AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Julie Héraclès (144)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Vous ne connaissez rien de moi

°°° Rentrée littéraire 2023 # 51 °°°



Si pour de vrai on ne savait rien d'elle ...



... elle, Simone Touseau, 23 ans, surnommée la Tondue de Chartres, immortalisée par le photographe Robert Capa le 16 juillet 1944. le roman s'ouvre sur son double de fiction, Simone Trivise, arrêtée par les FFI, en passe d'être tondue pour avoir collaboré. Si pour de vrai je ne savais rien de Simone Touseau, j'aurais trouvé le bouquin pas mal du tout, bien écrit, vif, décrivant bien les excès de l'épuration à la Libération.



Si pour de vrai je ne savais rien d'elle, j'aurais été touchée par cette narratrice qui se raconte en grande amoureuse, qui a eu la malchance d'aimer un Allemand au mauvais moment, de tomber enceinte et de subir la société patriarcale dans un contexte de tension extrême.



"Vous ne connaissez rien de moi" lui fait dire l'autrice. Ah bon ?



Parce que pour de vrai, on connait beaucoup de choses sur Simone Touseau grâce au travail précis et documenté de nombreux historiens comme Philippe Frétigné ou Gérard Leray. Il est établi que Simone Touseau a été sympathisante nazie, qu'elle a adhéré au Parti populaire français ( parti fascisant et collaborationniste fondé par Jacques Doriot ) a été secrétaire-traductrice à la Kommandantur de Chartres, est partie volontairement travaillée en Allemagne dans le cadre du STO, et finit condamnée à dix ans d'indignité nationale pour fait de collaboration. Tout cela, Julie Héraclès en parle mais cela passe à l'arrière-plan à mesure que le roman avance et bascule dans l'intrigue amoureuse.



Ce qui m'a dérangée, ce n'est pas l'humanisation du personnage l'être humain est empli de nuances de gris. Ce n'est pas qu'un personnage puisse se retrouver 'par accident dans la Collaboration, les parcours de vie sont parfois surprenants, la fameuse "banalité du Mal". Ce n'est pas que le lecteur ressente de l'empathie pour un personnage ayant « fauté ». Pas de tabou en littérature.



Ce qui m'a dérangée, c'est que lorsqu'on lit Julie Heraclès, on passe complètement à côté de la réalité historique du personnage qui était antisémite, collaborationniste convaincue et non une amoureuse chutant par bêtise, inconscience, insouciance ou encore désir de revanche sociale. Comme si une femme ne pouvait être que régie par ses sentiments aveuglants et ne pouvait avoir de convictions politiques.



Or, l'autrice revendique s'être inspirée de Simone Touseau. C'est écrit d'emblée, c'est souligné dans la 4ème de couv' et par le bandeau qui reprend la célèbre photographie de Capa. Elle reprend un maximum d'infos biographiques : les mêmes dates, la même famille, les mêmes études, la même collègue ( condamnée à mort par contumace pour intelligence avec l'ennemi ), le même amoureux etc. Oui, elle parle de ses sympathies nazies mais les évacuent très vite.



Quand on investit un terrain aussi miné et manipulé par certains que celui de l'Occupation et l'Occupation, pourquoi choisir un personnage réel pour en dénaturer sa réalité, pourquoi réécrire l'histoire de Simone Touseau, au point même de lui inventer une improbable amie juive ? Je ne nie absolument la liberté d'un auteur à s'emparer des sujets qu'il veut.



C'est juste que je ne comprends absolument pas pourquoi Julie Héraclés n'a pas choisi de construire un personnage hors de la référence à Simone Touseau, une pâte qu'elle aurait pu modeler à sa guise sans se soucier de toute véracité historique. Pour de vrai, son livre aurait été excellent.



Je referme ce livre pleine d'un réel malaise, malaise d'autant plus fort que je pense, au vue des interviews données par l'autrice, qu'elle a écrit en toute sincérité ( naïveté ? ) sans forcément penser à la portée de ce qu'elle écrivait ( amplifiée par le succès du roman ). Rien à faire, après avoir laissé reposer cette lecture plusieurs semaines, ça ne passe pas.



Bref, c'est le type de chronique que je n'aime pas écrire, sur un livre qui me dérange pour des raisons autres que strictement littéraires.

Commenter  J’apprécie          15670
Vous ne connaissez rien de moi

La célèbre photographie de Robert Capa, du16 août 1944  , de Simone Touseau, la fameuse tondue de Châtres , tenant son enfant dans les bras, a été l’élément déclencheur , pour Julie Heracles, pour l’écriture de son premier roman, qui est absolument remarquable.

C'est l'histoire de Simone Grivise, vivant avec son père, sa mère et sa sœur, sa meilleure amie, son alliée Madeleine, Un père aigri, une mère qui sombre dans l'alcoolisme, un univers sans amour, sans tendresse, sans aucune affection, ce qui entraînera un grand préjudice moral à leurs filles. Madeleine devient la vraie fille bien rangée, ayant un travail , une vie simple qui lui suffit. Simone rêve d'émancipation, excellente élève, elle souhaite, de tout cœur réussir ses examens, et voler de ses propres ailes, un rêve illusoire et de courte durée, durant cette période. Elle pense vivre dans un monde sans restriction, un monde où tout est réalisable, un monde où rien ne manque, Un monde qui va là conduire , sans qu'elle le sache, dans la déchéance, l’humiliation, mais malgré sa peur , elle gardera toujours la tête haute,

Elle décide de travailler pour les allemands comme traductrice, Elle adule ce pays qu'elle ne connaît pas . Elle tombe éperdument amoureuse d'Otto, soldat du troisième Reich, qui réfute cette guerre. De leur amour , naîtra Françoise. Ce bébé qui sera une source d'oxygène, pour Simone. Elle se façonne des ornières, ne réalise pas le cataplisme du règne de l’Allemagne , , refuse d’accepter, d'ouvrir les yeux sur les atrocités qu'ils ont pu commettre, Elle accuse sa meilleure amie Colette, celle qui portait l'étoile jaune de l'avoir abandonnée . Est-elle naïve à ce point ? Une question qui me titillera tout le long de ma lecture. Simone réalisera très vite, que ce qu'elle idolâtrait, était loin de sa réalité, de ce qu'elle s'imaginait. Elle retombera vite sur pied, mais il sera trop tard pour elle, Elle , cette collabo, cette "embochée", elle sera tondue, comme beaucoup d'autres, et exhibée sur la place publique. Julie Heracles, nous livre, un récit bouleversant, poignant, mettant en avant l'univers du pendant et de l’après seconde guerre, entre les dénonciations, les collaborations .Un roman richement documenté, elle ne laisse rien au hasard. Elle nous plonge avec grande dextérité dans cette histoire.

