Azalée Fray

— [...] L'amour, pour ma part, c'est toxique, très toxique. Dangereux, maladif, comme une drogue qui vous consume vous et votre cœur, vous et votre âme, vous et votre cerveau, vous et votre temps... Et lorsque vous l'avez trop absorbé, que vos perceptions sur la vie se troublent, que vous perdez le contrôle, alors vous sombrez et tombez à la renverse. L'oxygène diminue. Puis, quand il n'y a plus d'amour, plus de drogue, alors on s'égare. On trébuche. On s'effondre. Sans repère. Ça me dégoute, comme rien au monde ne m'a encore dégoûtée de la sorte. Que ça soit un amour passionnel, maternel ou autre, jamais, ô grand jamais on y ressent du bonheur. Parce que, lorsqu'on aime quelqu'un, on l'aime jusqu'à se perdre nous-même, perdre la notion du temps. On devient fou. Combien de cœurs ont étés brisés pour cette magie inexistante ? Combien y a t-il eu de vies détruites ? D'âmes détruites ? Le nombre est incalculable. Au début... C'est toujours le même cinéma, on te montre les meilleures facettes de toi, des petites attentions et... des promesses de part et d'autre pour que tu deviennes complètement accro, puis, une fois que tu es acquise... Les mignonneries et les moments magiques s'estompent. La vraie personnalité se dévoile enfin. Le masque tombe. Je ne dis pas que tut le monde est blessé par l'amour. Je dis juste que la plupart des personnes sont dégoûtées, aigries et blessées. Des personnes qui n'ont plus confiance en cette merde à force de se prendre des coups et des déceptions.

— Le pire, c'est d'espérer, d'espérer un amour avec un grand A, de s'attacher, d'aimer, puis de réaliser que la personne qu'on pensait vraie ne l'était pas. Quand la personne qu'on pense aimer décide de se détacher sans aucune pitié, ça fait mal. Ça rime à quoi ? Combien de personnes sont tombées en dépression en s'enfermant dans leur chambre ? Savoir que la personne qui vous a soutenu et montré une autre façade de la vie s'est enfuie sans un mot, c'est quelque chose qu'un cœur ne peut pas supporter et...
— Mais lorsqu'on se détache d'une personne importante, ça vaut aussi dire que c'est une belle preuve d'... d'attache. L'amour peut faire faire des sacrifices. L'amour ne triomphe pas toujours. L'amour peut être si puissant, que deux drogues ensemble ne peuvent vivre sainement l'une avec l'autre. L'équation est trop dure. Elles doivent se séparer pour survivre.

— On a tous une raison. Tu as la tienne. Je ne dirai rien... Mais, sache qu'à partir du moment où mon esprit n'a cessé de penser à toi, je ne te lâcherai plus. Je ne te connais peut-être pas encore, je ne comprends pas la situation dans laquelle tu es, mais... quand je veux savoir quelque chose, je le sais. Tu m'en parleras quand tu seras prête. Je te parle pas pour ça, je te parle pour être ton ami.
[...]
Elle est terrifiée par le fait que j'avoue à tout le monde qu'au fond d'elle, elle n'est pas heureuse et se mutile. C'est pour cette raison que ne lui parlerai pas de ses scarifications ni des hématomes sur son bras bien que la curiosité me ronge de l'intérieur.

C'est normal, on lui a tellement demandé de se taire, de suivre un cadre, qu'elle se cache et se renferme alors qu'elle souhaite juste vivre et étinceler.

Un goût amer se distille sur ma langue en entendant mon ami se vanter d'avoir eu une discussion intéressante avec elle. J'ai perdu ce droit il y a quatre ans et Dieu sait à quel point même si May parle de tout et de rien, il est toujours agréable d'être avec elle. Elle arrive à ajouter une pointe d'humour dans ses propos, c'est subtil, mais quand on la cerne, on ne peut plus s'en passer.

— Si tu pensais que j'allais m'empresser de discuter avec toi, tu t'es trompé. Tu aurais dû confier cette mission à quelqu'un d'autre. Considère-nous comme des étrangers, on n'a plus rien à faire ensemble. Le passé est le passé, c'est tout.
— Tu m'as manqué. Tu me manques.
[...]
— Ce n'est pas une raison pour m'ignorer, pour paraître si froide. On n'a jamais été comme ça, nous deux. On s'est toujours promis de communiquer et puis nous sommes des adultes, May, mais tu m'as l'air encore coincée dans le passé.

— Je te hais. Je te hais tellement. Je hais encore plus le fait que tu veuilles me faire mal à travers nos souvenirs. Je hais te voir aussi confiant. Je te hais comme un putain d'enfoiré !
— Et moi je te hais d'être revenue dans ma vie, d'avoir foutu le bordel en quelques jours et de me rendre encore fou. Je te hais de faire remonter tout à l'intérieur. Je hais le fait que mes amis t'apprécient et que j'aime te voir avec eux. Je hais ton regard noir et ton désintérêt envers moi.

Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je suis devenue complètement irresponsable. Après tout ce que j'ai subi, je m'étais promis de ne faire confiance à personne. De ne me fier qu'à moi-même et voilà que je ne respecte pas ma foutue règle pour un gars que je ne connais pas ? Et le pire, c'est que je sais que personne ne pourra m'immuniser contre le calvaire que j'endure et pourtant, à cet instant-là, l'espoir n'a jamais atteint un tel summum.

— Je pense que l'amour est un sentiment puissant. On... On peut le comparer au centre de l'univers. Aimer quelqu'un c'est magique, c'est quelque chose qu'on ne peut pas décrire, mais tout ce que l'on sait c'est que ça fait du bien. Aimer et être aimé, procure du bien. Ce n'est pas toujours tout beau, tout rose, bien sûr, mais la capacité de s'entraider lorsqu'on aime quelqu'un, d'être constamment lié, c'est ce qui fait le bonheur autour de vous.

Je n'arrive pas à m'y faire. Ça fait si longtemps... Nombre de fois j'ai imaginé nos retrouvailles et jamais je n'aurais cru le revoir subitement par hasard. Quand je le faisais, mes pensées étaient toxiques : j'étais enfin heureuse, je le narguais et il regrettait. D'autres étaient plus douloureux, parce que c'était l'inverse: j'étais toujours au point de départ, lui avait évolué.

Je l'avais dans la peau dans le cœur, dans l'âme et je me suis rendu compte que c'est toujours le cas. Je l'ai toujours dans une partie de mes veines.
[...]

Je l'ai touchée. J'ai serré sa main, levé son menton, fixée droit dans les yeux en étant si proche...

Si proche que je sentais son parfum si particulier, une odeur sucrée, douce et addictive.