C'est ainsi que nous partons pour la fourmilière... ce "monde des grands" où tout va vite, où nous avons fini par égarer nos costumes d'aventuriers, de danseurs, d'artistes... au profit du profit... de nos boss... Cinq jours sur sept, nous participons malgré nous à un beau ballet mécanique dont nous n'avons aucune idée de la finalité. Avoir un chorégraphe c'est super, même flatteur, dans certaines circonstances, mais parfois, danser hors des sentiers battus nous ferait le plus grand bien...
Nous avons tendance à croire que donner implique de céder une part de nos ressources, un morceau de nous-même. Pourtant, la générosité semble combler aussi bien les donateurs que leurs heureux bénéficiaires... Et si le monde de Demain redessinait totalement le lien entre les gens ? Et si tous les citoyens ressortaient leurs pinceaux pour réaliser une fresque gigantesque animée par ces valeurs humanistes presque tombées en désuétude ?
Je suis coupable et innocente d'avoir adhéré à ce système sans avoir conscience des enjeux. Je suis coupable et innocente d'avoir fait un enfant dans ce monde en danger. Je suis coupable et innocente de ne pas réussir à me mettre en mouvement pour créer un Demain plus doux pour ma fille et pour l'ensemble du Vivant.
Ne plus avoir d'espoir, c'est comme se tirer une balle dans l'pied. Ça rend notre chemin douloureux et triste. Je refuse de laisser la pluie faire des claquettes sur mes épaules. Je veux danser sous la pluie, et admirer les arcs-en-ciel quand ombres et lumières s'entremêlent.
« Des odeurs de plantes et de fleurs viennent chatouiller ses narines. La fraicheur de cette fin de journée printanière diffuse un léger parfum de sous-bois. Puis, une senteur bien piquante de crottin décide de voler la vedette aux fleurs délicates. Il se surprend à apprécier cela. Ce cocktail olfactif lui rappelle son enfance, lorsqu'il visitait ses grands-parents. Les tours de vélo au goût de liberté, les cache-cache inspirés avec tous ses cousins, les feuilles d'oseille chipées à la volée, les sauterelles coursées en vain, les genoux égratignés, les pieds gauches dans la bouse, les tâches de fraise sur les tee-shirts... Des moments de vie entiers, sans demi- mesure, avec leurs lots de douceurs comme de petites blessures. »
- Vous savez que le chocolat a un impact désastreux, tant au niveau environnemental que social ? A chaque morceau croqué vous vous demandez si un enfant a bossé pour vous offrir ce plaisir furtif d'occidental pourri gâté. Normalement, on est censés s'envoyer des tablettes par dizaines pour oublier cette vie insensée... les écolos sont parvenus à nous gâcher ce plaisir en alourdissant nos consciences d'une culpabilité de plus en plus envahissante !
- Vous vous sentez coupable ?
- Oui, coupable et innocente ! Coupable de ne rien faire tellement je suis engluée dans un système qui me dépasse... Ce n'est pas moi qui tire les ficelles ! Et innocente, car justement je n'ai fait que me conformer à ce que l'on attendait de moi.
« Je rêve de retrouver la saveur de l'instant. Je rêve de bouquiner tous les soirs. Je rêve d'ouvrir une librairie. Je rêve de prendre un bon bain chaud. De partir seule en voyage, à la rencontre de moi-même. De marcher beaucoup et d'en avoir des cloques. D'avoir si mal que ça réveille ma sensation d'être en vie. Je rêve d'avoir un potager. D'apprendre le piano et de jouer du Yann Tiersen sur une petite crique ilienne. D'écrire un roman et des chansons. Je rêve de rire à gorge déployée comme Henri Salvador. Et que ce rire soit extrêmement contagieux, encore plus que ma ronchitude et celle de mes voisins. Je rêve de ne rien faire, de temps en temps. »
- (...) En accostant ici [dans un écolieu], j'ai bien l'intention de me concentrer sur les solutions plutôt que sur les constats d'échec. Je suis persuadé qu'une vie décroissante et minimaliste est source de beaucoup plus de bonheur que la vie consumériste dans laquelle nous avons baigné.
- Et c'est extrêmement épanouissant de devenir les créateurs de notre propre existence. Nous avons tout à inventer, c'est ça qui est génial ! C'est l'occasion rêvée de laisser chacun exprimer ses talents propres. Quand on s'éclate dans la vie, tout le monde en profite !
Résider à Mellionnec [dans un écolieu] aujourd'hui n'est pas un rejet de tout ce qui a fait leur vie d'avant, mais le résultat d'une vraie prise de conscience des failles et des limites de notre système consumériste et capitaliste. Pour faire simple, ils savent que nous ne pouvons continuer à consommer bien plus que les ressources dont nous disposons, ils réorganisent donc leur vie pour limiter leur impact. Je songe que ça paraît presque enfantin comme ça, mais que passer à l'acte requiert une sacrée dose de courage et un certain culot !
Les enfants sont merveilleux. Un rien leur file la banane ! Nous, les adultes, devons passer pour de gros ronchons à côté. Je me demande s'ils perçoivent notre incapacité à nous amuser, ou si leur réservoir débordant d'enthousiasme les protège de cette vision d'avenir plutôt navrante.
Être adulte rime-t-il forcément avec calme et ennui ? A partir de quand la devenons-nous ? Le devenons-nous vraiment un jour ? Si oui, à quel prix ? Est-ce un objectif à atteindre ou une malédiction à fuir ?