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Critiques de Youssef Daoudi (44)
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Monk

Pour celles et ceux qui aiment comme moi le jazz et l'histoire du jazz, Thelonius Monk est un personnage merveilleux, atypique, prodigieux, qui a compté furieusement dans ce genre musical et son épopée.

Monk est un roman graphique immense par sa puissance et l'épaisseur du livre, une BD de 352 pages !

Youssef Daoudi produit une oeuvre originale réalisée avec brio.

Elle s'appelait Kathleen Annie Pannonica Rothschild, baronne de Koenigswarter, mais on la surnommait la baronne du jazz. Elle est en effet issue de la famille Rothschild. Elle est de surcroît fortunée. C'est tout d'abord à Paris qu'elle a pu apprécier avec enthousiasme la découverte du jazz be-bop. La rencontre avec Thelonius Monk fut un déclencheur.

Lui c'est Thelonius Monk, pianiste splendide, surnommé le messie du jazz. Sa technique de pianiste est hors norme. Certains n'entendent que des fausses notes, alors que d'autres oreilles plus aguerries entendent déjà dans ses dissonances étranges, dans ces notes légèrement décalées, une autre façon harmonieuse d'aborder l'autre face d'un monde caché et de révéler ce qu'il veut nous dire.

Ils étaient chacun rebelle dans leur univers, ils étaient donc peut-être faits pour se rencontrer. La rencontre tient de la légende, pourtant elle est bien réelle et c'est ce qui la rend encore à la fois plus belle et totalement inouïe.

Ce roman graphique montre leur rencontre. C'est une formidable histoire d'amitié.

On roule en Bentley dans les matins crasseux chargés de musiques et d'alcools, traversant les rues de New-York à travers la lumière apeurée qui glisse sur l'asphalte.

Le dessin est sec, vif, tranché. Il va à l'essentiel. Il produit une énergie digne d'une partition jouée par le maître de l'improvisation, Theolonius Monk. Le tempo est là, on a plus qu'à se laisser porter par le flot des notes...

Mais dans cette fresque immense dédiée à une icône du jazz, j'ai été particulièrement séduit par cette rencontre avec une femme extraordinaire qui a renoncé à tout, l'honneur du nom qu'elle portait, son titre de baronne, le prestige, la gloire, la richesse... Il n'empêche qu'elle demeura baronne du jazz, mécène avant l'heure, accueillant plus tard à New-York chez elle ces grands oiseaux prodigieux et blessés tels celui qu'on surnommait The Bird. Il mourut dans son appartement le 12 mars 1955 épuisé par une vie dissolue, il n'avait que trente-quatre ans, le médecin qui constata le décès lui donnait plus de soixante-ans. Qu'importe ! Les jazzmen sont immortels, tutoient le ciel, les astres et peut-être ce qu'il y a après, plus loin, plus tard.

Pannonica, personnage un peu fantasque, le savait, elle l'avait senti lorsqu'elle a entendu pour la première fois de sa vie, une note de jazz. Elle porte en elle une sorte de génie intuitif, une sensibilité révoltée, l'art de savoir trouver dans cette musique un chemin qu'elle reconnaît comme quelque chose de familier. C'est elle la première qui a compris le génie de Theolonius Monk.

Son grand appartement est ouvert à tous les vents, à tous les albatros qui échouent là, bousculés, blessés, meurtris, encore géniaux dans leur art, surtout lorsqu'ils sont bousculés, blessés, meurtris...

Elle apporte la proximité d'une femme, son regard, sa présence, sa compassion aussi, son âme sur le jazz qui se retrouva aussi dans certaines des musiques produites par ces magnifiques oiseaux solitaires et blessés.

Souvent l'histoire du jazz est liée à des histoires totalement déjantées. La force de ce roman graphique est de dire cela dans un rythme justement très jazz, tandis que nous découvrons les méandres intérieurs des personnages, leurs rêves, leurs espoirs, leurs blessures, leurs soleils.

Cette BD est puissante pour dire cette merveilleuse et insolite rencontre. Parfois j'aimerais que la vie de maintenant ou d'après, je ne sais plus comment il faut l'appeler, ressemble à cela, une partition de jazz de Theolonius Monk tandis qu'on s'envoie tous en l'air.

