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Critique de fabienne2909


« Quand je lisais, j'aimais les gros livres, ceux qui ressemblent à la vie d'une personne qui se déploie au long du temps. Et j'aimais lire des livres sur des personnages remarquables et non sur des instituteurs qui meurent vaincus, sans faire d'histoire. »
Citation faite par elle-même et qui lui sied parfaitement, à la Maria Alberti de ce roman, inspirée fortement par la mère de Lidia Jorge, l'autrice de ce roman singulier.

En effet, celui-ci est la retranscription des enregistrements que cette vieille dame alerte, mais dont les mains usées la rendent désormais incapable d'écrire, fera de sa vie, de ses pensées, sur les deux dernières années de sa vie en maison de retraite.
Il en ressort un portrait de femme assez extraordinaire, très courageuse puisqu'elle ne se plaint jamais, au caractère entier et exigeant, qui recherche la perfection, surtout avec sa fille qu'elle aime pourtant immensément, et qui a tendance à tordre la réalité afin de la faire correspondre à ses idéaux.

Sans être un brûlot sur ce type d'établissements — ce n'est pas du tout l'objectif du roman —, est dépeint ce que l'on en connaît : les gentils aides-soignants (Nina et son espagnol chantant, Limimunde la jeune Brésilienne, avec ses galères assez proches de celles de la jeunesse de la narratrice), les moins sympathiques (comme celles qui s'occupent d'elles sans jamais lui dire bonjour ni même faire l'effort de la voir), une structure débordée par le manque de main d'oeuvre, ce qui entraîne des maltraitances, etc.

J'ai aimé globalement ce roman pour son héroïne si vraie, si honnête dans ses ressentis, dans ses échecs, dans sa volonté de vivre des événements en se demandant si c'est la dernière fois, mais surtout, j'ai été touchée par l'impression d'une dégradation dans le moral de dona Alberti au fur et à mesure que l'on avance dans le roman.
Elle parle beaucoup de joie et de la manière dont elle s'en imprègne au début, jusqu'au moment où elle se dispute avec sa fille au sujet des romans que celle-ci écrit, ce qui l'affecte beaucoup puisqu'elle s'en sent quelque part diminuée (« […] je suis auprès des petites choses, celles qui n'ont ni nom, ni identité. Je suis comme ça depuis qu'elle et moi avons eu notre dernière passe d'armes et qu'elle a parlé de sa liaison avec l'Univers »). Point de départ d'un détachement face au monde et à ses laideurs, elle qui s'y intéressait tant auparavant.
Les relations dans la maison de retraite ne sont pas toujours évidentes non plus, non dénuées de petites mesquineries involontaires qui l'affectent également beaucoup.

« Miséricordia » est ainsi le roman d'une intériorité chancelante, changeante, dont les événements décrits sont perçus à partir de celle-ci. Est-ce une réalité un peu biaisée ? Comme par exemple avec sa fille, qui est en réalité une grande écrivaine mais qui, selon l'héroïne, écrit de petits livres sans intérêt ? Peu importe au final, tant la vieillesse est bien décrite dans ce roman, avec une dignité si élégante.
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