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Critiques de Clarke (238)
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Nouvelle Chine (BD)

La couverture nous montre la ville de Berlin mais avec un titre et une couverture de rouge pourpre qui rappelle la Chine de Mao. En fait, la capitale allemande est occupée en 1975 par les chinois tout comme la majorité de l’Europe après que ces derniers ont répandu un virus destructeur à travers le monde qui a fait des millions de mort. Cela ne vous rappelle rien ?



En fait, ces événements ont eu lieu peu après la Seconde Guerre Mondiale alors que l’Europe tentait de se reconstruire sans l’aide des Etats-Unis menant une politique isolationniste. On aurait pu penser que la Russie de Staline allait envahir l’Europe mais cette uchronie emprunte une toute autre direction pour nous dire que le véritable péril était jaune. Il fallait y penser.



Une fois qu’on a accepté le principe, on va suivre un vieil inspecteur incorruptible dans une enquête pour des meurtres en série dans les parcs de la ville. On lui colle un jeunot dans les pattes. Ils vont former un tandem. Rien de plus classique que le duo mal assorti d’autant que l’inspecteur est veuf et que même sa fille unique l’a quitté voilà plusieurs années. Il faut dire qu’il s’est plongé dans son travail mais également dans l’alcool.



Le dessin est en noir et blanc ce qui peut surprendre au premier abord car la couverture et le format laissaient présager de la couleur. C’est assez inhabituel mais on s’y fait. Il faut dire que l’ambiance voulu par l’auteur est celui d’un polar noir dans la plus pure tradition. Le trait demeure net et précis tout en restant dans un style réaliste ce qui est pour moi un modèle de lisibilité.



Et c’est là où le bât blesse un peu car nous avons un mélange d’uchronie politique avec une enquête criminelle classique. Il y a aura forcément un mélange de genre qui donne quelque chose d’assez original et sans doute trop pour être crédible. On ressort quand même un peu décontenancé d’un tel récit.



Pour autant, l’auteur Clarke a pris son temps pour nous présenter une intrigue policière avec un personnage qui a de l’épaisseur. A noter également un effort dans le découpage du scénario pour donner du rythme à l’ensemble.



La moralité de cette BD est que nul ne peut échapper à la politique même si on souhaite la fuir. Après tout, on vit dans un pays et sous un régime plus ou moins autoritaire. A un moment donné, les enjeux politiques nous rattrapent et il faut payer la note. A-t-on envie de vivre dans cette Chine nouvelle ? Certainement pas.



Enfin, je tiens à remercier Babélio ainsi que l’éditeur belge Quadrants (filiale de Soleil production) pour la réception de cette BD dans le cadre d’un masse critique.
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Les Danois

Voilà à quoi sert Masse Critique ; à gagner l'opportunité de lire quelque chose qui ne nous serait pas venu à l'esprit d'essayer autrement, et dont on n'aurait peut-être été jamais informé de l'existence. Je remercie donc Babelio et Le Lombard pour cette sortie des sentiers battus.



Alors, Les Danois, ce n'est pas une nouvelle histoire contant les péripéties de Vikings en mal d'aventure. Mais alors pas du tout ! En même temps, vous vous en doutiez si vous avez jeté un oeil sur la couverture.

Il se trouve que les populations danoises originaires de l'immigration africaine se mettent à avoir des enfants blonds aux yeux bleus. Un ça va, trois bonjour les dégâts, tous c'est le chaos assuré. Le récit mélange les intérêts politico-économiques, les complications sociales et une enquête journalistique avec la vie de personnages dès le début embringués dans ce galimatias et qui essaient de la jouer profil bas. Malgré la recherche scientifique qui cherche une solution, c'est une atmosphère fantastique qui règne sur cette histoire.



Le côté attachant des personnages, le dépassement rapide des stéréotypes rendent le récit agréable à lire. La haine de l'autre n'est même pas évoqué ; la distance entre les communautés vivement franchie. Trop vivement pour que ce soit réel ? Peut-être. La réalité des relations entre communauté n'est de toute façon pas le thème ici. La collaboration possible entre êtres fondamentalement proches est plus la substance du message.



Une belle et bonne surprise.

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Mélusine, Tome 22 : Cancrelune

Gros coup de gueule !

Comment peut-on, dans une bande dessinée pour enfant, représenter une personne qui se suicide et oser écrire qu'elle va aller tout droit en enfer car c'est la règle ?

Eh oh ! les auteurs, vous vivez à quelle époque les gars ?

Vous avez la chance de n'avoir jamais vécu le suicide d'un proche ?

Tant mieux pour vous si c'est le cas, mais je vous rappelle qu'on est en 2017, pas en 1950, et véhiculer ce genre de propos religieux et bien pensant me choque au plus haut point.

Pour info, la série des Mélusine est lue par des enfants et certains ont été ou vont être amenés au cours de leur vie à vivre le suicide d'un proche, il n'y a qu'à voir régulièrement les gosses qui se jettent de leur immeuble parce qu'ils ont été harcelés à l'école.

Il va déjà falloir leur expliquer pourquoi certaines personnes mettent fin à leur jour, alors pourquoi en rajouter avec l'idée de l'enfer éternel qui les attend soit-disant après ?

Alors s'il vous plaît, pas de propos rétrogrades dans une BD pour enfants, m... alors !

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Les étiquettes

Il ne faut pas réduire les gens à des étiquettes.

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Ce tome constitue une anthologie de vingt-neuf histoires courtes, toutes réalisées par Clarke (Frédéric Seron) pour le scénario, les dessins et l'encrage. Elles sont toutes en noir & blanc, à l’exception d’une seule, celle intitulée Synesthésie. La première parution date de 2014.



