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Critiques de Constance Debré (301)
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Play boy

Ne gaspillez pas votre argent. À la limite, empruntez-le, mais ne payez pas les clopes d'une bourge paumée qui vous méprise.

Eh oui, je vais me permettre de parler comme elle. Phrases courtes, mots vulgaires. Je sais bien que sur Babélio on ne parle pas comme ça, parce qu'il n'y a que les pauvres et les tout petits bourgeois, et que ces gens-là s'évertuent à parler bien, à chercher des synonymes, des beaux mots. Inutile pour une Debré, "emmerder" et "faire chier" doivent être ses mots préférés. Avec un vocabulaire aussi pauvre, on ne peut qu'être une bourge. Un auteur lambda n'aurait jamais été publié avec un texte pareil. Et dire que dans le masque et la plume tous ont été favorables à ce livre : à croire que dans ce milieu-là on se tient les coudes. Ils se sont probablement retrouvés dans son mépris.

Elle est glaciale. Oh, pauvre chérie, par ses phrases courtes elle se cache. Elle est désœuvrée ? Veut être une "gouine" ? Et pour ça elle regarde les femmes comme des objets de "cul". de la chair et rien d'autre. Désolé, ça ne marche pas. Espérons que pas toutes les "gouines" vous déshabillent du regard en se léchant les babines dans le métro ? Rassurez-moi ? Non, elle n'est pas "homosexuelle", en fait elle veut simplement être un homme. Point. Comme tout ces richoux, elle invite ses "filles d'amusements" à Venise ou à Rome. Comme ses vieux richou elle se flatte d'être aimée par une fille qui a 15 ans de moins qu'elle. Quand on est riche, on ne compte pas ! Comment ose-t-elle se prétendre Wertherienne quand elle utilise des phrases suivantes pour décrire sa proie : "Je ne suis même pas sûre qu'elle soit spécialement belle. Je n'aime pas son prénom. Je ne le prononce jamais. / J'ai toujours un peu honte d'elle au milieu des autres. / Je suis riche et elle est pauvre. C'est pour ça que je vais gagner. C'est obligatoire. Les riches gagnent toujours." Oui Constance, les riches gagnent toujours, c'est pour ça que moi la pauvre, j'ai acheté ce "putain" de bouquin. Et que maintenant je m'en mords les doigts. J'aimerais surligner chaque phrase qui démontre que le monde qu'elle prétend rejeter, elle y adhère par chaque phrase, chaque attitude. Une rage qui monte. Merci la bourge... ça donne envie de faire une révolution quand on lit : "Les riches gagnent toujours. Et les pauvres crèvent toujours. Ce n'est pas ma faute. Ce n'est pas ma faute si ce sont les riches qui gagnent. Ce n'est pas ma faute si je suis riche. Je suis né comme ça. C'est dans mon ADN tellement c'est ancien. Je suis née de parents riches sans un kopeck. Sans appart." C'est sûr, quand on s'appelle Debré, on n'a pas besoin d'argent, parce que le nom suffit, ni d'appart. "Techniquement à la rue, mais ontologiquement pété de thunes. On n'a pas besoin d'argent quand on est riche. On n'a besoin de rien quand on est riche. C'est une question de honte qu'on n'a jamais. Les pauvres ont bien raison de nous haïr." Et en plus, elle s'y complaît.

PS: Bravo Yann Moix, qui enfin à oser dire la vérité dans l'émission "On n'est pas couché" : mal écrit, inintéressant, ennuyeux. (Curieusement les commentaires en-dessous de cette vidéo sur YouTube ont été désactivé...) Eh oui, on sait qui tient les manettes.
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Offenses

Le titre de ce livre n'est, me semble-t-il, jamais prononcé au long de la petite centaine de pages au fil desquelles Constance Debré gratifie ses lecteurs d'une logorrhée sans style, avec quelques virgules par-ci par là, pour un ensemble dans lequel elle ne dit finalement rien ou presque.



Offenses, mais qui est offensé dans cette histoire de malheureux enfants qui ont sombré à l'image de leurs parents, biologiques ou non, de leurs fratries douteuses, absorbés qu'ils ont été par le désert de l'indifférence, pire sans doute que la haine car elle, elle exprime au moins quelque chose.



La grand-mère assassinée a déjà quitté le monde avant le meurtre puisqu'elle a été abandonnée par sa famille, croisant enfants et petits-enfants dans la rue, sans même être saluée, encore moins donc aidée ou accompagnée.



La relation du meurtrier avec sa victime est complètement zappée même si Constance Debré affirme, à juste titre sans doute, qu'il était devenu le seul à l'aimer un peu. Et puis, pour quelques euros, il la tue dans un déchaînement de violence inutile, tel que celui que que les médias s'appliquent à diffuser bien trop souvent hélas.



N'ayant rien à dire, Constance s'en prend aux juges, aux avocats, aux témoins, aux jurés, à tous ceux qui font tourner si mal un système qu'elle semble dénoncer du bout des lèvres.



Il n'y a rien à retirer de cette lecture, pas même un semblant de qualité littéraire, heureusement c'est très court et cela suffit largement.
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Offenses

« J'écris des livres, mais je voudrais qu'on me lise bien, je voudrais qu'on ne me dise pas d'être sympa, de faire la fille sympa, polie, qu'il faut faire attention avec mes phrases, qu'il ne faut pas donner l'impression aux gens que je leur crache à la gueule, alors que c'est exactement ce dont les gens ont besoin, qu'on leur crache à la gueule, qu'on leur explique que ça suffit avec la vie lamentable, puisque ça les tue la vie lamentable, puisque ça tue tout le monde la vie lamentable. »

Constance Debré, Nom



Dans la vie réelle, pour être tout à fait franche, je ne me sens pas très disposée à me faire cracher à la gueule. Mais en littérature, c'est différent. Pas par masochisme ou pour expier je ne sais quelle faute. Pour m'aider à penser. C'est à ça que servent les livres, selon moi. Au-delà de l'évasion, au-delà du divertissement, au-delà de la beauté, au-delà de la joie, du plaisir ou du déplaisir, au-delà de tout, les livres, c'est ce qui m'aide à penser plus loin. Constance Debré, que j'ai découverte avec Love me tender et Nom lus coup sur coup l'an dernier, fait partie des (rares) auteurs qui me font réfléchir. Réfléchir à la question que l'on devrait tous se poser en permanence et que, pourtant, on ne se pose jamais, avançant dans la vie comme un canard sans tête, la seule question qui compte au fond, celle à laquelle nous devrions consacrer la part la plus précieuse de notre temps : Comment vivre?



« L'éternité est là et moi je l'espérais. Ce n'est plus d'être heureux que je souhaite maintenant, seulement d'être conscient » fait dire Camus à Clamence dans La chute.

