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4.3/5 (sur 45 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Louvain la neuve , le 14/02/1944
Biographie :

Jacques van Rillaer est professeur émérite de psychologie à l'université de Louvain-la-Neuve et des Facultés Universitaires Saint-Louis de Bruxelles, spécialiste des thérapies cognitivo-comportementales (membre entre autres de l'AEMTC, Association pour l'Etude, la Modification et Thérapie du Comportment). Il est notamment connu pour ses critiques de la vie et de l'œuvre de Sigmund Freud.
Au départ d'orientation psychanalytique, il s'en est dégagé définitivement après un passage par l'université de Nimègue. Défenseur fervent de la psychologie scientifique.

En 2005, il avait répondu à Élisabeth Roudinesco à propos du Livre noir de la psychanalyse. Il lui avait reproché à l'occasion d'une autre polémique, « mauvaise foi » et mensonge.

Le professeur Jacques Van Rillaer soutient Michel Onfray en publiant une critique argumentée du livre d'Élisabeth Roudinesco Mais pourquoi tant de haine ? dans laquelle il estime trouver de nombreuses erreurs factuelles.
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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Pour parler le lacanien, il faut d’abord assimiler quelques mots-clés (Signifiant, Phallus, Nom-du-Père, Castration, béance, etc.), puis apprendre à jargonner en s’abstenant de propos qui renvoient à des réalités empiriques. Ces mots-clés agissent comme des incantations magiques qui permettent d’être accepté dans la communauté lacanienne et de devenir un « Sujet supposé savoir ».

Le pouvoir de séduction de Lacan-gourou sur une partie de « l’élite pensante » illustre cette constatation de Tacite (Ier siècle) que Montaigne se plaisait à répéter : « Les hommes accordent plus de foi à ce qu’ils ne comprennent pas. L’esprit humain est porté à croire plus volontiers les choses obscures » (Essais, Livre III, ch. XI).

Des intellectuels ont parfois mis du temps à avouer qu’ils ne comprenaient pas les rébus lacaniens. Cinq ans après la mort de Lacan, Claude Lévi-Strauss raconte qu’il n’a été qu’une seule fois à un séminaire de Lacan et que le contenu lui a paru étrange : « J’ai vu fonctionner pas mal de chamans dans des sociétés exotiques, et je retrouvais là une sorte d’équivalent de la puissance chamanistique. J’avoue franchement que, moi-même l’écoutant, au fond je ne comprenais pas. Et je me trouvais au milieu d’un public qui, lui, semblait comprendre. Une des réflexions que je me suis faite à cette occasion concernait la notion même de compréhension : n’avait-elle pas évolué avec le passage des générations ? Quand ces gens pensent qu’ils comprennent, veulent-ils dire exactement la même chose que moi quand je dis que je comprends ? Mon sentiment était que ce n’était pas uniquement par ce qu’il disait qu’il agissait sur l’auditoire, mais aussi par une autre chose, extraordinairement difficile à définir, impondérable » (p. 28).

Lacan disait : « Kojève, que je tiens pour mon maître, de m’avoir initié à Hegel ». Borch-Jacobsen commente : « il n’y a sans doute pas de meilleure introduction à la lecture de Lacan que l’Introduction à la lecture de Hegel de Kojève » (2015 : 17). À quoi il faut ajouter Heidegger, que Lacan admirait et singeait. La psychanalyse lacanienne est en grande partie une spéculation hégéliano-heideggérienne à partir de Freud.

Schopenhauer donnait ce conseil à celui qui « veut abrutir un jeune homme et le rendre incapable de penser » : « Faites-lui lire Hegel. Essayant vainement de comprendre ce monstrueux entassement de mots qui se contredisent et s’annulent, son cerveau épuisé succombera au point que dorénavant l’infortuné prendra pour pensée authentique le verbiage le plus vide » (cité dans Popper, 1979 : 54). Aujourd’hui, on peut s’amuser avec la recette : faire lire Lacan pour abrutir un snob, rendre ridicule une précieuse ou un précieux, procurer du plaisir à un masochiste.