Le titre « Vous ne connaissez rien de moi «  prend tout son sens à la fin de son roman. Il reflète les pensées de Simone. J'ai fini à avoir énormément d’empathie pour Simone.

Un premier roman remarquable, un livre à découvrir. La plume de l'auteure ne tombe pas dans la pathos, nous sommes dans une réalité bouleversante.
Commenter  J’apprécie          1408
Vous ne connaissez rien de moi

Elle a choisi son camp. En 1943, Simone travaille pour les allemands. Sans avoir vraiment toutes les données en main, malgré les souvenirs douloureux du père qui a vécu la première guerre contre les boches, et sans tenir compte des craintes de Colette, son amie. Elle se range du côté des vainqueurs, bien décidée à ne pas subir les difficultés du quotidien quand on ne ne bénéficie pas de passe-droit. Pour parachever le tableau, elle s’éprend du bel Otto, officier de la Wehrmacht.

Pourtant on le sait dès le début, la libération est aussi une période où l’épuration ne pardonne rien. Simone en fera les frais.



Elle est intelligente , ses résultats scolaires la promettent à un avenir brillant, et pourtant elle se laisse guider par des motivations vénales sans chercher à connaître réellement ce qui se passe. Sans être anti-sémite, elle se laisse porter par le discours ambiant, et en arrive à considérer qu’identifier les commerces juifs, c’est savoir à qui l’on a affaire. La disparition de Colette, c’est la trahison d’une amie, rien de plus. Les camps de travail en Allemagne, une bonne chose. D’ailleurs, on constate la grandeur de ce pays vainqueur sur les films de propagande. On voit à quel point elle se fourvoie dans ses raisonnements peu étayés.



Malgré son comportement peu responsable, le personnage n’est pas antipathique. Elle représente bien sûr cette majorité silencieuse et mal informée, que de tous temps a finalement pesé lourd dans la destinée politique du pays.



La seule circonstance où sa sincérité est claire, c’est l’amour qu’elle éprouve pour l’officier allemand. Un amour qui rend son jugement encore plus aveugle.



Avec une prose réaliste, un style quasiment oral, qui témoigne de l’inculture de Simone, le roman vous emporte dans un tourbillon de réflexions sur les choix, sur l’opportunisme, sur la facilité de juger et la violence contenue qui peut éclater à tout moment. Un brillant premier roman.



380 pages Lattès 23 août 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          871
Vous ne connaissez rien de moi

Un livre qui fait polémique, l’autrice s’inspire de la célèbre photo de Robert Capa et de la vie de la Tondue de Chartres, Simone Touseau.

Julie Héraclès indique en préambule de son roman qu’il n’a pas vocation à être une reconstitution historique. Elle rebaptise son personnage, ainsi Simone Touseau devient Simone Grivise. Cela a le mérite d’être clair, mais alors pourquoi utiliser cette photo en couverture ? Voilà qui vient inutilement brouiller les pistes.



Julie Héraclès fait de Simone une petite idiote, qui ne comprend pas grand-chose de la politique ni de l’antisémitisme et ne s’y intéresse pas, amoureuse de l’amour, qui aime un Allemand et en tombe enceinte, une histoire qui n’a rien de banale quand elle survient sous l’occupation nazie.

De surcroit, Simone ne fait pas que s’enticher de son Allemand, elle travaille pour la Feldkommandantur en tant que traductrice, la famille invite régulièrement des Allemands à sa table, sa mère ou Simone elle-même dénonce des voisins français qui écoutent Radio Londres, cinq voisins qui seront déportés à Dachau, et dont deux ne reviendront pas.

La vie de Simone s’avère particulièrement romanesque dans la dernière partie de l’ouvrage, pourtant l’autrice n’a que très peu inventé dans le déroulement des faits.

J’ai été dérangée par le fait que Julie Héraclès cherche à nous la rendre sympathique en édulcorant en partie sa véritable vénération pour le Reich, son enrôlement dans des organisations pronazies en cherchant à nous les faire passer pour de la naïveté, de l’ignorance, un peu de hasard, un soupçon d’opportunisme mais pas trop, le hasard fait bien les choses.

La véritable Simone est très tôt attirée par le discours du Führer, rêve d’un chef semblable à Hitler qui remettrait la France dans le « droit chemin », dessine des swastikas sur ses cahiers d’écolière, et adhère au parti PPF de Doriot.

Je n’ai pas bien compris cette volonté de l’autrice de brouiller les pistes ; de nous parler de Simone Touseau en nous narrant la vie de Simone Grivise, probablement pour se protéger d’attaques en justice de descendants de personnes qui se reconnaitraient dans l’ouvrage.

D’ailleurs les précautions de l’autrice n’auront pas suffi puisque Julie Héraclès se voit reprocher par un des descendants des cinq voisins déportés de vouloir réhabiliter Simone Touseau avec son livre, ce qu’elle nie catégoriquement.

Pourquoi ne pas avoir écrit un roman en s’inspirant simplement des faits et en nous racontant la vie d’une autre femme complètement imaginaire ? J’aurais alors beaucoup plus apprécié ce livre.

Un autre point, assez mineur par rapport à ce que je mentionne plus haut, est que le langage, des mots ou des expressions utilisés par l’autrice sont extrêmement actuels, et me sortaient de la possibilité de croire que je lisais une histoire racontée à la première personne censée se dérouler entre le début des années 30 et 1944.

