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Invités : Julien Denormandie - Ancien ministre de l'Agriculture (2020-2022) et Erik Orsenna - Écrivain & membre de l'Académie française
E. Orsenna et J. Denormandie : « Nourrir sans dévaster »
Agriculteurs : la crise est-elle derrière nous ?
L'agriculture, question centrale des prochaines européennes
Comment nourrir de plus en plus d'humains sans détruire la planète ?
« Nourrir sans dévaster » : un défi possible ?
« Nourrir sans dévaster » : au coeur de nos contradictions
Néonicotinoïdes : la difficile décision de Julien Denormandie
Plan Écophyto mis sur pause : une faute du gouvernement ?
Agriculteurs : la loi Egalim insuffisante pour les payer au juste prix ?
Importations : l'autre cheval de bataille des agriculteurs
Comment réconcilier la société et les agriculteurs ?
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C'est probablement la plus grande usurpation qu'il soit. Demandez autour de vous : « Qui capte le plus de carbone sur terre ? » On vous répondra avec assurance : « La forêt, grâce à ses arbres. »
La réalité est tout autre. Sur notre planète, l'endroit où nous captons le plus de carbone (là où du carbone de l'atmosphère est capturé et fixé par des organismes), c'est d'abord en mer, grâce au phytoplancton, et ensuite... dans le sol. Les arbres, que nous aimons d'amour, bien sûr, les arbres ne viennent qu'en troisième position. Oui, le sol est notre meilleur allié pour lutter contre le changement climatique, car c'est un véritable puits, d'où l’expression puits de carbone !
C'est pour cela qu'il y a quelques années une formidable initiative, appelée 4 pour 1000, a été lancée par la France (sous l'impulsion de Stéphane Le Foll, alors ministre de l'Agriculture). Le principe est simple : l'augmentation de 0,4 % de carbone par an dans tous les sols, grâce à des pratiques agronomiques fixant la matière organique, permettrait de compenser l'augmentation de CO2 dans l’atmosphère.
Plongeons-nous dans la sémantique : la viande cellulaire signifie « viande créée par des cultures cellulaires in vitro de cellules animales ». Dit autrement, de la viande de laboratoire.
Pour fabriquer cette « viande », voici la liste des ingrédients nécessaires : cellules-souches pluripotentes, serum bovin foetal, capuchon télomère, additifs, facteurs de croissance supplémentaires comme des protéines ou des hormones, échafaudages placés dans des bioréacteurs pour permettre le développement et la spécialisation des cellules... Délicieux (!). Mais surtout efîrayant, car de nombreux ingrédients utilisés dans cette recette sont interdits depuis longtemps dans la production de viande naturelle (par exemple les hormones !). Raison pour laquelle la commercialisation de la viande cellulaire est aujourd'hui interdite en Europe.
Connaissez-vous la difference entre un typographe et un typographe ?
Même mot, même orthographe, et pourtant deux significations.
Le premier désigne le métier de technicien spécialisé dans le domaine de l'impression et de la création des caractères (les fameuses « polices »), celui qui fait tourner l'industrie de l'imprimerie. Sans typographe, vous n’auriez pas l'occasion de lire ces pages.
Le second désigne un insecte. Un coléoptère, de petite taille, ligniforme, bien moins charmant que ses cousins le scarabée ou la coccinelle. Ce typographe fait partie de la famille des scolytes, des ravageurs qui s'en prennent à nos forêts.
Hélas, l’Europe est parfois lente, y compris face à des situations inacceptables comme celles du poulet bourré aux antibiotiques dont nous vous avons déjà parlé. Puisque depuis des années cette pratique était interdite sur notre Vieux Continent, il allait de soi que l'importation de ces viandes toxiques devait cesser. Question de sécurité alimentaire pour nos concitoyens et de justice pour nos agriculteurs. Les législateurs européens (le Parlement et le Conseil) avaient voté pour qu'une telle clause s’impose avant le 1er janvier 2022. Charge à la Commission européenne de la mettre en œuvre. Mais cette dernière procrasrinait.
Le 31 décembre 2021, toujours rien... Le 1er janvier 2022, non plus...
(…) Comprenons que cette lenteur reflète la réticence profonde des pays européens les plus libéraux (Allemagne, Pays-Bas, pays nordiques...), pour lesquels toute entrave au commerce international représente une menace... pour leurs exportations.
Importer du poulet aux antibiotiques, des cerises au diméthoate ou privilégier nos exportations de voitures et de machines-outils ? Il faut choisir.
