« — Tu es l’imparfaite personne qui est parfaite pour moi, Ty.
Tyrone cilla à cette formulation puis sourit légèrement.
— J’aime bien l’idée… »
— Un poisson rouge, hein ? finit-il par dire d’un air désabusé.
Kyren sourit malgré lui.
— Ouais ...
— Un poisson, répéta Cameron en plissant le nez.
— Il y a moins de risque qu’il me déteste, ironisa Kyren. Quoique ... Il se suicidera sans doute en sautant de son bocal si je m’en approche !
Cameron s’esclaffa.
— Kyren ou le suicide du poisson rouge !
Kyren tendit les mains et le prit par le col pour l’attirer vers lui, tendant le cou pour souder ses lèvres aux siennes. Cameron sourit contre sa bouche.
— Tu peux toujours te contenter de ton « gros matou », souffla Kyren, le regard moqueur, quand il s’écarta.
Cameron mordilla sa lèvre inférieure, un sourire aux lèvres.
— C’est que j’aime beaucoup les chats ...
« Tu en as un très grand sous la main », songea Kyren.
« — Va te faire foutre, Rhys ! siffla-t-il en se dégageant, le laissant tousser légèrement, une main sur son flanc douloureux.
À genoux sur le sable, le Garou le regarda s’éloigner en direction du cottage en de grandes enjambées rageuses, démoralisé.
C’était la deuxième fois qu’il avouait ses sentiments à quelqu’un.
Et c’était le deuxième râteau qu’il se prenait en pleine figure.
Y a pas à dire, tu es un vrai tombeur, mec. »
- Appelle-le, conseilla-t-il.
- Pour quelle raison ? bougonna Cameron. Je ne suis pas parti de chez lui depuis plus de quelques heures...
Mark ricana.
- C'est pour ça que tu étais un peu à la bourre, ce matin ? Et moi qui ai failli gober cette histoire d'embouteillage...
Cameron rougit légèrement en prenant son portable.
- Il y avait vraiment des embouteillages !
- Dans la salle de bain ?
Pour lui, l’important, c’était la vérité du terrain. Il n’était pas devenu journaliste pour se planquer dans un hôtel et attendre les conférences de presse de tel ou tel commandant de l’armée. Il préférait se fondre parmi les autochtones, loger chez l’habitant, utiliser un réseau de contacts dans lequel il avait confiance. Il agissait ainsi partout où il allait faire des reportages.
« Cameron rit légèrement.
— Oui, mais pas seulement, dit-il tendrement. Tu crois en des valeurs et tu défends passionnément ton point de vue. Tu as un esprit brillant, tu es intéressant à écouter et c’est génial de débattre avec toi parce que tu n’es pas du genre à camper sur tes positions en refusant d’écouter l’avis des gens … Tu as un magnétisme dont tu ne te rends pas compte, je comprends que tes étudiants soient si assidus à tes cours… Et puis, tu es vraiment très mignon, pour un professeur d’université.
Kyren lui donna un léger coup dans l’épaule.
— Et parce que tu as beau ne pas me l’avoir encore dit, je pense que tu m’aimes et que tu me le montres à ta manière, ajouta Cameron avec une grande douceur.
Kyren sentit une boule lui nouer la gorge.
Pendant une fraction de seconde, il soutint le regard de son amant avant de l’étreindre, enfouissant son visage dans son cou pour lui dissimuler son expression. Cameron sourit légèrement et glissa une main sur sa nuque avant de presser ses lèvres dans ses cheveux. »
Kyren soupira silencieusement, soulagé. De son pas silencieux, il allait faire un repli stratégique vers la porte quand un frémissement le secoua, telle une vibration intérieure qui le fit se figer, tous les sens en alerte.
- professeur Lakelan, je me trompe ? l’interpella une voix chaude et grave.
Se retournant, il croisa le regard gris de l’agent Gilroy. Sentant son cœur s’emballer brusquement, il l’observa en silence, surpris par sa réaction à la proximité du jeune homme.
- Vous m’accompagnez ? suggéra l’agent.
Kyren hocha la tête avant de laisser son regard passer rapidement sur la silhouette agréable de son vis-à-vis. Cameron s’en rendit compte et sourcilla légèrement avant que l’ombre d’un sourire vienne frôler ses lèvres.
« Grillé », songea Kyren sans toutefois en éprouver de réels remords.
- Suivez-moi, demanda Cameron en quittant la pièce pour prendre la direction d’un autre bureau.
Tout en se demandant s’il avait réellement perçu une note d’amusement dans sa voix, Kyren lui emboîta le pas.
— Il a découvert une bombe dans sa voiture ; on serait perturbé aussi par la situation à sa place, non ?
— Ce n’est pas ça…
Tyrel lui jeta un nouveau regard et son expression s’assombrit lorsqu’il comprit.
— Tu penses qu’il est en plein flash-back ?
— Je pense, répondit Shane, que c’est un ancien Marine revenu du front traumatisé et qu’il est mis dans une situation stressante dont il n’avait pas besoin.
Son ami et second grimaça, mal à l’aise.
— Tu crois qu’il pourrait être un danger pour Mav et Maddie ?
— Non, pas pour eux, dit Shane en secouant la tête.
— Pour nous, en revanche… ?
— J’irai seul chez Hannah.
Tyrel retint la protestation qu’il avait sur le bout de la langue. Il était assez au fait des difficultés liées au syndrome de stress post-traumatique pour savoir qu’un combattant aussi bien entraîné que l’avait été Luca pouvait se révéler un danger, pour lui-même comme pour autrui.
Un enfant abandonné ! Avec tous les traumatismes qu’il a vécus ! Louka est un enfant dont la sensibilité est à fleur de peau. Il y a parfois des larmes que je ne comprends pas ! Il y a des cauchemars que je ne peux pas effacer ! Il y a des peurs que je ne sais pas raisonner !
— Le terme exact qu’ils utilisent est « Thérianthrope », précisa Cameron.
— Et ma main dans ta gueule, ils appellent ça comment ?
— Visiblement une mauvaise idée, répondit-il d’un ton pince-sans-rire.
— Haha ! Très drôle, petit malin, railla Mark. Je suis mort de rire !