Au jardin, trois pages. Frédéric est assis en tailleur dans son jardin, tranquillement en train de s’en griller une. Son chat passe à côté de lui, il lui caresse le dos. Il se dit qu’il va falloir qu’il s’occupe du jardin. Par quoi commencer ? À peine, seul, et il est déjà la proie de questions existentielles. Il s’allonge sur le dos, et il continue à fumer tranquillement. Facebook, trois pages. Frédéric est à sa table de dessin : son téléphone sonne. Il décroche et la discussion commence.il explique à son interlocuteur qu’il est en train de travailler. Il l’informe que son épouse est partie, que les enfants sont restés avec lui. Frédéric ne sait plus trop où il en est : c’est une expérience éprouvante, il a l’impression d’être en mille morceaux. Il raccroche car sa grande fille vient de rentrer. Elle s’enquiert de son état : il ne sait plus trop ce qu’il est maintenant. Elle lui répond que c’est comme un profil facebook : il a le choix entre Marié, Célibataire, ou C’est compliqué. Le dessinateur, 4 pages. Frédéric est installé à une terrasse de café, en train de dessiner et de fumer une cigarette. Il en tire une bouffée et la jette négligemment, sans faire attention. Il se rend compte que le mégot a atterri dans le verre de la jeune femme assise à la table d’à côté. Elle le regarde, lui sourit et lui demande s’il a du feu. Elle rallume la cigarette trempée et entame la conversation. Il lui confirme qu’il fait de la bande dessinée, mais pour l’instant il n’a pas grand-chose à raconter. Il se sent un peu comme une coquille vide, il n’arrive pas à ressentir d’urgence. Elle décrète qu’il aime les étiquettes.



Les ballons, trois pages. Sur une plage ventée, Frédéric et son amie Bénédicte admirent les cerfs-volants dans le ciel. C’est magnifique : elle a bien fait de prendre son appareil photographique, une véritable exposition. En plus, ce n’était annoncé nulle part. Un homme passe et suggère à Bénédicte de dire à son copain de faire attention : les câbles des cerfs-volants bougent, et ce genre de truc peut couper un bras. Le baudrier, trois pages. Frédéric pratique l’escalade avec deux amis et chacun a apporté son baudrier. Le sien lui a été offert par ses enfants. Il ressent des douleurs car son baudrier est trop serré. L’avocat, trois pages. Un pigeon se tient sur le rebord de le fenêtre fermée, du bureau de la juge où se trouvent Frédéric, son ex-femme et l’avocat de celle-ci. Son esprit se met en état de fugue, et il n’entend que quelques mots épars de ce qui se dit. Au vu des qualificatifs employés, il se demande s’ils sont en train de parler du fils caché d’Hitler et de Torquemada. Il comprend qu’ils parlent de lui. Blind dates, trois pages. Frédéric est en train de prendre un verre avec deux copains qui lui demandent où il en est, et qui l’invitent à une bouffe la semaine suivante. Il y aura une de leurs copines, Laura, une célibataire craquante.



Avec François Gilson, Clarke est le créateur de la série Mélusine, et son dessinateur. Il a collaboré avec Turk pour la série Docteur Bonheur, avec Midam pour la série Histoires à lunettes, et il a réalisé de nombreuses autres séries et histoires en un tome. Ici, il réalise une succession d’histoires courtes : six en deux pages, treize en trois pages, six en cinq pages et une en six pages. Chaque page est construite sur la base de trois bandes. La première page comprend les deux bandes inférieures, la première étant occupée par le titre écrit sur une étiquette occupant la place de ce qui aurait été la case de droite. Les autres bandes de cette page, ainsi que des suivantes sont calqués sur un découpage en trois cases, aménagé en fonction du la scène, deux ou trois cases pouvant être fusionnées entre elles. Les dessins sont réalisés dans un mode un peu lâche, des contours encrés présentant parfois des angles non arrondis, donnant une impression de dessin construit mais dont le rendu final n’a pas été peaufiné. Cela donne un aspect un peu brut, permettant au dessinateur de s’affranchir de rentrer trop dans les détails. Le résultat raconte bien les histoires en montrant les personnages et les environnements, avec des traits de contours parfois pas jointifs, des visages dont les yeux peuvent être réduits à des petits ronds, le nez soit un peu arrondi, soit pointu, les cheveux représentés à la va-vite, la bouche pas forcément dessinée, certains détails laissés à l’imagination du lecteur, incitant à une lecture rapide.



Au départ, le lecteur prend chaque histoire comme étant indépendante, s’attendant à une chute comique ou dramatique. Il se rend compte qu’elles mettent toutes en scène un homme quadragénaire, quarante-huit ans est-il précisé dans L’anniversaire, dont le prénom semble être Frédéric. Au travers de quelques scènes éparpillées, le lecteur se fait une idée de la situation de cet homme : un auteur de BD dont la femme l’a quitté récemment et qui a la garde de ses trois enfants. Une histoire invite même le lecteur à être présent lors d’une audience pour son divorce. D’un autre côté, la continuité peut s’avérer un peu lâche : il n’y a pas de précision de date, du temps qui passe, ni de suivi des enfants qui n’apparaissent que le temps de deux ou trois nouvelles. Le lecteur finit par assimiler ce Frédéric à l’auteur lui-même puisqu’il s’agit de son vrai prénom. En outre, il est bédéiste, et il participe à des festivals où il croise d’autres auteurs dont certains avec lesquels Clarke a effectivement collaborés comme Denis Lapière, Bob de Groot, Philippe Xavier, Dany, Janry et Turk. Le lecteur ne sait plus trop s’il convient de prendre ces tranches de vie comme étant autobiographiques, avec une dose de dérision, ou s’il s’agit d’une autofiction. Ce mode narratif apporte une forme de cachet d’authenticité aux situations personnelles, les rendant plus émouvantes, même si elles ne sont pas forcément vraies comme pourrait l’être une biographie réaliste et fidèle.