Julie Héraclès m’a semblé hésiter constamment entre deux positions ; soit partir dans une fiction totale (ce qu’elle fait dans la première partie imaginant l’enfance et l’adolescence de Simone), soit dépeindre Simone Touseau telle qu’elle était réellement. Dans cette dernière option il y avait matière à faire un roman formidable avec tous les éléments rassemblés par les historiens, et le double visage de Simone, d’un côté victime dans sa posture de madone à l’enfant sur la photo de Capa, de l’autre ses actes de collaboration. Un livre qui retrace assez bien l’ambiance de l’époque, mais j’ai été gênée par l’ambivalence du récit qui mêle réalité et fiction sans que le lecteur puisse faire la part des choses.

Commenter  J’apprécie          7911
Vous ne connaissez rien de moi

Un premier roman impressionnant de maîtrise et d'intensité qui va illuminer la rentrée littéraire.

Avec la citation de Claudel, Julie Héraclès annonce la couleur : « les salauds, les saints, j'en n'ai jamais vus. Rien n'est ni tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gagne… Les hommes et leur âme, c'est pareil… »

Simone s'est faite embochée - odieux terme pour insulter la petite amie de l'occupant. Incarnation de la disgrâce ? Vous ne savez rien de Simone, de son enfance, de sa souffrance, de son béguin pour Otto Weiss, l'allemand lettré qui honnit la guerre. Simone ressent, et cherche à comprendre. La brutalité et la bêtise des prétendus héros, la douceur et la grandeur des soi-disant monstres.

Julie Héraclès ne tombe jamais dans le piège d'un manichéisme outrancier. Son héroïne, Simone, aimait la langue de Goethe. Elle a cru, un temps, à cette nation fière et forte que promettait le führer (p178). Il n'y a pas de fumée sans feu. Il a pris lentement, une étincelle a suffi. Elle couvait sous les cendres de ses premiers émois corrompus, de ses espoirs fracassés, de toutes les humiliations subites. Pourquoi lui en vouloir ? La grande histoire s'est écrite à l'encre des vainqueurs, a posteriori, sans les précautions d'usage, au détriment des malchanceux et de ceux, le coeur et la morale engourdis, qu'elle a abandonnés à la croisée des chemins.

Un roman puissant dans le fond et dans la forme. Des phrases courtes qui rendent le récit plus alerte, tendu vers l'essentiel. Un bon usage de l'alternance des époques qui donne du relief aux personnages. Des dialogues réalistes qui insufflent à cette histoire tragique sa dimension romanesque.

D'une photo, Julie Héraclès a fait un très beau livre. Si « le baiser » de Robert Doisneau l'inspire, qu'elle n'hésite pas !

Bilan : 🌹🌹🌹

PS : ceci n'est pas un SP mais un prêt de ma libraire. Fidèle à mes principes, je rachèterai le roman au moment de sa sortie officielle.

Commenter  J’apprécie          6712
Vous ne connaissez rien de moi

Elle est dans les livres d’Histoire, chapitre “Seconde Guerre Mondiale”. Elle est le symbole d’une honte nationale. Elle représente toutes celles qui ont pactisé avec l’ennemi et qui méritent donc d’être humiliées, torturées, violées voire même tuées pour cela… La femme sur la photo c’est elle: Simone Touseau, “la Tondue de Chartres”, immortalisée par Robert Capa le 16 Août 1944, alors que le vent de la Libération souffle dans les rues de France et que l’on fait la chasse aux collabos, aux traitres, aux “putes à boches”, aux “embochées”.



Sous la plume de Julie Héraclès, cette femme serrant fort son nourrisson dans ses bras, devient Simone Grivise, une jeune adolescente à l’esprit revanchard. Cette fille de prolétaires, élevée dans la rancœur d’une mère rendue aigrie par ses propres échecs et dans l’absence d’un père effacé et soumis, n’est ni meilleure, ni plus mauvaise qu’une autre. Elle a seulement décidé de prendre en main son destin afin de s’élever de sa condition sociale.

Élève brillante, passionnée par la langue allemande, la jeune fille est aveuglée, comme tant d’autres, par le prestige d’une nation unie par un même credo. Elle va tracer son chemin, comme elle le peut, jusqu’à sa rencontre avec Otto Weiss, chef de la propagande allemande à Chartres, fermement opposé à la guerre… Cette rencontre va progressivement faire naître chez Simone une prise de conscience de l’Histoire qui se joue sous ses yeux et à laquelle elle participe elle aussi…



Et bien, pour un premier roman, je dois dire que je l’ai trouvé bluffant de maîtrise! Julie Héraclès a assurément su donner une voix, un ton, à son personnage, donnant vie et corps à cet être de papier glacé. Avec sa narration à la première personne, elle fait de Simone une héroïne vibrante, exaltée mais aussi égoïste et égocentrique, qui tour à tour, nous émeut ou nous indigne.



Le langage, avec son phrasé court, est vif et familier. On est entraîné par ce flot rapide des mots qui s'enchaînent et des émotions qui se déchaînent. C’est vivant, fluide et addictif. Le jeu sur la temporalité avec des allers-retours entre le jour où la photo a été prise par Robert Capa et la jeunesse de Simone, crée une dynamique intéressante qui rend le roman difficile à lâcher! On voit ainsi grandir Simone, avec la rage chevillée au corps, presque indépendamment de l’Histoire en marche.



Sous couvert de nous offrir une lecture d’un pan de l’Histoire de France, l’autrice nous livre surtout un portrait éblouissant de l’adolescence et du passage, parfois difficile, à l’âge adulte. Portrait qui m’a saisie par sa justesse et son réalisme et que j’ai trouvé passionnant de voir évoluer au fil des pages… Simone se construit au gré de ses expériences, laissant peu à peu derrière elle la haine et la rancœur qui l’habitent pour laisser place à l’amour. D’inconséquente, la jeune femme s’éveille, trop tard peut-être, mais assez tout de même pour rester touchante.



Loin de se poser en juge, Julie Héraclès ne cherche pas à donner une vision moralisatrice de cette époque et de ces femmes. Rien n’est toujours tout noir ou tout blanc, comme c’est très justement rappelé dans la citation de Claudel, en préambule au roman. Tout n’est que nuances et la question n’est pas de condamner ou de disculper tel ou tel choix, seulement de rendre leur humanité à des femmes qui ont pu aimer la bonne personne dans le mauvais contexte. Un roman doux-amer, à la fois touchant et sensible, que j’ai trouvé captivant. Assurément une belle découverte de cette rentrée littéraire!
Commenter  J’apprécie          483
Vous ne connaissez rien de moi

Je suis habituée à écouter des livres audio mais là, je pense que si vous souhaitez découvrir cette forme de lecture c'est vraiment avec cette écoute qu'il faut commencer !



