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Citations de Jocelyne Saucier (295)


Je me croyais un dur, capable d'en encaisser, mais de les entendre discuter de leur propre mort comme s'il s'agissait d'aller pisser ou d'écraser un pou, j'avais le coeur à vomir.
- La mort, on en fait notre affaire, avait lancé Tom du haut de sa voix éraillée.
Et puis, plus calmement, car il avait senti mon malaise :
- T'es trop jeune, essaye pas de comprendre.
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Les attentions qu'ils avaient l'un pour l'autre, cette tendresse dans le regard, tout cela qu'elle avait pris pour une gentille amitié amoureuse, une dernière coquetterie du coeur, était un sentiment beaucoup plus profond. Ces deux-là s'aimaient comme on s'aime à vingt ans. (p.193)
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Il y avait un pacte de mort entre mes p'tits vieux. Je ne dis pas suicide, ils n'aimaient pas le mot. Trop lourd, trop pathétique pour une chose qui, en fin de compte, ne les impressionnait pas tellement. Ce qui leur importait, c'était d'être libres, autant dans la vie qu'à la mort, et ils avaient conclu une entente.
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Elle en était venue à les aimer plus qu'elle n'aurait cru. Elle aimait leurs voix usées, leurs visages ravagés, elle aimait leurs gestes lents, leurs hésitations devant un mot qui fuit, un souvenir qui se refuse, elle aimait les voir se laisser dériver dans les courants de leur pensée et puis, au milieu d'une phrase s'assoupir. Le grand âge lui apparaissait comme l'ultime refuge de la liberté, là où se défait de ses attaches et où on laisse son esprit aller là où il veut.
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Je suis photographe, ai-je dit aussitôt. Il fallait dissiper tout malentendu. je n'avais rien à lui vendre, aucune mauvaise nouvelle à lui annoncer, je n'étais ni travailleuse sociale, ni infirmière, je n'étais surtout pas du gouvernement, la pire des engeances, j'ai pu le constater chez tous les vieillards que j'ai visités. Vous n'êtes pas du gouvernement, j'espère ?
La question, si je mets trop longtemps à expliquer ma présence, ne tarde pas. On ne veut pas d'un fonctionnaire qui vient vous dire qu'il y a quelque chose qui cloche dans votre vie. (p.16)
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Tout est là, ce pétillement de lumière rose dans les yeux d’une petite vieille qui s’amuse avec son âge et cette image d’une pluie d’oiseaux sous un ciel noir, tout vient de là. La photographe ne se serait pas aventurée sur les routes du Nord, ne se serait pas lancée dans cette quête si elle avait pris une photo à ce moment-là, si elle avait fait clic sur cette pluie d’oiseaux dans les yeux de la petite vieille du High Park.
Séduite et intriguée par une vieille dame qui portait en elle des images d’une beauté apocalyptique et puis séduite et intriguée par toutes ces vieilles personnes qui avaient la tête peuplée des mêmes images.
Elle en était venue à les aimer plus qu’elle n’aurait cru. Elle aimait leurs voix usées, leurs visages ravagés, elle aimait leurs gestes lents, leurs hésitations devant un mot qui fuit, un souvenir qui se refuse, elle aimait les voir se laisser dériver dans les courants de leur pensée et puis, au milieu d’une phrase, s’assoupir. Le grand âge lui apparaissait comme l’ultime refuge de la liberté, là où on se défait de ses attaches et où on laisse son esprit aller là où il veut.
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... parfois, de m'endormir dans la contemplation de l'image de ma mère.
Elle avait une douceur, une grâce tellement invitante, j'avais l'impression d'être visitée par un ange. Toute la dureté de ses traits, tous les soucis qui lui rongeaient la figure, toute l'âpreté du jour s'était évanouie et elle reposait, tranquille, un mince sourire sur les lèvres, la tête légèrement penchée, ses longs cheveux auréolés d'éclat de lune, «une vraie madone», et, sur toute sa personne, la douceur mate de cette lumière qu'elle gardait au creux de la main et qui se répandait dans sa chemise de nuit.
Une vraie madone. Je ne pouvais pas m'endormir tant qu'elle n'avait pas fait son apparition.
Nous avons tous, précieusement conservée au fond de notre cœur, une image des apparitions nocturnes de notre mère qui hante nos vies.
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Notre famille est l’émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. Nous n'avons rien en commun avec personne, nous nous sommes bâtis avec notre propre souffle, nous sommes essentiels à nous-mêmes, uniques et dissonants, les seuls de notre espèce. (p.7)
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Les yeux de Charlie, dès qu'ils m'ont aperçue dans l'éclaircie qui entoure son ramassis de cabanes, m'ont lancé un avertissement. On ne pénètre pas dans son domaine sans y être invité.
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J'aime les histoires, j'aime qu'on me raconte une vie depuis ses débuts, toutes les circonvolutions et tous les soubresauts dans les profondeurs du temps qui font qu'une personne se retrouve soixante ans, quatre-vingts ans plus tard avec ce regard, ces mains, cette façon de vous dire que la vie a été bonne ou mauvaise.
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Si j’aime tant me promener dans mon enfance, c’est que j’y ai laissé des rêves merveilleux.

