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Critiques de Nana Kwame Adjei-Brenyah (44)
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Friday Black

J'ai lu ces douze nouvelles estomaquée par la puissance de ce jeune auteur américain dont c'est la première oeuvre. Avec une facilité incroyable, il convoque toute la palette des genres littéraires ( satire et pamphlet, dystopie et science-fiction, fantastique et horrifique, veines réaliste ou intimiste ) pour raconter l'Amérique contemporaine et en dénoncer les travers, forçant à réfléchir à l'impact du monde extérieur sur les comportements individuels.



Avec un talent fou, Nana Kwame Adjei-Brenyah parvient immédiatement à capter l'attention en créant un micro-univers en seulement quelques phrases. A chaque fois, quelle que soit la tonalité de la nouvelle, il met en scène des protagonistes, souvent masculins, frustrés et piégés par la situation vécue, tous dans un état profond de détresse voire désespoir.



Le recueil s'ouvre sur une nouvelle explosive, une hyperbole portant un regard cru sur la violence raciste et la déraison du système judiciaire américain. Les Cinq de Finkelstein est sans doute celle qui m'a le plus secouée. C'est la plus actuelle, la plus dévastatrice aussi. Un blanc a massacré à la tronçonneuse cinq enfants noirs, il est acquitté selon le principe de la loi Stand your ground qui autorise la légitime défense. Emmanuel, un jeune Afro-américain est obsédé par cet acquittement et bascule, lui qui jusqu'à présent parvenait à contrôler son Degré de noirceur en s'habillant et se comportant pour ne pas paraître dangereux aux yeux des Blancs. Ce qui est formidable, c'est que malgré les outrances de la situation, on en vient à se demander si cette histoire n'est pas vraie tellement l'ambiance semble familière.



J'ai également énormément apprécié Zimmerland qui imagine un parc d'attractions où des clients blancs viennent inlassablement tuer « pour de faux » un noir alors que le principe du module était, officiellement, d'amener le joueur à réfléchir à sa réaction lors de dilemmes du quotidien comme une intrusion menaçante. On n'est pas très loin d'un épisode de Black Mirror, dérangeant, profondément dérangeant.



Et ce regard aiguisé et féroce sait se teinter d'humour satirique lorsqu'il dézingue le consumérisme dans Friday Black, cette journée de soldes tournant au carnage zombiesque pour s'approprier des doudounes. Ou encore lorsqu'il explore dans L'Ère une société dystopique dans laquelle les hommes ont renoncé à l'incertitude et à l'émotion pour basculer dans l'optimisation génétique et s'apaiser à coup de Bien, une drogue légale.



A chaque fois, Nana Kwame Adjei-Brenyah utilise un prémisse futuriste hypothétique pour distiller un doute inconfortable car plausible. Sans complexe, avec une liberté créative très impressionnante et inventive, l'auteur pose un regard percutant et corrosif, sur la déshumanisation qui gangrène nos sociétés, au-delà de l'américaine, révélant leurs faces grotesques ou tragiques, les réalités crues, mais sans jamais se départir d'un regard tendre et humaniste.
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Friday Black

Il est très rare que je commence la présentation d'une de mes lectures par des remerciements, mais une fois n'est pas coutume.

Il est sur Babelio une lectrice et une critique très prolifique qui, lorsque vous avez le privilège de pouvoir consulter sa page et ses mises en ligne, vous donne accès à des livres et à des auteurs de qualité.

Vous n'avez que l'embarras de vos goûts, et cette personne dont le pseudo est Kirzy, les bouscule, remet quelquefois mon agenda de lecteur en question.

C'est donc avec estime et reconnaissance que je remercie Kirzy d'avoir suscité chez moi la pressante curiosité de découvrir qui et quoi se cachaient derrière - Friday Black - et Nana Kwame Adjei-Brenyah.

J'ai eu ces dernières années, comme beaucoup d'entre vous, des coups de coeur pour de "jeunes" auteurs américains, au rang desquels je place au tout premier plan Jesmyn Ward et Ta-Nehisi-Coates.

Adjei-Brenyah, cadet de ces déjà grands noms de la littérature américaine, appartient à ceux dont René Char aurait pu dire qu'ils méritent égards et patience parce qu'ils ne sont pas venus au monde pour ne rien troubler... au contraire !

S'il est un genre dans lequel beaucoup d'auteurs trouvent confort et une certaine forme de tranquillité, c'est la nouvelle.

