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4.28/5 (sur 223 notes)

Nationalité : Australie
Né(e) le : 08 octobre 1988
Biographie :

Charlotte McConaghy est romancière et vit à Sydney.

Elle est titulaire d'un master en écriture de scénario de la Australian Film Television and Radio School.

Ovationné par la critique, "Migrations" ("The Last Migration", 2020), son premier roman est en cours de traduction dans plus de vingt pays.

"Je pleure encore la beauté du monde" ("Once There Were Wolves", 2021) a figuré dans les classements des meilleures ventes du "New York Times", du "Washington Post" et du "Los Angeles Times".

son site : https://www.charlottemcconaghy.com/
page Facebook : https://www.facebook.com/charlottemcconaghyauthor/?ref=page_internal
Twitter : https://twitter.com/charmcconaghy

Source : www.hachette.fr
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Charlotte McConaghy: ONCE THERE WERE WOLVES


Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
-J'étudie les cartes cognitives dessinées par les loups sur leurs territoires. Ils se transmettent ces cartes géographiques temporelles de génération en génération, et connaissent si intimement leur domaine que chacun de leurs déplacements est programmé. Les loups ne se baladent pas au hasard. Ils bougent dans un but précis et ils apprennent à leur petits à reproduire le même schéma. Ils se partagent des images mentales.
-Comment ils s’y prennent ?
-En hurlant. Leurs cris dessinent des tableaux. […]
-Je trouve ça intéressant de savoir que certaines espèces du monde animal se transmettent des souvenirs et qu'une partie de ces souvenirs est enfouie si profondément qu’ils ne sont pas seulement gravés dans l'esprit mais dans le corps de l'individu.
(p. 167)
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Tandis que nous gravissions le flanc d'une colline, je retins mon souffle, anticipant déjà le spectacle qui nous attendait. Une palette de nuances automnales. Un festin. Un mamelon ondoyant tapissé d'arbres à feuilles caduques : mélèzes, trembles, peupliers, tous parés d'un jaune intense, aveuglant, parmi lesquels se glissaient quelques touches d'orange flamboyant. Il y avait aussi des bouleaux blancs à feuilles écarlates et, plantés çà et là, quelques épicéas revêtus de leur habit persistant. De l'autre côté du lac, le paysage ressemblait davantage à une toundra, enfilade de collines dépouillées d'arbres mais ourlées de buissons rouges et rose cerise dégringolant jusqu'aux rives du Wonder, irisé de reflets lilas sous les rayons mauves et dorés du soleil couchant. Surplombant le tableau, le mont Denali et son sommet enneigé, immaculé, élégant, vertigineux par sa taille.
Je n'avais jamais vu d'endroit pareil, et n'en verrais plus jamais.
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Enfant, je croyais que les arbres de cette forêt étaient notre famille. Les branches des plus hauts et des plus imposants dardaient à plusieurs mètres au-dessus du sol et ce signe nous indiquait leur grand âge. Les troncs des cèdres rouges arboraient des rayures, ou tout comme, sillons verticaux rectilignes creusés dans leur écorce jusqu'à leur cime, mais en dehors de ça ils étaient lisses, et leur couleur grise virait à l'argenté quand la lumière de l'après-midi se frayait un chemin à travers la canopée, tout là-haut. Élégants, les cèdres, avec leurs feuilles semblables à des fougères. Les tsugas étaient différents, de couleur plus sombre, plus terriens. Des motifs tarabiscotés ornaient leur écorce rugueuse. Les deux se paraient de plaques de mousse semblables à des éclaboussures de peinture, d'un vert vif, presque fluo. Il y avait plein d'autres arbres, des plus petits qui s'enroulaient autour des grands, des jeunes indisciplinés, peut-être des adolescents. Certains d'entre eux dépliaient au sol leurs doigts tortueux pour nous faire trébucher, les farceurs, d'autres étaient dodus et touffus, d'autres encore frêles et sinueux. Il n'y en avait pas deux pareils. Ils étaient uniques, étranges et variés, mais ils partageaient tous le même point commun: ils parlaient.
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L’été est arrivé et la nature s’offre au soleil, s’épanouit sous sa chaleur. La canopée et le sol ont verdi et captent la lumière dessus et dessous. La bruyère écossaise a envahi les champs et les collines, déroulant un tapis d’un mauve éclatant moucheté de cramoisi. Le ciel, lui, ne semble pas concerné par la saison estivale : il tire encore vers le gris et le blanc et déverse encore des seaux d’eau tandis qu’une brume inquiétante plane encore sur les environs. Me revient à l’esprit le regard de Duncan sur ce paysage, si vaste qu’il vous engloutit, si beau et si sauvage qu’il peut rendre fou celui qui n’est pas taillé à sa mesure. Je commence à le sentir qui pénètre en moi.
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Enfant, je croyais que les arbres de cette forêt étaient notre famille. Les branches des plus hauts et des plus imposants dardaient à plusieurs mètres au-dessus du sol et ce signe nous indiquait leur grand âge. Les troncs des cèdres rouges arboraient des rayures, ou tout comme, sillons verticaux rectilignes creusés dans leur écorce jusqu’à leur cime, mais en dehors de ça ils étaient lisses, et leur couleur grise virait à l’argenté quand la lumière de l’après-midi se frayait un chemin à travers la canopée, tout là-haut. Élégants, les cèdres, avec leurs feuilles semblables à des fougères. Les tsugas étaient différents, de couleur plus sombre, plus terriens. Des motifs tarabiscotés ornaient leur écorce rugueuse. Les deux se paraient de plaques de mousse semblables à des éclaboussures de peinture, d’un vert vif, presque fluo. Il y avait plein d’autres arbres, des plus petits qui s’enroulaient autour des grands, des jeunes indisciplinés, peut-être des adolescents. Certains d’entre eux dépliaient au sol leurs doigts tortueux pour nous faire trébucher, les farceurs, d’autres étaient dodus et touffus, d’autres encore frêles et sinueux. Il n’y en avait pas deux pareils. Ils étaient uniques, étranges et variés, mais ils partageaient tous le même point commun : ils parlaient.
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— Tu peux m’aider à retrouver sa trace ?