La première histoire apporte un ton un peu mélancolique, le lecteur comprenant plus tard que le personnage essaye de déterminer quelle direction donner à sa vie après le départ de son épouse. Les dessins le montrent en train de rêvasser, puis de s’allonger dans l’herbe, avec un naturel convaincant, pendant que les petits cartouches de texte permettent de savoir à quoi il pense. Il n’y a pas de colère ou d’amertume, plutôt une forme de résignation à un état de fait qu’il n’a nullement souhaité, mais sur lequel il n’a pas de prise. À partir de la deuxième histoire, la narration comporte de dialogues, plutôt de que des cellules de pensée. Frédéric est présent dans plus de neuf cases sur dix, toujours calme, souvent en train de fumer, avec ses lunettes rondes, une petite barbiche, un air doux et un visage ouvert. Les autres personnages sont traités graphiquement de la même manière : comme croqués sur le vif, avec une forme de simplification dans les visages, des vêtements génériques tout en étant reconnaissables. L’artiste sait leur donner des postures parlantes, ainsi que des expressions de visage naturelles, même quand il n’y apparaît que des points pour les yeux et un trait pour la bouche. En page 82 & 83, le personnage principal assiste à une injection létale dans un hôpital : il n’y a aucun mot, aucun dialogue, pour autant la gravité du moment saisit le lecteur. Avec ces cases en apparence toutes simples, des dessins parfois réduits à des esquisses, l’artiste fait voyager le lecteur dans des lieux différents : la pelouse d’un jardin de pavillon, l’atelier de l’artiste avec sa table à dessin, la terrasse d’un café, une plage, un site d’escalade sur un massif montagneux, le bureau impersonnel d’un avocat, le bas-côté d’une route de campagne, un supermarché, un restaurant, le sous-sol d’un pavillon servant de local de répétition pour un groupe rock, une cuisine, des rues d’une petite ville, le bord d’une rivière, un hôpital, un vol en planeur, les rues de Londres…



Dans un premier temps, au vu du format, le lecteur s’attend à des histoires courtes, des instantanés, avec une chute peut-être comique. La première historie s’inscrit dans un registre réaliste, avec une touche doucement humoristique dans la dernière case. La deuxième histoire appartient au même registre. La suivante relève d’une rencontre à la terrasse d’un café, avec une jeune femme donnant un conseil à Frédéric sous une forme inattendue, celle d’une étiquette collée sur front : possible, mais peu plausible. La suivante se termine dans une situation moins plausible, une exagération comique. Dans la dixième, il n'y a pas de chute à proprement parler, une conclusion mais pas avec une mécanique de révélation qui surprend ou qui choque, générant un effet comique ou une émotion intense. Avec les récits seize (Pistolero) et dix-sept (Le conducteur), l’auteur ajoute un léger décalage par rapport à la normalité de la réalité, un élément presque surnaturel pour la seconde. Un élément de même nature apparaît dans Synesthésie où il est rendu visible par l’utilisation de la couleur. En revanche dans la leçon de scooter, Frédéric suit en voiture sa fille pour sa première sortie en scooter, dans un récit naturaliste. L’auteur fait ainsi varier discrètement le dosage des ingrédients de chaque récit, que ce soit la situation de départ, sa localisation, les autres personnages, la forme du récit avec ou sans chute, la tonalité triste ou amusée, etc. Frédéric n'est pas présenté comme un héros surmontant le traumatisme de la séparation maritale, ni comme un père courage élevant seul ses enfants tout en continuant à travailler. Le thème commun qui court tout du long de ces scénettes réside dans l’état d’esprit de Frédéric. Est-il dans la résignation ou est-il dans l’acceptation ? Il vit avec la modification de son statut affectif et par voie de conséquence social, sans trop savoir quelle direction donner à sa vie, si ce n’est que de continuer à réaliser les tâches du quotidien.



Clarke sort des sentiers battus, de sa série Mélusine, ou de ses récits avec d’autres auteurs, pour une série de vingt-neuf histoires courtes comprenant entre deux à six pages. Elles présentent comme point commun de concerner Frédéric, un auteur de BD qui vient d’être quitté par son épouse et qui porte le même nom que l’auteur. Le lecteur tombe vite sous le charme de cet homme calme en toute circonstance, avec une narration visuelle simple en surface, sachant bien transporter le lecteur dans des endroits différents, auprès d’êtres humains agréables et vivants. Au fil de ces situations douces-amères, le lecteur ressent de l’empathie pour cet homme gentil qui ne mérite pas de se retrouver dans cette situation, de la compassion pour cet être humain faisant le travail de deuil de sa relation, de manière inconsciente, oscillant entre résignation et acceptation. Visiblement séduit par ce format, Clarke a ensuite réalisé des histoires courtes en quatre pages dans un format de quatre cases par page, avec un noir & blanc tout en contraste, pour des récits très noirs : Réalités obliques, tome 1 (2015), Réalités obliques, tome 2 : Mondes Obliques (2016), Réalités obliques, tome 3 : Rencontres obliques (2018).
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Akkad

Dans Akkad, Clarke nous propose un scénario très ambitieux, une histoire d'invasion d'extraterrestres qui utilisent des procédés temporels pour coloniser la terre. Un sujet post apocalyptique associé à celui de l'humain augmenté, c'est bien imaginé. Mais cette histoire ne m'a pas emballée pour autant.

L'auteur nous oblige à nous creuser la tête, par moment je me suis demandé s'il n'y avait pas des flashbacks, on passe d'une histoire à l'autre, d'un lieu à l'autre, les transitions sont abruptes, je ne me rendais pas toujours compte des changements de situations, je mélangeais les personnages. Les cinq jeunes cobayes, ceux qui sont sur la couverture, restent des personnages sans personnalité, pas si intéressants au final.

Clarke ne dévoile jamais tout tout de suite, il faut entretenir la tension, et toi t'es là, à ne rien comprendre,

“— Non, c'est tout autre chose… Ce matériel volé dans les laboratoires… Il s'agit de…

— Tu es vraiment exceptionnelle.”

Et nous, on reste en plan, mais de quoi s'agit-il ? Ah, quel suspense… J'ai commencer à comprendre dans les cinq dernières pages, c'était voulu, mais je me suis ennuyé dans les 110 pages précédentes. Ce n'est pas que ça soit vraiment compliqué, mais à vouloir nous ménager le suspense, à tout prix, je reste campé là, à assister à une discussion private joke qui ne semble pas s'adresser à moi.

Bref, je n'ai pas pris de plaisir à cette lecture pourtant prometteuse, au niveau du graphisme, du sujet, de l'anticipation post-apocalyptique, mais le scénario, trop ambitieux dans sa construction, n'est pas parvenu à m'accrocher.
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Les étiquettes

Elle est partie et demande le divorce, le laissant seul avec leurs trois enfants adolescents qui semblent beaucoup moins effondrés que lui. Il est dessinateur, il raconte son désarroi et sa nouvelle vie dans de courtes chroniques BD.



