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Critiques de Yvan Robin (67)
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Après nous le déluge

Une claque, pour ne pas dire un uppercut qui vous sonne complétement. Après nous le déluge est un roman inclassable d’une profonde noirceur percée par une lumineuse poésie.



Beaucoup de romans nous marquent même si quelques-uns s’installent en nous pour toujours. Chaque année, dans la quantité extraordinaire de romans publiés, quelques pépites coexistent et parfois même certains sont prodigieux. Souvent, les romans se ressemblent. Des chefs-d’œuvre, il y en a si peu et pas tous les ans. Après nous le déluge en est un. Le roman de la maturité comme nombre de critiques aiment à les qualifier. Un roman écrit avec les tripes et dans lequel l’auteur ne s’interdit rien, je dirais.



Anticipation, post-apocalyptique, roman d’aventure, roman épique, roman noir, social, ce récit poétique, une Odyssée écologique ne rentre dans aucune case, il les coche toutes. L’auteur ne rend pas seulement hommage aux grands textes fondateur de la littérature, il a l’audace de s’inscrire dans leurs pas.



Et, pour cela, il ose tout, même emprunter au premier livre de la Bible sa temporalité. En effet, Yvan Robin nous relate son apocalypse en sept jours qui verront la nuit envahir les jours, les pluies s’abattre sur ce qu’il reste de terre, la Lune, les étoiles s’éteindre et les animaux disparaître avant les Hommes.



Dans la fiction contemporaine, la crise écologique est de plus en plus présente. Nombre de romans, de films, d’œuvres artistiques s’en emparent même certains politiques, rappelons-nous, par exemple, en 2002, le président Chirac prononcait à Johannesburg la fameuse phrase « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Beaucoup plus d’actualité, le film Don’t look up d’Adam McKay avec Leonardo DiCaprio où des scientifiques tentent de prévenir de la fin du Monde. La sonnette d’alarme est tirée, on s’échine encore à la faire sonner plus fort mais, dans le brouhaha médiatique, le transfert d’un joueur de foot fait plus de bruit qu’un rapport du GIEC. Yvan Robin n’écrit pas une énième sommation, il nous dépeint Le Déluge, celui provoqué par l’Homme, espèce destructrice.



Au milieu de ce décor grandiose, terrifiant, de cette nuit qui nous semble alors éternelle, luisent encore quelques étoiles. Feu-de-bois, jeune adolescent débordant de vie et son père suicidaire. Dalila, la camarade de Feu-de-bois ou Lilu, cette jeune femme qui tente vaille que vaille de sauvé son Kamishibaï, théâtre d’images japonais, peut-être le seul vestige de la création artistique humaine.



L’auteur utilise une quantité incroyable de matière pour donner du corps à son récit. Un peu comme s’il réunissait à travers son roman, tout ce qui fait les êtres que nous sommes. Transformant son histoire en arche de Noé de l’humanité. Pour nous happer et nous faire jouer un rôle, nous lecteurs, habitués à être de simples spectateurs, il utilise pour le fils, une narration à la première personne, nous accrochant à lui au milieu du chaos. Pour le père, en revanche, il utilise la deuxième personne du singulier, créant plus de distance avec lui mais, nous permettant de prendre du recul et nous offrant un temps nécessaire à la réflexion. Cette réflexion, nous suivra longtemps après avoir refermé ce livre.



Merci Yvan, de partager avec nous, ce talent immense qui donne une puissance incroyable aux mots. Merci également à Josée Guellil et aux éditions In8, de publier des œuvres aussi profondes et poétiques.
Lien : https://imaginoire.fr/2022/0..
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La fauve

Ames sensibles ou délicates s'abstenir !

Voici un livre choral dérangeant, décapant, à l'atmosphère sordide, qui entraîne le lecteur dans un jeu de massacres sanglants. Une abominable tuerie perpétrée en une seule nuit ; l'auteur "ne fait pas dans la dentelle" et ne nous épargne rien, aucun détail qui pourrait adoucir l'horreur des faits.



L'action se déroule dans un village de campagne du Sud-Ouest, en apparence tranquille. D'ailleurs il se nomme Montcalme... Sans charme, éloigné de tout, une de ces zones blanches où le réseau téléphonique ne passe pas.



Malgré tout, le village s'est doté d'un Comité de Vigilance Citoyenne qui part en chasse le soir, fusil en bandoulière, chaque fois que la moindre inquiétude apparaît. Une bande d'affreux bonshommes, des durs tous plus "machos" les uns que les autres, arrogants, réactionnaires, racistes... Ils sont cinq : le médecin, l'instituteur, le cafetier, un agriculteur en sursis et surtout un élu : Lionel Lagarde, avec "avait deux L, comme un oiseau de proie".



Lagarde est marié à Blanche, une jolie femme, qu'il ne mérite pas, qu'il domine de façon éhontée en réglant sa vie avec autorité dans les moindres détails. Reléguée aux travaux ménagers à plein temps et comme prisonnière à l'intérieur de son foyer, elle est en plein burn-out, prête à mettre fin à ses jours. Mais la mécanique va s'enrayer et rien ne va se passer comme prévu.



S'en suite une course-poursuite haletante à travers la campagne environnante et la forêt, une effroyable curée où les mâles trop longtemps dominateurs vont se retrouver à terre.



