dans les faits divers. »



C’est intrigant, dérangeant, et c’est avec une certaine inquiétude que l’on pourvoit la découverte de l’ado qui s’est ainsi livré au lecteur. Et l’on découvre une personnalité plutôt ordinaire, peut-être un peu plus angoissé que la moyenne, mais avec les mêmes préoccupations, plaire, s’intégrer, mais pas trop, pour conserver une part de mystère. La vie quotidienne d’un futur adulte. A ceci prêt qu’il s’est ajouté une charge mentale énorme, en laissant celui qui n’était même pas son pote et qui était passablement bourré, mourir sous ses yeux. Il fait même pire et cela je ne le révèle pas. Le texte est suffisamment court et dense, pour laisser au lecteur le soin de découvrir les moments clés de l’histoire.



Roman très habile pour insuffler des sentiments contradictoires d’empathie et de rejet pour le jeune garçon coupable sans l’être mais qui s’enferme dans une impasse invivable, tandis que la vie au camping continue dans sa banalité et ses trivialités ordinaires. A la fois lucide et insensé, le passage à l’acte n’est qu’un reflet de sa détresse dans un monde qu’il ne reconnait pas comme le sien.



Grand art également pour la chute, mais chut!
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La chaleur

Il faut d'abord que je vous avoue qu'un livre dont l'action se déroule dans un camping avait de quoi me terrifier. Il faut dire que c'est le genre d'endroits qui, personnellement, peut très vite m'angoisser …



De cauchemar, de mauvais rêve éveillé, ce roman en prend les allures.

Léo se traîne, littéralement, sous une chaleur poisseuse et malaisante entre adolescence et indifférence au monde. Dés les premières pages, un drame se noue et Léo de spectateur, va devenir acteur dans la mort d'un autre jeune homme du fameux camping …



Nous allons suivre alors les heures qui suivent les événements et errer dans cet endroit avec Léo. Il sera alors impossible de lâcher ce roman jusqu'à la fin. Jusqu'au bout. Jusqu'à ce que le soleil se couche et que la chaleur vienne tout écraser.



Un premier roman dérangeant. Un anti-héros détaché du monde dans lequel il vit. Un livre étrange, dans le bon sens littéraire du terme, qui se lit d'une traite. Court mais intense.



Ce roman semble hanté. A la frontière entre réalité et fantasmes morbides, on se pose des questions en permanence. Un sentiment de passer de l'autre côté de la réalité, de la vérité. D'être dans la tête d'un ado malade … D'un jeune homme dérangeant …



Un roman qui arrive à captiver, comme tout bon roman, mais aussi à faire s'interroger sur nos perceptions, notre vision du monde …



Victor Jestin, en peu de phrases, instaure une ambiance, crée le malaise. Je suis terriblement curieux de découvrir les futurs écrits d'un auteur qui semble en avoir sous le capot. J'aime, en littérature, ne pas savoir dans quoi je me lance et me laisser porter. C'est ce qui s'est passé ici. Et je ne regrette pas. J'aime cette économie de pages et cette façon d'entrevoir quelques heures seulement de la vie de Léo. Comme témoin de l'incompréhensible …



Un très bon premier roman. Les débuts en littérature d'un véritable écrivain.



Et si un jour, vous allez dans un camping, de grâce, regardez bien où vous mettez les pieds …


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L'homme qui danse

En refermant ce roman, j’ai eu un coup de blues. Bien que l’histoire se déroule majoritairement dans une discothèque, par principe lieu de divertissement où l’on fait la fête entre potes, il en ressort une profonde mélancolie.



Dès les premières pages, s’installe une sorte de spleen. Arthur n’est pas un ado heureux. On le suit dans ses efforts pitoyables pour ressembler aux autres. Au rythme de la Play List, on partage ses pensées les plus intimes. Car Arthur est le narrateur de cette vie gâchée à courir après ses fantasmes de vie amoureuse et sociale.

Cette discothèque, « un grand bâtiment jaune et rectangulaire qui ressemblait à un container » se nomme « La plage » et c’est là qu’Arthur, adolescent timide et encombré de son corps trop maigre, se contente d’admirer les autres, les décomplexés qui dansent, chahutent et draguent avec naturel. Comme Vincent, le copain trop cool qu’il envie. Mais lui, l’inadapté à toute vie sociale, s’enfonce dans sa solitude à mesure que passent les années.

Partout où il passe, Arthur a du mal à s’intégrer. Même dans sa famille où l’on ne comprend pas cette frénésie à sortir plusieurs fois par semaine pour passer ses nuits dans une boite bruyante et bondée.



Peu à peu, le garçon timide a mué, du moins en apparence. Il sculpte son corps en pratiquant la musculation et il danse à présent sans retenue, mais c’est toujours le vide dans sa vie, et ses rencontres à « La plage » avec ces Dylan, Wassim, Marlène ou Isabelle ne sont que feu de paille.