Que n'a-t-on pas essayé depuis que ledit genre existe ?

Tout et rien en fait... sauf de la (le) sortir de son ronron au coin du feu pour en faire une arme massivement désarmante, massivement dérangeante.

Adjei-Brenyah est assurément l'auteur, le nouvelliste qui ringardise beaucoup de ceux qui avaient oublié que la nouvelle s'empoussiérait à force de lui refuser ce à quoi elle aspirait depuis longtemps : le renouveau.

- Friday Black -, c'est ou ce sont douze nouvelles qui font voler en éclats les codes, les conventions, le ronron.

Ce sont douze histoires que je qualifierais de dystopies réalistes, de fictions fantastiques lucides et glaçantes... dont les deux thèmes majeurs, prédominants sont la déshumanisation de notre monde et son corollaire la violence.

Un recueil de nouvelles, lecteurs et auteurs le savent, a parmi ses caractéristiques, l'inégaliqualité des textes.

Peu de recueils, vous pouvez vous référer aux 200 nouvelles De Maupassant ou aux quelques dizaines de Francis Scott Fitzgerald dans un recueil comme - Un diamant gros comme le Ritz, peu d'entre eux n'hébergent que des pépites.

Il y an d'excellentes et... de moins excellentes.

Dans - Friday Black -, ma préférence est allée ( l'ordre n'est pas, lui, préférentiel ) à :

- Les 5 de Finkelstein -, un massacre à la tronçonneuse perpétrée sur cinq enfants noirs par un blanc qui s'est senti menacé... par leur simple présence.

La justice va évidemment prendre parti pour...

Avec une maestria narrative bluffante, Adjei-Brenyah jongle avec l'absurde jusqu'à la nausée.

Vous savez que ce n'est pas vrai, qu'on ne peut pas aller jusque-là, et pourtant... vous pensez à ces gosses dont un flic crible leur dos de balles et l'acquittement du flic qui s'ensuit... et vous vous vous surprenez à vous dire que l'incroyable, l'impensable épouvante... est presque à nos portes.

- Lark Street - m'a profondément remué.

Un homme jeune assoupi est réveillé par deux mini êtres, deux tout petits foetus qui l'appellent "papa", l'interpellent et le questionnent : pourquoi, comment... est maman ? Quel aurait été notre avenir ?

Ce n'est évidemment pas une remise en cause du droit à l'avortement, mais les dérives, la désinvolture avec lesquelles la société s'en est emparée et la banalisation subséquente.

- Zimmerland - est un parc d'attractions où, sous prétexte de psychologisation à bon marché, on fait du business en offrant aux blancs, enfants comme adultes, de tuer du noir synonyme de menace.

- Friday Black -, frère jumeau de ce que risque de devenir le Black Friday *

Pour mémoire : "Aux États-Unis et au Canada, le Black Friday, littéralement le Vendredi noir, parfois traduit par Vendredi fou, est un évènement commercial d'une journée qui se déroule le vendredi suivant la fête de Thanksgiving (le quatrième jeudi du mois de novembre). Ce vendredi marque traditionnellement le coup d'envoi de la période des achats des fêtes de fin d'année. Plusieurs commerçants profitent de ce moment pour proposer des remises importantes, mais les modalités sont contestées.

En 2015, 67,6 milliards de dollars ont été dépensés aux États-Unis au cours du week-end du Black Friday, une somme en augmentation quasi constante depuis 2005, ce qui en fait le jour le plus lucratif pour les commerces de ce pays. Les consommateurs américains ont effectué 100 millions de déplacements dans des commerces le vendredi même4. Cet évènement commercial s'est depuis propagé hors du continent américain, pour arriver notamment sur le continent européen dans les années 2010 où il est de plus en plus mis en avant par les diverses enseignes commerciales.

En réaction à ce qui est dénoncé comme un évènement poussant à la surconsommation, divers acteurs (comme Youth for Climate et Extinction Rebellion) ont mis en place des actions pour s'opposer au Black Friday."

Friday Black pousse ce surconsumérisme jusqu'aux limites de sa logique : tuer et être prêt à tuer pour obtenir à moindre coût le dernier écran plat de vos rêves ou les fringues dernier cri...

Comme au Colisée, les munera tombés au champ du déshonneur capitaliste, sont ramassés par des tractopelles et empilés dans un coin du grand complexe commercial. Pas même le temps de la sciure que la deuxième vague des nouveaux gladiateurs du Grand Marché laissent leurs instincts et leurs pulsions se ruer sur les objets idolâtrés de leur convoitise et de leur avidité.