Style fluide, nerveux avec des phrases et des chapitres courts, Yvan Robin transporte le lecteur malgré lui , en enfer, à un rythme effréné. Les événements s'enchaînent rapidement passant d'un personnage à un autre sans transition. le vocabulaire est choisi avec soin, violent, parfois cru, outrancier et malsain à la limite de la provocation.



Dans ce roman, l'auteur a souhaité venger les femmes de l'autorité machiste, de la domination, des violences et maltraitances qu'elles ont subies. Il y parvient assurément, de façon amorale, mais efficacement.



Ce roman explosif m'a été envoyé gracieusement par Babelio et les Editions Lajouanie. Je les remercie de m'avoir offert la possibilité de cette lecture.



#Challenge illimité des Départements français en lectures (17 - Charente-Maritime)







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La fauve

Vous avez déjà entendu parlé de ces zones blanches où pouvoir téléphoner relève de l’exploit et utiliser internet du miracle.

Le village de Montcalme en fait partie. Comme le nom l'indique, il ne se passe jamais grand chose dans ce trou perdu . Pourtant un trouble-fête semble sévir depuis peu : des épis de maïs dérobés en toute illégalité, un grillage endommagé. Il n’en faut pas plus pour que le Comité de Vigilance Citoyenne décide de démarrer une traque implacable du voleur vagabond , armés de leurs fusils et de leurs pièges à loup. Un médecin à la retraite, un instituteur réparateur informatique , un agriculteur et un employé de mairie prêts à en découdre, tout en évitant soigneusement le bois de La Fauve, où la légende veut qu’un dangereux félin reste tapi. Pendant que les hommes mènent une chasse à l’homme sans merci, entrecoupée d’une longue pause nécessaire au repos des corps et des esprits , accoudés au comptoir de l’unique du bar du village, un sénégalais et deux femmes sont sur le qui-vive, l’une d’elle à deux doigts d’une mort certaine.





Je retrouve avec un plaisir certain la verve et l’humour noir de l’auteur bordelais. Il nous invite ici à un jeu de chamboule-tout dans la cambrousse et je peux vous dire que ça va dégommer grave ! Yvan Robin ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de remettre en question des préjugés arriérés colportés par des réacs plus vrais que nature. Où le droit de cuissage, une homophobie bas du front, un racisme primaire mêlé à un machisme old school laissent à penser que dans les zones blanches, les principales réformes sociétales du XXIème n’ont pas encore vu le jour. Et je ne vous parle pas de MeToo qui s’est perdu en chemin car ici le rôle de la femme est réduit à l’essentiel : entretenir le foyer comme les attributs sexuels de son mari .

Bref, des exemplaires étroits d’esprit qui vont se faire surprendre -c’est le moins que l’on puisse dire - par une suite d’événements sur lesquels ils n’auront plus aucun contrôle.

Un roman qui décape tant par le style que par le rythme qui va brutalement s’accélérer car la liberté n’attend pas ...accrochez vos ceintures !



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Hervé Le Corre, mélancolie révolutionnaire

Une discussion animée entre pairs. L’écrivain Yvan Robin présente son confrère de littérature noire avant de lui poser nombre de questions fouillées. Une belle occasion de mieux découvrir le discret, mais si talentueux Hervé Le Corre et sa Mélancolie révolutionnaire.



Quelques mots pour présenter le contexte. Playlist Society est une maison d’édition indépendante qui publie de petits livres sur l’art, la musique, le cinéma, la littérature ou encore les jeux vidéo, en poussant la réflexion sur la culture. La maison a été fondée par l’auteur Benjamin Fogel qui en est aussi l’éditeur, autant dire qu’il sait de quoi il retourne.



Dans ce petit livre qui tient dans la poche, après quelques pages d’une biographie parlante, l’essentiel s’appuie sur un long entretien entre les deux auteurs. Une interview sans langue de bois, du genre que vous ne verrez nulle part ailleurs, loin de l’exercice commercial.



L’échange tourne autour des différents romans de Le Corre, sur les décennies traversées, pour comprendre l’homme autant que son œuvre, un peu de son passé, ses influences, ses engagements, ses pensées, son évolution, sa manière de travailler.



Un dialogue franc et direct, avec un interviewé qui le vit avec engagement, à l’image de ses romans. Tout y est, même les quelques « frictions », l’interviewé ne se gênant aucunement pour faire savoir son désaccord face à certaines assertions.



Hervé Le Corre est une plume exceptionnelle, et une vraie personnalité, habituellement assez pudique. Le découvrir ainsi sans fard est une vraie richesse et éclaire ses romans et son univers de belle manière. Un avis de lecture, ça compte, mais les propres mots d’un écrivain ont toujours plus de valeurs.



Écouter, comprendre, réfléchir, voilà le genre d’entretien qui permet à tous les passionnés de littérature de s’aventurer sur les chemins de traverse d’un auteur, dans l’ombre de son brasier pour traverser la nuit.



Un passionnant cheminement qui ne pourra que donner encore davantage envie de se plonger dans toute l’œuvre de Hervé Le Corre et de mieux cerner cette Mélancolie révolutionnaire.



A ce titre, je ne peux que conseiller de lire au plus vite son dernier livre, "Qui après nous vivrez", une merveille de roman noir qui anticipe notre futur. Un vrai bijou qui marquera durablement.