« Je rêvais d’une petite amie, d’une personne à qui tenir la main, avec qui aller au cinéma, faire des promenades et l’amour en plein après-midi. Je n’en trouvais pas ici. »

Les années passent et Arthur toujours aussi seul, continue de fréquenter assidûment « La plage », son lieu d’ancrage qui lui tient lieu de famille, même si la clientèle change et ignore ce presque quadra qui mime les jeunes. C’est pitoyable et on se prend de compassion pour ce solitaire, toujours à contretemps dans sa vie, sauf sur le dancefloor.

« Je commençais à entrevoir la durée effective d’une existence, à en pressentir les contours, à comprendre que tout irait plus vite que prévu et qu’en conséquence, il valait mieux se presser un peu pour ne pas mourir seul »



Victor Jestin a su avec justesse cerner son héros, immature et solitaire. Son écriture fouille, éclaire au rayon laser cette vie faite de faux-semblants et d’artifices sous les néons et les boules à facettes.

Un second roman réussi.









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La chaleur

On le sait au moins depuis Camus, la vie est absurde et Meursault meurt sous le soleil, définitivement étranger au monde qui l'entoure. Ce n'est pas gentil, me direz-vous, d'aller chercher des références aussi écrasantes pour un jeune auteur qui débute. Sauf que les références en question sont tellement surlignées tout au long du roman que ça en devient presque gênant.

Donc Léo, adolescent forcément mal dans sa peau qui méprise le monde entier en écoutant Wagner, regarde Oscar mourir. Bon, pourquoi pas? Oscar semble plus assuré dans la vie, ce qui est déjà une bonne raison de le laisser crever, en plus l'aider nécessiterait d'agir et il fait chaud et puis bien sûr laisser mourir est déjà un bon début pour se tuer soi-même. Être ado n'est pas de la tarte, tuer ou mourir sont des options qui s'envisagent; d'ailleurs Gide dans « Les Caves du Vatican » ou Eugenides avec « Virgin suicides » ont dit des trucs pas inintéressants sur le sujet.

Je suis donc toute prête à m'intéresser à ce meurtre par non-assistance à personne en danger -mais encore faudrait-il que j'y croie.

Sauf que ce n'est pas possible. Rien, absolument rien n'est crédible dans ce roman. Revue de détails et j'en oublie forcément.

Oscar s'étrangle avec des cordes de balançoire. Ok. « À un moment sa tête a basculé en avant, ce qui a dû donner un élan aux cordes, car elles sont reparties dans l'autre sens, se sont démêlées de plus en plus vite et l'ont libéré. » Pardon? En une phrase, Victor Jestin remet en cause les lois physiques les plus élémentaires et je sens page 12 que je vais avoir du mal à aller jusqu'au bout du livre.

La quatrième de couverture annonçait que Léonard décidait d'enterrer le corps « dans la panique ». Ce qui donne dans le texte: « Il m'a paru évident qu'Oscar devait disparaître. Je n'ai pas réfléchi davantage. » Bon. C'est une panique discrète.

Donc Léo traîne le cadavre jusqu'à la plage pour l'enterrer. Il traverse tout le camping qui dort, évidemment. D'ailleurs Oscar n'est pas lourd. « Le camping dormait. » « Il n'était pas si lourd ». J'admire ces phrases qui se croient suffisantes pour zapper toutes les contraintes du réel. Et une fois la plage atteinte, pouf pouf, Léonard enterre le corps. Il enterre le corps. À main nue. Dans du sable sec. Ce type est un mutant.

Puis il récupère le portable du mort. Depuis qu'il a disparu, sa mère n'a cherché à le joindre qu'UNE seule fois. Tiens, sa mère aussi est une mutante.

Le lendemain, son copain Louis lui annonce qu'il a connu sa première expérience sexuelle. Et que dit un ado à un autre ado quand il aborde ce chapitre essentiel ? Il lui raconte qu'il a eu du mal à être excité et qu'il en a pleuré. Ce camping est décidément peuplé d'extraterrestres.

D'ailleurs : un homme « avait installé sur le coffre de sa voiture une antenne qui lui permet d'avoir la télévision dans sa tente, ce que la majorité des campeurs trouvaient de mauvais goût. »

D'ailleurs:  quand Léo trouve une adulte relou, il lui dit:  « Vous m'oppressez ».

Etc.

Ce roman est hors-sol. Les mots et les choses y sont dits mais ne font surgir aucune matérialité, rien qui puisse donner un semblant d'existence à ce monde de papier brouillon. Je suis prête à parier que Jestin n'a jamais passé de vacances sous tente dans un camping populaire, ce qui n'est pas une tare, mais le milieu qu'il imagine pour ses personnages est une idée de camping, de même que son périple à traîner le cadavre paraît issu d'un jeu vidéo.

Sinon, le livre se termine comme on pouvait s'y attendre et Sysiphe est heureux.