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Tripoli

En 1805 comme en 2011, la Libye fut le théâtre d’une lutte pour le pouvoir au sommet de l’État. La « différence » notable est que la famille de sultans régnant sur ce territoire côtier est divisée entre un souverain officiel et son frère qu’il a chassé du trône. Suite à des troubles pour le commerce en Méditerranée, les Etats-Unis d’Amérique mettent véritablement leur nez dans les affaires locales pour essayer d’en tirer un quelconque profit politique et économique. Je schématise évidemment, mais pour être un « épisode méconnu de l’histoire militaire américaine », comme l’indique l’éditeur, c’est vraiment le cas.

Avec d’autres initiatives comme la collection Explora, j’aime comment les éditions Glénat tentent de temps en temps de nous raconter d’autres histoires, moins conventionnelles. Youssef Daoudi s’attache alors non seulement à retracer le parcours de William Eaton, diplomate et militaire, envoyé par le président Jefferson pour cette expédition à haut risque, mais il nous fait aussi découvrir l’envers du décor de cette Libye sableuse et mystérieuse. Ce militaire forcené se retrouve finalement à arpenter le désert libyen avec d’abord huit Marines dont c’est la première véritable opération à l’étranger, puis quelques mercenaires chrétiens grecs et enfin un contingent de mamelouks fidèles au sultan légitime de Libye. La traversée s’annonce particulièrement longue, périlleuse et avare en temps de repos.

Plusieurs problèmes peuvent toutefois gêner la lecture de ce volumineux opus. Tout d’abord, à part ce charismatique commandant qu’est William Eaton, nous n’apprenons finalement rien sur personne : aucun attachement à l’un des Marines par exemple, pas tellement de développements des frères ennemis à part que l’un est très méchant et que l’autre fut trop laxiste. De plus, si le dessin façonne les soldats de belle manière, les arrière-plans m’ont un peu déçu, car nous pouvions nous attendre à des paysages majestueux, et à part quelques belles pages quand William Eaton se laisse aller à la réflexion, c’est finalement peu le cas.



Tripoli est malgré tout une belle aventure originale, mais la rupture finale, quelques chipotages en cours de route et le manque de prise de position vis-à-vis de la mise en place de telles politiques étrangères pourront en gêner quelques-uns. Merci aux éditions Glénat et à la Masse Critique de Babelio pour m’avoir permis de découvrir ce périple particulier qu’il me faudra relire pour vraiment l’apprécier.

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La Trilogie noire, tome 3 : Sueur aux tripes

C'est l'histoire d'une cavale. Celle de Paul Blondel, petit truand, qui après avoir commis plusieurs cambriolages avec la bande du Caïd, se retrouve sur les routes pour fuir. L'intrigue, bien qu'un peu poussiéreuse, se tient encore assez bien. On suit sans trop s'ennuyer la cavale de ce pauvre Paulot, lâché petit-à-petit par les anciens amis et amies. Léo Malet est parfois considéré comme le père du roman noir français. On est dans l'ambiance de l'après-guerre, des années 50 que l'on retrouve également au cinéma dans des adaptations avec Gabin ou Ventura et les dialogues d'Audiard. Celle de Malet est une langue truffée d'argot, aux formules savoureuses qui replace le lecteur dans cette époque.
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Le dernier debout

Le 4 juillet 1910, jour de la fête de l’Indépendance, 16 000 personnes sont réunies à Reno, Nevada, pour assister au match de boxe entre James Jeffries et Jack Johnson, qui va confirmer le titre de premier champion du monde poids lourds noir de ce dernier, au grand dam des défenseurs de la Color line.

(...)

Il raconte lui-même une partie de son histoire, sur scène et en public, exercice qu’il a pratiqué pendant quelques années. Ce qui permet d’alterner narration à la première personne et récit, de multiplier les points de vue, dans cet album déjà abondamment rythmée par les nombreux flash-back.

Les poèmes d’Adrian Matejka donnent une saveur certaine au récit et le choix restreint des couleurs, rouge et orange, renforce le caractère percutant des images.

Le destin de Jack Johnson illustre une des pages sombres de l’histoire des États-Unis.