L'existence même, pas les conditions de l'existence, voilà ce qui intéresse Constance Debré, voilà ce qu'elle fouille, fore et creuse de livre en livre, faisant jusqu'ici de sa propre vie son matériau de prédilection, s'intéressant dans ce nouveau roman à une autre vie que la sienne, mais toujours s'efforçant de réveiller les consciences. Réveiller les consciences des somnambules effarés que nous sommes, nous accrochant « au hasard à n'importe quoi n'importe qui, au premier venu à la première proposition qui passe. » Nous et nos certitudes, la conviction d'être du bon côté, du bon côté de la morale, du bon côté de la société, nous qui n'avons rien à voir avec eux, les damnés de la terre, et certainement pas avec lui, celui auquel Debré prête sa voix dans Offenses, un de ces déshérités vivant des allocs et fumant du shit du matin au soir, un de ces jeunes qui voudraient s'en sortir mais n'entrevoient pas comment, un de ces « inutiles » dont la société ne sait que faire, un de ces paumés dont les autres, ceux qui s'en sortent (un peu) comme son frère aîné disent « Il va mal tourner » et voilà, ça ne loupe pas, il tourne mal, il assassine la vieille, la voisine du dessous, pour 450 euros, une « somme dérisoire » disent les nantis, les journalistes, le procureur, vous, moi, tout le monde. 450 euros contre la vie d'une vieille dame ? C'est d'autant plus absurde que la vieille était l'une des rares personnes qu'il aimait bien, et réciproquement. « Imbuvable exécrable forte tête méchante pas commode » dit tout le monde, disent tous ceux qui la connaissent, du concierge à son propre fils, ce fils qui ne lui parle plus depuis des lustres, d'ailleurs plus personne ne lui parle, ni son fils, ni sa belle-fille, ni ses petits-enfants qui habitent à deux pas, ni les voisins. Plus personne ne lui parle à la vieille, sauf lui.



« Ne croyez pas qu'il se dise innocent. Ne croyez pas qu'il se dise victime. Ne croyez pas qu'il s'absolve. Il est coupable, oui. Il est coupable d'avoir cédé, de ne pas s'être laissé écraser. Il est coupable de n'avoir pas été raisonnable, de ne pas être resté à sa place, celle qui lui a été échue. D'avoir dérangé l'ordre des choses. Il est coupable d'être tombé. »



Alors, qu'est-ce qui est le plus laid, le plus absurde? Lui qui égorge la vieille dans un moment… un moment de quoi au juste? D'égarement, de doute, de colère, de peur, de liberté ? Qu'est-ce qui est le plus grotesque, le plus pourri ? La vieille et sa petite vie minable, solitaire et rance? le dealer qui bien sûr ne fait aucune concession comme tout bon dealer qui se respecte, prêt à toutes les intimidations, à toutes les pressions pour recouvrer son dû? Qu'est-ce qui est le plus condamnable, le plus pourri? le fils, la belle-fille, les petits-enfants de la vieille qui « sont venus demander de l'argent sans honte oui sans honte d'être là au procès pour le fric. Sans honte de n'avoir jamais été là avant »? Qu'est-ce qui est le plus violent? L'expert psychiatre qui conclut, après une heure d'entretien à Fleury, que le jeune assassin qui passe ses journée à fumer et à jouer en ligne est un « personnage insignifiant »?

Qu'est-ce qui est le plus farcesque ? Les juges en grand apparat, l'avocat général « costumé dans la grande robe noir et rouge avec l'écharpe d'hermine mouchetée de noir comme les rois d'il y a mille ans », toute cette mascarade, toute cette pompe destinées à édifier, à masquer le vide qu'elles recouvrent? Car rien n'a changé depuis Pascal :

« Leurs robes rouges, leurs hermines dont ils s'emmaillotent en chats fourrés, les palais où ils jugent, les fleurs de lys, tout cet appareil auguste était fort nécessaire. (…) Mais n'ayant que des sciences imaginaires il faut qu'ils prennent ces vains instruments, qui frappent l'imagination, à laquelle ils ont affaire. »



« Quand nous serons tous coupables, ce sera la démocratie »

Camus, la chute



Un immense merci à Bernard (@Berni_29) de m'avoir fait confiance, et de ne pas avoir eu peur de se prendre des baffes, lui aussi. À deux, c'est plus facile.



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Nom

D'un côté le conformisme, de l'autre Constance Debré. Jusqu'à quel point, elle a le courage de se construire hors ses héritages patrimoniaux, familiaux, culturels, historiques même pour notre écrivaine ; se construire en rejetant l'ordre social et les artifices qui font les liens humains ; jusqu'à renier ce "nom". Elle réagit ici autour de la mort de son père, ses parents plus largement, drogués à l'opium, à l'héroïne, pour finir par l'alcoolisme. C'est toujours difficile de donner son point de vue sur un livre intense : les mots et les expressions sont durs. C. Debré est radicale et engagée : ça ne plaira pas à tout le monde. Au début, c'est tellement jubilatoire ce qu'elle rejette de ce conformisme qui annihile l'individu, de cette bien-pensance bourgeoise, de la décrépitude de cette aristocratie, de ces "vies lamentables". On lit et relit certaines phrases pas politiquement correctes du tout. Sur la fin, je suis content que ça s'arrête quand même, pour respirer enfin.
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Love me tender

« Il dit que Paul me déteste, qu’il se roule par terre, qu’il me hait. Je vais chez eux. Mon fils se roule par terre. Il me hait. »



Le livre porte sur le délitement d’une relation, celle d’une mère et de son fils.

Les causes en sont multiples. Il y a le père de l’enfant qui, à tort ou à raison, se persuade de la toxicité de son ex-femme, et met tout en oeuvre pour l’empêcher de voir Paul. Il y a la société entière, institutionnelle et civile, — nous tous, en somme — qui, encore passablement empêtrée dans des représentations fausses et périmées de la maternité, se crispe face à une femme ayant opté pour une existence marginale qui claque comme un bras d’honneur. Et il y a la mère qui, pour vivre une vraie vie, une vie d’ascète dépouillée à l’extrême, et non plus « une vie lamentable », est prête à payer le prix fort. Cette vie, elle l’a choisie, elle n’y renoncera pas. Car y renoncer, c’est mourir. J’ai pensé à Anna Karénine. Elle aussi doit renoncer à son fils unique et adoré. Elle aussi est maudite par le père de l’enfant, stigmatisée, marginalisée. Elle aussi lutte pour ne pas sombrer dans la folie. Il existe cependant une différence de taille entre les deux femmes : leur motivation n’est pas la même. Anna quitte tout pour l’amour d’un homme, Constance quitte tout pour l’amour de la liberté. Anna cherche son salut en l’autre, Constance cherche son salut en elle et en elle seule.



Constance Debré fait de sa vie — de sa nouvelle vie — la matière de ses livres. Comme Annie Ernaux dont elle pourrait reprendre à son compte cette phrase tirée du Jeune homme : « Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues ». Ou comme Angot, en moins obsessionnel. En moins redondant, aussi. Quoique des redondances, il y en a peut-être d’un livre à l’autre, mais si tel est le cas, ça ne m’a pas gênée. Peut-être parce que je n’ai lu que deux de ses livres, je ne suis pas encore lassée. Je suis loin d’être lassée en réalité, très loin. Je suis au contraire et à ma grande surprise incroyablement intéressée, limite envoûtée. Fascinée par cette langue âpre et crue qui va à l’essentiel. À l’os. Il faut être très attentif avec une telle langue parce que sa simplicité peut masquer aux yeux du lecteur distrait sa profonde richesse. Un peu comme un haïku. C’est tellement dénudé, un haïku, qu’il est parfois difficile d’en saisir toute la beauté, toute la signification. Avec Constance Debré, j’ai été parfois déroutée, pressentant que je n’appréhendais pas dans leur totalité les implications de ce que je venais de lire.

