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Critiques de Zoulfa Katouh (154)
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Tant que fleuriront les citronniers

Salama Kassab, 18 ans, a quasiment tout perdu à cause de la révolution syrienne. Il ne lui reste plus que Layla, sa belle-sœur enceinte de sept mois, et son travail de bénévole à l’hôpital d’Homs, aux côtés du Dr Ziad. Après seulement une année d’études en pharmacie, Salama soigne les blessés qui arrivent par dizaines après chaque bombardement de la ville, sans matériel adéquat, avec peu de médicaments et en opérant souvent sans anesthésie. Parmi eux, la petite sœur de Kenan, un garçon de son âge avec qui elle se lie d’amitié et qu’elle va devoir ajouter sur la balance du terrible dilemme qui la tiraille depuis plusieurs semaines : rester en Syrie pour tenter de sauver le plus de vies possible ou tenir la promesse qu’elle a faite à son frère en fuyant à l’étranger pour mettre sa belle-sœur à l’abri ?



Derrière cette splendide couverture et ce merveilleux titre qui semble vouloir entretenir l’espoir, Zoulfa Katouh dénonce les atrocités de cette guerre qui oppose l’armée libre syrienne aux forces armées de Bachar el-Assad. Des bombardements quotidiens aux arrestations aléatoires, en passant par les tortures, les emprisonnements, les viols et les assassinats, la jeune autrice canadienne aux origines syriennes se place à hauteur d’homme pour nous plonger au cœur de ce conflit qui multiplie les victimes innocentes.



Au cœur de cette horreur qui fait douloureusement écho aux événements qui se déroulent pour l’instant dans la bande de Gaza, Zoulfa Katouh décide néanmoins d’apporter une note d’espoir et une dimension foncièrement humaine. Au milieu de la destruction et de la douleur, elle choisit en effet de faire germer une belle histoire d’amour, où deux jeunes héros qui luttent avec les moyens du bord cherchent à se rapprocher l’un de l’autre tout en essayant de respecter les traditions musulmanes.



Outre cette goûte d’espoir qui nous abreuve dès le titre du récit, il faut également saluer l’excellente idée de l’autrice d’avoir choisi de personnifier le subconscient de Salama. Ce personnage nommé Khawf (« la peur », en arabe) permet en effet de donner vie aux états d’âmes, aux émotions et aux peurs de Salama, permettant aux lecteurs d’encore mieux comprendre ses déchirements et les effets non visibles de cet enfer.



Un premier roman coup de cœur !
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Tant que fleuriront les citronniers

Salama n'avait que 17 ans lorsque la révolution, le "printemps arabe", a éclaté en Syrie en 2011, entraînant dans son sillage répression et terreur orchestrées par le tyran Bachar-el-Assad. Elle vit à Homs avec ses parents, son frère Hamza est marié avec sa meilleure amie Layla, et elle entame ses études de pharmacie quand le ciel leur tombe sur la tête...

Un an plus tard, sa mère a été tuée lors d'une explosion, Hamza et son père sont emprisonnés dans des geôles dont on ne ressort que dans un cercueil ou détruit à jamais, et Salama a été recueillie par Layla, enceinte de sept mois. Avec sa toute petite année de pharmacologie, elle se retrouve auxiliaire de chirurgie, assistant et même suppléant le Dr Ziad lors d'opérations de la dernière chance, le plus souvent sans anesthésie puisqu'on manque de tout à Homs. Et qui se soldent hélas fréquemment par le décès des blessés qui affluent tous les jours à l'hôpital, parce qu'on ne peut pas sauver tout le monde, il faut faire des choix déchirants.

Un jour, Salama parvient à tirer d'affaire la petite Lama, neuf ans, dont le frère Kenan filme les manifestations afin de faire connaître au monde la situation de son pays par le biais des réseaux sociaux (comme quoi ils peuvent être utiles, parfois). Les deux jeunes gens vont sympathiser, alors que Salama vit un affreux dilemme : rester en Syrie pour tenter de sauver le plus possible de blessés à l'hôpital, ou tenter de fuir avec sa belle-soeur Layla et l'enfant qu'elle porte, afin de tenir la promesse faite à Hamza de veiller sur sa femme ? Sa conscience, personnifiée par un être moralisateur et sans état d'âme qu'elle nomme Khawf ("la peur", en arabe) la somme de s'adresser à un passeur qui racole régulièrement à l'hôpital pour trouver des candidats à l'exil, un certain Am. Mais le prix à payer est élevé, et cela signifierait abandonner son pays auquel elle est très attachée, comme la plupart des habitants qui luttent contre le régime en place, abandonner son frère et son père dont elle ignore le sort, abandonner la tombe de sa mère, laisser le docteur Ziad et Nour, la femme de ménage propulsée infirmière s'occuper seuls de tous les blessés...et aussi abandonner Kenan qui n'est pas du tout prêt à s'exiler. Que choisira-t-elle entre une mort quasi certaine puisque les bombardements se rapprochent de jour en jour, ou une mort problable sur un des rafiots délabrés qui tentent la traversée vers Syracuse et n'y parviennent pas toujours ?



Je me suis sentie oppressée pendant presque toute ma lecture, au point de sursauter quand j'entendais au loin un avion militaire (il y a une base pas très loin). Je vivais la peur et la tension endurées par Salama, ses déchirements lorqu'elle devait choisir entre deux enfants ensanglantés lequel soigner en premier parce qu'il avait plus de chances de s'en sortir. J'ai eu envie de frapper Khawf quand il la harcelait pour qu'elle aille quémander auprès du passeur. Et je respirais enfin un peu lorsqu'à la tombée du jour elle rentrait sans encombres chez elle retrouver Layla ou admirer les couleurs du couchant avec Kenan.