Playlist Society propose une collection très variée qui mérite vraiment de s’y attarder si on est curieux et avide de culture.



Yvan Robin est écrivain de romans noirs également, pour adultes comme pour adolescents, auteur entre autres de "L’appétit de la destruction" et du récent "Bonhomme".
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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Travailler tue !

L’accident bête. Sur un chantier autoroutier un ouvrier tombe et s’embroche sur un fer à béton. Avant même l’arrivée des pompiers un homme qui semble tout droit sorti de son lit débarque et maquille les lieux. Il enfile des chaussures de sécurité à la victime, pose des capuchons de sécurité sur les tiges de fer et disparait quand les secours arrivent. Cet homme, c’est Hubert Garden, Inspecteur Général Sécurité au service Prévention des Risques de l’entreprise V2V, un des leaders de la construction. Pas mauvais bougre, Hubert Garden est par ailleurs un salarié zélé. Mais essayez donc de tendre vers le « zéro accident » quand votre employeur rogne sur tous les budgets sécurité et emploie des ouvriers étrangers auxquels on ne fournit ni matériel adéquat ni plan de prévention des accidents. Pas étonnant qu’Hubert subisse le nouveau mal du siècle, un burnout carabiné qui a tôt fait de se transformer en action vengeresse contre l’entreprise. Garden n’a plus désormais qu’un seul objectif : atteindre le « 100% accidents ». Mortels, de préférence.

Looser pathétique, instrument d’un capitalisme sauvage contre lequel il finit par se retourner, Hubert Garden n’a pas grand-chose pour plaire. Y compris à sa femme, Diane, coincée entre deux sacerdoces, son travail dans ce qui est moins une maison de retraite qu’un mouroir à vieux et préserver un tant soit peu son couple dans l’attente de la concrétisation du rêve en chantier qu’elle partage avec Hubert : un beau pavillon dont les travaux sont à l’arrêt et un hypothétique jardin dans lequel elle pourra s’abandonner à ses pensées, juste être enfin au calme. C’est peu dire que l’explosion en vol de son mari risque de compromettre ce rêve d’un quotidien un petit peu moins morne.

Bonne surprise que ce roman d’Yvan Robin, noir et absurde ; de cette absurdité que se révèle être le fonds du discours entrepreneurial dans sa quête du profit et d’une image polie, lissée. On voit bien où veut en venir l’auteur, dénonçant ici la servitude volontaire d’employés à la recherche d’un confort illusoire et la contradiction dans les faits de la communication promotionnelle des multinationales. Yvan Robin a cependant le bon sens, en s’accrochant à ses deux personnages principaux, à leurs pensées intimes, de ne pas basculer dans la dénonciation lénifiante de l’ultralibéralisme. Même si – références américaines sans doute plus chics obligent – l’éditeur compare cela au Couperet de Westlake et au Chute libre de Joël Schumacher, il semble que Robin lorgne plutôt, dans l’atmosphère créée tout comme dans la noire mais cocasse désespérance de ses personnages, du côté de Pascal Garnier. Et si quelques développements un peu longs et personnages secondaires un peu courts l’empêchent encore de toucher du doigt l’âpre burlesque de Garnier, il n’en demeure pas moins qu’il nous offre là un roman qui vaut que l’on s’y attarde.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Travailler tue !

Chronique de Flingueuse : Le “ressenti” de Jean-Paul pour Collectif Polar

Roman pas policier mais presque, plutôt thriller, mais un peu plus…

Mais que nous raconte Travailler tue

Hubert Garden est un ingénieur morose chargé de faire respecter les consignes de sécurité dans une société de travaux publics. Malheureusement, une suite d'accidents en dehors de son contrôle mène à sa mutation punitive au siège de la société. Hubert décide de se venger en tuant toutes les personnes responsables de son malheur sous le couvert d'accidents du travail

Ce roman d’Ivan Robin pointe du doigt le système, c’est une sorte de descente aux enfers, la mienne, la vôtre, celle de Monsieur tout le monde.

Très bonne surprise, donc vous l’aurez compris ce n’est pas un polar mais un roman noir et brutal.

Yvan réussit admirablement à montrer le raz-le-bol d’un employé qui se perd ou se sent perdu et du coup il va se rebeller.

Cela sonne très vrai. Le malaise enfouis en nous qui se transforme en mal au fil des mois jusqu’à l’explosion !

Au fur et à mesure de ma lecture je me suis vu en Hubert… Les obligations de faire toujours mieux toujours plus au profit des autres, une certaine souffrance interne, une tension permanente qui devient une normalité jusqu’à…

Un roman parfois dérangeant, qui peut vous faire vous poser beaucoup de questions car il sonne juste malgré le ton étrange et absurde voulu par l’auteur.

Merci et bravo aux éditions Lajouanie pour cette belle découverte.

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce polar mais presque et son auteur, vous pouvez, si vous le désirez, cliquez sur le lien ci-dessous ⏬⏬⏬
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L'appétit de la destruction

En quelques années, Âme less, groupe de rock formé par les frères Adrien et Pierre, ainsi que Jan et Nina, s’est imposé comme le groupe français le plus abouti, réussissant à allier attitude punk, musique et paroles sans concessions et succès public. Tout ça, c’est terminé. On le comprend très vite à travers les souvenirs qu’évoque depuis le lit où il semble pourrir, Adrien le leader du groupe, et la conversation entre un homme et une femme qui tentent de le rejoindre en voiture.

