Eve Babitz was an American visual artist and author best known for her semi-fictionalized memoirs and her relationship to the cultural milieu of Los Angeles.
Des vagues de quatre, cinq mètres rugissantes comme des lions, comme des volcans. Et Gilbert Wood, accroupi au ras de sa planche, se campant de plus belle. Il tirait légèrement à gauche, côté vagues, pour pouvoir passer la main dans l'eau et laisser un sillage blanc, comme le faisait sa planche: deux rails d'écume et de folie.
West Hollywood dans les années soixante, quand la vie n'était qu'un long rock'n roll, était facile à vivre, avec ses trois pièces à 120 $ par mois et ses propriétaires rompus à toutes les excentricités. Bien sûr, cela existait, des Familles avec Enfants et Chien, mais la plupart des résidents de West Hollywood étaient dealers de drogues, rockers, managers , groupies, serveurs-mais-en-vrai-acteurs écrivant des scénarios à leurs heures perdues, écrivains pondant quatre scénarios chacun et touchant les allocations chômage. Et des coiffeurs, des mannequins de publicités, des gens plutôt jeunes, aussi, sans revenus évidents, vivaient également dans le coin, entre Melrose et Sunset Boulevard, de la Brea à Doheny.
" Vous les enfants de Californie, vous ne savez pas ce que c'est, la vie, s'entendait-elle souvent dire. Un jour, vous allez vous prendre un sacré revers.
- Genre quoi, de la neige ? " demandait-elle.
Quand Marilyn est morte, je sais que partout dans le monde les gens l’avaient mauvaise contre Hollywood et se disaient : « Moi je l’aurai sauvée, moi je ne l’aurais pas laissée mourir comme ça. Ces gens de Hollywood l’ont tuée. » Ceux qui pensent ainsi n’ont jamais fréquenté une ingénue. La logique de l’ingénue, c’est de courtiser le désastre.
Deux et deux font rose.
Pour moi, parfois.
Le bleu , c'était la vie.
Au dehors, ce premier mois de septembre, tout le monde était en cours et elle avait la plage rien qu'à elle.
L'horizon entier paraissait dégagé. Et bleu.
Les héros et les ingénues doivent être des mutants, car ils ne dépassent jamais le milieu de l'acte trois ( à supposer que l'on soit dans une tragédie ce qui est le cas en général).
Les femmes sont préparées à souffrir par amour ; c'est écrit sur leur acte de naissance.
Les femmes veulent qu'on les aime comme des roses. Elles passent des heures à se perfectionner les sourcils et les orteils et à inventer d'irréductibles boucles qui leur tombent par hasard le long de la nuque dans des coiffures autrement bien austères. Elles veulent que leur amant se souvienne de la manière dont elles tenaient leur verre. Elles veulent hanter.
Les hommes ne fonctionnent pas comme cela, pour autant que j'aie pu en juger. Les hommes ne sont pas hantés par la manière dont une femme tient son verre. Les hommes sont hantés par les femmes qui sont exactement comme celle qui a épousé leur bon vieux père.
Virginia Woolf disait que les gens lisent des romans comme ils écoutent des ragots, alors si vous lisez ce texte, autant lire mes apartés personnels écrits pour qu’il le lise, lui aussi. Je me dois d’être extrêmement drôle et merveilleuse en sa présence ne serait-ce que pour attirer son attention, et il est dommage de laisser tout cela à la même personne.