Les plantes et les couleurs tiennent une place importante dans le récit : quand elle est en proie à l'angoisse, Salama se récite comme une litanie apaisante le nom des plantes qui soignent, avec leur propriétés. Quand aux couleurs, masquées le jour par la poussière s'élevant des ruines, elle réapparaissent par la magie d'un tableau peint par Layla, ainsi que grâce aux mots apaisants de Kenan qui les évoque lors de leurs rares moments de quiétude.C'est une forme de poésie bienvenue dans ce monde où tout n'est que violence et destruction, une goutte d'espoir au milieu des cris et des sanglots.

La superbe couverture est elle aussi évocatrice d'espoir, et de souvenirs du temps où les citronniers fleurissaient et fructifiaient partout dans le pays. Les citrons reviennent d'ailleurs régulièrement dans le récit, sorte de fil jaune symbolisant l'histoire de la Syrie, et d'Homs tout particulièrement.



Même si l'auteure ne vit pas en Syrie (elle est née au Canada et vit en Suisse), on ressent bien que ses origines lui tiennent à coeur, et que le but de son roman est de faire savoir au monde ce qui se passe réellement dans ce pays qu'on n'évoque plus que rarement aux infos, alors que la guerre civile se poursuit, et que le même tyran est toujours au pouvoir. Si ce livre peut contribuer ne serait-ce qu'un peu à dénoncer les exactions commises là-bas, alors le but sera atteint.



Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Nathan pour cette Masse Critique privilégiée. ce fut loin d'être une lecture plaisir, mais je crois que c'est une lecture nécessaire.

Ajout du 09/12/2023 :

Ce roman a été sélectionné par le comité de lecture ado dont je fais partie, puisque nous avons décidé depuis l'an dernier d'étendre nos sélections à certains ouvrages destinés aux jeunes adultes, ce qui est le cas ici.

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Tant que fleuriront les citronniers

Entre la couverture magnifique, dans les tons bleu et or, où j'ai laissé glisser ma main, et l'épilogue ( heureux), où j'ai laissé couler l'eau de mes yeux, il y a presque 400 pages, de privations, de désespoir, de douleurs, de pleurs, et de morts.

Salama, 18 ans, vit à Homs en Syrie, dans les années 2010/2012. Cette ville est au coeur de la guerre issue du printemps arabe ; elle oppose l'armée libre syrienne aux forces armées de Bachar el-Assad. Salama a perdu sa mère dans l'explosion de sa maison, son père et son frère sont emprisonnés et certainement torturés dans les pires geôles syriennes. Elle vit en compagnie de Layla, sa belle-soeur et amie, enceinte d'une petite fille qui répondra elle aussi au doux prénom de Salama.

le quotidien de Salama se confond avec les attaques meurtrières dont Homs est la cible puisqu'elle travaille, après seulement une année d'études de pharmacie, dans l'hôpital de la ville. Chaque jour des dizaines de blessés viennent chercher secours et soins dans cet hôpital qui manque de personnel qualifié, de matériel adapté et de médicaments.



C'est une lecture oppressante et lorsque Salama se repose un instant sur les marches de l'hôpital, j'en profite pour faire une pause et fermer mon livre. Mais comme elle, je ne prends pas le temps de m'appesantir et nous retrouvons bientôt les files d'attente aux portes des boulangeries, les maisons en ruines et poussière, les cris des amputés et les morts enterrés hâtivement…

Zoulfa Katouh a bien compris que son histoire ne pourrait durer de bout en bout dans cet hôpital, où se télescopent désolation et générosité, désespoir et conviction. Elle va décaler son roman vers la personne de Salama, éveiller notre curiosité en faisant de Kwarf, le subconscient incarné de la jeune femme, Ziad le directeur altruiste de l'hôpital, Layla la belle-soeur exaltée et Keran, le jeune homme qui filme les manifestations, des personnages essentiels qui vont la guider, la conseiller, l'aimer et lui ouvrir les yeux sur l'indécision qui la tourmente.

Pour aller au bout de cette lecture déchirante il faut s'arrêter un instant sur l'espérance des manifestants qui prennent tous les risques pour sauver leur liberté, se concentrer sur l'orange-violet du coucher de soleil et sur les rêves de Salama qui « se réveillent et poussent comme du lierre à travers les fissures ».

Merci aux pourvoyeurs de belles lectures Babelio et les éditions Nathan.

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Tant que fleuriront les citronniers

J ai été tout d abord attirée par la couverture très bien bien travaillée : une porte bleue ( mouchalabieh) avec la ville jaune en filigrane au fond sur un gigantesque arbre ( citronnier ?). C est une lecture pour des jeunes adultes voulant se documenter sur la guerre syrienne ( et son quotidien pour les civils restés au pays).

Une jeune fille étudiante en pharmacie devenue rapidement médecin en chirurgie vasculaire ( oui, j avoue que j ai tiqué) mais en situation de guerre, tout change.

Une héroïne ayant tout perdu, se battant avec courage , rencontrera l amour.

L autrice y a mis d elle-même. C est certain.

Mais je ' ai pas adhéré à 100%. Certains fils d intrigue m ont paru léger. Suis-je un lectorat trop exigeant ? Pas assez optimiste ? Peut être. Mais je vais le proposer à mes deux filles

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Tant que fleuriront les citronniers

La révolution syrienne a commencé en 2011. Zoulfa Katouh nous en raconte la première année : vies brisées, familles détruites, terreur au quotidien (arrestations, bombes, massacres, torture). Et la lourde décision de l'exil : rester pour aider et défendre son pays ? Partir pour (tenter de) sauver sa peau ?

