Quand le bonheur frappait à la porte, il fallait savoir ouvrir, accepter de le laisser entrer, mais il fallait aussi savoir le laisser repartir et refermer la porte sans regret.
Elle avait voulu s'en défendre, avait vite baissé les armes, accepté, et enfin s'était laissé toute entière envahir par les souvenirs. Il y avait eu cette phrase qui avait terriblement fait écho : "J'ai une chose à dire, une chose seulement ; je ne l'ai jamais dite à personne, et je te demande de t'en souvenir : dans un univers d'ambiguïté, ce genre de certitude ne vous est donné qu'une fois, et jamais plus, quel que soit le nombre de vies qu'on traverse."
Les rencontres dans la vie sont comme le vent. Certaines vous effleurent la peau, d'autres vous renversent.
Le temps s'est arrêté, le décor figé, comme un instant d'éternité, un temps hors du temps où les miracles se produisent, où les âmes se retrouvent enfin.
Aucune fleur ne trouve grâce à ses yeux. Elle aimerait envoyer un message fort à travers une couleur, un nom, une symbolique. Afin de trouver l’inspiration, elle fait ce que sa grand-mère lui a appris lorsqu’elle était encore une toute petite fille. « Ferme les yeux, lui disait-elle, fais le vide dans ton esprit. Concentre-toi sur l’instant présent, écoute les bruits et sens les odeurs qui t’entourent. Ne te laisse envahir par rien d’autre que ce qui se trouve à cet instant autour de toi. C’est ainsi que tu trouveras la paix. Le calme ainsi fait dans ton esprit, tu seras en mesure d’écouter les messages murmurés par les dieux… » Alors, Emilia répète ce rituel reçu en héritage. Elle ferme les yeux et se concentre sur les bruits et les parfums de la forêt, sur ses ressentis. Elle sent l’eau glacée qui coule entre ses pieds, une légère brise qui court sur sa peau découverte, les effluves de sous-bois.
Elle, elle aime écrire… Écrire des dossiers de presse, des communiqués. Elle aimerait tellement être à la place de ces journalistes, invités partout et qui écrivent sur les sujets qu’ils aiment. Et puis, elle rêve secrètement un jour d’écrire un livre, et même pourquoi pas plusieurs. Encore faudrait-il trouver le temps…
La condition de l’Homme est faite d’épreuves, de douleurs physiques, émotionnelles et psychiques, et l’âme se trouve bien souvent muselée, bâillonnée par le mental, les envies, les passions et toutes sortes d’émotions qui régissent le cœur. Vous découvrirez l’impatience, la colère, le chagrin, le désir, la jalousie, le doute, le désespoir, la peur…, des états qui vous sont inconnus ici. Vous découvrirez l’amour aussi et parfois vous toucherez du doigt ce pour quoi vous êtes descendus, ce à quoi vous devez aspirer : l’union, l’unité de vos deux polarités. Comme chaque humain, vous porterez les réponses au fond de vous sans le savoir vraiment et vous les chercherez vainement à l’extérieur. Cependant, ensemble, réunies, mes deux chères âmes, vous pourrez les retrouver. C’est pourquoi nous vous envoyons vivre cette expérience dans le même temps.
Il émanait de la jeune fille une sorte d’aura magnétique irrésistible. Comment un être aussi sacré pouvait-il dégager autant de sensualité ? Ce regard tentateur, cette peau de pêche, cette jeune poitrine ferme et frémissante, ces jambes interminables, ce ventre palpitant et d’autres trésors fantasmés qu’on devinait sous les voiles, tout chez Emilia était un appel à l’amour charnel. Depuis qu’il l’avait aperçue en ce matin d’avril, il ne voyait qu’elle et rêvait chaque nuit de la posséder. Il savait qu’il n’avait pas le droit de l’aimer, ni même de poser de manière aussi impudique les yeux sur elle, et qu’à la regarder ainsi, il risquait sa vie.
Petit, il avait assisté à une scène terrible en même temps qu’il avait découvert le sort réservé à ceux qui osaient aimer une vestale.
D’un pas léger, elle se rend dans le bâtiment qui jouxte le temple et pénètre discrètement dans la pièce où dorment ses sœurs. Elle écoute religieusement le souffle régulier de chacune d’entre elles. Toutes semblent dormir d’un sommeil profond. Elle revient alors au sein du temple, jusqu’au feu pour y remettre un peu de bois. Tout aussi discrètement, elle entre enfin dans la pièce attenante et s’approche de la porte. Son cœur est sur le point d’exploser. Emilia inspire profondément puis expire lentement pour se donner du courage et tenter de retrouver un semblant de calme. Elle tend l’oreille. Tout semble si silencieux à l’extérieur. Et s’il n’avait pas pu venir ?
Dans leurs retrouvailles virtuelles, elle l’avait imaginé tour à tour charmant mais détaché, tranchant et contrarié, séduisant et passionné. Aujourd’hui, il se tient là devant elle, bouleversant et bouleversé. Il ne dit pas « bonjour », il dit juste « Valentine ». Elle répond simplement « Jean ».
Elle lui demande comment il va. Il va bien. Il lui demande comment elle va. Elle va bien. Elle lui explique alors fébrilement la raison de cette invitation, presque une convocation qui laissait peu de place à la réflexion ou à la désertion. Elle avait longuement hésité, pendant des années à vrai dire, et un jour elle s’était lancée.