Par son jeu de voix Amélie Belohradsky a su sublimer le très beau premier roman de Julie Héraclès. J'ai vécu ardemment cette écoute où l'on découvre le personnage de Simone Trivise, une jeune femme dont le personnage a été inspiré par Simone Touseau, une Chartraine qui a été immortalisée par le photographe Robert Capa après avoir été tondue à Chartres en août 1944 et tenant dans ses bras son nourrisson ayant pour père un Allemand de l'Allemagne Nazie d'Hitler.



J'ai tout de suite été plongée dans ce récit que j'ai trouvé captivant qui reflète une époque et une société où la lutte des classes est importante. Par ailleurs, ne lisant finalement très peu de livres sur la Seconde Guerre mondiale et des histoires d'amour, je ne pensais pas que la plume de Julie Héraclès couplée à la voix Amélie Belohradsky allaient autant me transporter surtout lorsque l'on se rend compte de la sensibilité du sujet. Par les descriptions faites de l'auteur de Chartres de sa ville de naissance, j'ai vraiment eu l'impression d'accompagner Simone au fil des années.



Vous l'aurez compris, je me suis complètement immergée dans cette histoire qui a tendance à rappeler qu'avant d'être des citoyens de tels ou tels pays, nous sommes avant tous des humains et que les sentiments ne se contrôlent pas.



Concernant les nombreuses polémiques qu'il y a eues concernant cet ouvrage, j'avoue que j'ai apprécié qu'Audiolib propose à la fin du récit une interview qui se révèle très intéressante avec Julie Héraclès ce et qui apporte un éclairage sur la question. Il n'en reste pas moins que l'horreur de la guerre a malheureusement bien existé.



Je tiens à remercier Audiolib et Netgalley France pour cette écoute qui fut très riche pour moi. Je retiendrai au travers les pages de ce roman et de manière plus générale que rien n'est tout blanc ou tout noir et que si l'on se retrouve face à certaines situations dans des contextes difficiles, il est parfois compliqué de faire le bon choix qui sera regrettable par la suite avec du recul...
Commenter  J’apprécie          471
Vous ne connaissez rien de moi

« J'ai aimé, j'ai été aimée » P 98



L'histoire :

Simone vit à Chartres, pendant la guerre, puis l'occupation allemande. Sa vie est banale. Les choses qui comptent pour elle, sont, dans le désordre, avoir son bac, être allemande, du côté des vainqueurs, ne plus avoir faim.

J'ai honte de le dire, mais cette Simone ne me plaît pas. Bien sûr, elle subit la pire des humiliation, se faire raser la tête, ce que je désapprouve vigoureusement, car elle a eu le malheur d' aimer un allemand. « Nous sommes juste Simone et Otto pour l'éternité ». Mais son attitude servile vis-à-vis de l'occupant, ça a du mal à passer. « Je travaille pour la gloire de l'Allemagne » dit-elle P 195 et elle méprise ses compatriotes. Ce n'est que trop tard que ses yeux se dessillent et qu'elle entrevoit l'horrible vérité.

Le style :

Je trouve qu'il y a un hiatus entre l'époque et le vocabulaire employé qui me semble très contemporain.

En résumé, une lecture mi-figue mi-raisin qui me laisse un sentiment de malaise.

Commenter  J’apprécie          426
Vous ne connaissez rien de moi

Le roman débute avec la scène immortalisée par Robert Capa que tout le monde connaît (et qui figure sur la page de couverture du livre): Simone a été arrêtée car « embochée », en plus d’avoir fauté avec un Allemand, officier, elle a eu un enfant de lui ; il s’en suit une arrestation ; elle est conduite sur la place de la préfecture, rasée, et on lui brûle front avec un tison et on fait défiler toutes les femmes tondues en même temps pour frapper la foule et la faire hurler de plaisir à la vue du spectacle.



Cette photographie, que nous connaissons tous, a donné envie à l’auteure, elle-même native de Chartres, d’essayer de comprendre comment cette jeune femme en est arrivée à épouser les idées nazies. Elle va tenter de revisiter le peu de choses que l’on sait vraiment d’elle, pour lui construire une personnalité, et démontrer comment on peut être emporté par un tel courant d’idée.



Là s’arrête l’histoire de Simone Touseau, place à Simone Grivise, née dans une famille bancale, le père a fait la première guerre mondiale et en est revenu traumatisé, la mère, assoiffée de reconnaissance après s’être lancée dans le commerce de la crémerie (et vu son caractère revêche fait fuir les clients) s’est mise à en vouloir à la terre entière : la société française est pourrie, laxiste alors vive l’homme fort du IIIe Reich qui vocifère. Au milieu, la sœur aînée qui a des sympathies nettement différentes.



Pour se sortir du milieu familial toxique, Simone s’investit à fond dans les études, apprend l’allemand, la langue lui plaît énormément, les auteurs allemands aussi, et une déception amoureuse la fera pencher du mauvais côté.



L’amour qu’elle éprouve pour Otto Weiss qui, lui, est beaucoup plus critique sur les nazis, va ancrer encore davantage son engagement, son aveuglement même. Elle est incapable de la moindre analyse critique sur ce qu’elle voit durant l’Occupation, même quand les choses commencent à devenir évidentes, elle s’installe dans le déni.



J’ai aimé cette idée de créer un personnage fictif à partir d’une photographie pour tenter de comprendre les raisons pour lesquelles on peut être aveuglé par une idéologie, l’aspect psychologique ne pouvait que m’attirer.



Ce qui est réussi dans ce roman, c’est le fait qu’on ne trouve jamais Simone sympathique : j’ai aimé et compris son histoire, son opiniâtreté pour échapper à son milieu social et s’affirmer, mais jamais éprouvé vraiment d’empathie pour elle. J’ai davantage apprécié sa sœur. Julie Héraclès ne tente pas de réhabiliter « la tondue de Chartres », contrairement à ce que certains médias ont pu lui reprocher.