« Si on reste, on meurt. (...) Si on part, on RISQUE de mourir. » (p. 365)

.

Cet ouvrage aurait dû me bouleverser, je devrais m'incliner, me faire toute petite face à tant d'horreurs, ou au moins me taire par respect pour les victimes. Mais Babelio 'attend' mon avis.

Il faudrait souligner qu'il est indispensable, ce récit, comme le disent sur ce site d'autres lecteurs qui, eux, ont été touchés, et comme l'explique fort bien l'auteure en postface :

« Ce livre parle de ceux qui n'ont pas eu d'autre choix que de quitter leur foyer. (...)

Ce roman se concentre sur la dimension humaine du conflit, car nous ne sommes pas que des chiffres. Depuis des années, les Syriens sont torturés, assassinés, bannis de leur pays tombé aux mains d'un régime tyrannique. Nous nous devons de le faire savoir. »

.

J'approuve l'idée, évidemment.

Mais ce récit est un roman, et je me suis focalisée malgré moi sur tous ses côtés agaçants : la résistance incroyable de super-héros, leur amour pour la patrie (un concept que je ne comprends pas davantage lorsque je vois 'nos' monuments aux morts et les médailles de guerre de mes grand-pères), leur foi, cette histoire d'amour tellement mièvre.

« Depuis un an, la Syrie était devenue grise. Les bâtiments en ruine, les routes, les visages des habitants affamés. Même le ciel, parfois. Notre vie était littéralement monochrome, à l'exception de quelques taches rouge vif. » (p. 378)

Je trouve que l'auteure, pour éclairer ce gris de fin du monde et adoucir ce rouge sang, a tout badigeonné de rose sirupeux, aussi écoeurant qu'une pâtisserie orientale - le miel me donne la nausée.

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Merci à Babelio et à Nathan pour cette MCS.

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♪♫ taper sur YT : SIGNES à L'Oeil - Peuple migrant - La rue Kétanou ♪♫
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Tant que fleuriront les citronniers

Salama, jeune étudiante en pharmacie, vit avec sa belle-soeur Layla à Homs, ville syrienne dévastée par la guerre. Les deux jeunes filles sont seules : le père et le frère de Salama ont été arrêtés lors d'une manifestation contre le régime de Bachar el-Hassad La même semaine, la mère de Salama a été tuée dans un bombardement et la jeune fille porte encore en elle les séquelles de cette attaque. Sept mois plus tard, Salama et Layla survivent dans la maison de cette dernière. Salama travaille bénévolement à l'hôpital où elle porte secours et soigne les gens comme elle peut. Mais Layla est enceinte de 7 mois et la jeune femme veut quitter la Syrie. Salama hésite : elle est tiraillée entre son travail à l'hôpital et le devoir qu'elle ressent à rester en Syrie, et la promesse faite à son frère de prendre soin de Layla. Alors qu'elle prend enfin sa décision, Salama rencontre Kenan, un jeune homme qui filme les manifestations pour témoigner au monde entier des horreurs qui se passent en Syrie.



« Tant que fleuriront les citronniers » est un livre qui m'a tout d'abord séduite pas sa très belle couverture. Puis, la plume de cette jeune autrice canadienne aux racines syriennes, Zoulfa Katouh, m'a franchement convaincue. Ce premier roman dense nous plonge dans le chaos, au coeur de l'horreur des combats en Syrie. L'auteure a clairement eu l'intention d'apporter une dimension humaine à ce conflit dont on entend sporadiquement parler dans les médias. Car il vrai que pour moi, la Syrie, comme tant d'autres sujets d'actualité terribles, reste lointaine même si on pense attaques chimiques et crimes de guerre. Mais après cette lecture, on ne peut plus penser à la Syrie comme avant car l'auteure atteint son but : émouvoir le lecteur en décrivant l'horreur que vit Salama au quotidien en tentant de sauver des innocents qui meurent tous les jours. « Depuis des années, les Syriens sont torturés, assassinés, bannis de leur pays tombé aux mains d'un régime tyrannique. Nous nous devons de le faire savoir ». En prenant quelques libertés avec la chronologie des faits, Zoulfa Katouh revient sur un laps de temps plus court sur les principaux événements qui ont eu lieu au lendemain de la révolution en 2011. Mais à travers ces scènes de guerre, ce livre est également un magnifique hommage à la Syrie, à sa culture et aux gens qui y vivent. Des gens qui, comme Salama, sont déchirés de devoir dire adieu à leurs racines et qui culpabilisent en quittant leurs proches qui sont morts sur cette terre. Et qui sont terrifiés à l'idée d'affronter l'inconnu.

Enfin, au coeur de l'enfer, l'auteure nous fait le récit d'une magnifique histoire d'amour, vécue par Salama et Kenan, personnages inoubliables, pudiques et touchants. Romance, espoir, vie. Tout n'est pas perdu même lorsque l'on est au fond du désespoir.



Récit réaliste et terrible, bouleversant, romantique comme il faut, « Tant que fleuriront les citronniers » nous parle de sang, de guerre, de deuil, de traumatismes, de famille, d'amour. le message de l'auteur est passé : je ne penserai plus de la même façon à la Syrie.



Merci à Babelio pour cette masse critique privilégiée.
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Tant que fleuriront les citronniers

C’est peut-être un peu de son histoire que l’auteure a mis dans ce beau roman. Salama est jeune, pleine de vie et a déjà entrepris sa première année d’étude en pharmacologie lorsque la révolution éclate en Syrie. D’une famille unie et heureuse, il ne lui reste que Layla, la femme de son frère, enceinte de sept mois. A elles deux, elles survivent au jour le jour parmi les maisons vides ou détruites et leur amour l’une pour l’autre est un pilier sur lequel se raccrocher chaque soir. La journée, Salama est à l’hôpital avec le Dr Ziad et Nour, la femme de ménage. Ensemble, ils soignent, opèrent, réconfortent mais trop souvent ferment les yeux de ceux et celles qui succombent à leurs blessures. C’est à l’hôpital que Salama rencontre Kenan, venu apporter sa petite sœur blessée.

