12/13 du 29 01 19 invité Ismaël Saidi
Est-que la discrimination existe ? Oui !
Est-ce qu'il faut lutter contre elle jusqu'à notre dernier souffle ? Oui !
Est-ce que la France a mis en place un système de ségrégation à l'égard d'une partie de la population ? Non !
Et aujourd'hui, je peux répondre à cet internaute anonyme, des années plus tard, que je sais de quoi je parle.
Il y a du racisme, il y a de l'homophobie, il y a du rejet ! Partout sur terre !
Malheureusement, c'est dans la nature humaine de repousser ce qu'on ne connait pas, ce qui nous fait peur.
Et de se tourner vers ce qu'on connait, ce qui nous rassure, ce qui nous ressemble (...)
Mais rejeter la faute sur toute la France, c'est injuste !
Elles étaient pubères, elles étaient femmes, elles devaient donc se voiler du regard concupiscent des hommes, regard dont elles étaient responsables. Elles devaient être des fées du logis pour celui à qui elles s'offriraient de leur plein gré. Je n'ai plus besoin de vous définir plein gré (...)
Mes cousines ne connaissaient que ce système de fonctionnement, ce système de pensée et même si, de temps en temps, l'une ou l'autre se rebellait, faisait des études, se dressait contre le système, la grande majorité ne voulait pas faire de vague et rentrait dans le rang, rejoignait le troupeau, sans même avoir besoin de berger. Le système était tellemen huilé qu'il fonctionnait par lui-même et pour lui-même.
Mais jamais, en racontant ma vie, une élève ne m'avait éjecté de sa communauté comme ça. Pourtant la phrase qu'elle me reprochait n'était ni un blasphème, ni un anathème, mais juste une définition de ce que je pense être mon identité : Je suis comme une lasagne, composée de plusieurs couches : je suis belge, d'origine marocaine, de confession musulmane, de culture judéo-chrétienne et laïc (...)
Chaque personne qui a un jour effleuré votre vie devient une part de vous, et qu'à force d'additionner de nouvelles parts, vous devenez une lasagne...
Même si mes parents venaient d'ailleurs, la première couche de mon identité était cette ville, son froid qui vous mord, son gris qui vous nargue, sa pluie qui vous toise.
J'ai fini par l'aimer dans la douleur, cette ville qui était la mienne, ce plat pays qui était le mien.
Et cette douleur nous a rendus uniques, l'un pour l'autre.
Je suis Belge...
Gims, anciennement maître, voulait nous mettre tous dans une case : celle du musulman et le musulman ne fait pas comme les mécréants (...)
J'ai éteint mon portable et renvoyé Gims aux oubliettes dont il n'aurait jamais dû sortir et j'ai regardé mon sapin de Noël.
Il était beau.
Face à lui, sur ma bibliothèque trônait un Coran, illuminé par les guirlandes. C'était ça ma vie, c'était ça ce que j'étais : un sapin et un Coran, Jésus et Muhammad, les rois mages et les Andalous, des enfants de culture musulmane et une compagne de culture chrétienne.
Et ça m'allait tellement.
Une copine juive ? Merde ! Mais ça changeait tout en fait ; et la Palestine ? Et Israël ? Et les colonies ? Et... en fait... et ...quoi ?
ça changeait quoi finalement ? Je me suis posé la question en rentrant chez moi. ça changeait quoi ? Elle restait la même, non ? Elle n'était pas différente maintenant qu'elle est juive.
Si vous avez zéro en maths c’est parce que vous n’avez pas étudié, pas parce que le prof est raciste.
[Journal "Tel quel" n° 958 du 2 au 8 juillet 2021]
Je voulais rencontrer les autres, encore et encore, je ne me satisfaisais plus des ombres... J'avais besoin de la lumière...
On a été manipulés, mon frère, mais pas seulement par le système, les nôtres aussi, mon frère. Nous sommes victimes, mon frère, victimes d'un système qui nous dénigre, d'une société qui nous considère comme un problème alors que nous sommes la solution, d'une société qui n'investit pas dans les écoles où nous aurions appris notre Histoire, mon frère, l'Histoire de notre civilisation construite sur la connaissance, l'amour, la tolérance et le savoir, mon frère. Mais nous sommes aussi victime des nôtres qui nous utilisent comme des moutons, qui profitent de notre ignorance; Alors, mon frère, dépose les armes, mon frère, fais la paix avec ton âme et regarde autour de toi. Le monde est plein de gens prêts à t'aimer, donne-leur juste une chance, mon frère. Is sont comme nous, mon frère.
Ismaël - C'est de la mayonnaise ?!
Reda - Ouaip !
Ismaël - Je déteste la mayonnaise !
Reda - Désolé, je ne savais pas !
Ismaël - Pffff.
Reda - Mais au moins, elle est halal !
Ismaël - Comment ça elle est halal ? Comment ils l'ont rendu halal cette mayonnaise ? Ils ont égorgé la bouteille ?
Reda - J'en sais rien moi. Y'a écrit halal dessus donc je l'achète.
Ismaël - J'achète halal donc je suis.
Reda - Quoi ?
Ismaël - Rien.