La moutarde qui monte au nez
À l'été 2022, nous avons tous été percutés par la pénurie de moutarde dans nos supermarchés. La moutarde était devenue un trésor que les plus obstinés d’entre nous finissaient par trouver, mais à quel prix !
Comment en est-on arrivés là, alors même que la France dispose de sa fameuse moutarde de Dijon ? L’explication est simple. Jusqu'en 2016, la France produisait encore un tiers des plants de moutarde. Or, à cette date, un insecticide a été interdit chez nous (et c'était justifié), sans alternative viable.
Conséquence : la culture a été divisée par quatre dans l'Hexagone et la France est devenue massivement dépendante d'autres pays producteurs, notamment du Canada (plus de 80 % des graines de moutarde utilisées en France en sont issues).
Évidemment, ce pays continue à utiliser le pesticide interdit en France... Quand la sécheresse vient à sévir là-haut, il n'est plus possible de produire de pots de moutarde en France... la boucle est bouclée.
Dans son roman Outliers, Malcolm Gladwell rapporte l'étrange histoire de cette petite ville d'environ 1500 habitants, située au nord du comté de Northampton, en Pennsylvanie, aux États-Unis, et construite au XIXe siècle par des immigrés italiens. Le scientifique américain Wolf, spécialiste de l’appareil digestif, s'y rend dans les années 1950. Sa découverte est stupéfiante : le taux de mortalité y est 30 à 35 % plus faible que dans tout le reste du pays ! Il n'y observe quasiment aucune maladie cardiaque avant l'âge de soixante-cinq ans (alors qu'au milieu des années 1950, c’est une cause importante de décès aux Etats-Unis). Plus étonnant encore : on n'y compte que peu ou pas de suicides, d'alcoolisme, d'addiction à la drogue, de crimes. À Roseto, on meurt... de vieillesse!
Accompagné de plusieurs étudiants de l’université d'Oklahoma, où il enseigne, Wolf essaye de percer ce mystère. Il pense tout d'abord à l’alimentation, sûrement saine et équilibrée. La réalité lui donne tort : les habitants, originaires d'Italie, usent abondamment d'huile, de charcuterie, de sels et de desserts sucrés — beaucoup sont même en surpoids ! La génétique ? Fausse route également : les familles des habitants de Roseto vivant dans d'autres territoires ont des taux de mortalité bien plus élevés !
Le secret de Roseto, c'est en fait son mode de vie en communauté, une interaction permanente entre les uns et les autres : on s'arrête dans la rue pour discuter, on s'entraide dans les tâches, on vit à plusieurs sous le même toit et, surtout, on partage les repas. Parfois trois générations à la même table, chaque jour, à midi et le soir. Un moment sanctuarisé. Rien ne protège mieux Roseto que ces rendez-vous réguliers autour d'une table.
Incroyable conclusion d'une histoire vraie.
Il faut dire que notre relation avec le sol n'a jamais été aussi tendue. Nous ne cessons de lui écraser la tête en y déversant des milliers de tonnes de béton. On parle alors d'artificialisation liée aux usages de l'Homme : habitations, infrastructures, usines. En France, 9,2 % du sol est recouvert (5,1 millions d’hectares). Et cette occupation s'étend. Chaque année, plus de 23 000 hectares sont ainsi repris à la nature, soit 33 000 terrains de football, bien plus que beaucoup de nos voisins européens. Ce sol ne peut plus respirer. Il ne peut plus boire non plus. Conséquences : destruction de la biodiversité, inondation et... nos yeux pour pleurer.
Bassine ?
Sitôt ce mot prononcé, vous êtes morts. Ou pas loin. Bassine sent l'hôpital : « Passez-moi le bassin. » Pour qu un débat nécessaire mais serein s'installe, usez bien plutôt du très joli mot de « réserve ». Il dit le fait, on retient pour plus tard, en même temps qu on ne gaspille pas. L'expression le dit bien : « Rester sur sa réserve. »
L’action des associations n’exonèrera jamais l’Etat de l’une de ses responsabilités premières, qui est de s’assurer que les habitants du pays dont il a la charge puissent se nourrir.
En France, vous financez la santé ; nous (en Égypte), on finance le pain. Chacun son modèle.
Et le gaspillage ! Savez-vous quelle quantité d'aliments est perdue chaque année? Plus d' 1 milliard de tonnes, soit l'équivalent d'un tiers de la production totale des denrées alimentaires à destination de la consommation humaine. (p. 122)