La radio, c’est la vie. Ce son qui bouge dans la maison, en voiture, sur le portable à portée d’oreille, sur Internet, partout. Nous nous sommes habitués à cet accompagnement agréable surtout lorsqu’il est naturel comme un jus de fruit sans colorants. En poussant la porte d’Europe 1, je rentrais dans un transistor comme un auditeur privilégié, comme un gamin dont l’innocence provinciale était le meilleur atout. Je ne le savais pas. Elle était mon naturel. Je voulais la fuir alors qu’elle allait m’aider. J’ai mis du temps à comprendre comment faire ressortir ce naturel « naturellement », qui manquait au débutant très appliqué que j’étais. Trop appliqué.
La recommandation primordiale était : « Sois naturel ! »
Ma naïveté m’a permis de tout accepter, tout intégrer. Le travail et le temps allaient m’aider à devenir un professionnel du naturel, si j’ose dire. Apprendre à contrôler pour être plus libre. Comme au théâtre, à la radio on commence par le bas. Émissions de nuit en remplacement, puis uniquement la lecture des publicités dans la journée en rappelant l’heure. Un œil sur le texte, un autre sur l’aiguille qui se balade, le casque en bandoulière, cordon ombilical avec le réalisateur. On faisait tous les horaires. Il fallait travailler sa voix, apprendre à respirer, à rythmer, à laisser un silence, apprendre à « combler » trente, quarante secondes pour arriver pile-poil ! Car chaque heure le carillon passait en force, et on mettait un point d’honneur à le respecter, pour éviter surtout toute engueulade superflue.
José Artur, animateur du mythique « Pop Club » sur France Inter pendant quarante ans (1965-2005), aimait dire : « La journée, on entend la radio, alors que la nuit, on l’écoute. » En effet, si les auditeurs nocturnes sont moins nombreux que ceux du jour, ils sont en revanche davantage disponibles, généralement seuls, et moins dérangés par les sollicitations extérieures.