C’est donc l’histoire de l’ascension fulgurante et de la chute fracassante du groupe et surtout d’Adrien que nous conte ici Yvan Robin en nous amenant à sa suite dans un milieu rock à l’image lissée, même dans ses outrances, et qui se révèle particulièrement décadent. Une décadence qui est celle des membres du groupe qui, à l’exception notable de Nina, plus âgée, semblent, peut-être pour avoir connu le succès trop tôt, n’avoir jamais eu l’occasion de sortir de l’adolescence, mais aussi, plus pernicieuse, du gros business des maisons de disque. En effet, aussi déjantés ou toxiques qu’ils puissent être, Adrien et sa bande, aussi libres qu’ils puissent se croire restent avant tout des produits dont les frasques permettent d’entretenir l’intérêt du public. Et, peu à peu, derrière le succès apparaissent les prémices de la déchéance annoncée : les abus, certes, mais aussi la cadence infernale des tournées, l’impossibilité de communiquer hors de ce milieu et donc l’enfermement qu’incarne à merveille le personnage de Pierre tandis que son frère, nouant une relation compliquée avec une actrice, ne fait que s’enfermer aussi un peu plus à sa manière dans l’image publique qu’il s’est forgée.

Comme dans Travailler tue, son précédent roman, cynique à souhait, sur le monde de l’entreprise, Yvan Robin choisit de mêler dans son récit l’humour, les phrases bien senties, et les scènes totalement débridées, mais sans pour autant se laisser aller à un ton trop léger. On le sent en effet très vite, le malaise plane et il se fait de plus en plus prégnant. On commence par sourire, on pense que l’on va bientôt rire de bon cœur, mais cela n’arrive pas. On rit jaune et, peu à peu, on se laisse gagner par cette ambiance de plus en plus pesante, dans l’attente du drame qui semble inéluctable.

Tout cela est d’autant mieux fait, d’autant plus crédible, qu’Yvan Robin sait pour avoir fréquenté ce milieu comment il fonctionne. Son roman peut aussi, d’une certaine façon se lire comme une série d’anecdotes qui révèlent plus largement une évolution de la société autour de ce groupe qui, peut-être, hormis pendant un moment sur le plan du marketing, n’en a jamais vraiment fait partie et qui a vécu à côté du monde. Et il est toujours intéressant de voir comment ces personnages qui se sont formé hors de tout finissent malgré tout à rencontrer un public qui se reconnaît en eux et dans leurs textes.

Pas dénué à mon sens de quelques défauts – quelques longueurs, ou le sentiment parfois, face aux frasques d’Adrien ou de Jan, que tout cela se répète un peu trop, peut-être parce que je commence à être trop vieux, que j’ai lu trop de livres sur la scène punk et que l’on peut finir par s’en lasser – L’appétit de la destruction n’en demeure pas moins un roman qui vaut le détour.


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Travailler tue !

Hubert Garden est le responsable sécurité d’une grande boîte de travaux publics. Il est chargé de veiller sur la sécurité des agents, mais aussi, et surtout, de faire en sorte que les accidents coûtent le moins cher possible à la société ! Ce qui donne l’inoubliable séance d’ouverture du roman où Hubert vient en pleine nuit mettre des chaussures de sécurité à un ouvrier qui est tombé dans un trou de travaux et des protections aux piques métalliques, tout cela avant d’appeler les secours ! Mais malgré sa bonne volonté, il y a encore trop d’accidents et la société le rétrograde sur un autre poste. A bout de nerfs, il décide de se venger de sa société avec les armes qui sont les siennes….



Voilà un polar jubilatoire, ou plutôt un roman noir car s’il y a des assassinats, il n’y a besoin ni d’enquête ni de police ! La quatrième de couverture cite « Le couperet » de Westlake comme thème similaire, je citerais également « Les visages écrasés » de Marin Ledun qui rivalise de noirceur sur le monde du travail et du harcèlement ! Un excellent polar et un auteur à suivre !



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Après nous le déluge

Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir…

Ce roman est totalement inclassable, en lisant les dernières lignes, je me féliciterais presque de ne pas classer ma bibliothèque par genre littéraire.

Yvan Robin, a commis une histoire apocalyptique, en revisitant la Genèse, dont il illustre chacun des 7 jours par une citation appropriée.

Pour cela il campe les portraits d’un père et d’un fils.

Lazare, le père est un homme qui a été ouvrier imprimeur, avant sa chute, veuf, au chômage, il vit dans une masure sous un pont. Il est aussi poète, lorsqu’il était en activité, il lui arrivait de glisser, dans les livres imprimés, un de ses poèmes, sans que jamais ce forfait n’ait été dénoncé.

Il n’a plus de forces pour se battre, il n’est pas le seul, du haut du pont qui l’abrite, les suicides sont récurrents. La société la mis au ban, mais lui qui n’a plus l’ardeur d’additionner, il a encore celle de se soustraire, c’est son ultime combat.

« Tu veux sentir encore la présence de ceux de ta race. A force de côtoyer la mort, tu finis par ne plus la trouver si désirable. »

Son fils, Feu de bois, est un gamin, mis au ban de son école, par son mode de vie, sa pauvreté, mais il s’en accommode. Il aime son père et fait le maximum pour ne pas lui compliquer la vie.

