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Critique de ODP31


El nuevo Bernardo Miniero !
En Galice, des femmes sont kidnappées au petit matin sur le chemin du travail et retrouvées mortes quelques jours plus tard. Comme quoi, il peut se passer des choses en Espagne avant 22 heures.
Le sort de ces travailleuses de l'ombre ne passionne pas les foules à l'inverse des meurtres de personnalités madrilènes fortunées qui surviennent au même moment. D'un côté, des morts dont on remarque à peine l'absence. de l'autre, des nantis refroidis. Comme disait à peu près Jean de la Fontaine, Pas de pot à faire, les deux finissent en terre.
Les psychopathes auraient pu avoir une pensée pour la police et se coordonner pour ne pas perpétrer leur crime en même temps, mais la concurrence n'encourage pas les échanges de bons procédés, même quand la clientèle n'est pas la même. C'est comme les boulangers de mon quartier qui partent en vacances toujours en même temps. Un bon mobile de crime.
Contrainte par sa hiérarchie de se consacrer en priorité aux victimes de première classe, Lucia, l'enquêtrice tatouée et pugnace de la Guardia Civil, va devoir faire face à un tueur qui laisse toujours le même petit message sur les scènes de crime : « Tuons les riches ! ». Si les slogans les plus simples sont les meilleurs, les plus simplistes sont les pires. L'accroche devient devise sur les réseaux sociaux qui s'embrasent et organisent une partie de chasse aux puissants. Un Marx et ça repart.
Lucia n'a pas le don d'ubiquité mais elle suit de près l'enquête de son adjoint en Galice qui se lance dans une course contre la montre sans vélo, exercice risqué dans un pays où la ponctualité n'est pas la première qualité et où la vitesse moyenne de marche de la population ibère dans les rues ne dépasse pas celle d'un trail en Ehpad. Que mes racines espagnoles me pardonnent. Et comme je ne suis pas à un cliché près, j'ai été étonné de découvrir dans le roman que cette région n'était pas uniquement le point de rassemblement de marcheurs mal fagotés en pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle avec des ampoules aux pieds et l'envie irrépressible d'écrire un livre ennuyeux sur les randonnées existentielles. Si, si, il y a des vrais gens sans bâton de marche et coups de soleil sur les mollets qui ne sont pas à la recherche d'eux-mêmes.
Cette double enquête, construite très habilement par Bernard Minier sur les clivages de la société, ne manque pas de rythme et ne s'égare pas dans des friches idéologiques. Comme souvent chez ce polarier à succès, les scènes de crime et d'ouverture sont à l'inverse du titre, indélébiles. En revanche, une fois encore, les dénouements sont peu crédibles et nécessitent beaucoup d'huile d'olive pour passer.
Je reste assez convaincu par le personnage charismatique et intègre de Lucia même si je regrette que ce deuxième opus, focalisé sur les deux intrigues, ne permette pas d'en savoir davantage sur elle et ses doutes.
Plus moderne que son Martin Servaz des Montagnes, qui j'espère ne passe pas ses vacances en Espagne (cela lui rappellerait trop le boulot), Bernard Minier a le mérite d'avoir créé deux héros récurrents différents, attachants, qui ne sont pas de la même génération mais, qui j'en suis convaincu, vont finir par se rencontrer.
PAN ! con tomate
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