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Critique de Matatoune


Niko Tackian propose son dixième roman, Triangle noir, un thriller, plus sombre que les précédents, à l'image de l'ambiance actuelle, où s'introduit l'intelligence artificielle au service d'une enquête.

Comme toujours, l'écrivain sait rendre compte de son époque à partir de meurtres qui touchent uniquement des jeunes hommes tombés aux mains d'un ou des assassins aux théories maléfiques et délirantes pour les enquêteurs.

Trio d'enquêteurs
L'adjudant Lutz est à quelques années de sa retraite et de son retirement au Portugal. « Premier arrivé, dernier rentré » est sa devise pour son service dans la gendarmerie.

Docteur Pierre Martiguas est un médecin psychiatre, expert en criminologie, a l'enthousiasme émoussé par les vicissitudes de la vie. de plus, l'alcool vient panser ses failles et ça commence à se voir. Les échecs professionnels en sont, en plus de son physique dégradé, la preuve tangible.
Sa maison est à dix km de toutes vies humaines avec des animaux comme seuls voisins.

Et puis, il y a le commandant Max Keller toujours flic à la brigade criminelle de Strasbourg
Mais devenu justicier et défenseur des mineurs maltraités.

Une lettre anonyme permet de trouver deux corps adolescents marqués à l'épaule par un triangle dans un triangle (ou trois points dans un triangle), suppliciés et même présentant des ablations d'organes faites alors qu'ils étaient vivants !

L'enquête va rassembler ces trois hommes, disparates, mais animés tous d'une volonté farouche de trouver la vérité. Parallèlement, l'assassin est devant nous en train de séquestrer une énième victime.

Quatrième personnage
L'autre grand personnage de ce Triangle noir est le territoire du Grand-Est, cette espace de forêt et d'eau à la nature préservée, et notamment la biosphère de Moselle-sud, reconnue par l'Unesco depuis 2021. On retrouve l'attrait de Niko Tackian pour les grands espaces et son besoin littéraire viscéral de vivre en accord avec les éléments pour trouver la sérénité contre les turbulences du monde. Seulement, dans Triangle noir, les deux personnages n'y arrivent pas ! Est-ce que Niko Tackian aurait perdu la ressource de son apaisement ?

Heureusement, l'Intelligence artificielle permet d'aider à la résolution de l'enquête. Avec sa capacité à ingérer des informations, Niko Tackian met en situation l'aide possible de cet outil pour la résolution d'enquêtes difficiles.

Écrivain visuel
La puissance littéraire de Niko Tackian est la qualité de ses scènes. Dessinateur de BD pour une trentaine d'ouvrages, ce sont les scénarios de téléfilms qui l'ont amené à la littérature. Lui, souffrant de dyslexie, reste un écrivain dit visuel, talentueux pour sa capacité à créer avec précision des images avec ses mots.

Là où le cinéma a besoin de liant pour faire suivre au spectateur le déroulé d'une histoire, ne serait-ce que le fil chronologique, la littérature peut poser des morceaux de vies qu'elle relie selon le bon vouloir de l'écrivain. Niko Tackian procède ainsi. Des touches de la vie des uns et des autres qu'il emmêle. Déjà, le lecteur est harponné dans sa toile et ne peut en sortir qu'à la fin.

Violence assumée
Dans Triangle noir, la violence est crue, déchaînée. Certaines scènes sont franchement extrêmement brutales de férocité sauvage. À la différence des précédents romans, Niko Tackian explique peu cette agressivité, sauf à avoir vécu la dureté des conflits modernes et à vouloir retrouver la puissance mégalomane du combattant.

Le recours à l'ésotérisme devient pour eux la justification du mal, comme un recours à des temps plus obscurs. L'écrivain semble inquiet sur le futur et la puissance de destruction du mal qui semble, ainsi, trouvé de nouveaux éléments avec à la fois la mondialisation et le développement de l'obscurantisme.

Cependant, la dimension humaine que l'on apprécie dans les thrillers de cet écrivain se reflète dans le soutien mutuel entre les personnages : Max et sa supérieure, le médecin et la personne qu'il rencontre, Lutz et son adjoint, etc. Et ce lien est le fil qui permet d'arrêter efficacement l'engrenage de la violence.

Ni bien ni mal
Son policier Max, n'est pas forcément sans côté obscur. « Se perdre dans des problèmes des autres à travers sa vie de flic et noyer ses angoisses dans la chimie de ses amphétamines. » Toujours une constante pour les personnages de Niko Tackian ! Tous doivent s'accommoder avec leurs failles ou leurs fantômes qu'ils essayent d'apaiser par leurs addictions. Seulement, leur rédemption par la vérité n'est jamais loin. Et Triangle noir n'y échappe pas !

En conclusion,
Quelques avis plus réservés m'avaient fait reculer le moment de découvrir ce Triangle noir ! Pourtant, Niko Tackian réussit, encore une fois, à proposer un thriller terriblement addictif, certes plus violent, mais toujours avec la même veine talentueuse ! À découvrir assurément !
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