Plus de vingt ans après le colossal succès de
Respire,
Anne-Sophie Brasme revient là où tout a démarré ; usant du procédé littéraire de la lettre d'adolescente envoyée à elle-même à 16 ans, avec pour consigne de l'ouvrir seulement 20 ans après (elle se reproche gentiment cette facilité d'elle-même),
Anne-Sophie Brasme déroule ce qui l'a amenée à écrire
Respire, et ce qui s'en est suivi. Les désillusions face au milieu littéraire (les rapports d'abord idylliques puis hostiles avec son attachée de presse), le dépucelage anxiogène par un type rencontré lors d'une soirée liée à l'édition, l'échec commercial du deuxième roman, l'angoisse face au syndrome de l'imposteur, l'enlisement dans une relation avec un amour lycéen qui n'épanouit et ne réconforte pas.
Au-delà d'une réflexion sur la sensation d'être légitime en tant qu'écrivain,
Anne-Sophie Brasme écrit avant tout un très joli roman sur l'amitié féminine, sur le pouvoir et la force qu'elle offre au fil du temps. Il questionne également les renoncements auxquels on fait face (lâcher l'écriture pendant presque dix ans pour devenir prof de français), les blessures narcissiques, le décalage entre ce qu'on se souhaite et ce qu'on obtient. L'écriture est mélancolique, à de rares moments plaintive, mais il émane de ce livre un charme indéniable, où les femmes occupent une place importante et où elles sont chacune restituées dans leur singularité, côté ombre et côté lumière. Notamment Anouk, personnage flamboyant aux mêmes cheveux paprika que la Sarah de
Respire et qui ne va cesser d'accompagner la narratrice jusqu'à un dénouement délicat et lumineux.
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