(BQ, p. 61)
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Je ne suis pas botaniste, naturaliste, rien de tout cela, mais vingt ans de vagabondage en leur compagnie m’ont permis de connaître la forêt. J’en ai fait une spécialité, photographe végétative que je me suis appelée, à cause de toutes ces nervures de feuilles sur lesquelles je me suis penchée et de la vie contemplative qui a été la mienne. J’en ai eu marre à un moment donné, j’ai voulu m’humaniser, j’ai voulu des visages, des mains, des regards, je n’en pouvais plus de guetter pendant des heures l’araignée qui va engluer sa proie, et le hasard m’a mise sur la piste des Grands Feux, de leurs survivants, tous des gens très âgés forcément puisque le premier Grand Feu a eu lieu en 1911 et c’est là que la conversation coinçait. Charlie refusait d’aller plus avant dès que le sujet était abordé.
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Le sourire chez un mort, c'est une dernière politesse.
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Le hurlement du loup ne laisse personne insensible. Même les cœurs les plus endurcis, ceux qui l'ont entendu nuit après nuit pendant des années, se sentent interpellés. La peur du loup est ancienne. Ce sont les puissances de la forêt qui s'éveillent dans la nuit et votre petitesse d'humain qui se recroqueville en poing serré au fond de l'estomac.
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Maris-Desneige était assise à ses côtés, elle l'était toujours , partout où ils allaient, à la pêche, en forêt, à cueillir des petits fruits, ils étaient toujours ensemble. (...)

Combien de jours, combien de mois encore ? La question ne se posait pas tant qu'il y avait cet homme qui de sa grosse main la gardait sur terre. Il était sa force, son poids, sa gravité, son attraction terrestre. (p.166)
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Tu me disais que là-bas, au couvent, tu avais découvert la beauté pure, et que si ma voix ne se rendait pas jusqu'à toi, c'est parce qu'il y avait une musique qui chantait continuellement à tes oreilles, la musique de Mauriac, de Giraudoux, de Montherlant, de tous les grands chantres de la langue française, de Gide surtout, André Gide et ses Nourritures terrestres dont tu citais des phrases entières, des phrases qui magnifiaient le plaisir de la vie, le désir que tu en avais, et qui me laissaient sans voix, tu te souviens ?
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Il avait appris qu'il faut ramer autrement quand la vie tourne de bord [...].
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— Le sourire chez un mort, c'est une dernière politesse.
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Il y a des moments où on voudrait se retirer de la vie et ,pendant qu’on y est pas, aller effacer la mémoire du temps. Je voudrais que ce moment n’eût jamais existé.

(BQ, p. 55)
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Elle en était venue à les aimer plus qu’elle n’aurait cru. Elle aimait leurs voix usées, leurs visages ravagés, elle aimait leurs gestes lents, leurs hésitations devant un mot qui fuit, un souvenir qui se refuse, elle aimait les voir se laisser dériver dans les courants de leur pensée et puis, au milieu d’une phrase, s’assoupir. Le grand âge lui apparaissait comme l’ultime refuge de la liberté, là où on se défait de ses attaches et où on laisse son esprit aller là où il veut.
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