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Citations de Georg Simmel (53)


“jamais une valeur qu’un objet possède uniquement à travers sa conversion en d’autres objets, qui eux ont définitivement de la valeur, n’a été aussi complètement transférée sur elle-même.”
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Un être parfaitement distingué, du point de vue moral autant qu'intellectuel, dédaigne toute espèce de dissimulation, parce que son assurance intérieure le rend indifférent à ce que d'autre savent ou ne savent pas à son sujet, à l'opinion juste ou fausse, positive ou négative qu'ils peuvent avoir sur lui;
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Rien de plus faux que d'appeler "filles de joie" ces malheureuses créatures et d'entendre par là qu'elles vivent effectivement pour la joie ; peut-être pour celle d'autrui, mais sûrement pas pour la leur. Ou estime-t-on que ce soit un délice, soir après soir et par tous les temps - chaleur, pluie ou froid -, de courir par les rues pour offrir une proie et servir de mécanisme éjaculatoire au premier individu venu, aussi répugnant soit-il ? Croit-on réellement qu'une telle vie menacée d'un côté par les maladies les plus infectes, de l'autre par la détresse et par la faim, et en troisième lieu par la police - croit-on que cette vie, donc, puisse être choisie avec ce libre arbitre qui seul justifierait en retour l'indignation morale ?

Quelques réflexions sur la prostitution dans le présent et dans l'avenir
1892
(p.11)
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Georg Simmel
C'est peut-être parce que la lettre est exposée à être lue par n'importe qui, que l'indiscrétion à son égard est une chose particulièrement vile, si bien que pour des sensibilités plus fines, sa vulnérabilité devient justement un rempart contre l'indiscrétion.

(Secret et sociétés secrètes)
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"Seuls peuvent se donner entièrement sans danger les êtres qui ne peuvent pas se donner entièrement, parce que la richesse de leur âme est fondée sur une évolution permanente qui fait que chaque don engendre immédiatement de nouveaux trésors; leurs bien spirituels latents sont inépuisables, et ils ne peuvent donc ni les dévoiler ni les donner d'un seul coup, de même qu'un arbre, en donnant les fruits d'une saison, ne se défait pas de ceux de l'année suivante. Mais il en va autrement de ceux qui mangent en quelque sorte leur capital, par ces élans du sentiment, par le don de soi absolu, le dévoilement de leur vie intérieure; il leur manque cette force originelle, source de biens toujours renouvelés pour l'âme, qui ne peut absolument pas être révélée, ni détachée du moi. Il peut alors arriver bientôt que l'on se retrouve un jour les mains vides, que l'offrande dyonysiaque laisse derrière elle un appauvrissement qui en retour-chose injuste mais néanmoins amère- fera prendre pour des tromperies les dons passés et le bonheur qu'ils avaient apporté. Nous sommes ainsi faits que nous n'avons pas seulement besoin, comme je l'ai observé ci-dessus, d'une certaine part de vérité et d'erreur comme base de notre vie, mais aussi d'une proportion de clarté et de flou dans l'image des éléments qui la constituent. Si notre regard la traverse de part en part, elle nous révélera les limites de ses charmes et interdira à notre imagination d'y entremêler ses possibilités;"
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S'il faut néanmoins déterminer une temporalité qui lui soit propre, alors c'est celle de la jeunesse. Car de tous les âges de la vie, c'est la jeunesse qui, par sa sensibilité, se rapproche le plus de l'éternité, parce qu'elle ne sait pas encore ce que signifie le temps, parce qu'elle ne le ressent pas encore comme une puissance et une limite. C'est pour cette raison que la jeunesse n'a, de façon si patente, aucun sens historique : elle mesure les choses à l'aune de l'infini, indépendamment des conditions restrictives imposées par la réalité temporelle, et elle est seule à connaître ces journées qui se gonflent et s'étendent hors de leurs limites, au cours desquelles l'on croit encore espérer tout le passé et se rappeler tout le bonheur futur. Telle est l'atmosphère du paysage böcklinien.
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Georg Simmel
[...] trop souvent l'écart entre le haut et le bas enfonce toujours plus ceux d'en bas, et abaisse moralement aussi ceux d'en haut.

