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Critique de Jacotte_Fenwick


Je viens de le lire avec l'intention de trouver des pistes d'action face au réchauffement climatique et à l'effondrement de la biodiversité, qui m'épouvantent, et des raisons d'espérer. J'ai des enfants, j'adorerais avoir des petits-enfants, il y a des tout-petits dans ma famille et j'aimerais me dire qu'ils auront une belle vie.
Mais je partage la peur de Camille Etienne, je suis très inquiète pour eux. Sans parler des milliards de tout-petits et de plus grands qui peuplent notre belle planète.
Quand je m'inquiète, je cherche une solution. Puis je cherche comment contribuer à la solution.
Je ne mange quasi plus de viande, un peu de poisson et de coquillages, que j'adore. Je ne prends plus l'avion. Je roule à vélo plutôt qu'en voiture, quand c'est possible. Je prends quand même ma voiture pour me balader en Bretagne, où je viens d'emménager parce qu'il fait vraiment trop chaud en Isère. Tout en me disant que tout le monde ne va pas pouvoir s'installer en Bretagne. Je m'accorde de petits plaisirs qui ne sont pas bons pour la planète, tout en m'offusquant des gros plaisirs que s'octroient les autres, qui prennent l'avion comme je prends mon vélo, qui mangent tous les jours du boeuf, du cochon, du poulet industriels qui alimentent les marées vertes, les cancers et les comptes en banque du lobby de la viande.
Parce que, comme tout le monde, j'ai des besoins, parfois contradictoires : besoin de sécurité, qui me fait m'inquiéter pour notre avenir ; besoin de distraction et de beauté, qui me fait visiter la Bretagne, comme d'autres visitent l'Italie, l'Islande ou l'Indonésie, bientôt la Lune ou Mars ; besoin de sens, qui me fait décider d'arrêter l'avion, de renoncer à visiter le Vietnam, pour trouver la beauté à portée de voiture (hybride) ou de train.
Il paraît que chacun de nos actes est destiné à nourrir un besoin (Marshall Rosenberg et la CNV). Chaque besoin est légitime, puisque nous n'en avons pas la maîtrise. Mais nous sommes responsables de la façon dont allons (ou pas) nourrir ce besoin. du choix que nous allons faire de privilégier un besoin par rapport à un autre.
Il me semble qu'avec ce qu'on sait de la situation climatique, qui ne va pas s'arranger si on continue comme ça, quoi qu'en disent ceux qui ont intérêt (à court terme) à ce que ça continue, si on part du principe qu'on souhaite rester en vie de la façon la moins désagréable possible, et accorder ça à nos enfants et petits-enfants, chacun de nos actes devrait être choisi en fonction de son impact sur cette situation climatique : quand je réserve ce billet d'avion, quand je mange ce steak, quand je publie ces photos d'un site magnifique que je n'ai pas pris le temps de regarder, est-ce que c'est au service de la vie que je veux avoir dans 10 ans, de la vie que je souhaite à mes enfants dans 20 ans ? Si oui, ok. Si non, je le fais quand même ? Si je le fais, pourquoi ? Au nom de quel besoin qui passe devant mon besoin de sécurité, de survie ?
Camille Etienne appelle à désobéir aux mécanismes qui nous ont menés où on en est, qui ont servi à améliorer notre confort, certes, mais à quel prix ? Car non seulement ce confort pourrait bien disparaître à brève échéance (il a déjà disparu ces derniers étés), mais aussi ce qui rend possible notre vie sur Terre. Ces mécanismes sont sévèrement défendus par tous les lobbys qui y trouvent leur compte (pétrolier, agro-alimentaire, textile, communication...) et les élu.e.s qu'ils soutiennent moyennant lois favorables et stigmatisation-répression des « écoterroristes » qui osent se mettre en travers de leur chemin.
Désobéir, c'est refuser que ces déjà riches continuent de s'enrichir par nos choix en nous faisant croire qu'il n'y en a pas d'autre, qu'une belle vie c'est prendre l'avion pour aller 2 jours à New-York ou à Séville, c'est manger tous les jours de la viande pas chère parce que bourrée d'antibiotiques, c'est commander d'un simple clic des vêtements qu'on portera 2 fois et qu'on jettera 3 mois plus tard, qu'une belle vie c'est faire ce que je veux quand je veux. Quitte à en faire disparaître la vie sur terre, mais ça ils ne le disent pas.
Désobéir, c'est décider sans eux ce qu'est une belle vie, et décider sans eux comment la vivre. Je ne sais pas si ça suffira, parce que ça dépend de nous tou.te.s. Mais c'est ce que je choisis.
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