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Critique de Denis_76


« Lorsqu'il commença les représentations de cette agréable comédie, Molière était malade d'une fluxion de poitrine qui l'incommodait beaucoup et à laquelle il était sujet depuis quelques années. le 17 février 1673, jour de la quatrième représentation du « Malade Imaginaire », il fut si fort travaillé de sa fluxion qu'il eut de la peine à jouer son rôle. Il ne l'acheva qu'en souffrant beaucoup, et le public connut aisément qu'il n'était rien moins que ce qu'il avait voulu jouer. En effet, la comédie étant faite, il se retira promptement chez lui, et à peine eut-il le temps de se mettre au lit que la toux continuelle dont il était tourmenté redoubla sa violence... »
( Témoignage de la Grange, 1682 )
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L'avantage du théâtre, pour moi qui lis doucement, c'est qu'étant plus aérées que les romans, les pièces se lisent plus vite !
Argan est un malade imaginaire, il est bien portant, mais hypocondriaque, et, anxieux, il compte ses sous, car les médecins coûtent cher ; la couverture maladie n'existe pas, à cette époque !
Donc, il veut marier sa fille Angélique à un futur médecin, qu'il aura ainsi à portée de main ! Mais celui-ci est un perroquet, savant mais benêt, qu'Angélique n'aime pas. Elle a une inclination pour Cléante.
De plus, Béline, la deuxième femme d'Argan, est ce qu'on appellerait aujourd'hui une perverse narcissique ( je connais trop bien ), qui, câline superficiellement, mais attend qu'Argan meure pour récolter tous ses biens !
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Ces trois drames ( manipulation des médecins-mariage forcé-conjointe perverse ) sont démêlés avec maestria par Toinette, la servante savante et astucieuse, et Béralde, le frère d'Argan, qui essaye de lui ouvrir les yeux, et le distraire de ses trois obsessions par des intermèdes, ballets musicaux, bien à propos.
Quiproquos, émotion, et ce que j'appelle «  humour molièresque », c'est-à-dire soit que l'un des personnages, parti dans son idée, n'écoute pas l'autre, soit que l'interlocuteur répète, quelque soit l'argument le même mot ( « Le poumon ! », dit TOINETTE ), ainsi que simulations ou déguisements... permettent au spectateur ou au lecteur de passer un bon moment !
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L'objectif de Molière est, pour moi, triple.
1) Il vise les médecins, incompétents et ridicules. En 1643, Louis XIII est mort de maux d'estomac dans des souffrances horribles. Les médecins actuels, après avoir examiné ses os, sans doute, et analysé les rapports, ont diagnostiqué une maladie de Crohn, maladie qui fut décrite en 1932. Comme l'explique Béralde, les clystères et saignées précipitent le malade vers la mort,alors que Louis XIII, par exemple, aurait pu connaître la victoire décisive du jeune Condé à Rocroi, et peut être même tenir son royaume encore quelques années sans l'intervention des médecins. J'en ai parlé à mon docteur de quartier, admirant les progrès faits en quelques siècles ! Elle m'a dit qu'à l'époque, même sans l'intervention des médecins, le roi ne s'en serait pas sorti.
2) Molière vise aussi les mariages forcés, qui, heureusement,sont passés de mode !
3) Il vise aussi les femmes ( ou hommes ) intéressées, comme Béline, qui, elles, existent toujours !
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Autrement, je vois qu'on peut mettre Molière, au même titre que Rabelais et Voltaire, comme examinateur pointu de la société, c'est-à-dire, au rang des philosophes et des sociologues : point n'est, à mon avis, besoin de mots pompeux et de théories fumeuses pour faire partie de ces gens là : il suffit d'examiner ce qui se passe avec un oeil critique : tout blacksheep est, pour moi, un philosophe !
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Je lis cette pièce par rapport au programme de mon élève de première, comme j'avais lu Gargantua, qui m'a d'ailleurs inspiré mon troisième livre, PANURGE, qui devrait sortir pour mon anniversaire !
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Peut-on espérer que la politique évolue, dans quelques siècles, comme la médecine :
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BERALDE ( parlant des médecins, mais on peut actuellement les remplacer par les hommes politiques ) :
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–- Entendez-les parler : les plus habiles gens du monde ; voyez-les faire : les plus ignorants de tous les hommes !
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