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Critique de leboncoinlecture


Pièce classique dans sa forme (5 actes et lieu unique) ajoutant un zeste d'héritage antique (présence d'un choeur et d'un coryphée - mais en contre-pied, pour évoquer un dieu qui, lui, n'est pas impie) qui traite autant de religion que de pouvoir, Racine exprimant autant sa vocation religieuse que son statut de courtisan, puisqu'il écrit à la demande de Mme de Maintenon, épouse secrète de Louis XIV, monarque de droit divin, en cette fin de XVIIème siècle à la politique religieuse durcie, et qu'il écrit pour les jeunes filles du pensionnat de Saint-Cyr, pour leur morale et leur éducation.


La pièce développe une scène de l'Ancien Testament (lire la préface de l'auteur pour un rappel des faits avant d'entrer dans le vif du sujet).
Si la pièce porte le nom d'Athalie, grand-mère impie et indigne (au bas-mot...), ayant tué ses petits-enfants pour éradiquer la descendance de David, roi d'Israël, porteuse du tragique puisque c'est elle qui est en proie aux fameux conflits intérieurs de la tragédie, l'intrigue porte surtout sur le jeune Joas, seul rescapé de la tuerie sauvé in extremis par sa tante et jalousement élevé en secret par son oncle le grand prêtre du Temple. Sur le plan biblique, la lignée des rois est assurée et Jésus en naîtra. Sur le plan politique, la monarchie de droit divin sera restaurée, les impies aux volontés régicides seront supprimés.

J'ai apprécié l'alternance des rythmes selon les actes et les scènes. J'ai trouvé la structure de l'intrigue assez classique, sans grande surprise.
J'ai été portée par les alexandrins raciniens, comme toujours.
J'ai regretté que le conflit intérieur d'Athalie ne soit pas plus développé, notamment les raisons morales voire philosophiques de sa vengeance qui la poussent à la haine de sa descendance et de cette religion - cela aurait été remettre en cause le christianisme, ce qui n'était pas envisageable, j'entends. Ce point n'est qu'effleuré. Il a malgré tout le mérite d'être présent, insinuant la violence inhérente au pouvoir, sous couvert de religion, et contre-productive pour les deux - enfin, c'est ma lecture aujourd'hui, au XXIème siècle. J'imagine que c'était en fait un moyen pour Racine d'expliquer les agissements d'Athalie tout en montrant la violence inhérente à la religion judéo-chrétienne, depuis les origines, Louis XIV n'en étant alors qu'un bras supplémentaire, et légitime - la portion congrue étant accordée à cette réflexion dans la pièce pouvant peut-être être une retenue (morale ?) de l'auteur.
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