Article complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Le dernier debout

Aux Etats-Unis, la période est trouble. Au matin du 4 juillet 1910, des milliers de fans de boxe prennent d’assaut le nouveau stade de Reno, Nevada, pour assister à une confrontation épique et controversée : Jack Johnson, le premier champion noir catégorie poids lourds au monde, arrogant, frimeur, macho, manipulateur et star malaimée des médias, est confronté à un ancien champion blanc Jim Jeffries, décidé à monter sur le ring pour l’argent. Mais surtout porté par les suprémacistes blancs.

La guerre de Sécession est encore dans toutes les mémoires, le Ku Klux Klan renait de ses cendres mal éteintes dans le sud des États-Unis, la presse défend le « grand espoir blanc ». C’est l’apogée de l’ère des lois Jim Crow, imposant la ségrégation raciale aux États-Unis pour entraver les droits obtenus par les Afro-Américains au lendemain de la guerre de Sécession (abolissement de l’esclavage, citoyenneté pour toute personne née ou naturalisée aux États-Unis, droit de vote pour tous les citoyens).

Les spectateurs attendent avec impatience que Jeffries rétablisse la hiérarchie raciale que Johnson a bousculé.

Nous connaissons tous Rosa Parks ou Martin Luther King, fervents militants de la cause «Noire» aux États-Unis. Mais le combat pour la liberté et l’égalité raciale a aussi ses représentants dans le monde du sport. Au même titre que Tommie Smith ou John Carlos, et bien avant toutes ces icônes, Jack Johnson fut le premier d’entre eux. Moins connu du grand public, il les a sans doute inspirés. Youssef Daoudi et Adrian Matejka, avec leur singularité, nous racontent son histoire dans Le Dernier Debout avec un récit vivant et une mise en dessin originale.Au commencement il y avait The Big Smoke (Penguin Books, 2013), un recueil de poèmes sur le boxeur Jack Johnson écrit par Adrian Matejka. Youssef Daoudi, passionné par le mot, le théâtre et l’Histoire, s’est emparé du sujet.



Du dialogue d'une grande beauté et d'une grande virtuosité entre le poète et l’auteur de bande-dessinée est né Le dernier debout, d'abord édité aux États-Unis.
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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Ring

C‘est une histoire de course automobile qui se déroule sur le circuit de Nürburgring, en Allemagne, cela se passe dans les années 60, c’est une course fictive, mais très documentée, très crédible. Youssef Daoudi et au dessin et au scénario, et il est assisté par Ilias, un journaliste spécialisé de la presse mécanique (Kart Mag).



Le dessin est réaliste, il met en valeur les moments passés sur la piste, jouant des lumières, des intempéries, de la vitesse, et en même temps, il est très pointu sur l’aspect mécanique, il possède une belle dynamique et une efficacité cinématographique. L’intrigue se concentre sur la psychologie du personnage principal, en fin de carrière mais qui croit toujours pouvoir évoluer de la catégorie F2 à la F1, le Graal des pilotes.



Je me suis laissé prendre au jeu, à l’engouement de la compétition, on en oublie vite cette étrange introduction qui va nous revenir en pleine poire à la fin du livre. Du rythme, de la tension, avec une immersion dans ce milieu parfaitement réussie, cette histoire est vraiment bien ficelée, avec des personnages vraiment bien campés, elle ne ravira pas que les fans de course automobile. C’est vraiment une bonne surprise.
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Monk

Monk est musicien, jazzman et noir. Ce n'est pas un biopic, une simple BD, mais un roman graphique.





Il n'y a que 3 ou 4 teintes (du noir au gris), mais aussi toutes les couleurs de la Vie, quand sa muse, la baronne Pannonica, "s'éveille" d'entre les papillons épinglés, pour danser ...





Monk flotte au dessus de son piano, dans ce livre! C'est de la poésie...

Venez vivre la nuit, dans les clubs de Jazz et dans sa chambre, avec Monk !
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Tripoli

En 1805, les Etats-Unis lancent leur première intervention militaire au Moyen Orient. L'enjeu est de pouvoir maintenir les échanges commerciaux sans satisfaire aux exigences du dictateur qui règne alors sur Tripoli. Une armée de cinq cents hommes est envoyée dans le désert, principalement des soldats américains, mais aussi des mercenaires arabes, berbères, grecs, italiens et turcs.