Partir et prolonger le combat à l’étranger, en abandonnant ces femmes, enfants, victimes de la cruauté de la dictature en place ? Ou rester et continuer à soutenir l’ASL (Armée Syrienne Libre) au risque de mourir ? Devenir une martyre de plus ? Chaque jour, Salama se pose la question.



Tant que fleuriront les citronniers est un roman dur mais dans lequel une magnifique histoire d’amour verra le jour. Et d’un romantisme ! Manquant de tout, Salama et Kenan se nourriront de couleurs. Les couleurs d’un coucher de soleil après une journée pluvieuse, les couleurs du tableau peint par Layla, les couleurs de leurs souvenirs et de leurs rêves.



A chaque fois que j’ai crains que l’histoire allait s’enliser est apparu un changement, un renouveau, un choc, qui a fait que la lecture a été complètement addictive. En fait, je l’ai dévoré ce livre, tant il véhicule de beauté parmi les souffrances, d’espérance face à la culpabilité, de poésie en réponse aux traumatismes.



Grace à Babelio et aux Editions Nathan, que je remercie vivement, j’ai fait la connaissance de Zoulfa Katouh, un nom à retenir.



Et la couverture est magnifique.
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Tant que fleuriront les citronniers

Je suis partagée entre deux sentiments après la lecture de ce roman qui se déroule en Syrie en 2012, quelques mois après le début du « Printemps arabe ». Salama vit à Homs, ville martyr où survivent ceux et celles qui continuent à lutter contre le régime de Bachar al Assad ; elle a tout perdu -famille, avenir- et elle passe ses journées à l’hôpital pour soigner les trop nombreux blessés qui arrivent chaque jour. C’est d’ailleurs en soignant une petite fille qu’elle fait la rencontre de Kenan.



Autant les passages qui évoquent l’enfer vécu par les habitants de Homs, sont poignants (notamment le bombardement de l’hôpital par les troupes de Bachar), autant la romance qui s’établit entre Kenan et Salama, est maladroite. Je comprends l’intention de l’autrice de vouloir ajouter une touche de bonheur dans toute cette noirceur mais les rougeurs et les balbutiements des deux amoureux sont incongrus dans cette atmosphère de mort et de désespoir. Ceci étant, il reste un roman saisissant pour parler d’une guerre presque oubliée et occultée par ce qui se passe en Ukraine.

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Tant que fleuriront les citronniers

La Syrie n’aura jamais été aussi proche, malgré les réseaux sociaux, les informations, beaucoup se sentent bien éloignés de ce conflit et ne se sentent pas concernés. Ce qui se passe là-bas ne les concerne pas. Ne nous concerne pas… Pourtant, en tant qu’être humain, nous devrions toujours être concernés par le malheur des autres et ne pas fermer les yeux…



Et même si, je me sens éloignée, moi-même, l’autrice Zoulfa Katouh a réussi à m’y emmener, à vivre les bombes, la peur. A sentir l’odeur métallique du sang, à entendre les cris de peurs, de douleurs.



J’ai été très émue de vivre ces moments, très descriptifs et palpables. L’atmosphère poisseuse, irrespirable m’a parfois fait suffoquer, comme les personnages qui survivent et s’accrochent à la vie, malgré tout. Le cerveau de l’être humain se met en mode automatique pour préserver le peu de santé mentale qu’il peut rester. Mais à quel prix…



Homs et son hôpital ont beau être à plus de 4 000km de nous, l’horreur est palpable et ce livre permet de se rendre compte de notre quotidien, paisible en comparaison.



Il n’est jamais facile de vivre dans un pays en guerre et le quitter est toujours un déchirement et jamais un choix délibéré. C’est un exil pour survivre et c’est ce que l’autrice explore.



Partir ne sera pas facile. Je sèmerai des morceaux de mon cœur brisé derrière moi sur les côtes syriennes, et les cris de mon peuple me hanteront jusqu’à là fin de mes jours



Entre le moment où la décision est prise et les premières pensées d’un possible exil, se passent généralement un temps infini, jusqu’au moment où partir est une question de vie ou de mort. Ce livre, montre avant tout comment on devient réfugié, comment on fait ce choix. On ne devient pas réfugié volontairement et je trouve très intéressant que ce genre de livre soit accessible à des jeunes lecteurs.



La romance, même si elle peut surprendre, dans un contexte de guerre, montre à quel point le moindre signe d’espoir permet de survivre. Et en toute sincérité, elle vient apporter un peu de répit au milieu du chaos. Des moment de calme avant l’effondrement.



Nous ne sommes pas ici dans une romance ordinaire, l’autrice elle-même parle de romance s’inspirant de celles du 19ème siècle où l’amour, les sentiments prennent le pas sur le corps. C’est émouvant, beau , sans jamais tomber dans la mièvrerie. Elle n’est qu’un prétexte pour explorer les dégâts d’une guerre intestine, bien loin de nos préoccupations.