C'est mou et très anecdotique, les "gags" sont complètement éculés - échapper aux plans des bons copains qui veulent vous recaser, apprendre à cuisiner et finir à la baraque à frites, faire bonne figure à des festivals BD merdiques, se dépatouiller avec son ordi et sur le net... Une euthanasie tombe comme un poil de patte de mouche dans le potage, troussée en quelques cases, et ne suscite aucune émotion tant elle arrive de manière incongrue.



La quatrième de couverture nous promet plein de choses "amusantes ou non". J'entoure l'option "ou non" et j'en suis la première navrée. L'album présente sûrement beaucoup plus d'intérêt pour ceux qui connaissent et apprécient Clarke (auteur de la série 'Mélusine', notamment). Je n'y ai trouvé que des considérations nombrilistes et vides.
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Mélusine, tome 10 : Contes de la Pleine Lune

Ouvrage composé de 140 petites historiettes où Mélusine, accompagnée de sa meilleure amie et un peu idiote Cancrelune et d'autres d'une autre de ses camarade et amie doont le nom n'est pas cité pour ne citer qu'elles font les 400 coups en apprenant leurs cours et en révisant leurs leçons pour les cours de sortilèges de l'école de magie à laquelle elle appartiennent.

Elles sont souvent dérangées par la cousine de Mélusine, la fée Mélisande avec laquelle elles font des jeux pour lesquelles elles ont largement passé l'âge mais cela est compter sans l'aide de la magie.



Des dessins assez grotesques parfois mais aux tons pastels, ce qui rend les images assez plaisantes à regarder et des courtes histoires assez drôles pour les unes mais généralement assez lourdes !

Un bon moment mais sans plus !

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Nouvelle Chine (BD)

Imaginez que la guerre froide n’ait pas eut lieu. Imaginez qu’au début des années 1950, un mystérieux virus ait décimé l’Europe, poussant le continent américain à fermer ses frontières. Imaginez que les populations asiatiques aient été épargnées par ce virus. Imaginez que la Chine de Mao ait réussi à mettre au point un médicament protégeant de ce virus. Et imaginez que grâce à cela, cette Chine de Mao ait pris le contrôle de l’Europe, et que 25 ans plus tard Berlin affiche des portraits géants du grand timonier sur ses murs et que les inscriptions partout, publicité, enseigne ou propagande, sont en allemand et en chinois.



Voilà l’uchronie dans laquelle nous plonge Clarke. Comme le reste de l'Europe, l'Allemagne est un pays occupé et sous dictature. Dans cet environnement géopolitique, l'inspecteur Viktor Eberhard mène une enquête sur un tueur en série qui sévit dans les parcs de la ville.



Ce qui frappe d’abord c’est l’opposition entre la couverture ou le rouge domine et le choix du noir et blanc pour la BD. Un dessin aussi sombre que les crimes commis, fait d’ombres et de lumières comme l’ambiance qui règne dans la ville, de grands aplats et de lignes fines. La quasi omniprésence de la pluie renforce cette atmosphère oppressante créée par la combinaison de la situation politique et de ces meurtres en série de femmes.



Tout l’attirail de la dictature est là : le petit Livre Rouge, constamment revu, réimprimé et redistribué à la population en échange du précédent, les rédemptions publiques, la peur de l’autre, la résistance et les arrestations arbitraires. Cela ne fait pas vraiment envie !



L’inspecteur semble totalement imperméable à tout ce qui a trait à l’occupation, au grand dam de son jeune stagiaire. Reconnu pour ses compétences, Viktor Eberhard reste concentré sur son enquête, même si le fantôme de sa fille partie il y a des années le hante entre deux verres d’alcool (interdit par les Chinois, tout comme le café ou les couples mixtes), et lui reproche la mort de sa femme.



Le récit est bien rythmé et le récit est bien ficelé. Clarke nous entraîne sur les pas de son nouveau héros, naviguant au milieu des faux-semblants et des manipulations en tous genres, son enquête étant perturbée par la police politique chinoise qui est persuadée que la résistance prépare un grand coup, pour nous mener à un rebondissement final qui ne peut que laisser présager d’une suite.



L’album se termine par quelques pages façon compilation de coupures de presse qui expliquent ce qui s’en passé entre 1950 et 1975, rendant encore plus crédible l'univers décrit.



Belle découverte de cette BD dont l’idée a germé dans l’esprit de son auteur pendant la pandémie du Covid 19.



Merci à Babelio et aux Editions Quadrand.

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Réalités obliques, tome 1

D'abord un bel objet en matière d'édition, avec son épaisse couverture cartonnée et son format carré, Réalités obliques nous emmène du côté de l'illusion, de l'angoisse, du questionnement sur l'existence et la réalité. Sont donc exploités les motifs du double, de la répétition sans fin et du rêve - entre autres.



On ne peut s'empêcher de penser à Marc-Antoine Mathieu, évidemment, mais aussi, toujours dans le domaine de la bande dessinée, à certaines histoires courtes de Jean-Claude Gal, et encore à Borgese, Cortazar, Lovecraft, Hoffmann, Philip K. Dick. Peut-être est-ce d'ailleurs un peu trop prégnant : j'aurais aimé que Clarke s'affranchisse davantage de ses influences. D'ailleurs, l'album donne un peu l'impression de tourner en rond, de se répéter, à l'image des personnages de ses histoires, prisonniers d'univers sans fin.



En revanche, le noir et blanc colle parfaitement à ces histoires sombres, dans un découpage et une mise en page toujours identiques (4 planches de 4 cases carrées, toutes au même format). Il aurait été intéressant d'utiliser des formules plus originales, variant à chaque histoire et se pliant véritablement au scénario, mais ce choix se révèle tout de même motivé dans le sens où il accentue le contraste entre la forme (découpage et mise en page) et le contenu (l'étrangeté du récit).



Ce que je regrette le plus, c'est le trait : je trouve les dessins de personnages bâclés, alors que cet album méritait que Clarke fasse mieux que dans Mélusine.