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L'homme qui danse

Dans une petite ville du bord de la Loire, Arthur, un garçon maladivement timide, introverti et asociable, fait ses premiers pas dans la boîte de nuit La Plage à dix ans, à l’occasion d’un goûter d’anniversaire d’un camarade, dont l’oncle, Guy, est le propriétaire. Il est d’abord tétanisé par l’endroit et lorsque Guy propose de danser, il ne bouge pas. Pourtant, progressivement, sur une période de trente ans, il va faire de cet endroit le centre de sa vie. ● J’avais aimé La Chaleur et je trouve que Victor Jestin réussit son deuxième roman, en accomplissant l’exploit de nous donner à voir une existence vide et solitaire, répétitive, sans nous ennuyer une seule seconde. ● Arthur est un garçon différent, toujours à contretemps, très mal à l’aise dans les relations sociales, et cela, l’auteur le montre très bien par le récit (et non par la description). « Voilà. J’étais moyen », nous dit Arthur. « J’avais du mal, par exemple, à tenir une conversation. Tout ou presque dépendait de ça. Certaines personnes le faisaient naturellement, trouvaient des choses à dire sans cesse et sans réfléchir ; je n’en avais qu’un petit fond, toujours le même dans lequel fouiller pour boucher les silences : Ça va ? Ça fait longtemps que t’es là ? Tu penses qu’il va pleuvoir ? Et puis je m’essoufflais. Je n’arrivais pas à rebondir sur les réponses. Je n’étais pas intéressant, intéressé à peine, puisque je ne prenais pas le temps d’écouter, trop occupé à réfléchir, à chercher des choses à dire, en vérité pas même des choses mais des phrases, des mots, des bruits. Ce devait être embarrassant. Les gens préféraient m’éviter. » ● Pour autant, Arthur ne semble pas souffrir d’une maladie mentale : « Ces difficultés, quoique fréquentes, n’étaient pas assez fortes pour suggérer chez moi un handicap ou un alibi de ce genre. Il s’agissait tout bonnement de mon caractère. » ● La danse, qu’il met si longtemps à apprivoiser, est la seule activité où il peut se sentir vivant, car, après l’avoir tant effrayé, elle le rassure, dans la codification qu’elle propose des rapports humains : « C’est là que j’ai ressenti précisément pourquoi j’aimais tant ça. Je le savais depuis longtemps sans jamais me l’être formulé : dans la danse, la vie s’ordonnait, se réglait en un système de rythmes et de mouvements dont même les ruptures répondaient à une logique ; c’était comme un quadrillage géant, un filtre familier posé sur ce qui partout ailleurs relevait pour moi de l’immaîtrisable. » ● Il n’est pas étonnant dans ces conditions qu’Arthur soit inapte au bonheur : « Je craignais d’entrevoir trop violemment le bonheur ou quelque chose du genre. J’aimais mieux m’en tenir à ce qui était à ma portée. » ● Le roman propose aussi une certaine vision de la masculinité aujourd’hui. Il a un vrai ton, une vraie sensibilité. J’ai beaucoup aimé, je conseille !
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La chaleur

Sur la plage abandonnée…



Victor Jestin nous offre avec «La chaleur» un premier roman initiatique construit comme une tragédie grecque. Sur une plage des Landes le dernier jour des vacances sera désormais un moment inoubliable pour Léonard.



Les premières lignes de ce court roman nous happent avec une scène-choc: «Oscar est mort parce que je l'ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d'une balançoire, comme les enfants dans les faits divers. Oscar n'était pas un enfant. On ne meurt pas comme cela sans le faire exprès, à dix-sept ans. On se serre le cou pour éprouver quelque chose. Peut-être cherchait-il une nouvelle façon de jouir. Après tout nous étions tous ici pour jouir. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas bougé. Tout en a découlé. […] Il était saoul. Les cordes étaient enroulées autour de son cou. Je me suis demandé d'abord ce qu'il faisait là. Je l'avais vu plus tôt danser sur la plage avec les autres. Il avait embrassé Luce et j'avais failli vomir, je m'en souvenais, leurs corps presque nus se détachaient dans le noir. Je l'ai observé désormais seul sur sa balançoire et j'ai compris qu'il mourait. Les cordes l'étranglaient doucement. Il avait fait cela tout seul et peut-être, à en croire son visage, avait-il changé d'avis. Je n'ai pas bougé.»

Après ce moment de sidération les choses vont s'accélérer. Léonard, le narrateur de dix-sept ans qui passe ses vacances avec ses parents dans un camping des Landes, se sent coupable de n'avoir pas tenté de sauver Oscar et a le réflexe de trainer le corps du jeune homme sur la plage et de l'y enterrer avant l'arrivée des premiers baigneurs et avant de regagner sa tente. «Je suis rentré. Sur la route, j'ai croisé un joggeur levé de bonne heure qui rejoignait la forêt. J'ai retrouvé ma tente et je me suis endormi habillé. J'allais vivre ma dernière journée de vacances, la plus chaude – la plus chaude, même, qu'ait connue le pays depuis dix-sept ans.»