Alors, quand un matin le soleil de se lève pas et que tous les enfants sont renvoyés chez eux, il va se retrouver avec Dalila, petite fille riche, qui attend son chauffeur pour rentrer chez elle. Elle accepte de reconduire Feu de bois près de chez lui.

Mais les eaux ont tout envahi, les hommes ont l’esprit échauffé et pas spécialement solidaire.

En un mot c’est le chaos, père et fils n’ont qu’une seule idée, se retrouver.

Aller l’un vers l’autre c’est leur unique moteur.

« Un chien galeux aux grandes esgourdes ciselées comme des feuilles de chêne. L’usage de mon sifflet s’impose. Je me ravise pourtant quand les vertèbres du chien se déroulent contre ma cuisse. Je tends ma main frêle, touche son crâne osseux et pelé. Il semble en éprouver du réconfort. »

Mais tout est dévasté et ils vont faire face à de multiples situations, où la peur, la faim, la soif et l’épuisement, leur colleront à la peau comme un vêtement gluant.

C’est une épopée très ambitieuse que nous offre Yvan Robin. Sa construction est parfaite, ce sont les voix du père et du fils qui font avancer le lecteur. Le fils emploie le Je, c’est le regard d’un gamin qui découvre, et devient un homme dans cet apocalypse, il est ingénieux et protecteur.

Le père dit Tu, il met de la distance dans ce monde qui se rappelle à lui avec toute sa violence, dans cet engloutissement où les hommes ne montrent pas plus de solidarité, mais où les plus petits ne sont pas les plus dépourvus face à ce néant. De la distance mais également une réappropriation de la vie.

C’est particulièrement intelligent comme astuce, le lecteur n’est jamais perdu, dans les tableaux qui lui sont présentés.

L’écriture est comme ces eaux qui ont tout envahi, puissante, mais aussi déliée par la poésie omniprésente.

Roman d’anticipation, roman noir mais aussi une critique sociale.

C’est osé, le mélange de ces différents genres aurait pu être « casse-gueule » il n’en est rien, le souffle littéraire est là, les fondements sont plus solides que le pont sous lequel ont vécu Lazare et Feu de bois.

Une histoire, couleur charbon et également flamboyante.

Lazare dit « la révolte éclot par itération. »

©Chantal Lafon


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La disgrace des noyés

Ca commence doucement, sur un format oscillant entre poème noire d’enfance qui déstabilise le lecteur, passé 30 pages le rythme est installé durablement et on tourne de plus en plus vite les pages, on est dedans, puis les 20 dernières pages vous mettent le tournis, et vous finissez affaibli, le cœur au bord des lèvres



J’ai essayé de faire du collé entre enfance et récits sur quelques pages, cela marche un certain temps, puis non, moi qui avait pensé découvrir un passage secret à l’intérieur du livre …



En fait il y en a un, le trouverez vous ?



Conclusion :



ce livre m’a fait parfois penser à king county sherrif dont on avait parlé ici bas, de Mitch Culin mais que sur la forme, et encore. . . Yvan robin nous hypnotise avec son écriture, nous salit, nous renvoie chez nos méres.



J’en veux encore ET ENCORE ET ENCORE



UNWALKERS (Blog Rock'n'roll)


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Bonhomme

L’adolescent se débarrasse de sa carapace

Ce que j’aime chez un écrivain, reconnaître sa patte dès les premières lignes et être surprise. Je n’ai plus l’âge du public visé par ce roman, mais le plaisir a été dense et les émotions fortes.

C’est l’histoire de Milo, 14 ans, qui comme tous les étés passe ses vacances chez sa grand-mère. Cette année est particulière car Milo n’est plus un enfant, pas encore un homme, cet entre-deux à la fois inconfortable et exaltant va se vivre sur un mystère, celui du grand-père disparu, envolé, un été sans ce héros aux yeux de ce petit fils.

« — Ton grand-père est parti se balader avec chien et fusil…

Elle poussa un soupir fataliste.

— Et Chougare est revenu sans lui. Il a dû tomber dans une crevasse, se jeter dans les gorges, ou se…On saura sans doute jamais. La vieille dame montrait rarement ses émotions, elle les gardait enfouies en elle comme un trésor.

— Mais…

— Les flics et les pompiers ont ratissé la zone de long en large, et…Rien. À croire qu’il voulait pas qu’on le retrouve. »

C’est la trame, mais Yvan Robin joue avec ses lecteurs, avec les émois de cet âge, l’atmosphère estivale entre copains et petite copine, les relations affectives avec cette grand-mère adorée avec laquelle il partage des moments privilégiés et cette interrogation qu’il sait ne pas devoir verbaliser sans faire mal.

Cet ado qui admirait ce grand-père et qui emprunte sa mobylette comme pour suivre ses traces.

Les jours s’écoulent dans une chaleur de plomb, les jeux et les enjeux se nouent et se dénouent au fil du temps.

L’écriture épouse parfaitement le sujet, et nous rappelle notre adolescence, même si les moyens de communication ont changé, nous plongeons dans un tourbillon d’émotions.

Une écriture qui nous invite à tourner les pages, une construction judicieuse, un ton juste sans excès d’écriture orale, un roman qui est un oxymore : un soleil noir.