Pour terminer, il est nécessaire de noter, justement, que l'auteur, qui aurait pu se reposer sur ses lauriers, a pris la peine de travailler un univers différent de sa série phare pour la jeunesse et qu'il est franchement agréable de le voir s'attaquer à ce genre de sujet, qui n'est pas particulièrement aisé à traiter.







Masse Critique BD
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Mélusine, Tome 4 : Histoires à lire au coin du ..

J'ai retrouvé mes vieux albums de Mélusine en fouinant dans ma bibliothèque et c'est pour ça que je m'amuse à les relire et à en faire la critique. Heureusement que je n'en ai que trois car je ne m'amuse pas tant que cela en fait. Moi qui adorais ça quand j'étais adolescente, je me rends compte que même si certains gags sont assez drôles, la majorité est assez lourde et les dessins toujours aussi grotesques. Ici, on découvre une Mélusine, employée en tant que femme de ménage dans le château d'un petit village, château appartenant à un couple charmant composé d'une fantôme et d'un vampire et ayant pour majordome une espèce de "Frankenstein" et pour serviteur un loup-garou.

Un ouvrage vite lu mais vite oublié aussi !
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Cosa Nostra, Tome 1 : Scicilia bella

Voilà le type d'humour qui me faisait marrer à 14 ans, humour noir, un peu morbide, où tout ce qui est en principe intouchable en prend pour son grade, la famille, la condition de la femme, les parents, les enfants, les bébés, l'amour... Mais j'ai dû changer, cela me fait, aujourd'hui, juste sourire. Il y a tout de même une flopée de petits gags parsemés dans chaque histoire, avec des chutes souvent réussies, un graphisme et des couleurs soignés et dynamiques. Cela fait penser à la série "L'Effaceur", et dans le genre je préfère nettement Cosa Nostra. On y sent une légère tendance "Fluide Glacial" qui n'est pas pour me déplaire.
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Les Danois

Je n'ai pas du tout accroché à cette BD, rien d'attachant hormis l'amitié qui se noue entre les deux jeunes mères.

Un virus se répand sur le Danemark, les enfants ne sont plus l'image de leur s parents mais des enfants "lambda" avec des origines diverses et variées.

L'idée peut interpeller, mais on n'est à l'abri de rien avec les manipulations génétiques, les vaccins qu'on injecte à tort à travers sans vraiment en peser les conséquences, il faut écouler les stocks hein pas perdre d'argent, dans un monde qui tourne par la finance, la santé de l'humain passe bien après. C'est un peu cela qui en ressort mais aussi, de cesser de classer les gens dans des cases selon leur couleur de peau , de cheveux etc... un enfant reste un enfant né de l'amour qu'il ressemble à ses parents ou pas, quelle importance. Derrière cette histoire finalement se cache sûrement bien plus.





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Réalités obliques, tome 3 : Rencontres obliques

Au début… au début tout était normal.

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Ce tome fait suite à Réalités obliques, tome 2 : Mondes Obliques (2016) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, car il s'agit de tomes autonomes. La première édition date de 2016. Il a été réalisé par Clarke (Frédéric Seron) pour le scénario, les dessins et l'encrage. Il est également le créateur, et dessinateur et, depuis le tome 21, le scénariste de la série Mélusine avec François Gilson pour les tomes 1 à 20. Il a collaboré avec Turk pour la série Docteur Bonheur, avec Midam pour la série Histoires à lunettes, et il a réalisé de nombreuses autres séries et histoires en 1 tome, comme Les étiquettes (2014). Ce tome est une anthologie d'histoires courtes en noir & blanc. Elles se présentent toutes sous le même format : une page sur fond noir avec le titre et un liseré blanc oblique sur la partie droite, suivie par une page noire. Viennent alors les 4 pages de bandes dessinées, chacune comprenant 4 cases carrées de la même taille. L'ouvrage lui-même est de format carré, avec une couverture rigide. Ce tome comprend 25 histoires de 4 pages, et en ouverture 1 histoire d'une page.



Dans un petit bateau de pêche, deux marins sont secoués dans de hautes vagues d'une tempête : pas une seule terre émergée en vue, ça fait plus d'un mois qu'il pleut, un déluge, comme dans la Bible. – Un voile sur les vivants : elle s'appelle Louise et elle est confortablement assise dans un fauteuil de l'avion de ligne qui vient de décoller. La première fois qu'elle a remarqué son don, c'était avec sa grand-mère sur son lit de mort. Elle était encore une enfant, et on lui avait dit que sa grand-mère allait mourir, que c'était inéluctable. Mais il y a avait autre chose : dans son regard, un voile qui la coupait du monde comme si elle déjà partie. Louise a alors su ce qu'on voit dans les yeux de ceux qui vont mourir. – La danseuse : alors qu'elle s'entraîne avec des mouvements dans une salle de danse, cette jeune femme se dit qu'elle aime danser, qu'elle aime son corps, le sentir bouger, occuper l'espace autour de lui, vibrer, ondoyer, onduler, de plus en plus vite, sentir ses membres se détacher d'elle…



Y grec : un homme est allongé dans le noir. Il éprouve une sensation atroce, plus bas dans son corps. Il ne voit rien, mais la douleur est trop importante, avec l'impression d'être vidé, étripé. – Une victime de plus : un homme est assis sur un banc et il regarde les jeunes femmes passer en pensant à a prochaine victime. Mais laquelle choisir ? Il lui faut rester prudent. Ne pas se précipiter, sélectionner avec soin. Mais c'est si difficile. Il arrive à peine à se contenir. Il a tellement envie de meurtres et il y a tant de proies. - La fin : un homme est assis dans l'herbe, adossé à un arbre, en train de regarder sa fille marcher avec application. Il y a quelques semaines encore, elle ne marchait pas, et voilà. Il se demande à quoi ressemblera sa vie dans vingt ou trente ans.