Une chose, cependant, m’a un peu gênée : Simone s’exprime à la première personne, mais dans un vocabulaire un peu réduit, presque enfantin parfois, alors qu’elle a fait des études, puisque bachelière…



J’allais oublier : Julie Héraclès nous offre une très belle citation de Philippe Claudel tirée des âmes grises :



« Les salauds, les saints, j’en ai jamais vu. Rien n’est ni tout noir, si tout blanc, c’est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c’est pareil… »



Pour un premier roman, c’est réussi car, une fois la lecture entamée, je n’ai pas pu m’arrêter, et l’alternance entre la journée du 16/08/44 et son histoire de Simone depuis naissance le 19 août 1921 ajoute du piment au récit.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m’ont permis de découvrir ce roman et la plume prometteuse de son auteure.



#Vousneconnaissezriendemoi #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          392
Vous ne connaissez rien de moi

Je ne sais que penser de ce roman, ni sûre de comprendre les intentions de l'auteure.

Voulait-elle procéder à une réhabilitation ? Finalement cela aurait été plus simple si cela avait été pure fiction. Mais voila, on connait tous cette photo terrible de Capa ; cette femme tondue, conspuée, huée par la foule.

Alors, je vais faire comme si Simone était un personnage de roman.

On suit cette enfant, puis adolescente et enfin jeune femme ; brillante par ses études mais médiocre, incapable de s'intéresser à ce qui se passe autour d'elle et à faire preuve d'empathie.

Indifférente, autocentrée mais aussi harcelée, victime du regard et de la violence des hommes ; son père est indifférent, peu courageux et sa mère sombre dans alcoolisme.

Et puis, il y a Madeleine, sa soeur lumineuse et aimante.

Comme beaucoup, elle ne fera pas preuve de courage ni de discernement pendant la guerre, mais elle ne peut être réduite à ses mauvais choix ; elle sera ambivalente et bourrée de contradictions.

On suit les pensées de Simone, son phrasé populaire ; sans l'excuser, on ne peut la détester.

L'écriture est ciselée et les chapitre s'enchainent en alternant les époques.

Ce roman va faire polémique car cette femme a existé mais nous sommes ici dans un roman et c'est un sacré premier roman.
Commenter  J’apprécie          360
Vous ne connaissez rien de moi

Julie Heraclès donne une autre voix à la jeune femme photographiée par Robert Capa, le 16 juin 1944, que l’on nomme la “Tondue de Chartres”. En alternant les chapitres qui enchevêtrent le présent de l’arrestation et son passé, une Simone Grivise se raconte et se dévoile, différente de la femme photographiée, dans ce premier roman.



Brins d’histoire



Dans la ville de Chartres, son enfance est assez choyée dans un foyer de commerçants. Sa mère est aigrie par les faillites successives et se réfugie facilement dans l’alcool. Son mari est toujours effacé et subit les invectives incessantes de sa femme. Néanmoins, assez rapidement, Simone découvre que cet homme n’est certainement pas son père. Madeleine, sa sœur, devenue institutrice, est considérée depuis toujours comme la bonne à tout faire de la maison.



Mais la petite Simone bénéficie d’un statut privilégié en intégrant des écoles privées tenues par des religieuses. Pourtant, elle se vit comme une victime, harcelée et dévalorisée. C’est en priant Sainte Bernadette qu’elle découvre la force de se battre. Simone garde une propension à se sentir victime, rejetée, incomprise et toujours mise à l’index.



D’ailleurs lorsque son amie Colette Klein est obligée de fuir les violences antisémites, Simone est incapable d’empathie et vit son départ comme un abandon et même une désertion !



Puis, vint l’adolescence où va s’accélérer toute son histoire!



Simone Grivise très différente de la vraie “Tondue”



Outre que la Simone de Julie Héraclès a une fâcheuse tendance à parler comme une jeune femme d’aujourd’hui, ce n’est pas ce qui m’a le plus dérangée dans ce roman. Néanmoins, dès le début, il est difficile d’adhérer à son propos tant le décalage est prégnant.



L’histoire de Simone Touseau, la vraie “Tondue” de Chartres, a été racontée par des historiens à partir de documents d’archives et de la rencontre des survivants.



Julie Heraclès transforme Simone Touseau, aux positions notoirement fascistes en une Simone Grivise, toujours déçue par les autres, son amour avec Otto, soldat allemand, l’apaisant d’un traumatisme.



Mais, dès 1935, la vraie “Tondue” de Chartres dessine sur des cahiers des svastika (croix gammées). Et, son adhésion au PPF (seul et unique parti nazi français) signifie sa véritable approbation aux valeurs fascistes nazies, et non un compagnonnage de proximité, comme le laisse sous-entendre Julie Héraclès.



Est-ce vraiment important ?



La photo de Robert Capa illustre dans notre inconscient collectif la période trouble de l’épuration à la Libération, ressentie pas l’Extrême droite de l’époque comme une véritable humiliation. Gommer les encagements connus, volontaires et assumés, de Simone Touseau pour servir une Simone Grivise, aigrie, ayant épousé les thèses nazies juste par opportunité et par attirance amoureuse me déplaît fortement !



Et, mettre en avant cette Simone Grivise, c’est à mon sens, estomper pour rendre plus acceptable le parcours de Simone Touseau pour tenter d’effacer les valeurs qu’elle a défendues, revendiquées et mises en pratique dans sa propre ville, selon les recherches des historiens.



C’est aussi mettre en avant, dans notre société du buzz permanent, la Collaboration qui a sévi à une certaine époque. D’ailleurs, en ce sens, le titre est très réussi ! Et comme, l’histoire de Simone Grivise épouse fortement les thèmes actuels (le traumatisme sexuel, le harcèlement, l’abandon, etc.), il est aisé de s’identifier et d’en comprendre son succès.



En résumé



Le roman, Vous ne connaissez rien de moi, est une fiction librement inspirée de la photographie de Robert Capa. Il n’a rien à voir avec la véritable histoire de Simone Touseau, la femme appelée depuis “La Tondue de Chartres”.



