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Critique de read_to_be_wild



« D'où je viens, les montagnes sont bancales, irrégulières, entaillées de gorges déchiquetées et profondes. Les plantes qui germent sur le fond encaissé ou le long des flancs escarpés s'élancent, fines et droites, avides de lumière, comme les hommes qui vivent dans les vallées cachées. Les cimes, quand elles ne chatouillent pas le ventre des nuages de passage, ne sont ni compactes ni lisses, mais pointent vers le ciel leurs mandibules hérissées de pitons rocheux aux formes curieuses, qui ressemblent tantôt à des dents de travers, tantôt à des nez cabossés. »

L'inventaire des nuages, Franco Faggiani @franco.faggiani @editionspaulsen #servicepresse

La collection La grande ourse nous offre cette fois un récit différent: entre beauté de la nature, fond historique, présentation d'un métier peu connu, « caviè », collecteur de « pels », entendez par là ramasseur de cheveux, dans l'Italie du Nord, en 1915.

« Mais voilà que j'étais ici, seul, à arpenter les sentiers; je pouvais m'arrêter et me reposer quand bon me semblait. Tout ce que j'avais à faire, c'était aller à la rencontre des femmes de la montagne, leur parler un peu, tâter le terrain et prélever leurs cheveux en échange d'une contrepartie. Rien de fatigant ni d'impossible. Un peu de muscle pour la marche, un peu d'égards pour la conversation, je n'avais guère besoin de plus. »

Un rythme lent, une vie sur les chemins, rurale et simple, authentique aussi, comme une plongée dans le temps, à arpenter les montagnes du Piémont.

Ce roman offre à la fois un regard sur la vie des zones reculées de cette époque, mais aussi sur la guerre, en toile de fond, l'impact qu'elle a eu sur l'Italie, ses citoyens, riches et pauvres…

« J'étais allé sans frémir au-devant de ce petit monde reclus et lointain, peuplé de femmes sans hommes et de solitude. »

J'ai aimé découvrir ce métier qui m'était jusqu'alors inconnu, mais surtout le quotidien des gens simples en ce temps-là: les arrangements, les trocs, les petites choses de la vie, les misères, les bonheurs aussi… tout un monde se révèle à nous, plein de beauté et de profondeur, au rythme des saisons, au diapason de la nature.

« Chez nous, l'année se divise en uéc d'invern et en catré d'infern, c'est-à-dire les huit mois de l'hiver, où la vie semble s'écouler lentement, et les quatre de l'enfer, de juin à septembre, où on travaille jusqu'à l'épuisement dans les alpages, les forêts et les champs. »

Un roman qui se déroule lentement et nous offre au fil des pages, des quelques années de guerre, tant de scènes de vie, tant d'événements, de récits, d'instants volés à un quotidien révolu et qui pourtant, sous la plume de l'auteur, reprend vie pour nous, s'anime, comme un film en noir et blanc, pour nous offrir, tel un défilé de nuages, une fresque merveilleuse dans les montagnes piémontaises.

Un roman d'une grande beauté, un hymne à un monde aujourd'hui disparu.
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