S’il a lu les deux premiers tomes de la série, le lecteur sait ce qu’il est venu chercher : un exercice de style, des histoires à chute, une vision pessimiste et négative du monde, des gens et de la vie en général. Il retrouve tout ça, sans sensation de répétition le cadre formel très contraignant. Le créateur respecte scrupuleusement le format qu’il s’est imposé. Comme dans les deux précédents tomes, seule la première histoire y déroge : en une seule page, composée de quatre cases de la même taille. Un gag reposant sur la surprise de la dernière case, et une déduction laissée au lecteur. Le contraste entre noir & blanc est total, avec des masses noires, des masses blanches, et des traits secs apparaissant soit noir sur fond blanc, soit blanc sur fond noir, venant comme griffer l’aplat, ce qui évite que l’œil du lecteur voie immédiatement la forme à repérer dans la dernière case. En quatre phylactères et trois cases, l’auteur a posé la situation et la résolution est purement visuelle, sans texte, charge au lecteur de formuler dans son esprit ce à quoi les deux marins sont confrontés dans cette mer démontée. Une maîtrise de la concision, du découpage et la mise en scène, une leçon de narration.



Au fil de ces vingt-cinq histoires, le lecteur pense à nouveau aux Idées noires d’André Franquin, à la fois pour ce choix du noir & blanc, à la fois pour la vision pessimiste du monde et de l’existence. Il représente des individus assez fades, afin de faciliter la projection du lecteur, des hommes et des femmes d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années, au physique banal, parfois similaires entre deux histoires, même s’il n’y a aucune forme de continuité. Il esquisse les tenues vestimentaires s’attachant à leur allure générale, sans rentrer dans les détails, pantalon, chemise ou chemisier, et parfois un imperméable pour son allure esthétique. De temps à autre, un vêtement ou un accessoire un peu particulier apparaît : un béret de marin, une barrette, une jupe, un juste-au-corps de danseuse, des lunettes qui cachent le regard, un habit de bonne sœur, une tenue d’employé d’établissement de restauration rapide, un parapluie, des talons haut, un tatouage, une combinaison d’astronaute, une tenue de clown. Avec un peu de recul, le lecteur s’aperçoit qu’il y a plus de variété qu’il ne pensait, et qu’à chaque fois l’artiste sait trouver les traits nécessaires et justes pour évoquer ces éléments sans avoir besoin d’en représenter la texture ou la forme exacte.



Les histoires apparaissent plus distinctement variées aux yeux du lecteur grâce à la mise en scène. Alors que la structure figée et la forme de minimalisme visuelle peut laisser supposer une uniformité visuelle, il n’en est rien. Chaque histoire est bien distincte : l’environnement dans laquelle elle se déroule, la situation initiale. Tout l’art de Clarke est de savoir construire une mise en scène spécifique à chaque histoire, lui donnant une apparence particulière, la distinguant des autres. Une mer démontée, un voyage en avion, un cours de danse, un banc dans une rue, un grand parc, un établissement de restauration rapide, un champ, les bas-côtés d’une nationale la nuit, un lit la nuit, une navette spatiale, le garage d’un pavillon, un paquebot en train de couler, et de nombreuses pièces noires sans signes distinctifs. Même dans ce dernier cas, la mise en scène des personnages, et la direction d’acteur évitent toute sensation de redondance ou d’inconsistance. À chaque histoire, le lecteur ressent la sensation de plonger dans une nouvelle situation, d’observer de nouvelles personnes, avec une curiosité renouvelée, et un sentiment d’inquiétude palpable dès la première case, car il sait que l’échec ou la malchance sont au bout de la nouvelle.



Pour ce troisième tome, l’auteur a collaboré avec d’autres scénaristes, chacun écrivant une histoire : Andreas, Raoul Cauvin, Aimée de Jongh, Dugomier, Foerster, Joseph Safieddine, Kid Toussaint, Vehlman, Zidrou. Soit neuf histoires, ce qui en fait seize écrites par Clarke. Si, dans la table des matières, il n’était pas fait mention de leur nom accolé à la nouvelle qu’ils ont écrite, le lecteur ne subodorerait pas que l’auteur ne les a pas toutes écrites. Comme dans les tomes précédents, la fatalité s’abat sur les personnages : la mort bien sûr, l’impossibilité d’être à la hauteur de ses rêves, la pulsion de tuer, la part de ténèbres en chacun de nous, le passage inexorable du temps, l’incommunicabilité, l’intranquillité, l’innocence trompée, l’incompréhension de la réalité générée par sa perception avec des sens finis, l’égoïsme naturel de l’être humain, les plans bien préparés qui se heurtent aux impondérables, la survenance d’événements arbitraires sur lequel l’individu n’a aucune prise. Il ne s’agit pas d’un humour noir gentil. Au début, le lecteur peut avoir l’impression que l’auteur se conforme plus à l’exercice de style pour lui-même, qu’il ne creuse pas la douleur d’exister. Quelle que soit sa sensibilité, le lecteur finit par tomber sur une nouvelle qui lui parle plus, parce qu’il a déjà fait l’expérience de ce type de vulnérabilité, de se retrouver sans défense, sans moyen d’action, de subir. Le mal-être ressenti par un personnage ou un autre fait mal. Comment rester insensible devant cet homme qui peste contre une panne qui l’empêche d’accomplir ce qu’il souhaite ? Comment accuser le coup quand le lecteur comprend que son but est de se suicider et que cette panne l’empêche de le faire ? Quel désespoir que de vouloir en finir avec la vie, et de ne même pas en être capable… Et ce couple qui se défait juste parce que la femme et l’homme n’ont plus le même rythme. Ou encore cet homme sachant que sa mort entraînera sa disparation à jamais et qui ne peut rien y changer.



Troisième tome de cet exercice de style : chaque histoire en noir & blanc, en quatre pages, contenant chacune quatre cases de la même taille. Aucune sensation de redite : chaque histoire développe une situation différente, une souffrance particulière, soit banale, soit teintée de fantastique. Une narration visuelle focalisée sur l’essentiel, au point d’en devenir évident, la justesse d’une sensibilité à la pénibilité de la condition humaine.
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Melusine, tome 23 : Fées contre sorciers

Ce tome 23 m'a un peu déçu!

Mélusine a perdu Cancrelune et c'est Mélisandre notre fée rose, gourdine et gourmande qui reprend un peu la place de second rôle dans toute cette histoire. En effet, celle-ci va intégrer l'école des sorciers pour remplacer Cancrelune mais les sorciers et les fées ne font pas bon ménage...