Si Adjei-Brenyah n'est pas à proprement parler un styliste, son écriture est vive, brûlante, tranchante, imaginative, authentique, lucide, déstabilisante et percutante.

La structure narrative de ses textes ne souffre d'aucune faiblesse.

Un recueil grâce auquel, en grossissant le trait, en le noircissant, en déraisonnant par l'absurde, le lecteur peut entrevoir ce vers quoi le monde dans lequel il vient d'entrer, l'entraîne inexorablement.

Ce jeune homme fait, lui, une entrée remarquable dans les élites de la littérature contemporaine.

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Friday Black

Nana Kwame Adjel-Brenyah signe avec son ensemble de nouvelles parues aux éditions Albin-Michel, dans la très belle collection « Terres d’Amérique« , un véritable uppercut que l’on reçoit et qui a pour but de réveiller les consciences citoyennes. « Friday black« , dès la première nouvelle nous met K.O avec « Les 5 de Finkelstein » nous décrivant une histoire très impressionnante sur l’usage de la violence à des fins racistes et les différentes perceptions de la société américaine quant à cette dernière. Ainsi, un homme blanc massacre cinq enfants noirs à la tronçonneuse afin, dit-il, de protéger ses deux enfants du danger qu’ils représentent. Des Afro-Américains décident en réaction de tuer des personnes blanches au hasard. L’impartialité de la justice n’est pas de mise ici. Adjel-Brenyah dépeint une situation de racisme à son paroxysme comme pour mieux nous dévoiler, nous montrer, par effet de miroir grossissant nos compromissions et nos contradictions face au fléau du racisme qui dévore les États-Unis. Ce n’est pas pour rien que Colson Whitehead, figure intellectuelle majeure et incontournable de la lutte anti raciste à l’encontre des Afro-Américains, voit en Adjel Brenyah « une formidable nouvelle voix qui mêle la vérité de la dystopie à une empathie sans limite ». On ne peut pas mieux résumer la puissance, la force de ce livre. La nouvelle « L’ère » est une dystopie particulièrement efficace où le monde est séparé entre les personnes optimisées, qui sont des sortes de surhommes aux facultés multipliées par des logiciels incorporés. Ils s’injectent « du bien » dans le cou et revendiquent le droit de dire tout le temps la vérité, même si cela doit blesser l’autre. Et les autres, qui sont les personnes dites « Têtes baissées » qui sont marquées par leur émotivité, et leur volonté de vivre comme avant l’apocalypse nucléaire. Ils sont considérés comme des bons à rien. Il y a ceux qui sont optimisés avant même leur naissance et les autres qu’ont estiment méprisables et faibles. Une société profondément inégalitaire en quelque sorte avec les gagnants et les perdants. Une lecture et un auteur engagé qui multiplie ses regards acérés et son acuité saisissante à mettre en avant les maux de l’Amérique. Autre nouvelle, « Lark Street » sur l’avortement mais toujours avec cette profonde originalité qui lorgne vers la SF. Une nouvelle comme on en lit très peu. Il sait créé une tension en nous, une sorte de malaise. Un livre qui ne laisse pas indifférent et qui désarçonne parfois son lecteur qui reste pantois devant une telle maîtrise formelle, narrative. Il est doué d’une imagination débordante qui impressionne fortement. Il y a également beaucoup d’émotions dans ces nouvelles avec une écriture chirurgicale, riche. La nouvelle « Zimmerland » imagine un parc d’attraction où un homme noir revêt un exosquelette pour ressentir des sensations et surtout en donner aux racistes qui prennent leur pied en payant pour le tuer plusieurs fois par jour via l’application du parc d’attractions. Où comment se divertir en assassinant des hommes de couleur. Ici c’est une nouvelle fois la violence de la société américaine dans ce qu’elle a de plus abjecte qui est dénoncée. Il éreinte le consumérisme dans « Friday Black » à l’humour très noir en mode « South Park ». Nana Kwame Adjel-Brenyah aborde tous les grands maux de l’Amérique avec maestria. Ma nouvelle préférée raconte l’histoire d’un étudiant rejeté de tous et qui se décide à tuer une étudiante qui est juste là au mauvais endroit, au mauvais moment dans la bibliothèque de sa Fac. Toute la lâcheté de ce crime ignoble est parfaitement rendue. Une fois mort, les deux personnes, l’assassin et la victime, se parlent et tentent de sauver des vies.. Beaucoup d’humanité dans cette nouvelle pourtant terrible à son point de départ. Vous l’aurez compris, j’ai aimé être désarçonné, troublé, enchanté aussi par les nouvelles d’un auteur singulier nous décrivant une Amérique aux abois, prisonnière de ces démons intérieurs. Douze nouvelles comme autant de moyens de dénoncer la conjoncture américaine, son passé, son présent et ce qu’il risque d’advenir dans le futur si l’on ne fait rien. La plume de Nana Kwame Adjel-Brenyah est à découvrir absolument.
Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Friday Black