Cet album ne montre pas seulement les opérations militaires du conflit et les échanges diplomatiques mis en œuvre, il retrace également le contexte politique. J’ai ainsi appris avec intérêt que les Etats-Unis s’étaient engagés loin de leurs frontières dès le début du XIXe siècle.

L’auteur semble dubitatif et critique au sujet des choix politiques et militaires américains lors de ce conflit. Cela me semble "facile", avec le recul que l'on peut en avoir aujourd'hui plus de deux cents ans plus tard, mais fondé.

Cet ouvrage m'a donné envie d’en apprendre davantage sur l’histoire des Etats-Unis au XIXe siècle, notamment en matière de politique étrangère.



Le graphisme et les coloris sont classiques mais agréables, permettant une lecture facile malgré des textes denses.



Merci à Babelio et aux éditions Glénat.
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Monk

Ce roman graphique nous immerge dans l’univers de Thelonious Monk, le pianiste et compositeur de be-bop, génie difficile – même pour ses confrères jazzmen – dont la musique singulière et innovante eut une grande influence dans les années 1950 et 1960. S’affranchissant d’un récit biographique linéaire, Youssef Daoudi structure sa narration autour de l’amitié qui se noua entre Pannonica Rothschild de Koenigswarter, mécène et bienfaitrice de Thelonious et le soutien indéfectible qu’elle sut lui apporter au cours de sa carrière en dents de scie.

Le graphisme de Youssef Daoudi est magnifique, électrisant. Le choix d’une gamme chromatique limitée à l’ocre et au noir et blanc sert avec force un dessin puissant, à la fois vif pour illustrer la gestuelle du musicien, ses excentricités, et appuyé pour traduire une pesanteur de tout instant dans un itinéraire marqué par la ségrégation et la maladie.

En revanche, j’ai été moins convaincue par la fragmentation du récit, mêlant épisodes de la vie de Monk, flash-back sur l’existence de Pannonica, scènes de club, tournées… Je m’y suis un peu perdue d’autant que j’ignorais tout de la baronne Koenigswarter et de son rôle auprès des musiciens tels que Dizzie Gillepsie, Art Blakey, Charlie Parker et bien d’autres. Quant au texte, son propos surligne parfois un peu trop le dessin.

Remettez sur la platine Round Midnight et savourez. Sans modération.
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Ring

"Rescapé d’un accident sur le circuit de Nürburgring, en Allemagne, un ancien pilote se souvient d’une rivalité qui a fini en catastrophe."

L'action se situe vers la fin des années 60. C'est avant tout une histoire de bolide, de formule 2, de courses.



En regardant la couverture, on se surprend à penser de suite à Steve McQuenn. Et bien non. Il n'est pas du tout dans l'histoire. Le scénario est basé sur la rivalité de deux pilotes au sein d'une même écurie

Tout du moins, rivalité pour l'un des deux. Car le coéquipier n'avait rien demandé... La situation est d'autant plus compliqué que le premier pilote, Guido Knopp est le beau-frère du second pilote. Et le rêve de Guido est d'intégrer la F1, l'année suivante;

C'est une belle histoire qui n'est pas dans la même ligne que Michel Vaillant. Ici la rivalité est flagrante, prenante et dure. Pas de place pour l'amitié et la compétition amicale



Le dessin de Douadi est dynamique, les effets et les rendus sont réalistes... on est dans la course avec le pilote.

N'étant pas particulièrement fan de ce genre de lecture, je le recommande tout de même aux fans de course automobile.
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Tripoli

Première intervention militaire américaine sur un sol étranger en 1805



Afin de ne pas voir ses bateaux de commerce en Méditerranée attaqués par les pirates, les Etats-Unis, qui ont perdu la protection de la Navy britannique à leur indépendance, sont contraints de payer, comme d’autres nations, un tribut aux Etats barbaresques que sont le sultanat indépendant du Maroc et les trois régences d'Alger, de Tunis et de Tripoli.

En 1801, Yusuf, le pacha de Tripoli augmente ses exigences, que les américains refusent de payer, et suite à la perte de leur frégate l’USS Philadelphia, dont l’équipage est réduit à l’esclavage, le président Jefferson confie au général Eaton la mission de régler la crise lybienne.