Effectivement, les heures qui vont suivre seront très chaudes – dans tous les sens du terme – pour Léonard. Au milieu des préparatifs de départ, il va devoir gérer son forfait et sa conscience, essayer de conclure enfin avec une fille parce qu'après tout, à son âge c'est l'objectif premier de ces vacances et faire bonne figure face à ses parents, la mère d'Oscar et les forces de l'ordre.

Victor Jestin a trouvé le ton et le rythme pour faire de ce roman d'initiation une tragédie classique avec son unité de temps, de lieu, d'action. Un concentré d'émotions qui, à l'image de la météo, vont aller crescendo jusqu'au gros orage qui va finir par éclater. Léonard parvient assez aisément à dissimuler son forfait aux yeux de ses parents et à ceux de Luce, qu'il avait vu embrasser Oscar, et qui se retrouve désormais sans chevalier servant. Même face à la mère d'Oscar, inquiète de la disparition de son fils, il jouera assez aisément le rôle de celui qui n'a rien vu ni entendu. Mais la culpabilité est à l'image de ces vagues de plus en plus chargées qui viennent éroder le littoral. Inexorablement, elle gagne du terrain. Entre l'urgence – il faut s'empresser d'être heureux, de faire l'amour, de réussir ses vacances – et ce besoin d'effacer le drame de la nuit précédente vient s'immiscer le remords. Tous ces gens qui passent et repassent sur la plage sans savoir que sous leurs pieds gît un cadavre laissent imaginer que l'été va s'achever sans que le mystère soit élucidé. D'autant que les recherches se concentrent désormais en mer et que le camping se vide petit à petit.

Le bonheur d'une première étreinte, d'un amour naissant est-il plus fort que cette faute originelle, cette non-assistance à personne en danger? C'est tout l'enjeu de ce roman qui, jusqu'à la dernière ligne, vous tiendra en haleine.



Signalons pour les parisiens une lecture à la Maison de la poésie le 30 septembre 2019




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L'homme qui danse

Le décor est simple : La Plage, une boîte de nuit, ouverte dans les années 90. Les premiers pas humiliant sur la piste de danse auraient pu le dissuader à vie d’y revenir . Et pourtant, peu à peu, dans le vide de son existence le narrateur s’accrochera à cette vie nocturne et ses artifices, au point d’en devenir un ancrage sécurisant.



Malgré tout, la solitude hante les pages ; Arthur ne parvient pas à créer des liens durables avec ses congénères et en particulier avec les filles. Le roi de la danse reste désespérément seul.



Avec les années qui passent, on sent qu’au-delà des néons et de la déco minimaliste, à l’extérieur des minces frontières de la boite, les temps changent. Les êtres croisés apportent avec eux les indices qui témoignent de cette évolution.



Beaucoup de sensibilité dans ce texte intime, qui retrace l’itinéraire d’un solitaire, en quête permanente d’une place légitime, jamais à l’aise dans la relation, toujours à contretemps dans sa façon d’être.



Très belle écriture, précise et authentique. Belle réussite après La chaleur.





192 pages Flammarion 24 Août 2022
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La chaleur

Dans un camping pléonastiquement écrasé de chaleur, un ado pléonastiquement mal à l'aise avec ses désirs, sa famille, le bonheur. Une forte citation de Büchner, puis un mort à la première page. Ce n'est pourtant pas un polar, juste une tranche de vie ; c'est l'écriture et l'analyse qui feront ou non l'intérêt du livre. Un écrivain de 25 ans (comment se fait-on connaître à 25 ans?) réussirait-il à me passionner ? J'avais un doute.

Pour moi, le défi est réussi. L'écriture est intéressante, avec des phrases souvent courtes, descriptives mais pas trop, une certaine variété de ton, quelques formules à la limite du néologisme, avec un simple détournement de sens, bien vues. Cela aurait suffi à mon plaisir. Ensuite, je ne suis pas un spécialiste de la psychologie de l'adolescent, mais le narrateur m'a paru vrai et m'a intéressé. Un peu moins révolté que Holden Caufield*, il ne nous livre pas ses pensées intimes, mais nous les laisse parfois deviner, avec – me semble-t-il – une certaine subtilité. Bien sûr, un mort à la première ligne introduit une certaine tension, et mon attention s'est maintenue sans nécessiter un rebondissement à la fin de chaque chapitre. Contrairement à ma première impression, ce n'est pas un récit abstrait enfermé dans un cerveau : on touche le sable, la peau, la sueur, et les rapports interpersonnels m'ont paru justes. Et malgré un mort sur le sable le narrateur ne ressemble pas à celui de l’Étranger.

Je remercie Flammarion d'avoir confié quelques volumes à des critiques amateurs et Babelio de m'en avoir fait profiter. Victor Jestin est un jeune auteur qui a réussi sa première publication, je lui souhaite de continuer sur ce début de chemin vers le succès.





*J'ai dû chercher son nom sur Babelio, il m'avait échappé. Le situez-vous immédiatement?
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La chaleur

La chaleur...Elle vous oppresse et vous rend criminel par paralysie de l'esprit, du coeur, des membres...Léo n'aimait pas Oscar, ado trop sûr de lui, il le laisse s'étrangler à la balançoire du camping...Léo est un étranger dans ce camping, il ne se comprend pas, ne s'éprouve pas, n'aime pas les autres, voilà pour Camus.