Cela dit on apprend plus de chose sur le monde des fées que Clarke n'avait jamais vraiment exploré jusqu'ici.

Au final, je n'ai pas vraiment accroché à ce tome, je l'ai trouvé un peu plat par rapport aux autres. Cela reste bien évidemment mon ressenti.
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Dilemma : version B

L’Idée que l’histoire serait prédéfinie, qu’une science pourrait prévoir l’évolution sur une longue distance, ça me rappelle Isaac Asimov avec “la Fondation”, sauf qu’ici, est, cette science historique et prédicative est inventée au IVe siècle avant JC et depuis, l’humanité suit les évènements prévus par un d’éminents penseurs, Xénophon, Platon, Aristote, et Diogène. Une expédition archéologique allemande découvre ses écrits en 1937.Archéologie, nazisme, après la Fondation d’Asimov, un petit tour du côté de chez Indiana Jones, mais là, la comparaison est un peu forcée. Ce n’est pas vraiment un récit d’aventure, d’action. On s’intéresse plus à l’évolution du Reich, de ses intrigues politiques et le thème de l’histoire tourne autour de cette prédiction, le fait de la connaitre permettra-il de modifier l’histoire dans un sens ou dans l’autre. Qu’est-ce que cela modifiera dans l’issue de la seconde guerre mondiale...

J’ai aimé l’ambiance mystérieuse de manigances, de machinations, mais cela reste assez classique et avec pas mal de clichés et le rythme est assez haché, les scènes avec les philosophes grecs viennent ponctuer le rythme mais les propos philosophiques restent caricaturaux. Il manquait sans doute des acteurs plus marquants pour un récit plus fort.

On sent bien que le but des auteurs est tourné ailleurs. En effet, il existe deux versions différentes de cette bande dessinée, version A ou Version B, avec juste 5 pages différentes entre les deux. Je trouve le principe original et novateur. et la différence entre les deux versions est ce qu’il y de plus réussi dans cette bande dessinée. J’ai réussi à lire les deux versions, je ne dirais pas que j’ai préféré une fin à l’autre, les deux sont très bonnes et c’est justement la confrontation entre les deux qui pose les bonnes questions. L’une est une uchronie, l’autre pas, mais laquelle était prévue par les anciens philosophes ? Ce dilemme est vertigineux et ça, j’ai adoré.

Mais voilà, quand vous achetez cette bande dessinée, est-ce que vous allez rajouter 20 euros pour lire la deuxième version. Le concept est génial, mais j’aurais aimé trouver les deux versions dans le même investissement. On peut la lire en téléchargement gratuit, mais ce n’est pas pareil. Si tu ouvres une bande dessinée, ce n’est pas pour te retrouver devant un écran. Et si tu lis la bande dessinée sans connaitre les deux versions, tu en perds tout le sel. Ce détail m’a un peu frustré.
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Dilemma : version A

Le concept de cette Bd est original : un groupe de savants grecs, Platon, Diogène, Aristote et Xénophon, aurait imaginé ce que les civilisations humaines seraient amenées à faire dans les siècles suivants en fonction des circonstances. Ce déterminisme historique aurait été recueilli dans des manuscrits cachés en Égypte dans des jarres. Et les événements se seraient déroulés comme les penseurs grecs qu quatrième siècle avant Jésus-Christ l’avaient voulu.

Leurs écrits sont redécouverts en 1937 par Michael Dorfmann, un archéologue allemand. Cette trouvaille aiguise l’intérêt d’un groupe cherchant manifestement à protéger ce secret. La traduction des textes est un travail de longue haleine, qui finit par intéresser Himmler aussi. Dorfmann et son amie Rachel vont devoir se situer face à ces tensions, alors que l’Allemagne nazie avance vers la guerre.

L’idée initiale est inventive et le dessin de Clarke bien adapté aux années trente, mais passé le concept initial et ses premiers développements, l’intrigue perd un peu de souffle. Dommage car Clarke se rattrape par un dilemme final des plus osés.

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Nouvelle Chine (BD)

Après qu'un virus dévastateur ait envahi le monde, la Chine propose le seul vaccin. L'Allemagne passe sous l'autorité de Pékin. A Berlin, l'inspecteur Eberhart enquête sur une série de meurtres, mais ses investigations l’entrainent vers la piste des résistants. Son enquête prend alors une ampleur politique.

J'ai trouvé l'idée d'un Allemagne dominée par la Chine vraiment intéressante. Le contexte de cet album est bien développé et passionnant. Mais l'intrigue policière peine plus à tenir en haleine et certaines choses auraient mérité plus de développement.

J'ai beaucoup aimé les graphismes, très classique mais avec un coup de crayon sur et précis et beaucoup de détails, tant sur les décors que pour les personnages. Le noir et blanc est très beau.

Une lecture que j'ai apprécié dans un univers inventif.
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Dilemma : version B

Michael Dorffman est une jeune archéologue qui va faire une découverte incroyable : cachés dans de vieilles amphores dormaient des parchemins tendant à prouver que le monde a été prédit il y a bien longtemps. En cette époque où la seconde guerre mondiale se profile, ces manuscrits ancestraux vont intéresser beaucoup de monde.



Nous allons donc suivre Michael qui progressivement va traduire les anciens textes et découvrir que le monde a été prédit, ou plutôt pensé. Il devra composer avec les hommes du reich et des alliés. Les deux parties aimeraient bien mettre la main sur la façon de gagner la guerre.

Parallèlement nous avons quelques passages où les grands philosophes grecs se réunissent pour discourir sur un monde futur.



J'avoue avoir trouvé le tout plutot moyen, sans grande nouveauté, sans grande surprise.

De base ce n'est pas mon genre de prédilection, je on ne peut pas dire que j'ai été embarqué dans l'histoire. Même les personnages sont assez insipides, pas antipathiques mais pas super attachants non plus.

La BD ne sort pas du lot par son scénario même si elle propose une version alternative. Effectivement, on comprend le pourquoi du titre à la toute fin où notre jeune héros devra prendre une décision concernant le sort des parchemins. La fin alternative est disponible gratuitement sur le site du lombard, pour satisfaire les curieux. Contrairement à ma version B, la version A est plus dystopique. Moi j'ai une petite préférence pour la B...