Un exemple : son ex-mari réclame la garde exclusive de leur fils, la déchéance de son autorité parentale, et l’accuse, entre autres choses, d’inceste, ce qui suscite ce commentaire grinçant de l’intéressée :

« Ça claque, l’inceste. Un vrai crime de mec. Presque une reconnaissance pour une meuf. »

Au-delà de son air bravache que veut nous dire cette phrase au juste? Elle est choquante cette phrase, ça c’est indubitable. Parce qu’elle transforme une accusation gravissime en une sorte d’hommage. Mais si elle n’était là que pour choquer, ça ne serait pas très intéressant. Dix pages plus loin, le sens sous-jacent s’éclaire un peu :

« Ce qui m’intéresse dans l’homosexualité ce n’est pas les filles que je baise, c’est la fille que je deviens. Avec les hommes il y avait toujours une limite, ici j’ai tout l’espace que je veux, il me semble que je peux tout faire. »

Il y a d’autres indices bien sûr : les fringues, les tatouages, la coupe de cheveux, une manière d’être au monde. Bref, la lumière s’est enfin faite dans mon esprit : ce qu’elle veut Constance Debré, c’est être un mec. Et pourquoi elle veut être un mec? Pour les potentialités que cela lui ouvre. Je me suis souvenue d’une interview donnée par la romancière Belinda Cannone dans laquelle elle explique choisir pour ses romans des personnages principaux masculins en ce qu’ils peuvent porter, contrairement aux personnages féminins, des problématiques universelles. Le masculin, c’est le neutre. Je pense que c’est la même motivation à l’oeuvre chez Constance Debré, mais elle, ça n’est pas dans ses livres qu’elle veut être un mec, c’est dans sa vie : vivre et se comporter en mec, c’est briser le carcan qui assigne les femmes à une place contrainte, c’est être pleinement libre.

J’ai également pensé à Coleman Silk dans « La tache » de Philip Roth ou à Stella Vignes dans « L’autre moitié de soi » de Britt Bennett, deux personnages dont l’origine afro-américaine les condamne à une existence aux perspectives limitées, mais qui ont la particularité d’avoir la peau très claire. Aussi, Coleman et Stella choisissent-ils de changer d’identité et de devenir Blancs.



C’est incroyablement dur et exigeant de renoncer à une part de son identité, de renier tout ou partie de son passé. Il faut une volonté et une discipline de fer :

« Alors je nage tous les jours, je ne réfléchis même plus. Je le fais et puis c’est tout. C’est ma discipline, ma méthode, ma folie pour échapper à la folie. (…) C’est mon contrat avec moi-même. Mon seul engagement. Une question de vie ou de mort. Le jour où j’arrête je tombe. (…) Chaque jour je me sauve. Bien sûr il faut recommencer le lendemain. »

Et bien sûr, ca ne suffit pas toujours :

« Avant je ne les voyais pas, je n’avais pas remarqué comme ils étaient nombreux, comme ils étaient partout, les enfants, toutes les sortes d’enfants, toute la gamme, les bébés, les trois-quatre ans, les six-huit, les dix-douze. J’ai l’impression qu’ils sont là pour moi, pour me narguer, un coup des dieux qui veulent se moquer de moi, me rappeler ce que j’arrive à peu près à oublier à force de discipline, me dire qu’elle sert à rien ma discipline, mes longueurs de piscine et toutes ces filles que je vois. Je fuis les enfants comme s’ils étaient des bombes à fragmentation, comme s’ils allaient m’exploser à la gueule, cribler mon corps de petits morceaux de métal coupant. »



La liberté, la vraie, celle où on est seul, sans attaches, dépossédé, pas celle que nous choisissons généralement et qui comporte plus ou moins de compromis, plus ou moins de faux-semblants, de grands et de petits attachements, est à ce prix. Mais ça vaut le coup, nous dit Constance Debré.



« Alors oui comme ça, sans filet, marcher sur les toits, ça me plaît. (…) Peut-être qu’il ne vaut pas lourd mon romantisme à deux balles. Mais c’est comme ça. La vie tout confort et les frigos pleins, ça me donne envie de crever. »



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Love me tender

Le titre est en complet décalage avec le vécu de l'héroïne, Constance Debré qui a peu d'amour à donner et, de fait, elle n'en reçoit quasiment pas. Pourtant, même si elle s'est mise aux filles après la séparation d'avec son mari, elle ressent un manque de son fils qu'elle ne peut voir car le père a verrouillé toutes les possibilités de rencontre, aidé par les lenteur judiciaires.



Alors, elle essaie, durant des années, de garder le contact avec cet enfant qui grandit, qu'elle finit par voir très peu, puis plus du tout, admettant finalement que le besoin maternel qu'elle ressentait finit par s'éteindre.



Tout au long du roman, elle a deux activités nécessaires : nager et baiser des filles. La première la détend, la déstresse, lui forge un corps épanoui et séduisant. La deuxième finit par la lasser même si elle passe de l'une à l'autre en redoutant tout attachement et surtout toute reproduction d'une quelconque vie de couple.



L'écriture structure très bien cette vie saccadée, on passe de la piscine au tribunal, des locaux d'une association permettant de rencontrer le fils aux vibrations d'une boîte de nuit, du vol à l'étalage pour manger à la dépossession totale de tout objet. Cette progression vers le rien est fort bien rendue par l'écriture de Constance Debré qui zoome d'une situation à l'autre, d'un alcool fort à une tisane, d'une blonde à une brune, d'un sein à un saint.



Il y a aussi la personnalité de son père qu'elle côtoie très peu, en fin de vie, saturé d'héroïne, et elle traduit très bien par l'écrit cette non relation pourtant indispensable.



On peut ne pas aimer ce genre de vie, pourtant n'a-t-on pas ressenti quelquefois ce sentiment d'un désir de tout larguer? Les différents freins de la société, du quotidien, nous en ont dissuadé, il reste ces quelques éclairs qui permettent de comprendre les désarrois de Constance.
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Play boy

Bien.

J'ai un vrai problème avec ce livre que j'ai lu très tôt, en décembre, bien avant que fleurissent dans les quotidiens et les hebdos des pleines pages d'interviews de Constance Debré et autres chroniques.

Restons sur ma lecture pour commencer.

Une femme raconte, dans une langue volontairement crue, directe et je dirais même vulgaire ses expériences sexuelles, celles d'une femme qui s'est rendue compte très tôt de son attirance pour le genre féminin, et qui se comporte comme un homme. Enfin comme un play-boy ou un goujat plutôt.

Pourquoi pas ? Le problème c'est que ça n'a à mes yeux aucun intérêt littéraire et aucun intérêt tout court vu le traitement qu'en fait l'auteur (l'auteur ?).

Le seul intérêt réside dans la biographie de la dame, issue de la famille Debré et du fait qu'elle utilise ce roman (roman ?) pour régler ses comptes dans un style qui se veut "shocking", du style à décoiffer la bourgeoise...

Si on lit sans savoir qui elle est, on repose le truc en se demandant si c'est une blague... En tout cas, c'est l'effet que ça m'a fait... j'ai pensé à tous ces manuscrits que des auteurs envoient avec espoir dans des maisons d'édition et qui sont vaguement survolés, parfois même pas lus... et je me suis dit qu'il y a quand même des trucs qui ne tournent pas très rond.

