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Critique de Luniver


Combien de gens ne sont courageux qu'en l'absence de danger, ou généreux seulement quand personne n'est disponible pour recevoir leur don ? C'est bien beau de brandir des valeurs à tout bout de champ lors de conversations, mais c'est seulement dans les actes qu'on découvre vraiment ce que vaut la personne.

Sartre explore ce thème dans deux pièces de théâtre : dans « La putain respectueuse », un groupe d'hommes blancs agressent deux noirs dans le train pour le plaisir du lynchage. L'un deux parvient toutefois à s'enfuir, mais est poursuivi sous le prétexte qu'ils ont tenté de violer une femme dans un wagon. Ceci dit, la dite femme, une prostituée, contredit cette version des faits et est prête à témoigner devant un juge. L'agresseur, un fils de sénateur issu d'une grande famille de la ville, ne semble pas devoir craindre grand-chose à première vue : quand on vend son corps toute la journée, on ne doit pas faire beaucoup de difficulté pour vendre ses valeurs morales. La partie sera cependant plus serrée que prévu…

Dans « Morts sans sépulture » un groupe de résistant est capturé par les allemands. Chaque membre est torturé par des collabos pour lui faire avouer le nom de son chef de cellule. Ironie du sort, le chef en question est présent dans la même prison qu'eux, simplement arrêté pour vagabondage, et probablement libre sous peu. Devant lui, chacun s'interroge sur son propre courage, l'importance ou l'insignifiance du sacrifice qu'il est en train de faire, et quel sens lui donner.

Deux pièces qui forcent à l'introspection, avec une conclusion douloureuse : on ne connaît pas vraiment le poids de nos valeurs tant qu'elles n'auront pas été mises à l'épreuve. Beaucoup de gens mourront sans avoir à subir ce test, et c'est tant mieux pour eux. Pour les autres, leur existence se résumera sans doute à ces quelques minutes de vie qui font toute la différence entre un héros et un salaud.
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