Un livre émouvant, poignant, à découvrir, pour comprendre une réalité que l’on ne connaît pas et avoir une réflexion sur l’exil, la guerre et ses conséquences, mais aussi se rendre compte de ce qui se passe ailleurs, de la capacité de résilience de l’être humain, mais surtout passer un moment aux côtés de personnages forts, face à des choix qui n’en sont pas.
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Tant que fleuriront les citronniers

Salama Kassab a grandi à Homs, elle a dix-sept ans, elle voulait obtenir son diplôme avec mention et devenir pharmacienne à l'hôpital Zaytouna. Lors du printemps arabe, le peuple a lancé un appel à la liberté réprimé dans le sang par la dictature. Son père et son frère ont été arrêtés par l'armée lors d'une manifestation et sont emprisonnés à la prison de Saidnaya près de Damas et probablement torturés. La maison familiale a été bombardée et sa mère a succombé.



Néanmoins, le vieux Homs reste sous le contrôle de l'Armée syrienne libre, le mouvement d'opposition à Bachar el-Assad. Aussi Salama vit-elle chez son amie d’enfance et belle-sœur, Layla, la femme de son frère Hamza, enceinte de sept mois ; Salama a promis à son frère de veiller sur Layla et de la protéger. Salama travaille à l'hôpital ou elle aide le chirurgien, le docteur Zied, à tenter de sauver des vies des nombreux blessés de la guerre.



Un jour, un jeune homme, Kenan Aljendi, vient la chercher pour sauver sa petite sœur, Lama, d'un morceau de shrapnel dans le ventre… Kenan est le fiancé que sa famille lui avait choisi.



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Zoulfa Katouh est venue à Paris pour le lancement de son roman, Tant que fleuriront les citronniers, qui est un énorme phénomène d’édition, il est présent partout sur TikTok et Instagram. Zoulfa Katouh est canadienne d'origine syrienne et elle vit actuellement en Suisse.



Dans le roman, une jeune femme Salama perd toute sa famille à Oms. C'est un texte très dur et émouvant. Zoulfa Katouh a étudié en Suisse depuis 2017 et elle a pris des cours d'allemand dans une école de langue avec des jeunes du monde entier, elle s'est aperçue que les Européens connaissaient peu ce qui se passait en Syrie. C'est pourquoi elle a voulu raconter l’histoire de son pays d’origine dans ce roman pour les adolescents déjà traduit en 22 langues.



“C'est la magie des livres de pouvoir toucher le cœur des gens.” dit-elle.



Devenir réfugié n'est jamais un choix, c'est quitter tout ce que l'on est, sa maison, son histoire, sa culture. Ne pas partir, c'est mourir et partir, c'est peut-être rester vivant. Ce roman veut aussi donner chair à des personnages au-delà des actualités souvent déshumanisées.



Il y a aussi une romance dans la tradition musulmane. Zoulfa Katouh parle même de « romance hallal ». Elle a voulu montrer les traditions dans le monde musulman pour que les adolescents musulmans soient fiers de leur culture et de leur héritage. Mais aussi que le monde puisse connaître autre chose que le modèle véhiculé habituellement dans les médias, les opinions publiques et les réseaux sociaux.



Chaque personnage est une image symbolique de la révolution. Le titre de sa première version était Quand vous lirez cela, je serai morte, et tout le monde lui a dit que c'était trop pessimiste ; aussi elle a mis de l'espoir en introduisant le personnage de Kennan et une romance.



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Il s’agit d’un best-seller qui est maintenant traduit en France. Zoulfa Katouh décrit la guerre en Syrie et afin de mieux en montrer toute la violence et l’horreur, elle place son héroïne dans un hôpital dans le service de chirurgie dans lequel cette jeune femme voit arriver tous les blessés, tous les mutilés, tous les mourants et tous les morts de l’effroyable répression de Bachar el Assad en Syrie. Zoulfa Katouh peut ainsi montrer les atrocités, notamment sur les enfants.



Elle ajoute la description du stress post-traumatique de certains personnages et les mécanismes de défense que les survivants mettent en place pour se protéger face à l’horreur de leur quotidien, dont les hallucinations.



La guerre est montrée du seul point de vue des victimes de manière manichéenne sans que l’histoire de la Syrie soit expliquée, notamment sur la diversité des mouvements de résistance à Bachar el Assad et la montée du terrorisme islamiste avec les Frères musulmans. Enfin, Zoulfa Katouh montre une jeune héroïne musulmane pratiquante et observante, notamment sur le hijab et ce, même dans les circonstances les plus exceptionnelles - après la tentative de viol ou après le naufrage du bateau de migrants vers l’Italie en pleine mer Méditerrannée.



Zoulfa Katouh apporte enfin un témoignage bouleversant sur l’émigration forcée et les réalités du statut de réfugié, un témoignage nécessaire en cette période de repli sur soi et de débats politiques visant à restreindre le droit d’asile pourtant soumis à la Convention de Genève et donc au droit international.

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Tant que fleuriront les citronniers

Zoulfa KATOUH. Tant que fleuriront les citronniers.



Avant de vous faire le compte rendu de ma lecture, je tiens à remercier, très sincèrement, Delphine de Babelio et les éditions Nathan pour l’envoi de ce récit passionnant, original, actuel.



Voici un livre comme je les aime. De la même veine que les romans de terroir. Mais ici le dépaysement est assuré et le lieu de l’action se situe hors des frontières de notre hexagone. L’action de ce récit se déroule, en Syrie, dans les années 2011-2012, en pleine guerre. Je sais, il y a quelques semaines, j’étais au Rwanda.