Alors certains ne seront pas de mon avis. Peut-être prendront-ils plaisir à cette lecture ou trouveront-ils "époustouflant" cette façon de mettre les pieds dans le plat... Chacun ses goûts. Moi je persiste à attendre autre chose d'un livre.
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Nom

Mort du père. Infirmière, médecin pompes funèbre. La sœur et son mari. Et Constance « Je mets ma main dans sa main froide, je tire le bras bloqué, je pense à Rigidité Cadavérique, j’enlève le pyjama, je mets la chemise, je repose mon père contre l’oreiller ». Ensuite, Constance ira à la piscine. « Je nage tous les jours, je nage. »

Voilà. Le ton est donné. Une autopsie précise et sans concession de cette famille de la grande bourgeoisie et de ses hommes politiques. Un constat sans affect. Glacial.

Ses parents, fumeurs d’opium et marginaux par rapport à leur milieu, avaient déjà tracé le chemin de la rupture. La transmission, nom et héritage, ce n’est pas pour Constance Debré qui prône le dépouillement. Elle a tourné le dos à son métier d’avocat, pris ses distances avec son fils et l’idée même de la maternité et vit dans des chambres de bonne ou bien s’invite chez les uns et les autres.

« Pas d’argent, pas de maison, pas d’héritage. C’est conforme à ma philosophie de ne rien transmettre. Pas même le nom. »

Mais on est loin du concept de « sobriété heureuse », forgé par Pierre Rabhi, et de cet épanouissement promis en limitant nos besoins. Ici, on a l’impression d’un oubli de soi, d’une négation majuscule. Ce rejet de tout, famille, situation sociale, nom, héritage et jusqu’au rejet des livres, est une déconstruction au bulldozer dont il ne reste pas grand-chose : des séances de natation et quelques filles qui traversent sa vie (ne jamais dire le mot amour)

Même son corps subit cet effacement programmé

« Comme toutes les semaines, je me rase les cheveux à la tondeuse, j suis torse nu, ma pâleur ma minceur, je regarde mon corps, ma gueule mes tatouages, il me semble que je ne tiendrais pas sans tout ça. »,

C’est un récit autobiographique qui met le lecteur à mal, jusqu’au malaise. C’est déclamé avec une insistance qui finit par lasser. Pourtant, il m’a semblé, derrière cette destruction autoproclamée, déceler une certaine souffrance.

Je reste dubitative. Marteler les mêmes propos tout au long de ces 170 pages, est peut-être une manière pour l’autrice de se convaincre elle-même ?





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Love me tender

Contrairement à la plupart des gens, Constance Debré a décidé de faire tout l’opposé de ce que l’on attendait d’elle. Elle a lâché son boulot stable pour se consacrer à l’écriture, elle a divorcé pour vivre son homosexualité sans tabous, elle a quitté son logement pour passer d’appartement en appartement. Autant dire qu’en terme de changement, elle n’a pas fait dans la dentelle. Elle a laissé une vie ordinaire et rangée pour vivre SA vie. Elle s’est créé sa propre liberté, en faisant exploser l’ensemble des conventions de son quotidien. N’écoutant que ses envies, elle se contente d’un minimum qui la rend heureuse.



Seulement cette quête de liberté se heurte aux préjugés, qui sont encore très puissants dans notre société pourtant moderne. Tel « l’étranger » de Camus, l’autrice n’est jamais comprise par le reste de la population. Son comportement déroute le monde aseptisé d’aujourd’hui, qui rejette ce qu’il ne comprend pas. Elle pourrait s’en moquer mais la présence de son fils constitue un lien avec le monde qu’elle ne peut briser.



Grâce à une plume incisive, à l’os, l’autrice nous livre le récit d’une écorchée vive qui se débat afin de rester un électron libre. Elle tente de continuer son chemin en dehors des clous, malgré les injonctions des us et coutumes. Le texte est subversif sans concession, mentalement brutal. Il dérangera surement les bienpensants. Mais l’honnêteté dont fait preuve Constance Debré, rend son histoire particulièrement touchante.



Personnellement, je suis plutôt conventionnel dans mes choix de vie. Conditionné par mon environnement, j’ai toujours essayé de faire comme Monsieur Tout le Monde, suivre les règles, ne pas trop déranger. C’est pourquoi le roman de Constance Debré a agi sur moi telle une véritable secousse. Entrer dans son esprit libéré m’a vraiment dérouté. J’ai été bouleversé par sa révolte silencieuse, dénuée de violence. Mon premier coup de cœur de la rentrée !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Love me tender

C'est une écriture à "l'écorché vif". Frontale. Le minimalisme n'empêche en rien la puissance des mots et des sous entendus. Deux ans après la sortie du roman "Play Boy" dans lequel Constance Debré mettait en scène la découverte de son homosexualité, l'auteure revient avec "Love me Tender" aux éditions Flammarion . C'est l'histoire d'amour d'une mère pour son fils. C'est l'histoire d'amour d'une femme pour les femmes. Elle plaque tout pour tendre vers l'essentiel. Un détachement matériel et financier vers une vie ascétique. Vraie. Ce livre est la représentation d'une certaine forme de courage par la dépossession et la liberté. Une lecture coup de poing...coup de cœur
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Offenses

Commençons par les points positifs. L’autrice a une très belle plume avec un style particulier à la fois agressif et percutant mais un peu trop travaillé pour me prendre aux tripes. Tout ce qui concerne le système judiciaire est juridiquement exact et ça c’est assez rare pour être souligné (j’ai appris par la suite que l’autrice était avocate, ceci explique cela).



Voilà fini pour le positif parce que je suis en colère. Attention coup de gueule en vue.



Ça sent à plein nez la bourgeoisie qui se rebelle. C’est manichéen et bourré de stéréotypes et de préjugés. Ça ne marche pas, d’autres ont critiqué la société et ses injustices avec tellement plus de sincérité. C’est subjectif, mais je trouve que tout dans ce livre sonne faux.



Je n’aime pas les sous entendus : naître pauvre dans une cité c’est être condamné d’avance. Le livre prône la compassion pour un meurtrier parce qu’il n’a jamais eu de chance dans la vie mais méprise celui qui est fier d’avoir un travail. Même si c’est un travail ingrat il a le droit d’en être fier et de ne pas avoir honte de ne pas avoir pu accéder à « mieux ». Ce n’est pas pour autant une défaite. On en est presque à encenser celui qui a tué comme étant celui qui a fait preuve de grandeur, celui qui ne s’est pas trahi.



Expliquer que quand quelqu’un tue la société et les injustices peuvent y être pour beaucoup oui, le dédouaner de toute culpabilité non ! Évidemment que notre société créé des tueurs, des dealers, des paumés par son fonctionnement. Évidemment c’est injuste mais non ça ne légitime pas un meurtre. Rappelez vous dans Germinal le grand-père qui sous le poids de la pauvreté et de l’injustice étrangle cette pauvre gamine. Ça c’était un message fort. Là on ne sait rien des personnages, le contexte est à peine ébauché. S’attaquer à une telle question avec si peu ne m’a pas convaincue.



Les personnages justement : aucune volonté, combativité, personnalité, des ersatz de gens des cités. Ceux qu’on voit dans tous les reportages racoleurs. L’autrice a sans doute voulu provoquer mais c’est tellement gros que ça en devient pathétique. Je la rejoins sur certains points sur le fonctionnement du système judiciaire mais de là à jeter le bébé avec l’eau du bain... Et puis c’est vindicatif, agressif, mais aucunement constructif. Encore une fois on sombre dans la caricature. Tous les avocats, procureurs, juges, ou personnel des tribunaux ne sont pas des nantis, des fils ou filles de, ils sont majoritaires oui, mais certains viennent de la fange n’en déplaise à l’autrice. Un peu de nuance n’aurait pas fait de mal.