Lacan a pris place dans Le Petit Larousse illustré, où on lit (éd. 2017) : « Il a contribué, tout en prônant le retour à Freud, à ouvrir le champ de la psychanalyse en se référant à la linguistique ». Les linguistes qui l’ont étudié ont constaté ce qu’écrit le professeur Georges Mounin : « Lacan a lu Saussure en diagonale. […] Quant à ses mentions des autres linguistes, Benveniste, Chomsky, Hjelmslev, Jespersen ou Sapir, ce ne sont que des mentions » (p. 92). Ce que Lacan appelle sa « théorie de Lalangue » ou « linguisterie » fait un usage idiosyncrasique de termes linguistiques qui empêche une véritable communication avec les linguistes. Cela n’a aucune utilité pour le thérapeute soucieux d’efficacité.

Par son jargon logico-mathématique, Lacan a tenté de faire croire que la psychanalyse était une vraie science. Borgh-Jacobsen a assisté aux séminaires, où le gourou « prononçait des oracles obscurs que captaient d’innombrables micros », et il a participé aux « cartels » où des auditeurs essayaient ensuite de les déchiffrer (1995 : 195). Il a dénoncé la supercherie en connaissance de cause : « Ces fameux et cocasses “mathèmes” […] sont de véritables formules magiques, censées être d’autant plus efficaces qu’elles sont vides de sens et en fin de compte parfaitement obscures, l’écriture mathématique remplaçant ici fort avantageusement le latin de cuisine des alchimistes » (id., p. 195). Deux professeurs de physique, Alan Sokal (université de New York) et Jean Bricmont (université de Louvain) ont démontré de façon rigoureuse, dans Impostures intellectuelles, la vacuité de ces élucubrations, dont voici un petit échantillon : « L’organe érectile vient à symboliser la place de la jouissance, non pas en tant que lui-même, ni même en tant qu’image, mais en tant que partie manquante de l’image désirée : c’est pourquoi il est égalable au √–1 de la signification plus haut produite, de la jouissance qu’il restitue par le coefficient de son énoncé à la fonction de manque de signifiant : (–1) » (1966 : 822). Les répliques des fans de Lacan à la démonstration de Sokal et Bricmont sont quasi toutes des attaques ad personam, le degré zéro de l’épistémologie.

Lacan était un illusionniste. Son talent oratoire était impressionnant, fascinant. Son érudition était gigantesque, sa rigueur scientifique était nulle.
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Hans Eysenck, un des plus célèbres psychologues scientifiques, conclut son livre sur "l'empire freudien" par ces mots : "Freud était, sans aucun doute, un génie, non de la science, mais de la propagande, non de la démonstration rigoureuse, mais de la persuasion, non de la mise au point d'expérimentations, mais de l'art littéraire. Sa place n'est pas, comme il le prétendait, avec Copernic et Darwin, mais avec Hans Christian Andersen et les Frères Grimm, des auteurs de contes de fées. [...] La psychanalyse est une doctrine pseudo-scientifique qui a fait un tort immense à la psychologie et à la psychiatrie. Elle a également été néfaste pour les espoirs et les aspirations d'un nombre incalculable de patients qui ont fait confiance à ses chants de sirènes".
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Il y a environ deux mille ans, Epictète donnait ce conseil capital : "A propos de toute idée pénible, prends soin de dire aussitôt : "tu es une idée, et non pas exactement ce que tu représentes." Il est sage de se décentrer non seulement d'"idées pénibles", mais de quantité d'idées, rêves, rêveries, affects et impulsions. Les pensées que nous produisons ne "sont " pas nous. Elles ne sont même pas toujours le reflet de ce que nous pensons ou désirons vraiment. S'identifier à elles, c'est s'exposer à une vue distordue de notre réalité psychologique et de notre environnement, c'est préparer le lit de troubles mentaux parfois graves.
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Se redresser, faire bonne figure

[...]