Julie Héraclès présente une forme édulcorée, certes bien écrite, même si la manière de raconter sa Simone semble peu crédible. Seulement, son parti pris, en donnant à l’héroïne une nouvelle vie romancée, banalise le vécu des collaborationnistes de la seconde guerre mondiale, c



https://vagabondageautourdesoi.com/2023/08/31/julie-heracles/
Commenter  J’apprécie          3022
Vous ne connaissez rien de moi

En s'inspirant de la célèbre photo de Robert Cappa “La tondue de Chartres” prise en août 1944 à Chartres Julie Héraclès signe une fiction historique, avec la Seconde Guerre mondiale en toile de fond et prête vie à cette femme tondue portant son bébé.



Simone, fascinée par la langue et la puissance de l'Allemagne, est prête à tout pour sortir de sa condition sociale, quitte à y brûler ses ailes.



Je suis très partagée quant à cette lecture.



J'ai apprécié la plume sans fioriture de l'auteure, la gouaille de Simone qui malgré son instruction, manque cruellement d'éducation, d'empathie pour les autres. On peut d'ailleurs se dire que le manque d'amour de ses parents la pousse à l'extrême. Toutefois, ce serait minimiser le fait qu'elle n'ait eu aucune compassion même pour sa meilleure amie, juive qui doit fuir. Elle vit son départ, comme un abandon… Comme si tout ne devait tourner qu'autour d'elle, de ses désirs et ses choix.



J'ai parfois eu de la compassion pour cette jeune fille, et même si j'ai parfois été tentée de me focaliser sur son histoire d'amour et ses sentiments, je n'ai pu, ni voulu, oblitérer ce qui se passe en périphérie de sa vie. Simone, écrase, broie, ignore et regarde de haut, ceux qui ne pensent pas comme elle, ceux qui l'empêcheraient d'obtenir ce qu'elle veut. Elle rêve sa vie, comme si le moule dans lequel elle est n'était pas le sien. Elle se jure d'être libre, d'être aimée, tout cela sans un regard pour les dommages collatéraux.



Mais il m'est impossible de comprendre que l'on puisse, par soif d'élévation sociale, ne pas voir ce qui se passe autour de soi. J'ai voulu la croire naïve, mais quelques phrases me font dire qu'elle ne l'était pas tant que ça.



J'ai à la fois détesté Simone et à la fois eu beaucoup de compassion pour elle, pour sa vie, son amour. Mais je ne peux cautionner sa collaboration. Sa jeunesse n'excuse pas tout.



Simone Grivise, personnage fictif de Simone Touseau, 23 ans, connue pour ses affinités affichées avec les soldats nazis pendant l'Occupation, et pour avoir entretenu une liaison avec Erich Göz, dont elle a eu un enfant. En 1943, Simone Touseau adhère au Parti populaire français (PPF), parti collaborationniste fondé par Jacques Doriot. Ce qui lui vaudra une peine de dix ans d'indignité nationale, prononcée par la chambre civique ainsi que deux ans et dix mois de prison.



On découvre, donc, la vie romancée d'une jeune femme reconnue coupable de collaboration pendant la guerre. J'ai parfois eu le sentiment que l'auteure lui trouvait des excuses, mais peut-on en trouver ? L'âge, est-il une excuse ? Je ne crois pas. du moins, j'ose espérer que non. Je suis déjà révoltée par toutes ces femmes et ces hommes qui ont retourné leur veste pendant cette sombre période, alors je ne peux pas excuser ce manque d'empathie, ni de compréhension.



Je peux comprendre que l'on puisse tomber amoureux d'une personne de l'autre camp, mais il ne faut pas minimiser les choses. Surtout qu'ici, Julie Héraclès, prête plus d'empathie à l'homme aimé qu'à Simone elle-même.



Les tondues ont servi d'exutoire et ce n'est effectivement pas glorieux, sachant que certains, étaient du côté de l'occupant…



Julie Héraclès assume l'histoire romancée : « Ce que j'ai fait, ce ne sont pas des recherches d'historien, ce sont plutôt des recherches pour m'imprégner d'une époque, de la manière dont on vivait, dont on parlait. J'ai lu des ouvrages d'historiens, mais très peu. » « J'ai ajouté des épisodes aux événements qu'on connaît déjà, c'est pour ça que c'est un roman. J'ai pris beaucoup de libertés avec la vérité historique. »



L'histoire de la vraie Simone a été largement décortiquée dans La Tondue de Gérard Leray et Pierre Frétigné et ce n'est certainement pas la victime qu'en fait l'auteure.



Même si je n'oublie pas que ce sont deux histoires différentes, je ne peux me détacher de la grande Histoire.



« Les salauds, les saints, j'en ai jamais vu. Rien n'est ni tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil… » – Philippe Claudel : Les Âmes grises



Je reconnais pourtant de belles qualités dans le récit, des réflexions intéressantes sur le bien et le mal, une plume très visuelle et rythmée, même si parfois, j'ai trouvé que la narratrice avait plus de la jeune fille actuelle que de celle des années 40.



Je suis par ailleurs, assez surprise car ce livre ressemble étrangement à "Des jours et des nuits à Chartres" de Henning Mankell....


Lien : https://julitlesmots.com/202..
Commenter  J’apprécie          250
Vous ne connaissez rien de moi

Ce premier roman s'appuyant sur des faits historiques nous plonge dans la complexité et la noirceur de l'âme humaine.



D'une écriture ciselée et parfaite Julie Héraclès retrace le parcours de Simone, française habitante de Chartres, qui a vécu une histoire d'amour très courte avec un soldat allemand pendant la guerre de 39-40. De cette brève union naît Françoise. En été 44 Simone est tondue, lynchée et marquée au fer rouge pour collaboration avec l'ennemi.



Julie Héraclès ne porte aucun jugement sur Simone ; elle laisse le lecteur s'approprier cette histoire en relatant des faits.



Cet ouvrage est intelligent, très percutant et ne peut laisser personne indifférent. Le sort réservé à Simone interpelle intensément une fois la lecture de l'ouvrage achevée.



Rien n'est tout noir ou tout blanc, c'est cela une âme grise.

Je suis déconcertée face à la nature humaine.



Ce livre est à découvrir et je vous y invite.



Commenter  J’apprécie          240
Vous ne connaissez rien de moi

"Le 16 août 1944 à Chartres, le photographe Robert Capa a immortalisé une femme, tondue, le visage incliné vers son nourrisson conspuée par la foule." Inspiré de cette photographie, Julie Héraclès nous livre un récit alternant la fatidique journée du 16 août 1944 à Chartres et la vie de Simone de 1921 à 1944.



