AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SZRAMOWO


L'histoire d'Elizabeth Zott se déroule en Californie et en Angleterre dans les années 1960. Je vois d'ici les hordes de baby boomers et les fanas de littérature feelgood se réjouir. Chouette on va avoir du c'était mieux avant, du on savait être heureux à l'époque, qu'est-ce qu'on a fait pour avoir perdu tout ça !
Maldonne ! Ce roman n'est pas du tout dans la nostalgie du c'était mieux avant, il est dans une nostalgie critique, celle du c'était comme ça avant et il fallait le supporter !
Elizabeth Zott s'est employée dès son enfance et son adolescence à combattre les avanies que les femmes s'efforçaient de supporter pour faire comme si de rien n'était.
Elizabeth est une chimiste de haut niveau mais dans son université, ses collègues masculins ne cessent de la prendre pour une secrétaire.
"Elle n'aimait pas les gens qui se livraient à des suppositions basées sur ce qu'elle considérait comme des indices visuels dépassés, et elle n'aimait pas non plus les hommes qui pensaient - même s'il s'était avéré qu'elle était secrétaire - qu'être secrétaire signifiait être incapable de comprendre d'autres mots que : "tapez ça en trois exemplaires."
Elle a décidé de se battre contre ces comportements et ça n'est pas gagné !
Il en faut du courage pour se battre contre ce que toute la société considère comme des évidences, une femme doit se marier, porter le nom de son mari, et faire plusieurs enfants sans penser à sa carrière.
"Quand les femmes se marient, elles prennent le nom de leur mari, et 99,9 % d'entre elles s'en accommodent."
Lorsqu'elle rencontre Calvin Evans, son alter ego, elle mesure le chemin parsemé d'embûches que cet homme doit parcourir pour affirmer face à des contemporains mâles imbus d'eux mêmes qu'il respectera les souhaits d'indépendance d'Elizabeth.
Leur association fonctionne, malgré "la jalousie profonde" de leurs collègues de l'institut Hastings. À l'abri dans leur tour d'ivoire, ils partagent leurs passions communes, la chimie, l'aviron, leur chien Six-Trente.
"(...) la plupart de leurs travaux avaient été réalisés alors qu'ils reposaient nus sur un lit."
Mais la vie embrasse toujours les idées majoritaires dans l'opinion et ne supporte pas, hélas, les réfractaires.
Comme dans la chanson Les feuilles mortes, "la vie sépare ceux qui s'aiment, tout doucement, sans faire de bruit"
Veuve, mère d'une enfant, Madeline, Elizabeth s'aperçoit que désormais seule, elle ne bénéficie plus de la considération qu'on lui accordait du fait de sa relation avec Calvin...Elle constate avec amertume qu'elle était malgré tout, Madame Elizabeth Evans.
"Et pourtant, bien que ses collègues sachent qu'elle les dépassait, et de loin, sur le plan intellectuel, on attendait d'elle qu'elle fasse l'éloge de tout ce qu'ils pondaient, y compris de leurs résultats médiocres."
Eux sont obnubilés par le couple dérangeant Calvin et Elizabeth.
"(ils) avaient encore des questions à poser à Calvin ; par exemple : comment avait-il réussi à remporter autant de prix alors qu'il paraissait ne rien faire ? Et qu'en était-il du sexe avec Elizabeth Zott ? N'était-elle pas frigide, comme on le supposait ?"
Elizabeth quitte Hastings pour une carrière TV que le hasard lui offre. le ton du roman, dans cette partie , n'est pas sans rappeler l'esprit de la série TV Mad Men consacrée aux publicistes dans les années 1960, les chaines TV s'emparent alors de l'iconoclastie pour faire de l'audience. Elizabeth déclare :
"Il n'y a rien de normal dans la femme au foyer normal." et sans le savoir elle entre dans un système qui accepte ses incartades jusqu'à un certain point.
"Certains disent qu'il n'y a pas de mauvais publicité et, dans ce cas, ils eurent raison. le taux d'audience de À table ! C'est l'heure du souper battit tous les records."
"Et ce fut ainsi qu'elle découvrit l'autre truisme de la célébrité : son obsolescence programmée. La seule Elizabeth Zott qui suscitait un intérêt était celle qui avait porté un tablier."
Ce roman suggère une ligne de conduite sans en avoir l'air. Un exemple et un modèle.
Peut-être qu'à la fin de sa lecture, en le reposant sur notre chevet nous nous dirons "il faut arrêter de déconner si on veut que ça change"
Diable ! Je l'ai écrit !



Commenter  J’apprécie          262



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}