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Critique de florencem


Déracinée avait été un coup de coeur. La fileuse d'argent, un excellent moment de lecture. Il était donc inconcevable, pour moi, de passer à côté d'Éducation meurtrière. D'autant plus que l'auteur partait sur un concept plutôt original : une histoire sombre avec une école qui cherche plus à vous tuer qu'à vous préparer à la vie adulte, le tout saupoudré de magie. Sur le papier (sans jeux de mots), c'était plus que tenant, et franchement, malgré ma note, je pense que je vais poursuivre la saga parce que j'ai vraiment apprécié certains éléments. Mais, parce que oui, vous vous en doutez, il y a un mais, trop de points négatifs qui ont fini par éclipser le reste.

Le projet était ambitieux. Je ne sais pas si cela explique mon ressenti, mais j'ai l'impression que Naomi Novik s'est lancée dans une histoire où elle voulait nous exposer toutes ses spécificités dans les moindres détails sans pour autant nous fournir les bases essentielles. Pour être honnête, j'ai commencé à lire le roman de façon assidue jusqu'au chapitre quatre. Je n'étais pas très emballée à ce niveau-là de ma lecture, et j'ai vite fini par ne lire que les passages que je trouvais intéressants lorsque j'ai repris. Et je ne pense pas avoir manqué beaucoup de choses. Pour moi, les trois-quarts du roman sont superflus. C'est rude, j'entends bien, et je vais étayer mon propos comme d'habitude. Gardez bien en tête que j'ai beaucoup aimé les one-shots de l'auteur, et que clairement ne pas avoir apprécié le premier tome d'Education meurtrière me chagrine énormément.

Pendant une grande partie du roman, j'avais l'impression d'écouter Einstein m'expliquer sa théorie de la relativité, alors que moi, je voulais simplement savoir où été la prise pour brancher le gaufrier. J'ai été larguée pendant un bon moment. Nous sommes directement plongés dans le monde de Galadriel, alias El, et de la Scholomance. En mode Dorothée et le pays d'Oz. Naomi Novik essaye de nous expliquer le concept de l'école et du monde dans lequel nous venons d'atterrir, mais de façon assez rapide et succincte. Je n'ai aucun doute sur le fait que pour l'auteur tout est limpide. Pour ma part, je n'ai toujours pas compris le concept de Mala, ni des affinités, de recharge de pouvoirs, de la notion d'équilibre, des salles qui bougent, de ce que l'école autorise ou pas, du concept même de sorcier... Et c'est pourtant la base de tout. de ce que j'ai retenu, j'en viens même à me demander quel est l'intérêt d'être un sorcier dans ce monde violent et tordu. A côté de cela par contre, nous avons droit à de longues explications sur des sujets, certes liés à l'univers, mais qui clairement ne nous apportent rien. Les longs souvenirs de El, ou bien les passages parlant de sa mère, les descriptions de plusieurs pages de personnages que l'on ne verra que trente secondes, l'explication de la genèse d'une créature allant même jusqu'à dire que Maman Higgins voudrait lancer une association de protection pour ces créatures tueuses (et en plein milieu du combat final !!!) : non ! Nous sommes engloutis sous une quantité de données superflues qui ne nous aident pas à nous imprégner ou à comprendre nos jeunes héros. Et cela casse le rythme et perd le lecteur qui essaye de rester focaliser sur l'essentiel.

Et à côté de cela, lorsque je suis arrivée à faire le tri et à me concentrer sur le noyau dur de l'histoire, j'ai enfin pu trouver cette étincelle qui fait que j'ai bien envie de continuer l'aventure. Déjà Galadriel. Je me suis beaucoup reconnue en elle, et c'est plutôt de chouette de rencontrer un personnage comme notre héroïne : en colère, mais essayant d'intériorisé un max (il faut bien garder des règles de bienséances), à la répartie cinglante, mise à la marge, car ne rentrant pas dans les cases, très intelligente mais devant le cacher. Elle n'est clairement pas le genre de personne vers lequel on se tourne spontanément. Comme le dit Aadhya, elle met une sorte de barrière entre elle et les autres, se montre aussi farouche, et pourtant, El veut être acceptée. Elle souhaite créer des liens et ne plus être seule. Il y a beaucoup de failles dans notre jeune sorcière, mais sa situation et sa psychologie font qu'elle mourrait plutôt que de le laisser paraître. Ensuite, nous avons Orion. Un personnage masculin qui peut paraître stéréotypé au premier abord, mais qui est bien plus lorsqu'on apprend à le connaître. le duo est d'ailleurs tordant au possible. Orion est un peu l'élève le plus populaire qui n'a jamais manqué de rien et qui ne voit même pas à quel point il est privilégié. Et à contrario, il souffre énormément de cela. Alors quand El entre dans son monde, elle qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui le traite d'imbécile et autre variante sans broncher, c'est juste génial. Deux électrons libres qui se percutent pour mon plus grand plaisir et que l'on voit évoluer avec cette fierté grandissante de maman lectrice.

La trame principale est aussi prenante. Franchement, encore une fois, sans le superflu, Éducation meurtrière est un très bon roman (oui, je sais : contradiction bonjour). Mais voir El se frayer un chemin, apprendre à intégrer un groupe, tisser des liens et devenir celle qu'elle rêve d'être avec toute sa badass attitude, et sans peur de froisser les égos des autres, moi je dis oui. On voit aussi se mettre en place tous les bases de la trilogie. le choix de se battre contre l'ordre établi, le groupe d'amis se former, une révolution se préparer. C'est du déjà vu, mais avec la dose d'originalité de l'auteur et de son monde, cela vaut le coup. Et oui, à travers toute cette jungle d'informations en trop, il y a bien une oasis (il faut que j'arrête avec les métaphores).

Education meurtrière est donc une lecture en demi-teinte. Pas une déception à proprement parlé (même si je m'attendais à vraiment apprécier cette lecture), car comme je l'ai souligné, certains éléments sont vraiment très sympathiques. J'ai envie de lire la suite et pas seulement par curiosité, mais parce que je voudrais savoir ce que vont devenir les personnages après toutes leurs aventures. Je me suis attachée aux héros et de ce que l'auteur a construit avec ce premier tome, je me dis que le deuxième pourrait être pas mal du tout (en espérant que les descriptions à gogo soient moins présentes maintenant que l'univers est posé).
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