(POUR AFFICHER LES SOUS TITRES CLIQUEZ SUR L'ICONE SOUS TITRES) Bienvenue sur la chaîne des Artisans de la Fiction ! Dans cette interview exclusive, nous avons l'honneur de recevoir Gabino Iglesias, un auteur et professeur de creative writing basé à Austin, Texas. Connu pour sa fusion unique de genres mêlant noir, horreur et réalisme magique, Iglesias aborde des thématiques puissantes telles que la migration, l'identité et les injustices sociales.
À propos de Gabino Iglesias :
Gabino Iglesias est un auteur et critique littéraire dont l'oeuvre est souvent décrite comme barrio noir. Son style d'écriture immersif et viscéral intègre des passages non traduits d'espagnol et de spanglish, reflétant son héritage bilingue et biculturel. Son utilisation de l'horreur va au-delà de la simple peur, critiquant les réalités sociales et politiques de notre temps.
Ce que vous découvrirez dans cette interview :
00:14 le but de la littérature est-il de raconter des histoires ?
00:52 Quel est votre héritage narratif ?
02:24 Comment vous êtes-vous formé à la narration?
03:34 Quels sont les avantages de la littérature de genre ?
04:31 Les codes d'un genre sont-ils importants ?
06:11 Quels sont les codes de l'histoire d'horreur ?
08:34 L'hybridation des genres narratifs ?
10:05 Préparez-vous vos personnages ?
11:36 Réécrivez-vous beaucoup ?
12:54 Que pensez-vous de l'enseignement de l'écriture ?
14:23 Quel serait votre conseil aux auteurs débutants?
16:23 Comment voyez-vous l'avenir de la narration ?
17:58 Pensez-vous que les IA menaçent la littératutre ?
Interview : Lionel Tran - Caméra : Léa Ducourtioux - PR : Amoreena Winkler - Liaison : Margaux Létang - Rémi Sénart - Julie Fuster
6 avril 2024 - Les Artisans de la Fiction - Quais du Polar 2024
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QUI SOMMES-NOUS ?
Les Artisans de la Fiction sont des ateliers d'écriture situés à Lyon. Nous prônons un apprentissage artisanal des techniques d'écriture et avons pour objectif de rendre nos élèves autonomes dans l'aboutissement de leurs histoires. Pour cela nous nous concentrons sur l'apprentissage et la transmission des techniques de base de la narration en nous inspirant du creative writing anglophone. Nos élèves apprennent en priorité à maîtriser : la structure de l'intrigue, les principes de la fiction, la construction de ses personnages
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Par exemple, pour ce qui est de mon arrivée aux Etats-Désunis, tout a commencé dans le club de Mexico, El Colmillo. Une boite assez mal fréquentée, surtout l'arrière-salle. Un peu comme une jolie fille avec un cul crade.
Quand tu traverses la frontière, celle-ci conserve une partie de toi. Elle te coupe jusqu'à l'os, t'empêchant de cicatriser. Elle perfore des endroits qu'aucune lame ni aucune balle ne peut atteindre et elle te mutile d'une manière que tu ne peux pas comprendre.
Quand on t'enlève un être cher, non seulement l'illusion s'effondre, mais c'est comme si tu te retrouvais soudain jeté dans un cachot, entouré de murs oppressants. La haine devient un cancer qui te ronge de l'intérieur et le seul remède est la vengeance. Le sang. L'action. Les gens disent tout un tas de conneries sur la vengeance, mais comment quelque chose qui paraît si bon, si libérateur, et si légitime pourrait-il être mauvais ?
Je n'avais jamais compris comment on pouvait juger un être humain à sa couleur de peau ou à son origine. Un tel niveau de stupidité me dépassait.
Il existe un endroit par-delà le chagrin où les sentiments sont si puissants qu'aucun mot ne peut les décrire.
La frontière est un endroit où les ossements ne sont jamais enterrés assez profond et où les larmes des familles brisées et le sang des innocents se mêlent aux plantes, à l'air et à la terre. C'est cette noirceur qui donne au fleuve sa couleur verte et son odeur si particulière. Certaines choses ont un fond tout en demeurant insondables. Et l'obscurité infinie tapie dans cette artère de jade pousse certains Blancs à appuyer sur la détente, même si c'est une femme ou un enfant dans le viseur.
Quand tu traverses la frontière, tu voles en éclats, tu cesses d'être toi et tu deviens une nouvelle personne qui n'a sa place nulle part, qui n'a ni foyer ni racines. Revenir en arrière est impossible et avancer équivaut à sauter dans un ravin en croisant les doigts pour qu'il ne soit pas trop profond, pour que les pierres ne t'ecorchent pas trop dans ta chute et pour que le monstre qui t'attend au fond ne soit pas trop affamé.
— Je sais pas où t’as vécu, tout ce temps-là, mais figure-toi qu’il y a beaucoup de gens qui peuvent pas blairer ton accent et ta couleur de peau. T’as la chance d’avoir des papiers, c’est déjà ça, mais t’auras beau te les agrafer sur le front, ça fera pas changer d’avis tous les racistes de ce pays, tu vois ce que je veux dire ? Avec cent mille dollars en poche et un costume sur mesure, tu vaudras toujours moins qu’un Blanc avec vingt dollars dans son portefeuille et un jean troué.
Le passé est le présent emprisonné dans un écho perpétuel.
Le présent est une agrégation d'évènements passés que la mémoire a mis en forme.
Le futur est l'inconnu qui flotte entre le néant et le possible, entre la mort et les nouveaux départs, entre l'incertitude et l'espoir.
Et nous, nous sommes des fragments de chair insignifiants coincés entre les trois, conscients que chaque phrase que nous commençons est constituée d'une part des mots qu'on a prononcés et qui appartiennent déjà au passé, et d'autre part d'un silence qui appartient encore au futur.
Certaines choses ont un fond tout en demeurant insondables.
Si les armes à feu sont un symptôme de ce qui ne va pas avec l'humanité, Internet est une fenêtre qui nous montre le pire dont elle est capable.