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Citations de Karin Serres (70)


La peau du lac frémit, frise, se creuse comme une tôle ondulée puis explose en une immense vague qui asperge toutes les maisons du village sous le cri de ma mère qui me surplombe, petit corps gluant qui vient de ramper hors de sa nuit rouge pour atterrir sur le plancher au bout du cordon qui bat
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Au lieu de la craindre,
les petits moutons de son âge se moquaient d'elle :
Eh, loup, montre-nous comment tu hurles à la lune !
Dresse tes oreilles noires !
Montre tes dents pointues !
Lou, Lou, grande méchant Lou, attrape-nous !

Et ils ne voulaient toujours pas jouer avec elle.
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Mon père entre dans ma chambre, intrigué par ces larmes, tous les soirs, à heure fixe. [...] Subjuguée, je me tais, narines dilatées. Nos regards se croisent dans l'obscurité. Puis il s'en va, en faisant craquer ses chaussures. Et je ne sais pas encore dire "papa" pour le retenir, alors je joue avec mes doigts de pied qui, eux, ne me quittent jamais.
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Je déplie mes poumons fins comme des peaux de tomate, je vagis. Epuisée, ma mère glisse le long de la couette d'herbes sèches et tombe à mes côtés. Je la regarde à l'envers, maman-montagne-maman, pleine de son odeur.Tant de sensations nouvelles m'assaillent.
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Je ne les supporte plus, tous, leurs vies, nos vies ordonnées, régulières et policées. Je déteste notre joli village aux jolies maisons multicolores, bien droites et propres au-dessus de leur joli reflet. Je hais les jours qui se succèdent, toujours les mêmes. Le temps passe, je grandis, mon destin se dessine au-dessus de l’eau plate, planche après planche, pas après pas : mariage, enfants, promenade, vaisselle… et je n’en veux pas.
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Jour après jour, les yeux du cannibale se collent dans mon dos, ronds et froids, sur un chaque omoplate. Si incrustés qu'un jour ils traversent réellement la fenêtre, mon manteau, mon pull, et je les emporte au collège, pour la journée.Je les sens dans mon dos . De temps en temps je les frottent doucement contre mon dossier.
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Marguerite [à son frère] :
- "Grosse !" tu criais, et tu repartais en hurlant de rire et moi, en larmes derrière la porte de ma chambre claquée. Dix et cent fois par jour tu l'ouvrais, cette porte, tout à coup, moi en pleine dînette de poupées, moi sursautée, en plein Lego qui volaient, juste pour lâcher ce mot : "grosse !", toi hilare et moi, le monde s'écroulait comme ma maison de Lego, et tu repartais, toi, avec tes joues plaques rouge vif et ton rire ravageur, des fois même, rappelle-toi, tu en pleurais de rire, Ludo.
(p. 58)
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Petite maison face au lac. Cabane de planches au ras de l'eau. De l’intérieur, on voit le jour entre les planches, il dessine des lignes qui restent devant les yeux quand on regarde ailleurs, après. Du néon sans matière, du feu rayé sur les choses.
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On ne sait jamais, la dernière fois qu’on voit les gens qu’on aime, que ce sera la dernière fois.
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Il était une fois une jolie petite brebis qui s'appelait Lou.
Mais son prénom la rendait très malheureuse car tous les agneaux de son âge pensaient : "Lou comme un loup dévoreur d'agneaux ? Lou comme l'affreux grand méchant loup ?"
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Mais je sais bien comment il se sent, en dedans. Moi aussi, les autres passent leur temps à se moquer de moi. A me traiter. A cause de mes cheveux. De ma "tête à poux" dit la maîtresse.
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palais de glace, la reine est lasse
CHUIS LASSE, VOUS ENTENDEZ ?
quelqu'un m'entend ?
ohéééé ?

lasse de crever les yeux des humains à coups d'éclats de glace,
lasse de congeler tous ceux qui me menacent
lasse de toutes ces enfilades de sublimes pièces givrées trop
vastes pour moi seule
mes errances, mes cris qui se répercutent
de mur de glace en plafond de neige glacée

m'ours polaire, mon compagnon de guerre, de tueries de
chevauchées sauvages dans la neige jusqu'au cou,
éclabousse, panache, nos corps enfiévrés qui tracent dans
la

l'ours polaire, je ne dis pas son nom
l'ours polaire m'a quittée
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Le soleil s'est couché, les oiseaux se sont tus. Un avion passe haut dans le ciel, suivi par sa moustache de lait. Elle déteste ce moment, chaque jour, quand la nuit gagne, envahissant les pièces à l'électricité coupée, la repoussant devant les fenêtres, dans les lueurs du lampadaire, pour finir par l'envoyer au lit comme les poules, comme les bébés. Elle remonte le drap jusque sur son visage pour ne plus voir la pénombre vide qui l'entoure. Son lit, un radeau perdu au milieu d'un océan de plancher d'ombre.
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« Tu verras, en vieillissant, ou peut-être cela te le fait déjà...murmure Jeff.
Mmm ?
- On est de plus en plus sensible à la nature.
Ah ! Je croyais les saisons.
- Non, la nature, le vivant. »
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Les premières années, les ronflements de Jeff m’énervaient.Je sifflais, je le secouais, je le faisais rouler sur le coté, je le réveillais même, parfois, hors de moi: "Tu ronfles ! -Désolé. Je fais pas exprès. Je vais essayer de..."Maintenant, je les attends, je ne peux plus m'endormir sans. Une fois couchés, dos à dos, je respire régulièrement, pour l'entrainer, par mimétisme, et dés qu'ils commencent à résonner, je m'installe dans leur rythme râpeux, caverneux, comme dans un hamac.
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"A cette époque les éleveurs ravis ont fini par trouver la combinaison de gènes idéale qui rend leurs bêtes à la fois amphibies, fluorescentes, autorégénérantes à vie et résistantes aux maladies. Désormais, il leur suffit d'une famille de cochons transgéniques pour exploiter leur viande, par morceaux, à l'infini."
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Chaque printemps, la vie revient, la chaleur, la lumière. Les pousses vertes jaillissent de la terre dégelée, les arbres se couvrent de feuilles, les plantes, de fleurs, les abeilles bourdonnent, l’air tremble de sucre.
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Quand elles vous aiment, les bêtes, c’est pour la vie.
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Elle frissonne : quelles brutes ces loups !
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L'eau continue tellement de monter que notre lac en rejoint un autre, plus grand, derrière les collines, dans lequel il se fond, et les collines deviennent des îles. Un soir, un immense vaisseau arrive au loin, pointillé de lumières qui scintillent dans le noir, glissant sur son reflet inversé. C'est un paquebot de dix étages, titanesque, qui avance majestueusement vers notre petit village pour venir accoster notre ponton - une brindille - à l'aube. Parents, enfants et grands-parents, nous passons une nuit merveilleuse, assis sur les rues de planches, à regarder ce monstre glisser sur notre lac, vers nous, sans bruit. Même les grappes de cochons roses qui dérivent semblent fascinées par cet immeuble éblouissant qui bouche tout notre paysage, fait trembler les rues de planches en accostant, au matin, et débarque un flot ininterrompu de touristes à banane, caméra, K-way et billets froissés qui veulent tout acheter puis repartent, en fin de journée, dans leur paquebot-monde, vers d'autres lieux exotiques et préservés.
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