Nous sommes dans la ville de Homs. C’est avec les manifestations «  du printemps arabe », en 2011 que les hostilités débutent dans ce pays. La population se soulève contre le régime du président Bachar al-Assad. Salama Kassab est une jeune femme de dix-huit ans, étudiante en pharmacie. Son père, Baba, et son frère Hamza, vingt-deux ans ont été arrêtés, accusés d’appartenir à l’ASL ( Armée Syrienne Libre). Lors d’une offensive, une bombe tue sa mère, Mama. Salama est grièvement blessée. Suite à ses blessures, elle est sujette à des hallucinations, effet de son subconscient. Elle perçoit un homme qui la suit, c’est Khawf, la peur. Ce dernier lui parle, lui donne des conseils, la met en garde, lui fait maintes recommandations. Suivra-t-elle ce guide ? Depuis le début des hostilités, la jeune femme renforce les équipes médicales de l’hôpital, sous la bienveillance de Dr Ziad. Elle est même propulsée chirurgienne. Il lui faut faire des choix,. Lors des attaques et de l’afflux des blessés, les nouveaux arrivants connaissent une sélecti n: ceux pour lesquels, il n'y a plus rien à faire, les personnes susceptibles de bénéficier d'un traitement, d'une opération, d'une amputation, il faut faire vite et bien.... Il y a surpopulation...



Dans le hall de l’hôpital, Am, un passeur alpague les personnes, riches ou pauvres, mais prêtes, toutes, à sacrifier toutes leurs économies afin de fuir l’enfer qui règne sur la ville. Kwaf conseille à sa protégée d’accéder à la liberté : demander l’aide au passeur et de sauver ainsi sa propre vie et celle de sa belle-sœur, Layla, et de l’enfant qu’elle porte, une petite Salama. Accédera-t-elle à cette demande qu’il lui réitère maintes fois. ?



Les combats se rapprochent de plus en plus de l’hôpital où exerce Salama. Le manque de personnel, de moyens, de médicaments s’accélère. Cette jeune femme va sauver une petite fille de neuf ans, Lama, la sœur de Kenan Aljendi. Ce dernier, âgé de dix-neuf ans est à le tête d’une fratrie de trois enfants, suite à la disparition des parents. Il poursuit des études d’informatique et photographie, filme les manifestations dans son pays et lance ses témoignages sur la toile à la face du monde entier afin de révéler les exactions commises par les forces gouvernementales sur la population civile… La ville n’est que décombres, les immeubles éventrés, les commerces inexistants. Un spectacle de désolation. Salama va enfin décider de négocier son passage et celui de Layla. Une amitié va naître entre Kenan et la jeune femme. Parviendra-t-elle à entraîner Kenan et sa sœur et son frère Yusuf dans son exil ? Am accédera à sa volonté ? sa fille Samar , très grièvement blessée a été opérée par Salama et elle lui doit la vie : Am a une dette envers la jeune femme. Respectera-t-il le deal ?



La voix de l’exil est ouverte. Mais la route pour accéder à la liberté n’est pas un long fleuve tranquille. La traversée du pays jusqu’au port de Tartous est fort dangereuse. Il faut passer divers check-points de contrôle, payer les militaires qui filtrent les sorties ! Le bateau conduira les passagers clandestins à Syracuse où, un ferry ou un bus les mènera jusqu’à Munich, le terminus… La liberté, enfin… Il faut planifier le voyage, prendre des vivres, des vêtements, des médicaments, de l’argent. Mais il faut également voyager léger, abandonner les souvenirs de cette vie syrienne. Cruel dilemme !



Une narration fluide, un suspense insoutenable. Une belle histoire d’amour. Un témoignage poignant. Cette jeune autrice nous fait partager le quotidien d’une population civile prise en otage par les forces gouvernementales. De nombreuses désillusions ! De l’espoir ! Combien de vies sauvées trouveront une terre d’accueil, qui leur permettra de vivre, de survivre, de panser leurs blessures physiques et psychologiques. j’ai lu ce roman plus ou moins autobiographique, en quatre jours, mais j’ai dû interrompre ma lecture afin de souffler un peu. Trop de pression, de tension. Cependant, je vous le recommande. Et cette belle couverture rappelant l’architecture des pays du Moyen-Orient, la décoration des mosquées, les diverses nuances de bleu et au milieu ce citronnier, symbole de la vie. Zoulfa nous indique, au cours de son écriture des menus traditionnels, des coutumes propres à son pays natal... Je vous souhaite une bonne journée, et de belles lectures..

( 05/09/2023).


Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Tant que fleuriront les citronniers

Je ne pensais pas aimer cette lecture et quelque part, on ne peut pas dire que je l’ai vraiment aimée parce qu’elle a été vraiment difficile, émotionnellement. Cette plongée en plein cœur de la Syrie en guerre fait terriblement écho aux tristes actualités d’aujourd’hui, notamment la plus médiatisée : le génocide en Palestine. La situation politique est différente mais la situation civile, celle des gens qui tentent de survivre au milieu de tout ça, c’est exactement comme ça que j’imagine, ou du moins essaie d’imaginer, ce que sont en train de vivre tous ces pauvres gens : l’horreur, la terreur, le traumatisme, la perte, la douleur, la mort… Une situation inhumaine et qu’il m’est insupportable juste d’imaginer, alors quand je pense à celleux qui le vivent pour de vrai, là maintenant, ou qui l’ont vécue, ou qui la vivront… ça m’horrifie.

Bref, une lecture bouleversante qui remue beaucoup de choses, qui m’a brisé le cœur et mis les larmes aux yeux si souvent. C’était presque insoutenable de lire ça et en même temps, c’est un beau texte, lumineux et coloré à sa façon, empreint d’une touchante humanité et, malgré tout, d’espoir.
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Tant que fleuriront les citronniers

Tant que fleuriront les citronniers de Zoulfa Katouh ( Nathan - 416 Pages)





Zoulfa Katouh, issue de la diaspora est née au Canada, a vécu en Suisse, à Dubaï.



Elle a voulu écrire pour raconter à sa manière " Le printemps arabe" en Syrie.