Si vous suivez un peu les réseaux sociaux ou les sites de lecteurs, c’est un livre pour lequel vous avez dû lire des articles ou du moins en entendre parler : « Friday Black ». La grande originalité est qu’il s’agit d’un recueil composé de 12 nouvelles écrites par un primo-écrivain américain, Nana Kwame Adjei-Brenyah.



Le fait que cela soit sous la forme d’un recueil de nouvelles reste un risque à souligner pris par l’auteur. Tout d’abord, ce n’est pas un genre que tous les lecteurs apprécient forcément et cela veut donc dire que certains peuvent tourner le dos directement au livre malgré ses qualités. Ensuite, par le fait que ce sont de courtes histoires, le rythme peut être rapidement perdu et le lecteur ainsi ressentir un certain sentiment d’insuffisance. Effectivement, ce n’est pas un travail facile pour un auteur de faire passer des émotions et des sentiments en seulement quelques pages.



Pourtant, Nana Kwame Adjei-Brenyah parvient à faire une critique de notre société de surconsommation très juste, intelligente et judicieuse que ce soit par le racisme latent gangrénant le monde, le surconsumérisme bien présent dans les états occidentaux,…



C’est malgré tout, une lecture en demi-teinte dont je ressors mitigée aujourd’hui. Pourquoi? Tout simplement pour une raison pouvant aisément se produire lorsqu’on lit un recueil de nouvelles : j’ai trouvé que la qualité des nouvelles était assez disproportionnée. En effet, autant certaines m’ont vraiment beaucoup plue et touchée (comme, par exemple, « Les 5 de Finkelstein ») autant d’autres m’ont totalement laissée de marbre et laissée un peu dubitative.



Il est vrai que, vu les critiques dithyrambiques, j’avais peut-être misé trop d’espoirs dans ce bouquin. J’en attendais sûrement de trop. Mais je ne peux pas dire qu’il m’ait profondément marqué ou qu’il restera dans mon esprit de façon ineffaçable, comme d’autres ont pu le faire sur les mêmes sujets.



Comme d’habitude et bien entendu, ceci n’est que mon humble avis personnel et je ne peux donc que vivement vous conseiller de lire ce livre afin de vous forger votre propre opinion.



Je remercie les éditions Albin Michel et le Picabo River Book Club pour l’envoi de ce livre.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Friday Black

Il est des livres que tu ouvres et qui dès les premières pages, t'interpellent en mode « Je tiens du lourd » ! Friday Black de Nana Kwame Adjei-Brenyah – traduit par Stéphane Roques - est de ceux-là. En douze nouvelles toutes aussi réussies les unes que les autres, il nous plonge dans un monde dystopique – mais pas tant que ça…- avec une maîtrise bluffante de ce genre réservé aux meilleurs.



Les univers dans lesquels Ajei-Brenyah choisit de placer ses personnages sont à la fois dans un futur aux codes avancés (un monde où le virtuel et la gamification ont toute leur place, où l'on s'envoie des shoots de Bien, où la vie se réinvente quotidiennement à la manière d'Un jour sans fin…), mais aussi dans une actualité saisissante quand ils mettent en lumière les grands travers de nos sociétés contemporaines qui, vous l'aurez compris, ne se sont pas arrangés dans le futur.



Il passe ainsi en revue les excès et folies de notre société consumériste à l'excès ; les inégalités raciales devant la justice et ailleurs ; l'inhumanité d'un système hospitalier devenu machine sans coeur ni tête ; le jeu avec la vie et la tentation génétique ; la violence qui ne règle finalement rien.