Et Yvan Robin nous mène par le bout du nez jusqu’au final avec malice et brio.

Un auteur qui sait nous surprendre.

Ce livre est parfait pour faire aimer la lecture.

A offrir sans modération.

©Chantal Lafon


Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Après nous le déluge

Yvan Robin, s'il signe son premier roman chez In8 n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il a déjà publié chez d'autres éditeurs. Ce livre est d'une noirceur et d'une force incroyables. C'est l'Apocalypse, le Déluge au sens biblique du terme, celui qui détruit le mal. Les hommes ont mené le monde à sa perte en épuisant les ressources naturelles et croissant immodérément, en se renfermant sur eux-mêmes, sur leurs écrans, en ne s'occupant ni de leurs prochains ni des dégâts irréversibles sur leur lieu de vie. Chacun des sept chapitres commence par une citation du livre de la Genèse -enfin, c'est ce qu'il me semble, j'avoue mes lacunes en ce domaine- concernant chacun des sept jours ou Dieu est censé avoir créé le monde. Le Déluge, Lazare, on croise aussi une Dalila, le Mont d'Airain comme terre promise, pas mal de références aux textes sacrés, et sans doute d'autres que je n'ai pas vues. Il y a aussi du Ulysse qui doit affronter tant d'épreuves pour revoir Ithaque.



Tout cela écrit dans une langue incroyable, grandiloquente parfois qui pourrait jurer avec l'urgence dans laquelle Lazare et Feu-de-Bois et les personnes qu'ils rencontrent sont. Il y est question de survie, et l'auteur s'amuse avec les mots, intercale des extraits d'un texte intitulé Principe de désacralisation de la vacuité, comme si ce paradoxe finalement nous rapprochait de l'histoire et de ses héros. Difficile à expliquer, mais je me suis senti sans doute plus proche d'eux que si Yvan Robin avait usé d'un langage familier. N'oublions pas les traits poétiques, de ceux que Lazare écrit dès qu'il trouve un crayon et un support. Le père et le fils se répondent dans les paragraphes, l'un auquel l'auteur s'adresse avec un "tu" et l'autre qui s'exprime à la première personne.



Puis il y a le rythme, soutenu car la survie est à ce prix, il faut être le plus fort et rester humain et lent, au fil des eaux boueuses -et pire sachant que des cadavres d'hommes et d'animaux y résident. Le tout donne un roman noir haletant duquel il est bien difficile de sortir avant le septième jour et autrement qu'en sueur et fortement chamboulé.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Bonhomme

C'est l'été. Et comme chaque année, Milo vient chez ses grands-parents. Il a ses habitudes. L'ado passe ses journées à la piscine municipale avec ses copains et surtout Justine.

Sauf que l'ambiance est étrange, cette fois, car voilà un an que son grand-père a disparu sans laisser d'adresse. Parti. Volatilisé. Et si Milo peut désormais emprunter sa moto pour rompre le tête-à-tête avec sa grand-mère, cette absence pèse dans la chaleur de juillet. Alors que les forêts alentours, et les modèles masculins du passé, s’apprêtent à partir en fumée...
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La fauve

Si tu cours dans une meute, même si tu ne peux pas aboyer, remue la queue

Montcalme un trou de campagne, dit zone blanche, car tout le monde a un portable mais ne peut s’en servir que lorsqu’il sort de ce trou.

Une bande d’hommes, des purs et durs, de ceux qui exercent leur force sur plus les faibles, femmes, enfants et migrants sans papiers.

Leur culture, en dehors des terres de moins en moins cultivables, faute de repreneurs, est faite d’un ramassis de préjugés. Ceux-ci forment le matelas de leur bonne conscience, car il faut bien trouver une bonne raison à la création de ce Comité de vigilance citoyenne.

« La peur, entretenue grâce à une perfusion télévisuelle constante, orientait chacune de ses décisions. La peur de l’autre. La peur de manquer. La peur de l’abandon. De la maladie. De la mort. Du mauvais sort. Du mauvais coup. »

Comme dans tout village il y a un idiot mais au fur et à mesure de l’histoire, le lecteur s’interroge.

En tête de ce comité Lionel, employé de mairie, qui a de hautes ambitions, ce n’est pas un homme, juste de la haine sur pattes. Il est épaulé par le médecin, l’instituteur et le seul agriculteur survivant. Des épis de blé ont disparu et c’est la guerre, ils courent tous après l’étranger : Souleymane caché dans les bois. Bois qui a sa propre légende celle de La Fauve, bête qui rôderait depuis des siècles.

Mais en quelques heures c’est la descente aux enfers.

Yvan Robin mène ses lecteurs par le bout du nez en un récit rapide comme un précipice, précis dans un vocabulaire travaillé, en images et dialogues justes, il n’en rajoute pas , la curée est déjà assez sanglante.

La révolte des femmes était en sommeil, mais je ne pense pas qu’ici elle soit « l’avenir de l’homme ».

« Les femmes, d’ailleurs, en nombre, contribuaient à la perpétration de l’injonction. Il n’y avait pas d’alternative, Blanche se devait d’éprouver du désir, ou de feindre. C’était la moindre des politesses. »

Les éditions Lajouanie nous disent « Roman policier mais presque… » c’est dans ce presque qu’est caché le sel de l’histoire qui vous précipite dans les abymes, et vous interroge néanmoins sur un monde qui se dessine et dont vous ne voulez surement pas.