Après Jean Baptiste Andréa, écrivain de grand talent j'ai été attiré par la belle couverture du livre offert par ma belle fille préférée.



Pourtant j'ai la larme facile mais le coté sirupeux de l'auteur m'a bloqué. Trop d'horreur, trop de beaux sentiments, trop de romance peut-être, les héros trop sublimés.



Qui dans la tourmente ne pense pas d'abord à sa propre vie ?



Et il me manquait aussi le coté historique. Oui il fallait m'expliquer les raisons de cette révolution, me parler de l'ASL que Zoulfa Katouh nous présente comme des héros gentils mais parmi eux il y a des supers dangereux, des djihadistes etc...



Dans une révolution comme dans une guerre le peuple innocent trinque. Certains sont partis vivre en Suisse, d'autres ont pu fuir sur un rafiot par la Méditerranée et les plus pauvres sont restés sous les décombres.



Mais si j'oublie ce que je viens d'écrire, je comprends que beaucoup de lecteurs puissent aimer ce roman.



Oui un beau roman si je mets de coté mes critiques. Le lire avec des yeux romantiques sans penser à l'affreuse réalité qui n'est jamais toute blanche ou toute noire.



Salama a 18 ans et juste avec une année en Pharmacie elle sauve des blessés en les opérant, en amputant ... à l'hôpital d'Homs en tant que bénévole. Elle va rencontrer Kenan...



Rêvons des citronniers qui refleuriront et souhaitons que la Syrie redevienne un beau pays où tous les syriens puissent vivre heureux et en démocratie.

J'irais peut-être y déguster un knafeh, visiter Palmyre et m'acheter du savon d'Alep.



Mireine



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Tant que fleuriront les citronniers

Merci à Babelio et aux éditions Nathan de m'avoir permis de découvrir cette histoire !

La couverture et le résumé m'ont immédiatement attirée : un roman jeunesse situé dans la Syrie contemporaine (l'action se déroule en 2012), ce n'est pas banal. D'autant que la situation actuelle de la population est largement ignorée.



Et le contexte est vraiment le point fort de cette histoire. C'est simple : le lecteur est projeté dans un quotidien sous une dictature faite de violence, d'incertitude et de deuil. Mais aussi d'abnégation et de courage.

J'ai particulièrement apprécié les dilemnes moraux auxquels les héros font face. Peut-on risquer la vie d'un enfant pour sauver la sienne ? Face à la répression, faut-il partir pour survivre ou rester pour combattre ? Cornélien.

La place prépondérante de la religion dans la vision de la vie de ces personnages est aussi très intéressante car elle éclaire une culture qui m'est inconnue.

Enfin, Khawf, la "conscience" maléfique qui titille Salama est une excellente idée, et prend tout sont sens quand son identité est révélée.



La romance allège un brin le propos et s'avère touchante malgré sa simplicité.

Si quelques soucis de cohérence m'ont gênée,



ce premier roman est tout à fait prometteur.

À faire lire sans hésitation aux gens qui croient encore que les immigrés quittent leur pays par choix.
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Tant que fleuriront les citronniers

Salama est une jeune femme de 18 ans. Elle attend de la vie une carrière de pharmacienne, une famille mais surtout la liberté dans son pays : la Syrie. Mais la guerre civile éclate et son lot de violence avec. Salama, désormais seule avec sa belle soeur et meilleure amie, Layla, doit trouver une solution pour survivre. Ce sera sans doute l'exil. Mais cette décision va être difficile avec la rencontre de Kenan.



Sous la forme d'un roman d'amour, Zoulfa Katouh nous parle de son pays de naissance, de sa souffrance actuelle mais surtout de ses habitants qui n'aspirent qu'à vivre dans la paix. Un premier roman pour cette auteure canadienne plein de maturité qui semble refléter sa sensibilité et sa personnalité.

Salama, la protagoniste, est troublante par ses démons intérieures et sa force extérieure. Elle est à la fois une adulte qui a grandi trop vite et une enfant plein de rêves. Les autres personnages, qui gravitent d'autour de Salama, sont aussi très intéressants. J'avoue que j'ai un petit coup de coeur pour Layla.

Tant que fleuriront les citronniers est un roman destiné aux adolescents mais il parlera aussi bien aux adultes car on l'oublie sans doute trop facilement que la guerre ravage ce pays depuis si longtemps maintenant. Il évoque aussi de manière assez pédagogique l'immigration.



Mon avis livresque est donc plutôt positif. J'ai passé un assez bon moment de lecture. Je déplore seulement des longueurs et une fin trop rapide à mon goût.



Merci aux éditions Nathan pour cet envoi dans le cadre d'un masse critique privilégie de Babelio. Cela fait longtemps que je n'ai pas pris ma plume (enfin plutôt mon clavier) pour parler d'un livre, donc cela fait relativement du bien.
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Tant que fleuriront les citronniers

Après une lecture qui m’a emmenée au cœur d’Israël, je me suis immergée en Syrie. Le point commun de ces deux lectures est de plonger le lecteur dans un pays gangréné par les conflits, les heurts, où la population paie le prix fort et souffre.



Zoulfa Katouh est canadienne d’origine syrienne et vit actuellement en Suisse. Elle nous présente ici son premier roman aux accents autobiographiques.

Nous sommes en 2011. Orpheline, Salama vit avec sa belle-sœur Layla, enceinte de 7 mois, à Homs. Son père et son frère ont été jetés en prison pour avoir manifesté contre Bachar Al-Hassad. Quant à sa mère, elle a été tuée dans l’explosion de sa maison. En quelques jours, la vie de cette famille heureuse et de cette jeune fille pleine de vie a basculé.