Plusieurs expériences de psychologie, souvent ingénieuses, ont démontré l'effet de la posture sur les cognitions et les affects. Par exemple, des personnes ont été invitées à remplir un questionnaire sur leur degré de bien-être actuel, soit assises devant une table très basse qui oblige à une posture recroquevillée (position dépressive), soit debout écrivant sur un lutrin, ce qui induit à une attitude droite et fière. Les réponses au questionnaire sont manifestement influencées par le maintien corporel.

On parle de "rétroaction posturale" parce que la posture dépend, en partie des cognitions et affects, et qu'elle influence à son tour les cognitions et les affects. A cet effet automatique, s'ajoute l'influence qu'ont sur nous des réactions de nos partenaires à nos attitudes corporelles.

[...]

L'influence de l'expression du visage semble moins importante que celle de la posture. (Depuis l'enfance nous apprenons à "garder la face" et "à faire bonne figure", de sorte que la connexion entre les affects et l'expression du visage est sans doute moins étroite qu'entre les affects et l'ensemble de la posture). Des données expérimentales suggèrent que l'influence de nos expressions faciales sur nous-même résulte surtout de l'effet de ces expressions sur nos interlocuteurs. Une paralysie de muscles du visage n'entraîne pas une diminution de l'intensité des émotions, contrairement à une paralysie d'une partie importante du corps.

Pour gérer nos affects, il est plus important de s'occuper de l'activation physiologique, des cognitions et de l'attitude corporelle que de l'expression faciale. Il n'en reste pas moins que nous pouvons contribuer à notre bonheur en adoptant fréquemment un visage détendu, serein ou souriant.
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Ainsi, au bout d'un certain temps, les patients des freudiens « découvrent » et croient que leur problématique essentielle relève de la sexualité, les patients des adlériens croient que le noeud de leurs difficultés réside dans des sentiments d'infériorité et dans la volonté de s'affirmer par des compensations, les analysés de Rank croient que leurs problèmes cachent l'angoisse de la séparation, les analysés des jungiens découvrent des archétypes, leur «ombre» et leur «anima», et ils croient que la racine de leur névrose procède du conflit entre la «Persona» et le « Soi». Les analysés des lacaniens confirment tous que «l'Inconscient est structuré comme un langage»: ils rêvent et associent en faisant des jeux de mots... Quand on lit successivement des cas publiés par Freud, Adler, Jung, Rank et autres dissidents, on constate que les histoires des patients en disent beaucoup plus sur la théorie du psychanalyste que sur le patient. La cure est un conditionnement au long cours, une lente initiation à la doctrine de l'analyste. Les patients deviennent des croyants, des disciples.
Par ailleurs, les analystes « vérifient » avec chaque analyse leur théorie et se convainquent eux-mêmes de plus en plus de sa vérité. La foi des analystes et celle des analysés se renforcent par des conditionnements bidirectionnels. En 1913, quand Freud annonça à Ferenczi la rupture avec Jung, il écrivit: «Je considère qu'il n'y a aucun espoir de rectifier les erreurs des gens de Zurich et je crois que, d'ici deux à trois ans, nous évoluerons dans des directions totalement opposées sans arriver à une compréhension mutuelle ». Quelques jours plus tard, il ajouta: «Nous possédons la vérité. J'en suis aussi convaincu maintenant qu'il y a quinze ans » (cité dans Jones, II, 158).
Nul thérapeute ne peut, de par ses paroles et ses silences, s'abstenir d'influencer des idées de son patient. L'essentiel est de prendre conscience de ce fait pour éviter de se laisser grossièrement piéger. Le problème est grave lorsque les interventions du thérapeute sont dogmatiques et qu'elles poussent un patient crédule dans une direction inopportune. C'est par exemple le cas quand la thérapie est consacrée à la recherche des souvenirs ou des fantasmes de la prime enfance alors qu'il serait infiniment plus utile d'apprendre comment se défendre face à un manipulateur comment se libérer de schémas de pensée démoralisants. (p.73-74)
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Se gérer, c'est adopter des comportements qui apportent, à moyen ou à long terme, davantage de bonheur que des comportements qui sont particulièrement attractifs, parce qu'ils procurent à court terme du plaisir et/ou le soulagement d'un mal-être.
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Mettre les émotions en mots

[...]

