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Critique de Bazart


Hasard de mes lectures de mes semaines passées, j'ai lu, coup sur coup, deux oeuvres littéraires qui traitaient du même sujet, et sous un angle un peu similaire, à savoir le récit du monde politique, vu des coulisses,

Dans l'un des cas , il s'agit d'une BD, qui se déroule à l'intérieur d'un ministère, celui des affaires étrangères. Je veux bien entendu parler du tome 2 de Quai d'Orsay; la BD de Christophe Blain et Abel Lanzac qui a beaucoup fait parler d'elle.

Dans l'autre cas, il s'agit d'un roman, un des évènements de la dernière rentrée littéraire de septembre, je fais référence au récit de campagne des présidentiels de notre président François Hollande par Laurent Binet, "Rien ne se passe comme prévu".

Même si la forme et le support varie, il y a quelques similitudes dans ces approches, et notamment le fait que ce soit une pièce rapportée, un élément extérieur à ce milieu si particulier, portant souvent un regard plein de candeur, qui nous donne la température de ce milieu si particulier, toujours aussi passionnant à découvrir.

Aujourd'hui, je ne parlerais que de ma première lecture, à savoir le tome 2 de Quai D'Orsay, publié en septembre 2012 chez Dargaud.

Comme je l'avais dit fin 2011 après avoir dévoré le tome 1, j'attendais avec impatience le second épisode de ces aventures passionnantes et hilarantes de ce regard plein d'a propos sur les cabinets ministériels vus de l'intérieur. Cet album avait en effet connu un bien beau succès (plus de 100.000 exemplaires vendus !), avec notamment une adaptation au cinéma par le réalisateur Bertrand ­Tavernier qui devrait sortir bientot sur nos écrans (on en parle même à Cannes) avec Thierry Lhermitte et Raphaël ­Personnaz.

Et ce tome 2 de ce Quai d'Orsay a connu un triomphe encore plus immense que son premier volet, puisque en plus d'un très beau succès en librairie, il obtenu, il y a quelques semaines, le Fauve d'Or et le Prix du meilleur album lors du 40e festival d'Angoulême.

Et dans la foulée de cette récompense, on a continué à parler de cette BD puisque, lors de la cérémonie de clôture du 40e festival d'Angoulême, au moment de la remise du prix, Abel Lanzac est monté sur scène, en compagnie du dessinateur Christophe Blain. L'heureux scénariste mystère en a alors profité pour révéler sa véritable identité: Antonin Baudry, ancien conseiller de Dominique de Villepin ( ce que personne ne pouvait ignorer, vu les similitudes énormes qui existent entre de Villepin et son personnage de BD) , et qui dirige actuellement le service culturel de l'ambassade de France à New York.

Pour toutes ces raisons, j'avais donc plus que hâte de lire cette bande dessinée, ce que jai pu faire grâce à l'opération "La BD fait son festival" organisé par le site Priceminister,et , même si l'effet de surprise joue forcément un peu moins que dans le premier volet, je n'ai pas du tout boudé mon plaisir devant cette formidable satire politique qui n'oublie jamais de camper des personnages et des situations crédibles.

On rit et on vibre dans le même temps devant les affres de cet Arthur Vlaminck, jeune plume engagée au cabinet, qui devra aider le ministre à préparer le discours à l'ONU contre une intervention militaire au Lousdem, pays imaginaire soupçonné de détenir des armes de destruction massive. L'affaire rappelle bien entendu celle de la crise en Irak ayant entraîné le discours à l'ONU de Dominique de Villepin il ya dix ans.

Le discours de Dominique de Villepin devant l'O.N.U. destiné à endiguer l'entrée en Irak des Américains fut l'un des sommets de la diplomatie française, l'un de ces moments pas si fréquents où le se sentait fiers d'être français

Cette bande dessinée réussit donc la prouesse, à la fois à démystifier l'évènement (quel chaos, combien d'incohérences... pour en arriver là, presque par miracle...!!) et à en retranscrire l'émouvante portée symbolique : la justesse de la chronique, écrite par quelqu'un qui a vécu au premier plan les événements, et l'élégance des dessins de Blain (que j'avais déjà salué il y a un an avec sa BD sur le chef Alain Passard) font de "Quai d'Orsay" une réussite éclatante.

On se surprend à passer de l'envie à la pitié pour tous ces personnages un peu trop bourrés d'orgueil mais en fin de compte tellement humains et qui travaillent comme des forcenés, pour des réunions en pleine nuit , dans un petit bureau, afin de tenter de gérer des crises à répétition.

Et il est passionnant de voir à quel ces hommes de l'ombre se prennent évidemment à leur propre jeu : celui qui sera le plus proche du prince, celui qui aura un petit sourire après 2 jours de boulot non-stop ou qui pourra "pisser" avec le ministre. Fascination, courtisanerie, pression psychologique, asservissement…le petit théâtre de ces hauts fonctionnaires et de leur ministre est à la fois cruel et jubilatoire, un peu comme dans l'exercice de l'état, dans un versant ici plus léger.

Mais évidemment, et comme dans le premier tome, les dialogues et principalement les envolées du ministre, Alexandre Taillard de Vorms, constituent les pages de bravoure de l'ouvrage, et en tout cas sont celles qui nous provoquent les plus grands fous rire, notamment lorsqu'en pleine vacances au club med, il appelle 50 fois par jour ses conseillers , car il a eu des idées neuves en échangeant avec des vacanciers, ou lorsqu'il inclut dans ses discours des phrases auxquelles il tient particulièrement alors que personne n'y comprend un traitre mot.

Il paraitrait que de Villepin a beaucoup ri, et n'a en tout cas jamais crié au scandale et à la calomnie.

Bref, cette BD, loin de la caricature est donc un beau bijou à conseiller à un large public, et pas forcément aux initiés à la BD et... à la politique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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