Si je devais définir ce roman en une seule phrase je dirais que Yvan Robin a réussi un brillant strike à vous donner le tournis.

Merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions Lajouanie pour ce privilège de lecture.

©Chantal Lafon




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Après nous le déluge

Voilà un roman un peu à part, qui mélange les genres, à la fois récit post-apocalyptique, quête initiatique, parabole sur les désastres écologiques que subit notre planète… C’est surtout par son écriture poétique et sa composition que ce texte se distingue d’autres récits du genre. Une nuit, le soleil disparaît sans jamais revenir, et progressivement les eaux se mettent à monter, et elles engloutissent tout sur leur passage. Seuls survivent celles et ceux qui ont fui en altitude et qui ne cessent de grimper pour échapper aux ravages de marées obscures. Un père et son fils, chacun de leur côté, vont errer sur ces eaux troubles et les quelques endroits préservés, croisant d’autres survivants. Une sorte d’odyssée sombre et chaotique pour un improbable Ulysse. Ca vaut le détour.
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Travailler tue !

EN GUISE DE MISE EN GARDE

Ouvrez le placard sous votre évier. Déposez sur la table de la cuisine votre lot de produits détergents. Observez minutieusement les pictogrammes derrière chacun. Ne gardez que le plus corrosif. Ouvrez la première page de ce roman et appréciez en substance la différence entre la soude et les effets de Travailler tue ! sur les voies biliaires du lecteur que vous êtes. Dégustez.

CA, C'ETAIT AVANT...

Hubert Garden est un homme respectable, cadre subalterne dans une société de travaux publics respectable, chargé de veiller au bon suivi des procédures de sécurité avec l'engouement et le respect des fonctions qui incombent à un homme de son rang. D'aucun aurait dit qu'il était taillé pour ce job. D'autres qu'il y avait quelque chose de louche dans la manière qu'il avait de mordre ses lèvres comme dans une peau de boudin. La vérité, c'est qu'Hubert avait accepté son poste à contrecœur, que sa hiérarchie l'avait mis là pour le disqualifier et qu'un malheureux concours de circonstances allait précipiter ce brave type expert en accidentologie dans la plus diabolique et la plus vengeresse des vendettas...

...AVANT LA TRAGEDIE

Travailler tue ! Voilà le sceau de la fatalité ! Implacable, inique et bien au-delà de l'endurance humaine. Hubert est un homme manipulé et impuissant. Fatigué d'être le larbin d'une boîte ingrate. Fatigué de voir se succéder les accidents sans y pouvoir grand chose. Fatigué de devoir décrocher des crédits. Epuisé de faire un enfant à sa femme qui, faute de le voir rentrer tous les soirs à la maison, suspecte une relation torride avec la contrôleuse de gestion de son entreprise. Faire les courses. Passer à la caisse. Trouver une putain de place de stationnement. Etc, etc. Dans une guerre sans fin contre les contingences. Abattu mais pas en reste. Hubert a rendez-vous avec son destin. Et son destin, s'il est de sombrer un jour dans les tréfonds de l'âme humaine, sera de vaincre le mal qui le ronge en s'attaquant à la racine, quitte à sacrifier quelques innocents sur l'autel de la rédemption : comme investi d'une mission dictée d'en haut !

Moralité de l'histoire. Pas de moralité mais le plaisir coupable d'avoir aimer tuer le travail dans un roman si ce n'est complètement cathartique, absolument jubilatoire ! Noir, mordant et sans bavures ! C'est arrivé près de chez vous mais du côté de Neuville. Un chef d'œuvre de roman pas policier mais presque...
Lien : http://librairielescordelier..
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La disgrace des noyés

De Sébastien Gendron, Blog Petit Laboratoire des Potentialité Globales:



Potentiel du poème noir

La disgrâce des noyés

de Yvan Robin



Il n’y aucune raison pour que, comme sa frangine la blanche, la littérature noire n’aille pas flirter avec la prose poétique. C’est à cette expérience que nous convie Yvan Robin pour cette Ballade des pendus.

Naissance, vie et mort d’un homme qui, son existence durant, aura fait le choix de l’ombre. Histoires d’amour, de vengeance, de sang, le héros, petite frappe, demi sel puis exécuteur se lance dans une odyssée de gangster où l’on peut vieillir si l’on se cache et que l’on attend. Patiemment.

La disgrâce des noyés est avant toute chose un pari stylistique difficile à tenir et Yvan Robin s’en sort avec les honneurs. Le texte est découpé selon une mise en page stricte : une page par chapitre. A l’ancienne, c’est une sorte de geste derrière la prose de laquelle il faut chercher. Poème tragique, rien n’y est évidemment dit.

Mais l’on comprend. On suit. La plume est irréprochable, connaît ses classiques et Yvan Robin, compositeur à ses heures perdues, nous offre une espèce de concept album comme il s’en écrivait à la grande époque du rock progressif. On entend derrière de petites musiques comme si la vie de ce personnage était découpée en autant de pistes.

A travers ce récit, Robin nous fait toucher du doigt les possibilités infinies de la littérature noire et Baleine nous fait découvrir, une fois de plus, un auteur riche. On se demande, néanmoins, de quoi pourra être fait un second roman de cette main.