Etudiante en pharmacie, elle travaille à l’hôpital bénévolement et soigne, réconforte, opère aux côtés du Dr Ziad. Les blessés affluent. Elle y rencontre Kenan venu faire soigner sa sœur. Ce jeune homme n’a de cesse de faire connaitre la situation en Syrie en postant, au péril de sa vie, des vidéos sur les réseaux sociaux.



A travers ces deux jeunes gens et leurs proches, l’auteur pose une question primordiale en temps de guerre : doit-on fuir pour sauver sa vie ou rester pour sauver celles des autres ?



J’ai vraiment apprécié ce roman jeunesse bouleversant qui nous fait partager le quotidien violent de la population syrienne lors du Printemps arabe. Les nombreux rebondissements dynamisent l’intrigue et accroissent les tensions déjà présentes intrinsèquement. Le contexte historique est finement rendu et outre la peur, l’incertitude et le deuil l’auteur met également en évidence la résistance et l’abnégation des Syriens. Tout est décrit avec justesse et permet au lecteur de mieux comprendre ce qui motive les Syriens à fuir leur pays.



Une lecture nécessaire mais douloureuse, mieux vaut le savoir.



Merci aux éditions Nathan et à Babelio pour cet envoi.
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Tant que fleuriront les citronniers

Un roman nécessaire.



Tout le monde devrait lire ce roman pour commencer à prendre conscience de ce qu'on vécu les personnes fuyant la guerre.



Je ne suis pas d'accord avec les critiques qui trouve que l'histoire d'amour n'est pas réaliste ou détonne trop par rapport au reste du livre. Personnellement, j'ai aimé suivre la rencontre entre Salama et Kenan, qui apporte une parenthèse douce dans le récit et permet de respirer entre deux scènes d'hôpital très anxiogènes.



J'ai vraiment eu du mal à lire certains passages, car en plus de la situation en Syrie, j'ai découvert ce livre alors que le génocide de Gaza empire de jour en jour.



Donnez à Médecins de Monde, aux associations locales et aux cagnottes des familles cherchant à fuir la guerre si vous pouvez!!



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Tant que fleuriront les citronniers

Un livre bouleversant et poignant.

Le genre de livre à lire minimum une fois dans sa vie pour se rappeler de la chance que l’on a.

Une écriture magnifique, des personnages attachants et une ambiance plus que réaliste.

Un chef-d’œuvre.

Un conseille : préparez les mouchoirs !
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Tant que fleuriront les citronniers

C'était en 2011, on passait de l'espoir du "printemps arabe" aux horreurs qu'un conflit armé peut engendrer. On apprenait à placer la Syrie sur la carte du Moyen Orient, avec ses villes bombardées, Homs, Alep, Palmyre... Et le pire c'est qu'en 2023 le régime est toujours en place, la reconstruction est lente, les réfugiés syriens sont des millions à avoir quitté leur pays.

Quand je vais présenter ce livre au club lecture, les jeunes lecteurs et lectrices qui seront en face de moi sont né·es en 2009 ou 2010. Que savent-ils·elles de tout cela?

Voilà donc la "magie" d'un roman: l'Histoire par la fiction, le témoignage au plus près de la réalité, un regard romanesque sur une situation réelle tragique. Juste pour cette raison, Tant que fleuriront les citronniers est un coup de cœur. Salama, l'héroïne, n'a que 18 ans. C'est inconcevable dans une société apaisée que son quotidien soit fait de bruit, de sang, de corps meurtris, de morts. La guerre civile est un rouleau compresseur qui oblige à grandir: elle aurait dû apprendre d'abord à soigner, faire des études tranquillement, vivre et profiter de sa jeunesse. A la place, elle gère les mutilés, les malades, les mourants, le manque de médicaments, la peur.

Un roman qui parle de deuil, de traumatisme, d'exil, d'engagement, mais qui garde une certaine naïveté et beaucoup d'espoir grâce à l'histoire d'amour. Et quelle couverture magnifique♥

Un grand merci à Babelio et Nathan pour cette découverte.
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Tant que fleuriront les citronniers

Avant la guerre civile qui fit sombrer la Syrie dans le chaos, Salama, 18 ans, rêvait de parcourir le monde et de poursuivre ses études afin de devenir pharmacienne.



Mais Homs, la ville où elle a grandi, s'est retrouvée assiégée, condamnée à mort sous les bombes. Depuis, l'enfer fait partie de son quotidien.



Faute de main, Salama est promue médecin à l'hôpital et tente d'apporter son aide alors que les médicaments s'épuisent. La jeune femme doit affronter la souffrance et les morts, la faim et la peur constante de mourir en mettant un pied dans la rue.



Son seul réconfort est de retrouver le soir sa belle-sœur Layla, enceinte, la seule famille qui lui reste. Cette dernière lui fait promettre de fuir avant la naissance du bébé. Mais Salama hésite, tiraillée entre le devoir d'aider les siens, de ne pas abandonner son pays, tous ses souvenirs, et le désir de s'exiler pour survivre.



Ce premier roman est une très belle surprise. De la couverture, sublime, à la plume qui a su me transporter au cœur de la terrible réalité du conflit syrien, j'ai été conquise, bouleversée par cette lecture difficile, riche en émotions et dotée d'un rebondissement vraiment inattendu.



Une fiction qui confronte le lecteur à l'atroce quotidien de la population syrienne, malheureusement toujours d'actualité, à travers l'histoire de la courageuse Salama. Une héroïne qui doit faire face à ses démons intérieurs jusqu'à ce que l'amour croise sa route et insuffle un peu de lumière dans son existence.



Une lecture forte, poignante et porteuse d'un très beau message d'espoir.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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