Ce livre je l‘ai vécu comme une insulte aux gens des cités. Je n’aime pas ce qu’elle a fait d’eux : des criminels et des parasites qui vivent aux crochets de la société, des familles dysfonctionnelles ou personne ne vient tirer personne vers le haut. Des gens sans fierté sans combativité sans rêves. Ce ne sont que des stéréotypes. J’ai trouvé ça méprisant et sans nuance. Et les autres alors ?



Je ne connaissais pas l’autrice je suis allée voir son profil, ça n’a fait que renforcer mes impressions. Je ne suis pas prête de renouveler l’expérience.



Je salue mes babels copains qui ont eu un tout autre angle de vue sur ce livre Anna (@AnnaCan ) et berni (@berni_29). Je vous invite à aller les lire parce que c’est ça aussi la magie des livres : autant de livres que de lecteurs. Et puis l’esprit critique ayant toujours faim, c’est tellement mieux d’avoir des avis divergents ;-)
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Offenses

Le poète a dit

la vérité,

elle doit être publiée (?)



Un être insignifiant. C’est ainsi que le psychiatre, le spécialiste du médico-légal,décrit notre homme. Il ne signifie donc rien. Pas de métier, pas de formation. Même pas de passe-temps. Ni opinions ni intérêts. C’est blanc, comme une page blanche, il n’y a rien à voir. Il ne signifie rien et il n’est pas signifié non plus, par d’autres. Membre de rien, affilié à personne. Non, en fait on ne sait même pas où il vit, quelque part dans la grande banlieue, dans un logement standardisé. C’est gris, tout gris, rien ne ressort. Alors, que ca ne vous fasse rien s’il n’a pas de nom. Ni nommé ni décrit. Grand, petit, fort… tout cela n’a pas d’importance. Un être générique, non pas parce qu’il représenterait une classe ou une catégorie d’analogues, mais justement parce qu’il ne représente rien. Il ne se représente même pas lui-même.



Les gens autour de lui, c’est pareil. Eux non plus ne représentent rien. Il se trouve qu’ils sont là. C’est tout. Des êtres… déconstruits. Ou plutôt, des êtres qui ne se sont jamais construits. Alors, forcément, ils ne signifient rien. Ni l’un pour l’autre, ni pour eux-mêmes. Car ce “soi”, auquel je viens de faire référence, ce “soi” existe à peine. C’est un potentiel, qui ne sera jamais réalisé. Une masse indifférenciée de potentiels à la limité de l’existence, au bord du néant, pas trop sur s’ils existent, au fond. Et puis ca n’a pas d’importance.



Ca n’a donc pas d’importance non plus si dans un tel monde il se passe des choses. On fait des petits boulots. On vole un peu. On deale, on se drogue, comme on peut. Mais, non, parfois, juste une ou deux fois par ci par là, on franchit, sans le savoir, un seuil d’alarme. Car… il y a d’autres mondes. Et ceux-ci, une fois un certain seuil franchi, se sentent concernés.



C’est le cas. On a tué. Tué, vous dis-je ! Vous ne comprenez pas ? Tué !



Ici, ce sont des choses qui arrivent, mais ailleurs, ailleurs, c’est énorme. Ca s’appelle un meurtre. Alors surgit du brouillard, d’un coup, toute une machinerie : policiers, juges, procureurs, avocats ! Tout à coup, ici !



Le spot se pose sur un être qui, subitement, n’est plus insignifiant. Il prend la signification d’accusé, puis de coupable. Mission accomplie, le coupable est évacué vers une région encore inférieure, et toute la mystérieuse machine repart vers son monde. Allez-y comprendre quelque chose. Sauf ceci : un seuil d’alerte a été franchi, un coupable trouvé et rejeté, les paramètres ne sont plus en zone rouge, mission accomplie.



Une femme faisait partie d’une telle machinerie. Elle était hautement signifiante : diplômes, finances, pouvoir. Hautement signifiée aussi ; le nom, les réseaux. Elle les a rejetés. Aussi radicalement, aussi totalement qu’elle a pu. Elle, construite, par d’autres dit elle, elle s’est déconstruite. Pour devenir quoi ? Une auteure. Elle n’est pas passée par la zone des insignifiants - elle serait “ontologiquement riche” même sans une thune - elle a suivi une courbe différente. Elle décrit les insignifiants, même si elle ne peut pas en être. Elle ne peut cesser d’être totalement qui elle a été. Elle est devenue, est en devenir, devenir autre chose. Quoi ? Elle ne sait, elle joue, elle danse, elle esquive, ne veut pas se laisser cerner, ne veut pas être définie. Que signifie t-elle ? Par qui se laisse t-elle signifier ? On ne sait.



Cette danse d’autofictions qui ne se veulent pas autobiographiques, d’êtres déconstruits évoquant ceux qui ne se sont jamais construits, d’attaques, d’esquives et de parades, cette farandole d’accusations et de dénis se déroule sur scène. Une scène entourée par des journalistes, des critiques, des personnalités médiatiques en tous genres, des éditeurs et des gestionnaires . Ou alors un tribunal. Ca aussi, c’est une scène. Mais où sont les juges, le procureur et l’avocat, les jurés ? Et quel code, pénal ou autre, fera référence?

















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Offenses

Tu ne tueras point.

Un jour, un matin, une vieille dame est assassinée chez elle pour une somme dérisoire.

Offenses est le récit d'une chronique judiciaire presque ordinaire, un livre atypique comme l'est son autrice Constance Debré dont je découvre pour la première fois la plume incisive et percutante.

Sans doute revient-elle en arrière, dans les pas de son ancien métier d'avocate. Peut-être a-t-elle déjà défendu des jeunes hommes comme celui qui n'est jamais nommé ici.

C'est un meurtrier de dix-neuf ans, dont l'autrice ne cherche à aucun instant à disculper le crime. Son propos est ailleurs…

C'est le sort de ce garçon, une histoire simple et tragique. Comme tant d'autres garçons de son milieu et de son âge il bascule dans l'infernal engrenage de la société.

Constance Debré écrit sur le contexte qui se noue autour de cet acte, tout se referme comme un étau autour de lui, la misère, la misère de son existence, il n'y a pas d'autres mots pour dire cela.

C'est donc un fait divers ; ce qui intéresse ici Constance Debré c'est le récit d'un individu qui n'est pas un monstre mais un jeune homme, face à la société, face aux autres, à commencer par sa famille, ses amis, son entourage, puis il y ceux qui le désignent du doigt comme déjà coupable, - coupable oui les faits sont indéniables, irréfutables même et sans aucune discussion aussi ; qui plus est désormais il y a l'ADN, mais l'ADN ne dit pas tout, elle ne raconte pas toute l'histoire d'avant, toute l'histoire de l'humanité, comment ça fonctionne une société avec des femmes et des hommes, des puissants et des laissés-pour-compte, des forts et des faibles, ceux d'en-haut, ceux d'en bas, ceux tout juste à proximité de la prison, il suffit de les pousser juste un peu sans force le geste pour qu'ils y entrent un jour… Elle ne nous dit pas tout cela, l'ADN d'un homme…

La société, c'est ainsi que Constance Debré nous la décrit, la société multiple, celle des journalistes, celle des procureurs, celle des experts en psychiatrie, celle des procureurs en tous genre à commencer par nous. Nous devenons procureurs à chaque fois que nous allumons la télé, écoutons la radio, lisons le journal, nous devenons procureurs au bord du zinc ou sur la place d'un marché... C'est la société du nous, celle qui juge, celle qui condamne, parfois avec une bière à la main en regardant BMFTV, celle qui verrouille, celle qui enferme, celle qui cadenasse à double-tour, celle qui met en cage à jamais, celle qui relâche parfois plus tard, plus tard eux ceux-là jugés, condamnés, cadenassés, abîmés un peu plus, eux plus tard libérés comme on libère des fauves d'une cage, eux sortis et devenus là prêts à en découdre enfin avec cette société qui les a rejetés…

C'est bien cette même société qui dit : Tu ne tueras point.