La disgrâce des noyés

Roman français de Yvan Robin

Baleine – 140 pages – 2011

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La disgrace des noyés

Récit au noir éclaté, fragmentaire, où chaque page - petit portrait, petite mort - s'effeuille en un éphéméride de douleur et d'amour. Cadavre exquis que cet homme en sursis dont la vie s'égrène à l'endroit à l'envers, du foyer des damnés au seuil d'une mort tant désirée. «La disgrâce des noyés» se présente ainsi sous l'aspect d'un assemblage de miniatures poétiques où l'instant de vie est tout autant un instant de mort. De son enfance à sa rencontre avec la mort «Elle !», d'amitié en amour, de meurtre en vengeance, de prison en exil, le personnage d'Yvan Robin est l'expérience écrite du sensible.



http://www.lechoixdeslibraires.com/livre-109891-la-disgrace-des-noyes.htm



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L'appétit de la destruction

Chronique d’une flingueuse : Les mots de Flo pour Collectif Polar

Il m’a fallu un peu de temps pour accrocher à cette lecture. J’avais l’impression de lire quelque chose de facile, ce que nous imaginons tous des groupes délurés, immatures, ne parvenant pas à gérer leur succès. Certes il y a de cela mais mieux encore. Ma persévérance a été récompensée dans ce roman très noir.

Côté narration, un dialogue incluant un proche du groupe nous permet d’en découvrir l’histoire, de la naissance au lycée jusqu’au présent. Nous saurons tout : la rencontre des membres, les premiers morceaux, l’arrivée du succès, la vie sentimentale des membres du groupe, les processus créatifs, la scène, le quotidien des tournées, les cures de désintoxication, la séparation puis la reformation du groupe.

A coups de chapitres très courts, Robin nous propulse dans la tête du leader charismatique, qui carbure à l’alcool, aux psychotropes, et nous fait vivre de l’intérieur la chute de cet homme, chanteur, musicien mais aussi comédien chargé de jouer son rôle de rock star sur scène lors de chaque concert. Chute, déchéance aussi car c’est bien de cela dont il s’agit, nous en prendrons conscience très rapidement.

Qu’est-ce qui fait que ce roman a fini par me plaire autant ? Deux raisons à cela : la construction du roman est particulièrement réussie. Moi qui ne le fais jamais, arrivée au terme de ma lecture, je suis retournée au début du livre, pour retracer le chemin des différents narrateurs du récit. Et cette relecture a été magique ! Yvan Robin parvient à faire coexister le réalisme de certaines scènes où drogues, alcool, sexe, dégradations des lieux, errance dans les rues avec des tournures poétiques, des extraits de chansons qui forment au final un tout parfaitement homogène et hypnotique. L’écriture d’Yvan Robin est tout simplement magnifique, une poésie crue.

Les tous derniers chapitres sont particulièrement puissants et émouvants. Je ne suis pas prête d’oublier cette lecture !

Pour en savoir plus sur ce polar et son auteur, vous pouvez, si vous le désirez, cliquer sur le lien ci-dessous ⏬⏬⏬
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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La fauve

Ceci est l'histoire extraordinaire d'un village ordinaire. Montcalme. Un patelin trop tranquille, trop loin de tout, trop plein de gens trop cons, pour tout dire. La seule chose qui puisse vaguement éveiller l'intérêt, dans ce trou paumé, c'est le bois de la Fauve. On dit qu'un gros félin échappé d'un cirque s'y est réfugié il y a des lustres, et que l'endroit est dangereux.

Mais sinon, rien. Plein de petits riens, en fait. Des petits mecs qui jouent à se faire peur: peur de tout, de rien, de l'autre, peur des types comme cet ouvrier agricole qui fauche le maïs des bestiaux pendant la nuit.

Et qu'il faut choper.

C'est la mission du Comité de vigilance citoyenne, un aréopage de gloires locales. Le docteur est un vicelard qui planque du pognon, l'instituteur est un pleutre qui essaie de se mettre au diapason local, le patron du bistrot a sombré depuis qu'il est veuf, l'agriculteur du coin s'est fait plaquer et déprime en ronchonnant, le bras droit du maire est un type jaloux et violent qui séquestre sa femme. Blanche.



Blanche qui , dans un instant de lucidité, comprend qu'elle a une vie pourrie passée à attendre le retour de son élu de mari , recluse dans sa maison entre deux lessives, entre deux repas du gosse, entre deux âges. Alors qu'elle était belle, pas sotte, et qu'elle aurait pu vivre autrement. Vivre, en fait. Blanche qui décide de se suicider sous les yeux de Lionel. Et qui ne supporte plus ses sarcasmes. Et qui commet l'irréparable...



Un roman, en somme, qui porte au grand jour toutes les petites dégueulasseries courantes. Un récit à plusieurs voix, qui met en avant les sentiments des uns et des autres, des sentiments qui s'exacerbent au fur et à mesure que le temps s'écoule. Un roman qui, pour ma part, ne m'a pas franchement convaincue. J'ai trouvé les personnages assez caricaturaux, les scènes de violence un peu "cheap" dans la façon qu'a l'auteur de souligner les détails macabres, et au total l'histoire finit en queue de poisson.

Mais ça peut plaire à d'autres ....



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