Dès les premières pages, Simone capte, hypnotise, émouvoit le lecteur, cette jeune femme attirée par la propagande allemande uniquement par esprit de vengeance sans se douter des causes et des conséquences. Simone est obnubilée par les fantômes de son passée qu'elle veut à tout pris faire souffrir. Puis, cette histoire d'amour avec un allemand qui vire au tragique, qui rabat les cartes et fait ouvrir petit à petit les yeux de Simone.



Julie Héraclès livre un roman complètement puissant que ce soit sur le fond comme sur la forme. Tout dans ce premier roman est de la haute voltige, en apnée au côté de Simone jusqu'à la chute vertigineuse. Julie Héraclès questionne au-delà de l'image, à travers des dialogues réalistes, une plume fluide, addictive, imagée, pour au final nous poser la question : qu'aurons-nous fait à sa place ?



Gros coup de coeur pour ce premier roman extrêmement bien réussi, une histoire bouleversante qui ne laisse pas indifférent tant par la détermination de Simone que par sa soeur Madeleine prête à tout pour aider et protéger Simone. L'idée de partir d'une photographie pour en faire un roman est très astucieuse ainsi que le travail de recherche sur cette période de l'Histoire.



"Dans trois jours, j'aurai vingt-trois ans. Je vais mourir avant. Ils ne me louperont pas. Une balle dans la tête". Voici le début du roman, même si nous connaissons à peu près la fin, la tension est au maximum à chaque chapitre, les pages s'enchainent, le palpipant à chaque phrase.



Un roman impressionnant de réalisme, d'une intensité rare, une incroyable performance pour un premier roman et le portrait d'une femme qui assume tout, ses choix, ses ambitions, sa liberté d'esprit.. Un récit qui ne laissera personne indifférent !
Commenter  J’apprécie          220
Vous ne connaissez rien de moi

Ce qui m'a amenée à ce primo-roman, c'est avant tout la photo de couverture, qui a été réalisée par Robert Capa le 16 août 1944; elle ne m'était pas inconnue mais je ne l'avais alors que survolée. Cette fois, avant d'entamer le roman, je m'en suis pénétrée car elle dit tant de choses sur cette époque, sur le courage des lâches, sur le courage d'une mère qui n'a d'yeux que pour son enfant. Julie Heraclès a su magistralement mettre des mots sur ce cliché, en en conservant l'âme et le message.

Tout se passe en une journée, celle du 16 août 1944 où Simone, parmi d'autres femmes, est tondue, marquée au fer rouge, rappelant la flétrissure en place publique des prostituées, insultée pour avoir aimé un soldat allemand et avoir eu une petite fille de lui. C'est au cours de cette journée que Simone se souvient de son enfance, de la rage qui l'habitait d'être méprisée par les gens de "la haute", son désir de vivre dans l'opulence, son admiration pour l'Allemagne, dont elle parle la langue. Puis elle fait la connaissance d'Otto, dont elle devient amoureuse, qui lui fait comprendre l'horreur du national-socialisme. On voit évoluer Simone, qui d'adolescente en colère devient, devant nous, une jeune femme mature, une femme et une mère. Et toujours en quête de liberté même si les moyens pour y parvenir sont discutables.

Julie Héraclès nous livre un tableau sensible et non manichéen de la Libération où un soldat allemand peut faire preuve de plus d'humanité qu'un Français qui a changé de bord lorsque les choses ont commencé à sentir le roussi, que des hommes qui se sont parfois improvisés résistants à l'arrivée des Alliés et dont le seul fait d'armes aura été de tondre des femmes sans défense, de les jeter à la vindicte populaire.

Le style est parlé, c'est celui du milieu social de Simone, sans fard, direct, parfois grossier, sans travestissement qui donne toute sa force au texte.

Un premier roman qui donne la parole à des femmes méprisées, rejetées, condamnées sans procès. Une belle réussite.

#Vousneconnaissezriendemoi #NetGalleyFrance

Commenter  J’apprécie          201
Vous ne connaissez rien de moi

La Tondue de Chartres, photographie célèbre de Robert Capa prise le 16 août 1944 et immortalisant une jeune femme au crâne rasé, le front marqué au fer rouge, serrant contre elle un nourrisson. Simone Touseau, de son vrai nom, marche dans les rues de la ville, conspuée par une foule fière et rieuse. Accusée comme dix autres femmes d’avoir collaboré ou couché avec des Allemands, la jeune femme de vingt-trois ans est ainsi offerte à la vindicte populaire.



Les grandes lignes du roman de Julie Héraclès s’inspirent de faits historiques et de ce que l’on connaît de la vie de Simone Touseau. Pour l’histoire intime de cette femme, peut-être à jamais insaisissable, il faut accepter le travail de la romancière, admettre que la Simone Grivise du roman ne soit qu’un personnage de papier dont l’existence ne vise aucunement à justifier ou à excuser les actes qui ont été reprochés à la véritable tondue de Chartres. J’ai donc laissé la polémique autour de ce roman sur le bas-côté et ai suivi Simone comme un personnage fictif qui émeut tout autant qu’il irrite, par sa naïveté, son entêtement, sa cécité égoïste, mais aussi par son humanité blessée.



Simone est la narratrice de sa propre histoire. Avec son parler franc, populaire et rythmé, elle raconte son enfance, son adolescence puis sa vie de jeune femme sous l’occupation allemande. Simone est fière et provocatrice, rêve de s’arracher à sa condition prolétaire, ambitionne d’enseigner l’allemand, ne surtout pas devenir une femme alcoolique et aigrie comme sa mère, ou une vieille fille trop bonne à l’existence médiocre comme sa grande sœur. Son orgueil et sa soif de liberté, son refus de voir la vérité et ses biens mauvais choix coûteront à Simone son avenir et sa dignité.



Derrière les ambitions et les amours contrariées de Simone, nulle véritable réflexion sur le régime nazi, l’occupation, la collaboration. Aucun jugement non plus n’est porté en filigrane par l’écrivaine. C’est au lecteur de se forger sa propre opinion, de s’interroger sur la manière dont un contexte et des expériences façonnent les choix et les erreurs d’une personne. Un premier roman original et remarqué.