Le dessin n'est pas extraordinaire, mais sa ligne est claire et bien lisible. Plutôt frais.



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Nocturnes

Prenez vos précautions… Nocturnes est un monde à l’atmosphère plombante. Non seulement les couleurs sont maussades –barbouillis nauséeux de kaki, de gris et de noirs- mais aussi les personnages : une foule de pauvres êtres humains qui se tirent la gueule sans qu’on ne sache vraiment pourquoi, et qui n’esquissent jamais le moindre sourire (ô déshonneur !). Une hypothèse : s’ils semblent prêts à se passer la corde au cou, c’est peut-être poussés par le désespoir qu’engendre le peu de personnalité que revêt leur dessin ? Tous les personnages sont en effet d’une facture classique, dénuée de relief, à tel point qu’il en devient parfois difficile de différencier certaines figures masculines les unes des autres. Cette difficulté pose un problème évident puisque Nocturnes se propose de raconter l’histoire des habitants d’un petit village : autant dire que les personnages ne se comptent pas sur les doigts d’une main, et qu’on aurait pouvoir aimé les distinguer les uns des autres sans se donner des maux de tête.



En parlant de migraines, méfiez-vous également de l’histoire en elle-même : imbroglio plus insoluble serait difficile à inventer... L’intrigue se met en place lorsque les habitants du village se rendent compte qu’ils perdent progressivement la mémoire, lorsque certains ne disparaissent pas tout simplement dans la nature.



Persuadés de connaître l’origine de leurs maux, ils incriminent Léo, l’écrivain qui leur a donné naissance. Atteint d’un cancer, celui-ci n’a plus la force de poursuivre l’écriture de son roman –roman ô combien intéressant puisqu’il narrait justement les aventures des habitants de ce village. Ses personnages se rebellent. Comment font-ils ? Attention, c’est là que ça se complique… Ils s’acharnent contre Léo, l’avatar de l’écrivain, que l’écrivain a introduit dans son propre roman. Il y a donc deux Léo : un malade, bon à rien, qui ne parvient plus à écrire ; et l’autre en pleine forme (malgré ses tendances dépressives), bon à rien lui aussi, personnage à part-entière du roman écrit par le Léo cancéreux.



L’histoire est tordue à souhait, et au moins aussi grimaçante que le faciès des personnages… Ceux-ci restent pantelants à l’idée que leur « vie » ne dépend que de la volonté d’un homme, et certains, parmi les plus mal lotis, exigent des explications quant aux raisons qui les ont désignés comme bouc-émissaires d’une pulsion créatrice sadique. Si l’un des personnages s’était mis à sourire, peut-être une entente cordiale aurait-elle fini par être trouvée ? Mais dans leur malheur, les personnages décident de sortir flingue et couteaux et de s’entretuer peu à peu, dans ce qui aurait pu être un suspens bien ménagé mais dans ce qui n’est, en réalité, qu’une tuerie monotone et linéaire.





Si Nocturnes vous semble être l’album idéal pour s’interroger sur la notion de libre-arbitre, c’est que vous avez l’esprit un peu trop philosophiquement mal tourné. Rien d’intéressant entre ces pages, seulement l’envie d’en finir le plus vite. Ça tombe bien, Léo-tout-puissant finira enfin par succomber à son cancer. Nocturnes -ou comment se réjouir du malheur des autres.



(et comme le dit si bien un des personnages de cette bande dessinée :

"Nous ne sommes que les acteurs d’une histoire sordide racontée par un écrivaillon rancunier !!")






Lien : http://colimasson.over-blog...
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Nouvelle Chine (BD)

Berlin, 16 novembre 1975

Déjà 7 victimes, 7 femmes assassinées. L'inspecteur Viktor Eberhard court après le tueur, le boucher du Tiergarten. Mais lorsqu'il se rend, avec son assistant Mathias Schneider, sur les lieux où vient d'être découverte une huitième victime, la police chinoise est là, elle aussi.



Car oui, ce Berlin uchronique est occupé par la Chine. Tout comme une bonne partie de l'Europe occidentale, minée par une étrange épidémie dont seuls sont épargnés les chinois. Inspiré par le covid, Clarke, dessinateur notamment de la série Mélusine, a monté un scénario dense et ingénieux.



Son dessin en noir et blanc, précis et fin, nous montre un Berlin pluvieux aux teintes asiatiques. Les rues, les monuments, les bâtiments, tout semble incongru et surprenant. Mais on se laisse prendre au piège tant le tout semble bien ficelé. Et puis il y a cet inspecteur, qui veut faire son boulot de flic, coincé entre la police du parti et les soubresauts de la résistance locale...



Si l'enquête perd peu à peu de son intérêt, "Nouvelle Chine" est un album prenant et riche. Clarke réussit à mixer polar et uchronie avec un talent certain en recréant des années 70 sous domination chinoise... A découvrir !

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Normandie : 1870

"Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d’armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n’était point de la troupe, mais des hordes débandées. Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d’une allure molle, sans drapeau, sans régiment. […] Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disait-on." [...] Il y avait cependant quelque chose dans l'air, quelque chose de subtil et d'inconnu, une atmosphère étrangère intolérable, comme une odeur répandue, l'odeur de l'invasion. Elle emplissait les demeures et les places publiques, changeait le goût des aliments, donnait l'impression d'être en voyage, très loin, chez des tribus barbares et dangereuses." La débandade de l'armée française, l'occupation prussienne en Normandie, le cortège des horreurs de la guerre de 1870 servent de motif à de nombreux contes et nouvelles de Maupassant où sa férocité s'exerce avec maestria dans la plus connue et réussie de toutes dont le titre est le sobriquet de l'héroïne principale : "Boule de Suif". Mais quel est l'état-civil de Boule de suif dans le récit ? 👩‍🦰👩‍🦰👩‍🦰

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Thèmes : guerre , Guerre franco-allemande (1870-1871) , littérature , nouvelles réalistes , contesCréer un quiz sur cet auteur

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