Le plan d’Eaton est de s’appuyer sur les marines que veut bien lui confier l’armée (8 !), sur Hamet Karamanli, le frère de Yusuf, pacha légitime et aimé de son peuple, et sur des mercenaires grecs, turcs ou arabes, et de rendre son trône à Hamet. L’aventure commence. Partis d’Egypte, à pied au cœur du désert Lybien, la bataille de Derne s’engage.

La BD historique est un art difficile. On a souvent le droit à des juxtapositions de faits qui se suivent sans forcément de fil conducteur. Dans Tripoli, l’auteur nous fait suivre l’aventure d’Eaton et de ses compagnons d’armes (J’ai craint un instant un livre sur le patriotisme américain, mais on en est loin), dans ce one-shot de 88 pages, et nous relate une épopée de l’histoire des Etats-Unis peu connue. Le récit de Youssef Daoudi est très intéressant à suivre : la constitution de la bande armée, la progression dans le désert, les doutes des hommes dans les intentions américaines, la première bataille, ….

Le dessin est assez classique et réaliste, les scènes d’actions sont bien menées, le scénario intéressant, et la fin est terrible, car très loin de ce qu’on attendait …

J’apprécierais volontiers de Daoudi un autre one-shot sur un autre aventurier américain Stephen Decatur, à la même époque (découvert dans Wikipédia).

Je remercie Babélio et les éditions Glénat pour cette lecture.

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Tripoli

En 1801, pour préserver leur commerce extérieur, les Etats-Unis et leur président Thomas Jefferson tentent de renverser le pacha de Tripoli qui sème la terreur sur les mers avec ses pirates. William Eaton avec les premiers marines de l'histoire mène une expédition dans le désert pour remettre sur le trône le roi légitime et frère du pacha. Youssef Daoudi se penche sur un fait historique oublié et intéressant. Les planches sont superbes, entre marines et désert. La lecture est plaisante et instructive.
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Le dernier debout

Le 4 juillet 1910 à Reno, devant 20000 spectateurs, Jack Johnson confirme son titre de champion du monde des poids lourds de boxe. Celui qui fût le premier champion du monde noir dans cette catégorie, qui était interdite aux boxeurs de couleur, bat ce soir-là James J. Jeffries, sorti de sa retraite pour sauver l'honneur de l'homme blanc. 

C'est la vie de ce fils d'esclaves qui fut surnommé le géant de Galveston que raconte dans cet album le poète Adrian Matjeka. Jack Johnson défia l'Amérique blanche pour dépasser son destin. Il devint riche grâce à la boxe. Devenu un véritable dandy, adorant les voitures de sport, il épousa même deux femmes blanches ce qui le mena en prison. Une vie passionnante qui méritait bien un peu de lumière....

Si la langue est belle, le dessin de Youssef Daoudi place la barre encore plus haut. J'ai été emballé par ses choix graphiques : le rouge et le noir et blanc, les pages de BD alternent avec les pleines pages, dans un style vintage très newspaper, les scènes de boxe sont superbes, le tout donne un album créatif et riche.

Ce très beau livre ne se contente pas d'être une sublime bio-graphique. Au travers de l'histoire de Jack Johnson, on découvre aussi l'Amérique de l'avant guerre, la conquête des droits, la Color Line, la loi Mann et le racisme quotidien et institutionnel.  "Le dernier debout" est mon premier coup de cœur du mois d'avril !
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Tripoli

Tripoli est une de ces bd qui m’a le plus marqué dans le sens qu’elle m’apprend véritablement un aspect de l’Histoire américaine totalement méconnue. Jefferson est alors le premier président de la jeune nation américaine. Les navires qui sont de passage dans la Méditerranée doivent alors verser un tribut contre protection à des gouverneurs véreux mis en place par les sultans.



En 1801, l’Etat barbaresque et pirate de Tripoli est dirigé par un homme qui n’a pas hésité à assassiner son frère pour prendre le pouvoir et contraindre l’ainé en exil. Il en veut toujours plus avec un zest de fanatisme et d’intolérance. Il n’a que faire du traité de paix signé avec les Etats-Unis. Il n’hésite pas à attaquer l’un de leur navire de guerre et emprisonner les 200 marines pour les réduire en esclavage.



J’avoue avoir été bluffé par le style de cet auteur qui a su mener jusqu’au bout sa réflexion sur ce qui a influencé la diplomatie américaine. Tout est bien savamment dosé. Le récit a été passionnant de bout en bout et les personnages assez charismatiques. Rien à réduire concernant un décor dépaysant.