Le camping, le tourisme de masse, la consommation des corps, la jouissance obligatoire, le dégoût de soi et des autres, les beaux et les pas gâtés par la nature, le marché de la séduction, la plage, la baignade, un chien sympa...Voilà pour la part houellebecquienne très appuyée du roman.

Léo est un garçon trop sérieux pour ses dix-sept ans, c'est pour Rimbaud.

Et d'autres qui me frappent moins sans doute...

Beaucoup de références lourdes à porter pour le jeune auteur.

Le camping, c'est l'horreur pour notre héros. Tous ces gens sont affreux, vulgaires, graisseux de crème solaire, ils font des quizz, prennent l'apéro, font de l'aquagym et roulent dans les vagues, se font des soirées à la musique atroce sur la piste de danse pendant que les jeunes font des feux sur la plage en buvant de la bière...Léo passe à côté, il ne veut pas se mêler. Il passe tellement à côté qu'il laisse Oscar, un jeune de son âge, mourir, puis va l'enterrer dans les dunes, tranquille. "On n'entre point dans les raisons de cette tuerie", comme dirait madame de Sévigné. C'est le grand défaut de l'histoire. Qu'il le regarde mourir fasciné en projetant sa propre mort sur Oscar, d'accord...A creuser. Mais qu'il le traîne (lui le tout menu un grand plus musclé) dans la dune et l'enterre ? Pourquoi diable ??? Ensuite, il attend en se languissant. Rencontre languissamment une fille...A chaud, enlève son tee-shirt pour la première fois...Saute dans la piscine !! Dans l'océan !! Que d'actions ! Arrêtez !

Ce n'est pas que ce soit sans qualités. Je pense que l'auteur fait exprès de ne rien dire. Léo est tellement mal dans sa peau que tout le dépasse. Mais il faudrait creuser dans la dune, si j'ose dire, dans ce rêve éveillé tellement flou que l'on se demande parfois si ce qui arrive est réel ou fantasmé par le héros.

En tout cas, je remercie Flammarion et Babelio pour ce roman bien de saison lu en pleine canicule.
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L'homme qui danse

Ultra moderne solitude



Victor Jestin confirme avec ce second roman tous les espoirs nés avec La chaleur. En suivant Arthur, qui passe presque toutes ses nuits en boîte, il explore le mal-être de toute une génération.



C'est à la fête d'anniversaire d'un copain de classe, à laquelle il est invité après un désistement, qu'Arthur découvre La Plage. La boîte de nuit, privatisée pour l'occasion, ne va cependant pas lui laisser un souvenir très agréable puisqu'il va se retrouver bloqué au moment d'inviter sa cavalière sur la piste de danse.

Ce n'est donc pas de gaîté de cœur que huit ans plus tard, il y retourne. Le lieu est alors l'endroit où les garçons doivent choper les filles, c'est-à-dire parvenir à les embrasser et plus si affinités. Mais là encore – par crainte et maladresse – Arthur va être incapable de suivre cette injonction. Mais il suit avec curiosité ses amis et cherche le moyen de dépasser sa timidité maladive. En s'inscrivant dans un club de sport, il se dit qu'il pourra transformer son physique chétif, mais il va surtout finir par trouver un emploi à l'accueil, ce qui va lui permettre de dégager du temps pour ses sorties à La Plage et financer ses rendez-vous qui se multiplient jusqu'à devenir réguliers, du jeudi au dimanche.

Entre temps il aura pris des cours de danse et croisé la route de quelques jeunes filles. Mais s'il n'est plus puceau, il est incapable de construire une liaison stable et va faire de la piste de danse le lieu de son exutoire.

En retraçant en de courts chapitres la chronologie de cette addiction, Victor Jestin trouve l'angle idéal pour raconter l'ultra moderne solitude chantée par Souchon:

Pourquoi ce mystère

Malgré la chaleur des foules

Dans les yeux divers

C'est l'ultra moderne solitude



Pourquoi ces rivières

Soudain sur les joues qui coulent

Dans la fourmilière

C'est l'ultra moderne solitude



Dans ce lieu construit pour faciliter les rencontres, ce n'est pas la chaleur humaine que croise Arthur, mais le clinquant et le factice. Ce n'est pas la vraie vie, qu'il aspire à remplir, qui l'attend à la plage mais un monde sublimé que l'alcool et la musique transforment pour quelques temps en un cocon, une parenthèse enchantée. Sauf que la gueule de bois est inévitable et qu'au fil des années elle va se faire de plus en plus insupportable.

Dans ce drame de la vie ordinaire, le romancier se fait aussi sociologue, nous raconte la fin de ce type d'établissements supplantés par les sites de rencontre et les applications censées mieux faire matcher les profils. Une nouvelle arnaque?