Il secoua la tête.

— On ne peut pas pister les loups, pas vraiment.

— Mais alors comment on les retrouve ?

— On ne les retrouve pas. On les laisse tranquilles.

Je courbai le dos, déçue.

Il me glissa un regard de biais.

— OK, je vais te dire un secret. Mais tu devras en faire bon usage. Tu me le promets ?

— Oui.

— On ne peut pas pister les loups, répéta papa. Ils sont plus intelligents que nous. Alors à la place, on piste leurs proies.
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Le soleil de minuit teinte le monde d’une lueur indigo qui me rappelle vaguement le bleu si particulier des terres qui m’ont vu grandir, à Galway. J’ai voyagé aux quatre coins du monde, et par-dessus tout, je suis toujours frappée par la différence de lumière. Elle n’est jamais tout à fait la même. En Australie, elle est vive, violente, tandis qu’à Galway, elle semble plus diffuse, une brume réconfortante. Ici, elle fait ressortir tous les contours, froids et nets.
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L'élément de prédation indispensable à la survie de l'écosystème a disparu depuis plusieurs siècles, depuis que les hommes ont traqué et supprimé tous les loups, jusqu'à l'extinction de la population. C'était une énorme boulette. Les écosystèmes ont besoin de superprédateurs parce qu'ils sont à l'origine de changements écologiques considérables qui se répercutent sur la chaîne alimentaire. Dans notre jargon, nous appelons ce phénomène les "cascades trophiques". Leur réintroduction modifiera le paysage de manière positive : la faune sauvage disposera d'un nombre croissant d'habitats, la nature du sol sera de meilleure qualité, il y aura moins de crues et d'inondations, les émissions de co² seront neutralisées. Des animaux de toutes tailles et de toutes espèces reviendront vivre sur ces terres.
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Il existe des langues dépourvues de mots et la violence en est une.
Adolescente, Aggie était déjà un génie des langues. Elle en parlait quatre couramment et en apprenait plusieurs autres. Mais les langues parlées n’étaient pas les seules qu’elle comprenait. Aggie savait aussi qu’il en existait d’autres qui n’avaient pas besoin de voix. À l’âge de dix ans, elle avait inventé une langue des signes pour nous permettre de communiquer secrètement. Elle avait construit un monde où nous n’habitions que toutes les deux, un monde où nous étions heureuses et que nous n’aurions jamais envie de quitter. À seize ans, elle s’est initiée au langage de la violence : elle a cassé le nez d’un garçon et elle l’a fait pour moi, comme presque tout ce qu’elle faisait.
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Mais bien sûr, il n’y aura plus de voyage pour moi après celui-ci, plus aucune exploration possible. C’est peut-être la raison pour laquelle je me sens soudain si sereine. Toute ma vie n’aura été qu’une longue migration sans destination, autant dire une migration qui n’avait aucun sens. Je pars toujours sans raison, juste pour être constamment en mouvement, et cela me brise le cœur en mille, dix mille morceaux. Quel soulagement d’avoir enfin un but. Je me demande comment je me sentirai quand le moment viendra. Je me demande ou on va quand on part, et si quelque chose vient avec nous. Mon idée, c’est plutôt qu’on ne va nulle part et qu’on ne devient rien. Cela ne serait pas si triste si cela ne signifiait pas que plus jamais je ne reverrais Niall. On nous donne tous si peu de temps à partager ensemble qu’on pourrait se demander à quoi bon, mais en même temps, le peu qu’on a est précieux, et peut-être même juste assez. C’est une bonne chose que notre corps se fonde ensuite avec la Terre, histoire de lui rendre l’énergie qu’elle nous a donnée en nourrissant les insectes et en fertilisant le sol. Ce n’est peut-être pas un mal que notre esprit soit enfin au repos. Du moins, cette idée m’apaise.

Quand je serai partie, il ne restera plus rien de moi. Pas d’enfant pour transmettre mon génome, pas d’œuvre d’art pour rappeler mon nom au monde, aucun écrit, aucun grand accomplissement. Rien que du silence, et l’achèvement d’une petitesse telle que ce sera comme être invisible. Comme un point Nemo humain, à jamais loin de tout, éternellement inexploré.
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