(Philosophie de l'amour)
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Quand la paix ou l'affection règnent, c'est un excellent moyen de protéger l'association, comparable à ce dispositif d'alerte qu'est la douleur à l'intérieur de l'organisme; car c'est justement en se manifestant énergiquement à la conscience que la dissonance au sein d'un rapport par ailleurs constamment harmonieux avertit aussitôt qu'il faut éliminer la cause du conflit, pour éviter qu'il ne continue à se creuser un chemin souterrain dans la semi-conscience, jusqu'au fondement de la relation.
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Le plaisir pris à un objet et que nous appelons plaisir esthétique est complétement indépendant de l'existence de cet objet.
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Celui qui, par sa toilette ou ses manières d'être, adopte délibérément le contre-pied de la mode accède lui aussi au sentiment d'individualisation qui s'y attache. Mais c'est alors au moyen d'une pure négation de l'exemple social, et non pas en raison d'une qualification individuelle. Si être à la mode consiste à imiter l'exemple social, la refuser intentionnellement revient à inverser cette imitation, ce qui ne témoigne pas moins du pouvoir des tendances sociales dont, d'une manière ou d'une autre, positivement ou négativement, nous sommes toujours dépendants. La victime de la mode et celui qui s'y oppose intentionnellement s'emparent tous deux d'un contenu, et ne diffèrent que par la forme qu'ils donnent à ce contenu : le premier celle de la surenchère, le second celle de la négation.
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L’argent est le moyen et l’expression de la relation et de la dépendance réciproques entre les hommes, de cette relativité en vertu de laquelle la satisfaction des désirs de l’un est toujours liée à l’autre et vice versa.
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tout bien considéré, la double position du pauvre - comme de l'étranger - , telle que nous l'avons caractérisée, se vérifie chez tous les éléments du groupe, avec seulement des nuances. Un individu a beau être intrinsèquement lié à la vie du groupe par des contributions positives, entrelacer vie privée et vie sociale, il fait cependant toujours face à cette collectivité, contribuant à son bon fonctionnement ou en tirant bénéfice, bien ou mal traité par elle, engagé envers elle intérieurement ou seulement extérieurement; bref : comme séparé d'elle, objet vis-à-vis du sujet qu'est l'ensemble social, dont il est pourtant membre, partie-sujet, du fait même de ces actions et circonstances qui sont au fondement de leurs rapports.
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La véritable élégance évite de se focaliser sur une individualité particulière, elle entoure toujours l'homme d'une sphère de choses plus générales, stylisées, pour ainsi dire abstraites-ce qui n'empêche évidement pas les raffinements auxquels on rattache cette généralité de la personne. Si les vêtements neufs ont l'air particulièrement élégants, c'est parce qu'ils sont encore "raide", c'est-à-dire qu'ils n'épousent pas encore tous les changements du corps individuel aussi totalement que les vêtement longtemps portés, que les mouvements particuliers du corps ont déjà distendus et froissés, et qui trahissent ainsi plus parfaitement sa singularité. Cette "nouveauté" de l'objet qui ne varie pas en fonction de l'individualité appartient au plus haut point au bijou de métal; il est toujours neuf, dans sa froideur inaltérée il est au-delà du destin de celui qui le porte, ce qui n'est absolument pas vrais du vêtement.
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La forme la plus générale de l'aventure est celle qu'elle revêt par le fait de s'isoler en quelque sorte de l'ensemble de la vie. Nous comprenons par cet ensemble le résultat de la participa­tion des contenus de la vie – quelque irréconciliables et opposés qu'ils soient – à un processus de vie unique qui circulerait en quelque sorte à travers eux.
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Les pauvres ne peuvent pas être considérés comme les moyens d'une fin - ce qui déjà serait un progrès pour leur position -, car l'action sociale ne les prend pas en compte eux, en tant qu'individus, elle n'utilise que certains moyens objectifs et matériels afin de supprimer les dangers et les pertes représentés par les pauvres vis-à-vis du bien de la communauté.
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Lorsque Jésus dit au jeune homme riche, donne tes biens aux pauvres, ce qui semble lui importer n'est pas les pauvres, mais plutôt l'âme de l'homme riche, ce sacrifice n'étant qu'un moyen ou un symbole de salut.
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Dans ses formes achevées, l'argent est le moyen absolu : car d’une part il reçoit une détermination téléologique et rejette toute détermination provenant de séries différentes, d’autre part il se limite à sa pure instrumentalité au regard des fins, aucune de celles-ci ne préjugeant de sa nature, si bien qu’il offre à la série téléologique comme un lieu de passage tout à fait indifférent.
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Une unité mystérieuse, que l'on peut voir par les yeux et saisir par les mains, relie le paysage, l'odeur de son sol et la vie de ses lignes avec l'esprit qui est leur fruit, avec l'histoire de l'homme européen qui a pris forme ici où l'art est comme un produit du sol. (...) Ici la nature est devenue esprit sans renoncer à elle-même. (Florence)
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s'il existe vraiment dans l'être humain une pulsion formelle d'hostilité, symétrique du besoin de sympathie, il me semble néanmoins qu'elle a son ori-gine dans l'un des processus de décantation? où des mouvements intérieurs finissent par laisser dans l'âme la forme qui leur est commune comme une pulsion autonome. II est si courant que des intérêts de toute nature nous forcent à nous battre pour certains biens, à nous opposer à certaines personnes, qu'il est fort possible qu'un état d'irritation résiduel, poussant de lui-même à des manifestations d'antagonisme, soit passé dans le fonds héréditaire de notre espèce
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Avant le développement qu’ont pris les omnibus, les chemins de fer, les tramways au XIXe siècle, les gens n’avaient pas l’occasion de pouvoir ou devoir se regarder réciproquement pendant des minutes ou des heures sans se parler.
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