Ce second roman confirme le talent de Victor Jestin. Après La chaleur, qui avait notamment été couronné par le Prix de la vocation, ce second roman vient de se voir attribuer le Prix Blù Jean-Marc Roberts par un jury exigeant. Gageons qu'il n'en restera pas là!


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La chaleur

Un jeune à la dérive

*

Lu dans le cadre des #68premièresfois (rentrée littéraire 2019)

*

Voici un roman assez singulier. Un très jeune auteur qui a écrit là son 1er roman centré sur l'adolescence. Une génération qu'il a lui-même quittée il y a peu.

Surprenant aussi par l'écriture sèche, posée là presque comme du vécu.

*

Notre jeune anti-héros, Léonard 17 ans est le témoin de cette génération consommatrice de la jouissance. Désabusée, à la recherche de défis toujours plus hauts. Il y a cette tristesse qui accompagne Léonard tout le long du récit. Elle lui colle à la peau, comme cette chaleur moite dans cet été suffocant.

L'adolescence, cette période charnière où tout peut basculer très vite, où le morbide s'installe à côté de la sensualité sans concessions. Entre terreur et excitation aussi comme on le ressent ici avec Léonard qui tombe amoureux.

*

Le camping est le lieu de jeunesse débridée par excellence. Il est aussi le catalyseur de drame comme on le voit ici. Un suicide, cet acte dérangeant.

Léonard est le témoin direct de cette tragédie. Il va s'interdire toute émotion et enterrer le corps dans la dune. Durant 24h, il va suivre une trajectoire guidée par ses sentiments amoureux et essayer d'oublier ce qu'il y a au fond du trou. Il est caché, il n'existe plus. (on parle du corps)

*

Une tension palpable jusqu'au dénouement fatal m'a fait lire ce roman d'une traite. Le final m'a fait douter de ce que j'avais pu lire et interpréter auparavant.

Rêve ou réalité? Il y a vraiment une ambiance étrange qui déstabilise la lectrice. J'ai fortement pensé à Meursault dans l'Etranger. Je ne saurais dire si j'ai apprécié ou non.

*

Comme Léonard, j'erre entre les dunes sous une chaleur écrasante....

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La chaleur

« Oscar est mort parce que je l'ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d'une balançoire. »

A partir de là, Léonard, 17 ans, va porter seul un lourd sentiment de culpabilité, dont le poids s'ajoute à celui de l'ennui abyssal qu'il traîne depuis deux semaines à travers un camping des Landes.

En cette fin août caniculaire, Léonard n'en peut plus de cet endroit où il étouffe, en décalage avec ses congénères qui profitent plein pot de leur adolescence en feu, c'est-à-dire du cocktail sea sex and sun, plus l'alcool et les fiestas jusqu'aux petites heures. Ca n'intéresse pas Léonard, qui préfère encore errer sans but à travers le camping, y compris la nuit, y compris celle où Oscar meurt sur la balançoire. Pris de panique par la situation, Léonard décide de traîner le corps jusqu'à la plage, et de l'enterrer dans la dune. Puis il se rend compte de la connerie monumentale qu'il vient de faire, mais se tait dans toutes les langues et passe les derniers jours de vacances à craindre qu'on retrouve le cadavre.



Je n'ai jamais passé de vacances dans un camping, et ce n'est pas ce roman qui va m'en donner l'envie, tant l'ambiance décrite n'est que superficialité, vulgarité, consommation. Mais passons. le plus gênant dans cette histoire, c'est qu'elle ne me semble pas des plus crédibles. Mourir étranglé par les cordes d'une balançoire alors que quelques secondes plus tard (trop tard), le simple fait que la tête d'Oscar bascule en avant suffit à démêler les cordes ? Traîner un corps à travers un camping et l'enterrer à mains nues alors que d'autres font la fête un peu plus loin ? D'accord, il fait nuit et ils sont tous torchés, mais quand même. Laisser passer un délai aussi long avant que la mère d'Oscar s'inquiète de sa disparition et encore plus avant qu'elle prévienne les gendarmes ?

Et puis, pourquoi prendre pour acquis qu'Oscar se soit suicidé, alors qu'il était complètement bourré, et que ça aurait pu être un stupide accident ?

Léonard est l'archétype de l'adolescent mal dans sa peau, qui se méprise lui-même autant que les autres, qui crève de solitude mais est incapable de s'intégrer dans un groupe.

Cela aurait pu être bouleversant et provoquer l'empathie, mais le comportement de Léonard dépasse l'entendement. L'écriture restitue plutôt bien la sensation d'oppression, de chauffe à blanc et de malaise, mais c'est à peu près tout.
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La chaleur

Léonard, jeune homme de 17 ans, mal dans sa peau, comme nombre d'adolescents est en vacances en camping dans les Landes. Tout y est, les animations, les soirées, la mascotte qui se promène dans les allées, les rituels... rien qui ne me fasse rêver. Bref, ce Léonard qui traîne son mal être, va être témoin du suicide d'Oscar. Cet événement tragique ne va pas l'aider à aller mieux d'autant plus qu'il ne fait rien pour empêcher ce drame. Ainsi, en plus des états d'âme dûs en partie à l'adolescence vient alors se greffer la culpabilité et les questionnements sur le fait de raconter ou pas ce qu'il a vu et ce qui s'est passé par la suite.