C'est la société du « Nous » contre l'individu seul, dans la solitude d'un « Je » fragile et broyé à jamais.

Dans le récit, il y a le moment de la transgression et il y a le moment du procès, ces deux moments ne relèvent pas des mêmes constructions et Constance Debré en mesure la distance avec justesse.

C'est un individu seul devant le déterminisme social et culturel, seul devant l'ordre du monde. Seul peut-être devant lui-même, qui sait ?

Ce qui intéresse Constance Debré ici, c'est de nous parler avant tout d'humanité, de la condition humaine, sonder l'âme humaine.

De nous inviter à nous mettre à la place de...

Bien sûr, il est fort difficile de nous mettre spontanément en empathie avec celui qui a tué froidement une vieille dame, quand bien même elle était odieuse avec son entourage…

L'empathie n'est pas une sympathie, l'empathie permet toujours de garder une distance. Jamais trop près, jamais trop loin, c'est la règle de l'empathie. Constance Debré est juste au bon endroit.

Dans ce récit d'une chronique ordinaire, Constance Debré convoque avec une imagination subtile et inspirante des auteurs qu'elle aime comme Albert Camus, Fédor Dostoïevski, Dante, René Girard, Victor Hugo, Marcel Proust, pour nous dire que le sujet est universel et intemporel, traverse l'imaginaire de notre littérature classique depuis des siècles, nous enrichit de ce voyage, car l'imaginaire appartient bien à la réalité, avec ses croyances, ses rêves, ses représentations. Certains auteurs ne sont pas nommés, comme Louis-Ferdinand Céline par exemple, mais je l'ai aperçu ce bougre génial à travers les lignes, et je me suis dit qu'elle y avait peut-être pensé aussi.

Tuer pour une somme dérisoire.

J'ai forcément pensé à Dostoïevski, à Crime et Châtiment, à Raskolnikov assassinant cette vieille prêteuse sur gage, odieuse elle aussi, comme la vieille dame de ce fait divers. Mais Raskolnikov, lui, fut hanté par le remords, longtemps après...

Je pense aussi forcément à l'Étranger, d'Albert Camus, où la sentence de la condamnation tombe déjà dès l'arrivée du narrateur dans la maison de retraite où vivait sa mère qui s'est éteinte et où il est venu se recueillir sur sa dépouille, tout de suite jaugé par le regard lourd des résidents.

Ici il y a la mort, mais c'est la mort aussi de celui qui tue, celui qui commet le meurtre ; la mort du meurtrier c'est la mort symbolique de celui qui va entrer dans le long tunnel où son jugement a déjà commencé. Peut-être que ce jugement avait commencé bien avant qu'il ne commette ce crime...

Bien sûr il y a le meurtre de la victime qui n'a rien demandé à personne. Je vois déjà venir à la barre les avocats de la défense : « Et la victime ? Vous y avez pensé à la victime ? Cette pauvre vieille dame vulnérable, sans défense ? » Mais ce n'est pas le propos du livre, le récit n'est pas le procès de ce fait divers, le récit se situe à un étage plus haut, il s'inscrit comme un regard philosophique croisé d'une vision sociologique vertigineuse.

Tu ne tueras point.

À travers un réquisitoire implacable contre la société qui juge, oscillant avec habilité entre le « Je » et le « Nous », Constance Debré nous invite dans ce texte radical et stimulant à nous plonger dans le fourneau de la société, elle convoque nos peurs, ce qui est en nous, ce qui sommeille en nous, ce qui rode en nous, ce que nous esquivons aussi, la question de l'individu, ce qu'elle porte de plus violent et de plus sombre ; derrière les questions du « Je » et du « Nous » se posent d'autres questions à commencer par celle-ci : pourquoi certains passent-ils à l'acte et d'autres pas... ?

Le personnage principal du récit n'a pas de nom. Aucun personnage d'ailleurs n'est nommé. Il y a quelque chose de camusien dans ce récit.

Sans doute tout est abîmé dès la naissance. Je parle ici des laissés-pour-compte de la société, ceux qui partent battus d'avance dans le grand tourbillon de la vie.

Constance Debré nous dit que la justice possède une vertu et elle la reconnaît à sa juste valeur originelle, mais nous dit aussi que c'est désormais une administration froide qui se moque du sort des laissés-pour-compte, elle est un appareil judiciaire désincarné, construit et habité par des gens qui sont persuadés d'être du côté du bien et que le mal est en face, juste là en face, de l'autre côté.

Le bien et le mal, c'est bien la question de ce récit. Les racines du mal, celles qu'on n'a pas envie d'aller chercher car elles nous renverraient trop sûrement à nos propres responsabilités...

Il n'y a pas de compréhension possible entre ceux qui jugent et ceux qui sont jugés.

Car la société est cassée… En deux. Oui, c'est comme ça à peu près, je sais que beaucoup ne s'en rendent pas compte, je sais aussi que beaucoup d'entre nous s'en rendent compte.

Dans l'idée absolue, la justice est belle, mais dans les faits elle ne répare pas, elle continue d'abîmer ceux qui l'ont été dès le début d'une désescalade, dès le début de la naissance et sans doute bien avant…

Notre société n'est pas prête à entendre cela.

Tu ne tueras point.

Cette fameuse interdiction de tuer n'a jamais permis d'éradiquer les meurtres.

Est-ce que la société est ainsi faite pour qu'il n'y ait plus de meurtres, ou bien est-elle faite au contraire pour fabriquer des meurtriers qu'on va juger pour bien les exécuter, - symboliquement certes bien sûr depuis 1981, mais quand le couperet des jurés tombe, c'est quand même parfois la mort lente, à petits feux, qui démarre, qui s'enclenche, le compte à rebours vers la fin annoncée, la perpète quoi ?

Ce meurtre du meurtrier est indispensable, nous dit Constance Debré, même symboliquement : c'est la justification d'exercer une violence légitime, c'est celle de l'État sous couvert du droit, celle qui se pare des beaux habits du bien. Il y a quelque chose de l'ordre du sacrifice…

Créer des bouc-émissaires qui permettent à la société de se justifier, de continuer à exister….

C'est un être insignifiant a dit le psychiatre, parlant du personnage du récit, la violence de cette expertise m'est apparue insupportable, elle tient en deux ou trois lignes.

Celui qui n'avait pas une vie facile a cassé l'ordre du monde, le sien, celui des autres, le monde n'est plus le même…

Dix-neuf ans, l'âge où tout commence et où tout s'arrête ici comme un couperet.