Nouvelle après nouvelle, il surprend, choque parfois, mais questionne et interpelle nos sociétés. À sa manière. Car si le fond est sombre et anxiogène, le style est paradoxalement enlevé et quasi enjoué, avec un florilège d'expressions, de concepts et de personnages inventifs : le Degré de Noirceur, le Dieu aux Douze langues, l'Eclair et la Boucle, le Roi de l'hiver, L'Ordre de la Raie Manta, les Têtes baissées, le Bien industriel...



Une réussite assurément, une grande maîtrise du genre de la nouvelle et une forme de fraîcheur dans l'écriture que j'ai pris plaisir à découvrir, même si je reste toujours peu à l'aise avec les approches dystopiques qui ne cadrent pas forcément avec mon imaginaire limité et m'empêchent de tenir la longueur. Mais rien que pour la découverte (merci le Picabo River Book Club) et encore plus si le genre vous plaît, il faut foncer !
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Friday Black

A travers 12 nouvelles, l'auteur expose sa vision de l'Amérique d'aujourd'hui. Les thèmes balayés sont variés et surprenants dans leur traitement : la condition des noirs, le suicide, le harcèlement, l'avortement, mais aussi la création, la consommation de masse … Ce thème d'ailleurs revient à trois reprises à travers le regard de vendeurs qui sont pris dans la spirale de la compétitivité commerciale.

Ce qui m'a vraiment étonnée c'est le passage d'un genre à l'autre. Je ne savais jamais à quoi m'attendre. du réalisme outré jusqu'à l'absurde à la science-fiction genre « Meilleur des mondes », au post apo. Je serai bien incapable d'en genrer certaines. Quoiqu'il en soit le regard que porte Nana Kwame Adjei-Brenyah sur la société US est cru, sans complaisance et sévère. Ses personnages semblent se plier volontiers aux règles sociales, notamment quand il s'agit de travailler. Ils veulent s'y plier mais très vite un malaise, un décalage est perçu, une incapacité à communiquer réellement, une grande solitude, une profonde tristesse….

Les 5 de Finckelstein, raconte la bascule d'un jeune homme qui tient à contrôler son degré de Noirceur pour décrocher un job : sa tenue vestimentaire, sa posture en public, rien ne doit être perçu comme menaçant. Mais quand un homme blanc qui a tué 5 enfants noirs est innocenté…

Le Friday black qui donne son nom au recueil montre la folie qui saisit les Américains lors du fameux black Friday poussant à l'extrême l'absurdité des vendeurs, des consommateurs.

Enfin, j'ai bien aimé « L'ère » qui voit son narrateur vivre dans un univers dystopique où énoncer la vérité, avec la cruauté qui va avec, est devenue la règle après que les mensonges aient conduit à la Grande guerre Eclair.

Une première publication. A suivre.

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Friday Black

Recueil de nouvelles assez inégales. De très bonnes idées et d'autres très classiques notamment le lien zombie/black Friday (drôle et horrifique), métaphore assez courante concernant la société de consommation.



C'est la première nouvelle qui m'a le plus secoué. Je n'en dis pas plus mais la suprématie blanche et l'injustice raciale étant assez présente aux USA, cette nouvelle absolument horrible, ne m'a pas paru si invraisemblable (d'où les sueurs froides).

Et la nouvelle qui m'a le plus plu et qui pourrait mériter un roman entier, ou un film, c'est celle des deux anges qui tentent d'arrêter une tuerie de masse. Extraordinaire !
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Friday Black

Fils d’immigrés ghanéens, l’américain Nana Kwame Adjei-Brenyah grandit à Spring Valley dans l’état de New-York. Après avoir décroché son MFA (Master of Fine Arts) à l’université de Syracuse, siège du comté d’Onondaga, le jeune homme devient professeur et finit par publier son premier recueil de nouvelles en 2018 sous le titre de Friday Black.

Acclamé par la critique américaine et sélectionné par Colson Whitehead (Nickel Boys) en personne pour intégrer la National Book Foundation, Nana Kwame Adjei-Brenyah arrive enfin en langue française dans la prestigieuse collection Terres d’Amérique dirigée par Francis Geffard chez Albin Michel.

Un évènement qui risque de faire date…



Dans ces douze nouvelles, une voix unique et talentueuse se fait jour.

Dès la première histoire, Nana Kwame Adjei-Brenyah saisit le lecteur, l’agrippe par le col et lui montre les fêlures du rêves américain.