Tout comme la météo qui est de plus en plus chaude, les questions se bousculent dans la tête de ce jeune Léonard, elles semblent de plus en plus pressantes jusqu'au moment où l'orage éclate...

Il y a quelque chose dans ce premier roman qui le distingue mais aussi quelque chose qui manque, d'où ma note mitigée.
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La chaleur

Pour ce premier roman, Victor Jestin a pioché un peu partout, peut-être involontairement quelquefois : Bonjour Tristesse, L'étranger, Respire, Virgin suicides et d'autres sans doute, et cela donne quelque chose d'inabouti malgré une fin inéluctable, celle que l'on n'attend toutefois presque plus, tant le poids du quotidien paraît étouffer l'indicible.



L'idée de base, malgré l'incohérence matérielle de la mort d'Oscar, m'a paru très bonne, c'est le devenir tragique, en quelques heures, qui ne colle pas, pour ce jeune paumé, qui, au lieu d'intervenir, observe la mort, comme dans un jeu vidéo, tente ensuite d'oublier avec d'éprouvantes tensions sexuelles qui ne le conduisent que vers encore plus de désespoir, ce que ne peuvent comprendre ses parents qui ne songent qu'à le voir ramener... une fille! Alors qu'il ne traîne que de l'incompréhension de lui-même, sa propre incompréhension.



De ce point de vue, j'accorde la troisième étoile à ce texte malgré son manque de style, son manque d'humanité, mais c'était certainement le but de l'auteur, exprimer le désarroi d'une certaine adolescence, cent ans après qu'une autre partît, fleur au fusil, vers un suicide imposé, dans la boue des tranchées de la Somme.
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La chaleur

Tel un sablier qui inexorablement laisse filer le temps, Victor Jestin distille la tension dans son récit dramatique des vacances de Léonard, dans ce camping animé des Landes, où la jeunesse s'abreuve de boissons et de musique, le soir venu.



Oscar est mort sous les yeux de Léonard, agacé par le bruit des campeurs qui l'empêchaient de dormir. Pourquoi est-il resté figé au lieu de porter secours à Oscar ? Pourquoi la disparition d'Oscar semble-t-elle n'émouvoir personne ?



La chaleur écrase le camping, les hormones s'agitent chez les jeunes garçons, cependant il ne se passe pas grand-chose dans cet ennui quotidien entre animations, piscine, bains de mer, fêtes sur la plage pour les jeunes gens qui se trouvent perdus là. Léonard agit ou réagit sans réfléchir, à l'instinct, pourtant la culpabilité le ronge sans qu'il sache quoi faire pour en sortir.



Le talent de Victor Jestin est de vous maintenir en haleine avec une seule angoisse : que va faire Léonard ? Sera-t-il démasqué avant la fin des vacances ou s'en ira-t-il sans se retourner en laissant ses parents dans l'ignorance de son inaction face à la mort d'Oscar ?



Le roman est court, le suspense extrêmement présent. Une histoire qui m'a laissé à la fois un goût d'inachevé et la sensation que la boucle était bouclée... Paradoxal ! c'est en cela que ce roman m'a bousculé. Un auteur qu'il sera intéressant de suivre avec ce premier roman prometteur.


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La chaleur

Décéption que ce roman écrit par un jeune homme de 25 ans, encensé par la presse littéraire parisienne en cette rentrée, présent dans plusieurs listes de prix littéraires et qui ne m'aura pas paru au niveau de plusieurs grands romans de cette rentrée.

On ne croit jamais vraiment à cette histoire de jeune de 17 ans qui va se retrouver lié à la mort d'un jeune camarade dans un camping du sud ouest et va sembler totalement hermétique à ce qui se passe autour de lui.

Le héros est aussi froid et désincarné que l'écriture et jamais on ne vibre pour ce qui lui arrive. Tout semble artificiel et plaqué malgré une évidente capacité à décrire une ambiance de canicule et un décor- le camping- que visiblement l'auteur connait bien. Trop plaqué et calculé pour convaincre, cette chaleur laisse froid..
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L'homme qui danse