Comme chez Dante, il y a des cercles hermétiques qui ne communiquent pas entre eux, ceux qui sont tout en haut ne communiquent pas avec ceux qui sont tous en bas de cette société construite sur des étages…

Romancière de l'altérité, Constance Debré nous oblige, en tant que lecteur, à regarder ceux-là même qu'on ne veut pas voir, lorsque nous détournons parfois le regard pour faire semblant de nier cette part d'humanité qui ne nous ressemble pas...

Constance Debré nous dit aussi que nous sommes présumés coupables de tout devant tous, en ce sens que quand quelqu'un commet un crime, nous sommes responsables, concernés dans notre humanité : se sentir responsable, c'est être lié par ce que font chacun des hommes entre eux, se sentir tenu par la société dans laquelle nous vivons. Je trouve cela puissant.

Notre société actuelle, bien que laïque désormais, continue de fonctionner comme les règles édictées par la religion catholique et utilise les mêmes codes, les mêmes grilles de lectures, celles de l'homme qui avance, qui trébuche, qui chute, celui qu'on va relever, entraîner vers la rédemption, tout d'abord il s'agit de ne pas oublier de le juger et de le punir, mais ainsi et par là-même le laver de ses fautes grâce à nous, cet homme qui chute c'est le pécheur, celui qui va être crucifié, qui représente l'humanité dans ce qu'elle a de plus déchirante et à la place désormais de la crucifixion, la société actuelle, dont le code civil repose sur un catholicisme effronté, continue de juger les hommes qui ont chuté de la même manière… C'est ainsi que Constance Debré décrit son personnage principal comme un être sacrifié, c'est le récit du sacrifice, jusqu'à en faire d'ailleurs une figure christique. Oui Offenses peut déranger, oui Offenses est un livre radical, mais c'est une oeuvre d'art et une oeuvre d'art c'est aussi fait pour porter des colères et les confronter aux colères des autres.

Il y a une épure de la phrase pour aller à l'essentiel. C'est écrit à l'os avec des mots qui cognent au ventre.

J'ai aimé le propos de Constance Debré qui m'invite à penser différemment et j'aime cela. Je n'adhère pas à tout ce qu'elle dit mais je la suis dans la trajectoire qu'elle trace, qu'elle ouvre. Elle me malmène dans mes certitudes, c'est la richesse de ce texte inouï, aider à penser contre soi-même, contre nos croyances, nos rêves, nos représentations. Constance Debré est pour cela une grande autrice.

« Si le juge était juste, peut-être le criminel ne serait pas coupable ? »

Fiodor Dostoïevski, Les frères Karamazov.

Je remercie ici mon amie Anna (@AnnaCan). Connaissant déjà l'autrice pour avoir lu ses trois premiers livres, Anna a su nous entraîner vers ce récit qui m'a bousculé furieusement, mais qui pour autant ne se situe pas en dehors de ma zone de confort, bien au contraire.

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Nom

La présentation de l’éditeur, qui reprend un passage du livre, cogne fort : Constance Debré vomit le monde bourgeois dont elle est issue, elle vomit aussi l’enfance et l’attachement aux parents ; elle a coupé tous les liens et s’est engendrée elle-même et le nom de son titre est un non à toute filiation.

Comme j’’aime bien les gens en colère (je les aime bien, c’est-à-dire que je les admire et les respecte, hein, mais que je ne vivrais certainement pas avec eux), que j’aime beaucoup aussi ceux qui tirent contre leur camp et que j’ai beaucoup d’affection pour Jacques Vingtras, héros d’un livre dédié

À TOUS CEUX

QUI CREVÈRENT D’ENNUI AU COLLÈGE

OU

QU’ON FIT PLEURER DANS LA FAMILLE

QUI, PENDANT LEUR ENFANCE,

FURENT TYRANNISÉS PAR LEURS MAÎTRES

OU

ROSSÉS PAR LEURS PARENTS.

Pour toutes ces raisons, donc, j’ai ouvert le livre de Clémence Debré.

Oui, bon, il y a des formules qui claquent et une rage qui n’est pas feinte mais pour ce qui est de sa révolte, elle sent sacrément le réchauffé.

Car Constance est la fille du fils indigne. « Par son indifférence, sans un mot, mon père est celui qui dénonce leur système ».

Quand elle affirme : « Je trahis l’origine par principe, comme point de départ de tout, parce que l’origine doit toujours être trahie, parce qu’accepter l’origine est le premier renoncement qui entraîne tous les autres », elle écrit un beau texte mais surtout elle se ment à elle-même. En reniant les Debré, Constance fait tout comme papa : fait du sport comme lui se droguait, délaisse son fils comme lui l’a ignorée, refuse les biens matériels comme lui s’est ruiné, raconte une histoire d’amour comme lui a follement aimé sa mère.

Bref, c’est un cri d’amour et non de révolte et si vous ne savez pas quoi offrir pour la fête des pères, ce livre peut faire l’affaire.

Je précise que je n’ai rien contre les filles qui aiment leur père mais j’ai un peu de mal à admettre qu’on me vende ça comme un must de punkitude.

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Love me tender

«  Il y a un certain plaisir à faire les choses dont on ne se savait pas capable » «  Je nage tous les jours, c'est ma discipline, ma méthode, ma folie pour échapper à la folie, je coupe le temps... »

«  Puisque la famille c'est l'enfer .Puisque ça rend fou . »



Livre choc lu d'une traite: l'auteure vit comme elle pense, elle envoie sa vie d'avant valdinguer, se déleste du quotidien , ne craint plus rien , elle a trouvé sa place , ne donne aucune leçon, laisse un univers douillet , métier d'avocate et mari , crée sa propre liberté , entre «  la baise des filles » et les longueurs à la piscine, se fabrique un beau corps mais à quel prix ? .

.

Voilà des mots forts, bruts , percutants, des phases courtes , tranchantes avec , au coeur L'AMOUR MATERNEL , c'est ne plus faire semblant pour plaire aux autres et à son milieu d'origine , se détacher de tout bien matériel , ne plus rien n'avoir à perdre , en quelque sorte aller au bout de soi , utiliser LA FORCE DES MOTS pour écrire et dire son combat , ne pas se soumettre à un rôle .

Mais aimer avec un grand À , aimer tout simplement ne va pas de soi.

Constance D. nous rappelle à travers sa révolution intérieure qu'aimer n'est pas si simple , que l'amour ne lie pas , au fond, qu'il délivre , émancipe, élève, délivre ? .

Une FORCE des MOTS jusqu'au boutiste ....



Un livre cri, cru , déstabilisant , à la sincérité mordante, percutante qui fait réfléchir, interroge sur nos vies, aux mots lapidaires , fiévreux , enragés , grinçants .



Une claque , un cri qui ressemblerait à une force de stoïcisme.



Peut - on renverser le chagrin : la justice tue t- elle les familles ? Qu'à un moment donné c'est trop tard ? le chagrin bouffe t- il tout ? ...



Beau et choquant à la fois .....



Qui peut ne pas plaire à tout le monde .....



Enfin , ce n'est que mon avis, sur le vif ......
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Play boy

Ce livre j'en avais vu des critiques dans la presse. Il me tentait vraiment, tant il semblait assez étonnant. Et puis il y a eu la vidéo de Moix, chez Ruquier, que Babelio a posté. Il a bien cassé le livre cet auteur que je n'arrive pas à lire, j'y ai cru et j'ai oublié l'idée de l'acheter ce bouquin.