On ressort incontestablement de cette lecture avec un autre regard car la fin est plutôt marquante. On se dit également que Tripoli est une cité qui a plutôt bien réussit aux différents dictateurs qui se sont succédés. Entre trahison, piraterie, esclavage et guerre, les faits marquants ne manquent pas dans cette histoire militaire américaine. Il est plus qu'intéressant de découvrir le premier fait d’armes des Etats-Unis en dehors de leur territoire. Cela ne sera guère glorieux malgré la victoire. Qui a dit malheur aux vaincus ?
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Mayday, Tome 1 : Air Danger

Cette bd traite une problématique jusqu’ici peu abordée en bande dessinée à savoir les causes des accidents d’avions de grande ligne. Elle souligne également le danger des avions poubelles. C’est intéressant de voir les enjeux d’une enquête lors d’un crash d’avion. Ce sont malheureusement des accidents qui arrivent et qui ont tendance à se multiplier avec l’agrandissement des différentes flottes aériennes. Nos beaux pays industrialisés ne sont pas en reste comme le prouve la récente tragédie sur le vol Paris-Rio.



Ce diptyque a eu le mérite de trouver un sujet passionnant. Cependant, il possède deux défauts majeurs. La calligraphie sur le premier tome est franchement désastreuse. Le défaut a été fort heureusement corrigé sur le second tome. La taille des bulles était très petite avec un concentré de texte d’une police inappropriée ce qui a eu pour effet une lisibilité loin d’être parfaite. Par ailleurs, le facteur humain va jouer un grand rôle au détriment de la crédibilité de l’ensemble de l’intrigue bâtie justement sur les défaillances techniques et la course effrénée à la rentabilité conduisant à faire l’impasse sur la sécurité des passagers. C’est un peu comme si le capitaine du Titanic presque à la retraite avait voulu faire exprès d’heurter un iceberg car sa mère s’était tuée dans un accident.



Au final, malgré les maladresses, cela se laisse lire plus ou moins agréablement. L’auteur devra encore améliorer le niveau s’il veut convaincre. J’ai envie qu’il le fasse car les idées sont bonnes. Il faut juste trouver le moyen de les faire passer en finesse et subtilement car il y a des scènes où les ficelles sont trop voyantes.
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Sebring 70 : La 12e heure

Sebring: c'est une course automobile mythique. On se souviendra plus particulièrement de celle survenu en 1970 grâce à la participation de Steve Mc Queen au volant d'une porsche 908 qui disputa la vedette aux as de l'époque: Pedro Rodriguez, Jo Siffert, François Cevert, Piers Courage, Jacky Ickx, Mario Andretti ainsi que notre héros Julian McCoy.



C'est une histoire assez poignante à cause de la rivalité entre deux frères dont notre héros qui porte une lourde responsabilité familiale car son écurie est au bord de la faillite. J'ai bien aimé la mise en scène qui révèle une surprise finale de taille. Cela permet certes de découvrir également les coulisses d'une telle course mais c'est également un vibrant hommage à ces pilotes.



La toile de fond est la guerre du Viêt-Nam et des célèbres manifestations contre celle-ci. Un mot sur le dessin que j'ai trouvé assez dynamique et qui colle à ce genre de récit. Certes, cela plaira surtout aux amateurs de course automobile avec des modèles à faire rêver. Bref, c'est de bonne facture.
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Monk

Avec cette BD, j'étais en terra incognita. Je ne connais pas grand chose au jazz mis à part les grands noms et morceaux que tout le monde connaît. Ce récit biographique sur une partie de la vie de Thelonious Monk s'intéresse autant à lui qu'à sa relation avec Pannonica de Koenigswarter, baronne européenne qui deviendra l'ami de plusieurs grands noms du jazz, et qui soutiendra Monk et sa musique si particulière et détonnante. Pas de lyrisme, un propos direct, parfois avec un ton un peu trop "documentaire" mais contrebalancé par des moments à la limite de l'onirisme, servi par dessin en noir et blanc avec une vraie identité. Et surtout, surtout, à l'issue de cette lecture, une furieuse envie d'écouter la musique de Monk.
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Le dernier debout

Dans "Le Dernier Debout", chaque page est un coup de poing de créativité et de profondeur narrative. L'album nous plonge au cœur du combat historique du 4 juillet 1910 à Reno, Nevada, où Jack Johnson, premier champion du monde poids lourd noir, affronte Jim Jeffries dans un match qui transcende les limites du ring. Adrian Matejka tisse habilement le récit, alternant entre les moments palpitants du combat et les réflexions introspectives de Johnson, offrant ainsi une perspective multifacette de cet événement marquant.