"Peut-on faire une vraie rencontre en boîte de nuit ?". Et notre narrateur, il en faut des rencontres : un chapitre, une nouvelle personne. Et, au bout du compte ? Il est fidèle, la discothèque en addiction sur des années. Y aller pour danser. Pas pour boire, ni se droguer, ni draguer, ni baiser. Danser. Les journées passées à attendre le nouveau passage de l'entrée, du videur, du vestiaire, et cette salle qui emmène. Ce livre me rappelle évidemment un ancien métier mais vu de l'autre côté ; j'en ai croisé tant et tant, souvent me demandant aujourd'hui ce qu'il ou elle est devenu(e). Tous ces gens qui dansent, bien ou pas, peu importe, avec toujours ma tendresse et une certaine curiosité pour celui qui dansait différemment, pas toujours en rythme, mais avec un telle joie qu'il attirait le regard. Souvent je m'imaginais tous ces corps mais sans musiques, ça devenait alors drôle mais pas risible. Ce roman écrit avec une grande simplicité est réussi : à travers ce prétexte de clubbing, ce sont les années qui passent, les rencontres sans lendemain, les "amis" de soirées qu'on ne connait finalement pas, et le monde de la nuit qui a bien changé. C'est aussi une nostalgie, celle des discothèques dites généralistes, des discothèques de campagne, le moment des slows, le rendez-vous de la semaine, les dragues en direct ; les applications de rencontres venant détruire cette spontanéité là, la séduction par le mouvement ; et plus la nuit passait, et plus le mouvement était remplacé par l'ivresse, et la séduction par la nécessité. Et puis, la lumière s'allumait, la magie en moins, la réalité brutale, la solitude entre deux, avant la prochaine nuit. La nuit plus forte, plus importante, plus vivable même que le jour. Merci pour ces souvenirs monsieur l'auteur. Spotlight !
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L'homme qui danse

Nous allons suivre Arthur de ses 10 à 40 ans.

Un peu asocial, empêtré dans ce monde qui ne lui convient pas, il va petit-à-petit développer une addiction pour La plage, une boite de nuit.

D'une écriture simple, précise et délicate, l'auteur décrit une solitude abyssale.

La quête de l'amour, le désir d'être comme tout le monde, le besoin de rassurer sa famille sont poignants.

Il y a beaucoup de spleen dans ce court roman.

Un joli livre.
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L'homme qui danse

Non content de m’avoir fait suer avec « La chaleur », son précédent roman, Victor Jestin récidive en me traînant dans une boite de nuit surchauffée, là où le désir sature l’atmosphère (« On vient rarement macérer cinq heures dans la sueur pour le seul plaisir de danser »).

Son deuxième roman réunit tous les défauts d’un premier roman maladroit : adolescence, expériences, dépucelage, première biture, premières déconvenues et beaucoup d’ennui.

C’est une prouesse qu’un sujet aussi banal - l’initiation d’un jeune homme - et qu’un cadre aussi convenu - une boite - nommée La Plage où viennent s’échouer les clubbeurs, aient pu produire 187 pages de littérature. Enfin littérature, le mot est excessif pour un sujet aussi anecdotique et une prose aussi quelconque.

Si je n’avais pas été emballée par « La chaleur », j’y avais reconnu l’ébauche d’un talent. « L’homme qui danse » le rappelle au détour de quelques phrases (ex : « Il me fallait une pulsation, sans quoi la musique n’était qu’une vapeur ») et d’une page informative et divertissante (p92). Sinon c’est le néant, l’histoire d’un type qui retourne à sa boite comme un hamster revient à sa cage et s’en va courir dans sa roue. Vain et déprimant.

Manuel d’un tue l’amour, journal intime d’un loser, catalogue d’indigences, ce livre m’a mis de très mauvaise humeur. Il est la preuve, s’il en fallait encore une, que Flammarion a renoncé à l’exigence. Est-ce si compliqué de dire à son auteur que son texte n’est pas assez bon pour être publié ?

Bilan : 🔪🔪

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La chaleur

Ce « Chaleur » m’a fait suer, d’autant que l’auteur abuse du mot. Il en fait usage à presque toutes les pages, comme si les lecteurs n’avaient pas lu le titre… Le point de départ de cette histoire est grotesque. Un adolescent assiste au suicide d’un inconnu qui a choisi les cordes d’une balançoire comme mode opératoire. Non-assistance à personne en danger présumé. Ensuite, il enterre le corps au bord de la plage, espérant que des gamins ne tombent pas dessus en faisant leurs pâtés. Zéro crédibilité. Il arrive que la réalité dépasse la fiction, je peux l’admettre. Pas plus tard que cette semaine, en Italie, des badauds ont rigolé au passage d’un train qui écrasait un immigré albanais, immortalisant même l’accident avec leur smartphone. Mais bon… D’abord, j’ai pensé que ce livre était une métaphore de l’indifférence qui caractérise notre société contemporaine. J’ai cru ensuite que cette histoire était une sorte de rêve éveillé, dont un psychanalyste lacanien ferait la lumineuse interprétation (sauter au cou, j’ai tout fait/j’étouffais). Oui mais non, la mort d’Oscar (le suicidé) glisse comme une ombre sur l’été du héros, Léonard, personnage inconsistant, amorphe (caricature de l’ado), amoral (immoral eut été plus intéressant), incapable de décider quoi que ce soit. Du roman social, manifeste d’une génération perdue, j’ai peu vu (autant lire le Goncourt de l’année dernière). J’ai surtout eu l’impression de lire l’énième version des amours de vacance d’un jeune homme, dans un style qui n’a rien d’inoubliable. Un roman vite lu… et vite enterré.
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