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Critique de alexandra1967


La promesse de l'aube (1956)
Fan de la grave drôlerie et du style percutant de Emile Ajar, je me suis décidée à remonter à la source. C'est ainsi que j'ai plongé dans le récit autobiographique de son enfance, de la relation avec une mère possessive et de son engagement dans la guerre : La promesse de l'aube.
Ce titre poétiquement énigmatique est expliqué dès les premières pages (citation célèbre) : « Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur, ce ne sont plus que des condoléances.» Tout étudiant en psychologie devrait lire ces pages et ces pages d'identification à une mère étouffante, épuisante, vaillante, d'affabulations et d'arrangements permanents avec la réalité, décrite à l'appui de détails croustillants et historiques dans l'Europe bien réelle et fascinante de 1920 à 1944.
J'ai trouvé cette lecture éprouvante. On ne sort pas indemne de l'univers élégant de Romain Gary, un univers qui a débuté il y a 100 ans, dans un monde sans télévision mais plein de livres, où l'imaginaire sans entraves cohabitait avec l'âpreté de la vie et l'héroïsme de la guerre.
Je suis incapable de décoder ce mélange improbable de finesse d'esprit, d'immense culture, d'enfant délicat, d'homme seul, d'écrivain remarquable. Je suis une lectrice perturbée, ma tête s'est transformée en kaléidoscope, je ne sais plus qui ou quoi je lis. Tout est dingue en permanence, jusqu'au moment où cela ne l'est plus. C'est alors qu'émergent de nulle part des pépites philosophiques du fils à maman ou du pilote médaillé, comme celle-ci : « Tout ce que la vieillesse a "appris" est en réalité tout ce qu'elle a oublié. » Il n'y a pas de sérénité, ni de sagesse, ni d'indulgence, il y a juste de l'oubli.
Lancinant est son désespoir en l'humanité, tragique est sa conscience d'une défectuosité personnelle, juste est sa tendresse pour l'animal. On ne sort pas indemne de l'univers de Romain Gary.
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