Le trait de Youssef Daoudi est une véritable révélation. Son choix chromatique audacieux, avec une palette dominée par le rouge et le noir, crée une atmosphère envoûtante, tandis que son style graphique rappelant les illustrations des journaux d'époque ajoute une dimension vintage et authentique à l'histoire. Les scènes de boxe sont d'une intensité visuelle saisissante, capturant chaque mouvement avec une précision qui donne l'impression d'être sur le ring aux côtés des combattants.



Mais "Le Dernier Debout" ne se limite pas à être un simple récit de boxe. À travers la vie tumultueuse de Jack Johnson, le lecteur est transporté dans l'Amérique de l'avant-guerre, confrontée aux défis de la ségrégation raciale et de la lutte pour les droits civiques. Les thématiques abordées, telles que la Color Line et le racisme institutionnel, résonnent avec une pertinence troublante dans le contexte actuel.



En conclusion, "Le Dernier Debout" est bien plus qu'une simple biographie graphique ; c'est une œuvre d'art qui explore les complexités de l'identité, de la résilience et du courage à travers le prisme d'un homme qui a marqué son époque. C'est un hommage vibrant à la force de l'esprit humain face à l'adversité.
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Le dernier debout

Roman graphique : en voilà un qui mérite bien ce nom ! Le Dernier Debout, la bio de Jack Johnson est un véritable bijou. Un vrai roman graphique au sens où le texte et l'image vont de pair, conçus et fondus ensemble, de concert, par les deux auteurs.



Le 4 juillet 1910, Reno dans le Nevada accueille le combat du siècle. Jack Johnson le 1er champion du monde de boxe de couleur met son titre en jeu contre Jim Jeffries. L'ex-champion du monde sort de sa retraite pour venger l'honneur blanc et aussi quelques milliers de dollars...



On va vivre ce combat round après round, tout au long de l'album et pénétrer entre chaque reprise la vie et les états d'âme du champion. Peu avare de ses mots - même sur le ring comme on le voit - Jack Johnson la racontera lui-même plus tard au Hubert's Museum de New-York. Sa vie traverse un monde où la Color Line qui sépare blancs et noirs aux USA, s'accompagne de coups bas et s'applique aussi au noble art.



Cet album est lui aussi du noble et du grand art. Les formats de récit, imbriquant donc très étroitement texte, graphisme et mise en page, alternent selon les époques, les évènements et les points de vue. À la tension du combat et de tout ce qui entoure ce match du siècle, s'ajoute en fil rouge les propres mots du boxeur. Comme un air chanté - on pense au Dylan de Hurricane, un autre boxeur noir injustement emprisonné -, un slam au flow aussi rythmé et dansant que les coups de poings et le ballet des corps sur le ring. Poésie et réel alternent et se mêlent aussi. C'est beau, beau, âpre et prenant comme la boxe.



Sans doute aimer le noble art aidera-t-il à apprécier cet album. Mais on n'y voit pas que de la boxe : de l'amour, des voitures, des voyages aussi... comme au cinéma. Et sur le fond, du racisme au sport-spectacle en passant par la foi en soi, le courage et la fierté de son sang, on est gâté servi. Un coup de poing qui est aussi un coup de cœur : bravo et merci à ses auteurs Youssef Daoudi et Adrian Matejka. On imagine toutes les recherches en amont de ce travail - comme l'entraînement pour un boxeur - et quand on en lit et voit le fruit on se réjouit d'en savourer tout le jus sans ce qui peut parfois rendre une bio... pesante.



Du noble, très noble et très grand art donc !
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Sebring 70 : La 12e heure

Copie-hommage presque carbone des aventures de Michel Vaillant, Sebring 70 ne prend aucun risque, autant sur la forme que sur le fond.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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