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Citations de Claire Sécail (16)


(...) se taire ou fermer les yeux, c'est ajouter à la faillite morale collective de notre époque, dont la trajectoire de Cyril Hanouna n'est que l'un des symptômes.
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De ce point de vue, « TPMP » contribue à amplifier l’effacement du partage entre le vrai et le faux, encourage le processus de falsification de la réalité qui s’observe plus largement dans les sociétés médiatiques contemporaines.
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Claire Sécail
Les sujets politiques représentent 21% de l'émission [TPMP]. Sur ces sujets politiques, on est sur plus de la moitié qui sont [uniquement] consacrés à l'extrême droite.

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• 'Oui, “Touche pas à mon poste !” banalise l’extrême droite', 28/10/21
>> https://www.youtube.com/watch?v=0Dl1m738Do4
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Le gagnant ? L'extrême droite politique et culturelle, qui a bien compris l'intérêt d'investir la scène d'un divertissement dévoyé pour y promouvoir la vision ripolinée de sa guerre de civilisation et imposer des idées d'autant plus dangereuses qu'elles avancent au nom d'un bon sens populaire. L'histoire est tristement ironique : baptisé en hommage au slogan antiraciste des années 1980, «TPMP» renforce désormais les idéologies d'exclusion et de stigmatisation et fait régresser l'esprit critique dans les médias. Comme «Touche pas à mon pote» était un appel à la solidarité, « Touche pas à mon poste» devrait aujourd'hui être le cri de tout citoyen attaché à l'indépendance des médias audiovisuels et à la qualité du débat public.
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Dans une époque marquée par le brouillage entre catégories manichéennes, le problème n'est pas d'incarner une culture populaire mais de se servir d'une vision dégradée de cette culture populaire pour l'opposer à une conception élitaire artificiellement érigée en repoussoir. Pour l'animateur, la télévision n'est au fond pas cet instrument de réconciliation entre deux visions du monde. Cyril Hanouna est même l'exact contraire des conceptions héritées des années 1970-1980, qui, certes fantasmées, défendaient une culture élitaire pour tous» (le metteur en scène Antoine Vitez) ou une télévision populaire de qualité (le P-DG de TF1 Hervé Bourges en 1983).
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Comme l’italien Umberto Bossi, le britannique Nigel Farage ou l’étatsunien Donald Trump, il emprunte les caractéristiques langagières de ses représentés. Registre verbal simple, direct et fleuri d’argot, identification à l’« homme de la rue », valorisation de l’inculture, stéréotypes sexistes, familiarité avec les invités : ce style est mis en avant pour rejeter le langage technique ou précieux attribué aux élites et ainsi faire corps avec le « sens commun » du peuple. Cyril Hanouna cultive également la spontanéité des échanges, là encore par opposition aux conventions et bonnes manières d’autres plateaux. Le direct, réel ou « de condition », est essentiel pour renforcer l’effet d’authenticité visé.
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Mais devant 1,7 million de téléspectateurs réunis en moyenne chaque soir, TPMP participe surtout à la mise en tension de la société en montrant une caricature de ses clivages, dévoie les fondements de la démocratie d’opinion en sapant les règles du débat, et assure le triomphe du ressenti (le « bon sens populaire ») sans chercher — à de rares exceptions — à expliquer des causalités.
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Même si TPMP n’est pas le seul talkshow à pouvoir se targuer d’attirer un public jeune, Cyril Hanouna est populaire auprès des moins de 35 ans (45 % des 18-24 ans et 42 % des 25-35 ans regardent ses émissions) qui sont aussi les plus assidus.
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Car le débat démocratique est un processus conflictuel qui repose sur l’égalité de conditions des individus mais également sur l’élaboration d’un cadre normé où la parole se distribue en fonction de compétences, de savoirs et d’expériences reconnus.

Or, le populisme hanounesque mine insidieusement la notion d’intérêt général en organisant le spectacle permanent d’un conflit d’individus.

Le gagnant ? L’extrême droite politique et culturelle, qui a bien compris l’intérêt d’investir la scène d’un divertissement dévoyé pour y promouvoir la vision ripolinée de sa guerre de civilisation et imposer des idées d’autant plus dangereuses qu’elles avancent au nom d’un bon sens populaire.
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L'expression "voir ce qu'il a dans le ventre" est au meeting de combat ce que la formule "fendre l'armure" est au meeting de lancement de campagne.
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À la tête d’une bande hétéroclite dont la diversité est un gage de télégénie, l’animateur est là pour distribuer les partitions et permettre à chacun d’interpréter le personnage façonné à son image : le libertarien, l’intello altière, l’homme du peuple, l’amie bienveillante, l’irascible indigné, etc. Contrairement au leadership politique, le but de l’animateur chef de bande n’est pas de surmonter les divisions internes de son groupe mais de miser sur les rivalités, scénariser les inimitiés et surjouer les réconciliations, peu importe la réalité des sentiments. Comme pour le chef de parti, il doit en revanche pouvoir compter sur la loyauté de ses chroniqueurs. Toute infidélité est bannie.
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Le danger n'est pas d'être diverti mais d'être mal informé.
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La deuxième caractéristique du populisme de l’agora hanounesque est de présenter les enjeux en mode binaire. Chaque soir sur la plateau, la danse des pancartes brandies par les chroniqueurs matérialise cette mécanique de réduction à deux termes : « Pour / Contre », « J’aime / J’aime pas », « Oui / Non ». Loin d’être un gadget du dispositif, cette simplification des sujets d’actualité parasite la compréhension des enjeux et cristallise une ligne éditoriale basée sur la primauté d’un régime d’opinion sur un régime d’information.
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Au fond, « TPMP » fonctionne comme le sophisme du « faux dilemme », ce raisonnement fallacieux qui consiste, pour discuter ou résoudre un problème, à avancer deux solutions comme si elles étaient les seules possibles, en invisibilisant la gamme des positions intermédiaires et modérées.
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(...) authentifier que l’on est populaire auprès du public permet de se réclamer du peuple, cette figure polysémique et plurielle qui, en retour, offre une légitimité à celui qui entend peser dans le débat. Dans cet imaginaire, le public-peuple guidé par le bon sens et l’intérêt commun a forcément raison : critiquer l’émission revient à dénigrer ce public, donc le peuple.
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Utilisé dans le premier tiers du XVIIe siècle pour désigner les réunions des fidèles de sectes religieuses, puis dès 1786 dans son sens politique pour nommer les assemblées de citoyens qui organisent la vie de la Cité, le terme "meeting" apparaît, en France, bien avant l'adoption du principe de réunion publique par la loi du 30 juin 1881. Dès le milieu du XIXe siècle, les usages du mot s'étendent à d'autres champs de la vie publique. Déployé d'abord dans le domaine du sport avec la multiplication des grandes manifestations nationales et internationales, le "meeting" désigne par la suite les grandes démonstrations aériennes nées avec le développement de l'aviation au début du XXe siècle. Meeting aérien, meeting sportif, meeting politique : les usages du terme qui prévalent encore aujourd'hui semblent reposer sur la "combinaison entre la dimension publique d'un rassemblement et l'idée d'une performance ritualisée".
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