Les effets que permet la mise en mots d'émotions pénibles - que ce soit dans une conversation banale, par l'écriture ou dans une psychothérapie - dépendent étroitement de la façon dont les informations sont traitées. Construire de nouvelles significations des événements pénibles permet d'avancer, de mûrir ou de guérir. Redire sans cesse l'angoisse, la tristesse ou la colère ou, tout à l'opposé, s'efforcer de ne plus y penser, c'est nuire, parfois gravement, à sa propre santé physique ou mentale.
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Certains psys gardent longtemps des clients en traitement grâce au processus du renforcement intermittent. Chaque séance fournit une interprétation, une remarque ou une explication, qui entretient l'espoir d'arriver un jour à dévoiler les mystères de l'"Inconscient". Ces thérapies au long cours fonctionnent sur le modèle des Contes des Mille et Une Nuits.
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Se libérer d'une addiction bien ancrée exige la répétition d'efforts importants, la tolérance à des états pénibles et le développement d'activités agréables. Le plus souvent, la victoire ne s'obtient qu'après plusieurs cycles composés d'une préparation mentale, d'une prise de décision, d'une période d'abstinence et d'une rechute. selon les études, la moyenne du nombre de ces cycles, dans le cas du tabagisme et de l'alcoolisme, est de quatre à six. Entre la première tentative d'abstinence et la libération durable, des rechutes sont la règles et non l'exception.

La personne se retrouve fréquemment dans la situation de l'homme assoiffé qui sait qu'un petit verre le soulagera. Il y a cependant une différence fondamentale : en l'absence d'eau, l'homme déshydraté ira de plus en plus mal, celui qui s'abstient d'une réaction addictive verra progressivement les impulsions diminuer, d'abord en intensité, puis en fréquence, pour enfin disparaître.
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A côté de la forme classique de l'hypocondrie, on peut parler d'une hypocondrie mentale, la croyance persistante et perturbante de souffrir de troubles psychologiques, de "complexes" ou d'un "mal-être", comme conséquence d'une focalisation malencontreuse sur son propre fonctionnement psychique et d'une interprétations de significations soi-disant inconscientes. Beaucoup de psys vivent de ce mal et contribuent à le renforcer.

Lorsqu'on interroge des personnes sur ce qu'elles font effectivement quand elles se sentent déprimées, la majorité de femmes répondent qu'elles s'analysent afin de comprendre pourquoi elles vont mal, tandis que la plupart des hommes disent qu'ils font des choses agréables - du sport, de la musique, des sorties avec des copains, boire de l'alcool... Des spécialistes de la dépression, comme Seligman, voient dans l'analyse excessive des sentiments un des facteurs de la plus grande fréquence de dépressions chez les femmes. Seligman pense également qu'une des causes du grand nombre de dépressions dans notre société tient à ce qu'elle est "placée sous le signe du moi" et "incite l'individu à disséquer sans cesse ses problèmes."

Il est opportun de mettre en garde contre une deuxième illusion largement répandue, suite au succès du freudisme : la remémoration et l'analyse suffiraient, si l'on est suffisamment patient, pour modifier automatiquement des troubles comportementaux. Pour la psychologie scientifique, l'observation et l'analyse ne sont que des préliminaires à l'élaboration de nouveaux schémas de pensée et à l'expérimentation active de nouveaux modes d'action.
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