Commenter  J’apprécie          183
Vous ne connaissez rien de moi

"J'ai aimé. Et j'ai été aimée."

"Vous ne connaissez rien de moi."



Si je pouvais résumer à deux phrases ce livre bouleversant, ce serait ces deux phrases-là.



Je ne veux pas rentrer dans la polémique.

Ce n'est pas utile.

Tout simplement parce qu'il s'agit d'un roman (c'est écrit sur la couverture, juste en-dessous du titre).

C'est étrange que certains ne l'aient pas vu...



Il y a un proverbe arabe qui dit en substance que, tant que l'on n'a pas les braises brûlantes dans les mains, on ne peut pas savoir ce qu'est une brûlure.

C'est exactement ça.

Qui peut juger ? Qui peut savoir ce qu'on aurait fait par amour pendant ces périodes troublées ?

Je l'ai déjà mentionné, certains de mes ancêtres sont revenus des camps avec un numéro tatoué sur le bras. D'autres ne sont pas revenus.

Donc on ne peut me taxer ni d'indulgence ni de laxisme.



Cette Simone m'a bouleversée.

De part son courage, sa ténacité, son caractère fort et juste.

Sa jeune vie n'a pas été une bordée de roses.

Elle en a vécu des épreuves...

Elle a toujours rebondi, pleine de vie.

Cette vie de prolétaire avec une mère alcoolique et un père (qui n'est pas le sien...) débile et invisible. Sa soeur, Madeleine, l'adore et l'aide tant qu'elle peut.



Comme d'habitude, je ne ferai pas de résumé, pour moi, ça ne sert à rien.

On ne peut résumer ce livre si riche et si proche de la réalité. Il faut le lire.

Mais certains commentaires agressifs m'interrogent: est-ce que ces donneurs de leçons, ces auteurs de jugements à l'emporte-pièce, ont lu ce livre ??

Rien ne nous est épargné mais doucement, sans brutalité littéraire (coucou Mr Bouysse...), ni voyeurisme exacerbé.



C'est un premier ROMAN extraordinaire, mature, sensible, avec un accent de sincérité incroyable. Et si bien écrit.



Qu'on lui fiche la paix à Simone ; elle a suffisamment souffert comme ça.

Et souvenez-vous du proverbe cité plus haut qui donne à réfléchir : qu'aurions-nous fait dans cette France mutilée ?

Aurions-nous été meilleur ou pire ?



À chacun ses réponses.



Commenter  J’apprécie          182
Vous ne connaissez rien de moi

Une photo, août 1944, une femme tondue, livrée à la vindicte publique, son nourrisson dans les bras. Avec ce simple matériau comme postulat, Julie Héraclès invente une vie, une enfance, un parcours, crée une biofiction de toutes pièces.

Tout sonne vrai, les descriptions d’une petite ville de province, ses habitants tenaillés par la faim, les B.O.F, les doriotistes transformés en FFI en juin 44. Ma mère, dix ans à cette époque, confirme, oui c’était ça.

Une langue orale, presque populacière soutient ce bon premier roman.

Commenter  J’apprécie          170
Vous ne connaissez rien de moi

Le cliché de Robert Capa, photographe au « Life Magazine », circule librement sur le net : Simone Touseau, chartraine tondue le 16 août 1944, marquée au fer rouge d’une croix gammée sur le front, tient en son sein sa petite Catherine âgée de 3 mois, née de sa relation avec un soldat allemand. Elle marche dans les rues de la ville, humiliée pour avoir collaboré et avoir couché avec un allemand. « Putain de la nation » ou victime d’une violence de foule, Simone paye le tribut des femmes dans un conflit d’hommes.

Inspirée de ce cliché, J. Héraclès imagine ce qu’une femme brillante comme Simone (elle est une des exceptionnelles bachelières de cette époque) pourrait avoir vécu avant ce terrible jour d’août 1944. Simone ne se nommera plus Touseau mais Grivise. Peu importe, le vrai côtoie la fiction et nous, lecteurs, sommes happés par ce destin fracassé par l’absurdité de la guerre. Elle veut être libre, Simone, ne pas ressembler à sa mère ou à sa sœur bien-aimée, veut aimer, être aimée en dépit des convenances de pacotille qu’impose la société. Elle sera ce qu’elle voudra quel qu’en soit le prix.

Le récit est habile nous entrainant dans les pas de cette femme parfois arrogante, parfois émouvante, être de chair aux multiples facettes, si vraie, fière et audacieuse dans la tourmente. Rien de manichéen dans cet écrit où le gris teinte les mots révélant savamment la complexité de l’âme humaine.


Lien : https://aufildeslivresbloget..
Commenter  J’apprécie          170
Vous ne connaissez rien de moi: Suivi d'un ..

Roman au sujet tabou , celui des femmes collabos ou simplement tombée amoureuse d’un allemand , l’ennemi et qui furent tondues , exhibées dans les rues après la libération , huées par une foule en colère , revancharde .

Roman basé sur la célèbre photographie de Frank Capa ´ La tondue de Chartres ´ , l’auteur , Julie Héraclès explore la vie de la jeune femme sur la photo avec son enfant dans les bras .

J’ai choisi et beaucoup aimé la version audio de ce récit mi- romancé , mi-historique , l’auteur n’a pas vraiment choisi et ce qui lui est reproché .

En bonne lectrice puriste , je me suis renseignée sur la polémique et puis j’ai décidé de suivre mon ressenti , j’ai beaucoup aimé la voix de la narratrice Amélie Belohradsky

, voix très nuancée qui offre un plus indéniable au récit .

C’est une époque d’extrême qui fait peur et au delà de la polémique que je comprends , le livre devrait être lu par le plus grand nombre .

Après la guerre certes vient la paix , mais avant la paix , il y a une histoire pas très reluisante de règlements de comptes .

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Audiolib .
Commenter  J’apprécie          160




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Julie Héraclès (815)Voir plus

Quiz Voir plus

Professions des personnages de roman ( avec indices)

Charles, le mari d'Emma Bovary dans Mme Bovary de Gustave Flaubert Indice : hippocrate

avovat
pharmacien
notaire
médecin

15 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : personnages , roman , littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}