Hier il était sur le présentoir de la bibliothèque. Je n'ai pas vraiment hésité... Et là je dois dire que Yann Moix a vraiment dit n'importe quoi. "livre scatologique, de la "merde( sic) à chaque page, 3 gros mots par phrase" Il a réussi à nous sortir une phrase avec le mot étron, mais c'est la seule du livre !!

Et le livre alors? Et bien malgré les critique négatives que je viens de lire, j'ai beaucoup aimé ce livre. Il n'est pas médiocre, il est peut-être un peu cru... mais on lit pire tout de même. Je ne me suis pas attachée à ses amours homosexuelles, même si ce qu'elle dit est souvent assez beau... Mais plutôt à l'ensemble du livre.

Après on sent qu'elle provoque. Trois phrases pour faire tiquer le lecteur. Ensuite il y a cette famille Debré. Elle casse un peu. On sent qu'elle a morflé Constance, sa mère lui a manqué. Son père - vieux camé - l'agace vraiment par ses manières...

Auto-dérision, souffrance...Elle met beaucoup dans ce livre

" Il faut avouer que le timing était bon, avec mon fils que je ne voyais toujours pas, j'avais une bouche de moins à nourrir. Les dieux sont bien organisés".

Elle m'a touchée Constance Debré, je pense qu'il ne faut pas cracher sur son livre parce que c'est une fille de...

Un livre courageux, intime et assez jubilatoire. Elle dit beaucoup dans d'une écriture directe. Mais elle écrit bien et raconte encore mieux. Pas de quoi mettre ce livre où voulait le mettre Yann Moix sans doute !!

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Love me tender

L'amour maternel est au coeur de ce texte (autofiction). Un amour humain qui, par définition et comme tout amour, est fragile et imparfait. Il n'y a rien de mécanique dans l'acte d'aimer, dans l'amour, y compris dans l'amour maternel.

Par analogie au rôle des avocats qui choisissent des mots pour qu'ils résonnent sur les juges et les jurés, les mots de Constance Debré dans Love Me Tender résonnent sur les lecteurs, ils ont résonné sur la lectrice que je suis. Des mots simples, modernes, brutaux, sans complexe. Percutants. (La dureté, la violence de certains propos pourront en rebuter plus d'un. On n'est bien loin d'une berceuse).



C'est aussi l'histoire d'une quête de liberté, une quête jusqu'au boutisme, jusqu'à détricoter sa vie passée, se détacher de tout bien matériel pour toucher du bout des doigts l'essentiel, se retrouver soi, sans artifice, sans mensonge.

" C'est important les limites pour ne pas se paumer dans le chaos".



Au centre de cette quête, il y a un fils, le fils de la narratrice et un procès. Elle espère revoir son fils dont elle est privée par un ex-mari qui l'accuse d'inceste : elle aime désormais les filles, les femmes...

Au bout de cette quête, de ce texte, un équilibre...peut-être .



Un texte ou certaines parties du texte à lire à haute voix ou à écouter pour entendre la rage, la violence, la force des mots.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Love me tender

Une femme explique à son ex-mari qu’elle aime les filles. Un an plus tard, elle n’a toujours pas revu leur fils. Comment peut-on en arriver là ?



Dans son premier roman, Play Boy, Constance Debré assumait sa nouvelle orientation sexuelle. Dans le second, elle raconte à quoi ressemble sa vie quand on l’a choisie. Elle nage, elle écrit, elle boit peu, elle fume des Marlboro light et elle côtoie beaucoup de femmes. À côté de cette liberté choisie, elle a perdu son fils. Son ex-mari —humilié, en colère— lui a fait vivre l’enfer, l’a totalement éloignée de lui pendant plusieurs mois. Et elle le raconte.



Méfiez-vous d’un écrivain qui n’a plus rien à perdre.



Elle aurait pu faire semblant, après tout, comme beaucoup de gens. Elle aurait pu sacrifier ses idées et le sens de sa vie pour son époux, son fils, ses clients. Elle était avocate, elle avait les cheveux longs, elle gagnait bien sa vie. Elle aurait pu mourir après avoir fêté encore une bonne trentaine de réveillons de Noël, en feignant le bonheur. Mais certaines choses méritent qu’on aille au bout de soi, que l’on dise non aux schémas ancestraux, que l’on soit heureux de se lever et d’écrire, heureuse d’aimer des femmes, et ce malgré les jugements, malgré cet enfant que l’on ne voit plus, malgré le doute, malgré le manque d’argent. Devenir soi, ça n’a pas de prix.



Les lois et les avocats, elle les connaît. Elle sait bien le temps que cela prendra. Elle fait appel à une association, petit à petit elle obtient un droit de rencontre, sous surveillance. Puis un droit de visite. Mais au juste, sous quel motif précis l’a-t-on privée de son fils ? L’amour était là, il sera toujours là. Elle ne renonce pas, elle accepte.



J’ai été profondément émue et envahie par l'abnégation dont l'auteure fait preuve. On est dans le dénuement le plus total, le corps et l’âme sont au service de l'écriture.

Sur la quatrième, il est précisé que ce roman traite de l’amour, maternel, des femmes. En le refermant, j’ai pensé que c’était avant tout une déclaration d’amour à la littérature.
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Offenses

On ne parlera pas de plaidoirie, ni de réquisitoire. On lira ses lignes. Comme l’écrivait Victor Hugo dans l’Homme qui rit : «  Il est effrayant de penser que cette chose qu'on a en soi, le jugement, n'est pas la justice . Le jugement, c'est le relatif. La justice , c'est l'absolu. Réfléchissez à la différence entre un juge et juste . » Constance Debré est avocate, née dans une famille de la grande bourgeoisie française. Elle sait. Elle connaît l’envers du décor auquel peu d’entre nous peuvent avoir accès. Les coulisses de l’histoire, et même ses égouts. A elle a décidé de rompre, de rompre le silence, de rompre avec les apparences. A présent, plus exactement depuis plusieurs années maintenant, elle ne plaide plus, elle écrit. Elle écrit, et surtout, elle vit, enfin. « Offenses » ce n’est pas un tournant, c’est son oeuvre naturelle et légitime. Il faut lire ces lignes. Un constat des lieux, une reconstitution des faits, des origines, des conséquences. Tout à la fois. Qui pose la frontière entre le bien, entre le mal ?...Qui juge ? Qui est jugé ? Quels chiffres participent à la construction ou à la dé-construction de ce monde ? Des passages fulgurants, des lignes comme des coups de poing. Constance Debré a fait du droit, non pour être avocate, mais pour comprendre. Un livre, qui je l’espère sera lu par nombre d’étudiant.e.s en droit. Il faudra en débattre.



Astrid Shriqui Garain

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Love me tender

Lu en deux soirs. Affligeant ! C'est rédigé comme une liste de courses. Voilà pour la forme. Pour le fond, il n'y a rien à en dire car c'est le néant.

Certains ont adoré voir découvert du génie , moi j'ai vraiment pas accroché. Ce bouquin est une imposture! Il n'y a rien dans ce manuscrit qui retrace l'itinéraire tumultueux d'une avocate Parisienne qui quitte tout pour écrire ...et qui au passage rompt avec son fils qu'elle voit de temps à autre. Le fond n'est qu'une suite vertigineuse d'histoires de cul assez pathétique car l'auteur, depuis sa rupture avec son milieu bourgeois, s'est mise à écrire et préfère les femmes.



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