Avec Les 5 de Finkelstein, nous faisons la connaissance d’Emmanuel, un jeune noir devenu expert dans l’art de contrôler son « Degré de Noirceur » afin de se fondre dans une société blanche devenue un vrai piège à ours pour les noirs.

Alors qu’il se réjouit de pouvoir enfin réussir un entretien d’embauche, Emmanuel est hanté par un fait divers qui secoue l’Amérique. Un fait divers très proche de la mort d’un Trayvon Martin, cet adolescent noir abattu par un latino-américain de 28 ans alors qu’il n’était même pas armé.

Dans le monde d’Emmanuel, Trayvon Martin se dédouble, devient cinq.

Cinq enfants qui font sauvagement décapités à la tronçonneuse par un père de famille américain blanc et respectable. Un père de famille qui voulait sauvegarder la vie de ses deux enfants à lui, menacés par ces cinq gamins qui jouaient autour d’une bibliothèque un peu trop tard et un peu trop encapuchonné à son goût. Alors que George Wilson Dunn échappe à la justice, les noirs se révoltent. Une révolte qui passe par l’assassinat sauvage d’autres blancs en répétant le nom des enfants martyrs comme un mantra, comme un bouclier. En se gravant le chiffre 5 sur le corps à chaque mort supplémentaire.

L’un des amis d’Emmanuel, Boogie, tente de le réveiller… « Cet homme dans le bus, c’est ton frère […] Faut le protéger. Oui, peut-être qu’il faut le réveiller, mais quand il dort, il est sous ta responsabilité. » et Nana Kwame Adjei-Brenyah s’interroge : la vengeance suffit-elle à effacer les crimes ? Suffit-elle à apaiser l’injustice ? La vengeance sur des personnes innocentes mais complices inconscientes, peut-elle faire avancer les choses ?

Et si c’était ça, être noir en Amérique ? N’être soi que sous peine d’une balle dans la nuque ? C’est ici que commence la longue réflexion de l’auteur sur l’identité et le soi, sur ce dédoublement qui intervient quand l’on ne peut être qui l’on est vraiment face à une société qui nous chasse, qui nous broie. Comme la sensation perpétuelle de jouer un rôle, un drame perpétuel qui détruit tout.



Cette idée, Nana Kwame Adjei-Brenyah la prolonge dans pas mal d’autres textes, à commencer par Zimmer Land, qui, comme Les 5 de Finkelstein, pourrait être le scénario d’un film de Jordan Peele. Dans Zimmer Land, Isaiah n’est pas qu’un employé noir d’une société de divertissement lambda.

Il est l’acteur et le complice malgré lui d’une mascarade totale, d’une justice tronquée, déformée, dégoûtante. Zimmer Land, c’est le titre d’un parc d’attractions (qui renvoie aussi au tueur de Trayvon Martin) où, selon le module que vous choisissez, vous pouvez déjouer un attentat ferroviaire fomenté par de dangereux musulmans ou vous défendre contre l’agression supposée d’un noir à proximité de votre maison. Alors voilà Isaiah qui meurt encore et encore sous les balles factices des bons blancs bien dans leur droit.

Condamnation de cette faculté américaine à justifier ses propres crimes, sa propre violence par des valeurs de libertés et de sécurité.

Cette ballade terrifiante montre la nature humaine sous son aspect le plus vil, bouffée autant par l’attrait pour la domination que par l’argent. En un sens, Zimmer Land rappelle Vigilance de Robert Jackson Bennett, dénonçant lui aussi la nécessité de l’américain lambda à se sentir puissant dans une société où il n’est plus rien, à se faire justicier et chevalier de pacotille, à payer pour la souffrance et à la transmettre aux autres, notamment à ses enfants.



Comment être noir dans l’Amérique d’aujourd’hui ?

Pour le comprendre, Nana Kwame Adjei-Brenyah regarde d’abord la société américaine et détricote ses obsessions malsaines. Dans trois de ses nouvelles, Friday Black, Comment vendre un blouson selon les recommandations du Roi de l’hiver et Dans la vente, l’auteur nous plonge dans l’absurdité du monde de la vente poussé jusqu’à l’horreur. On assiste ainsi à une relecture zombiesque du fameux Black Friday où les clients ne sont qu’à peine humains, plutôt des bêtes sauvages, des êtres dévolués qui communiquent au moyen d’un langage rudimentaire et heurté que seul le vendeur expérimenté peut comprendre et interpréter. Mais ce qui frappe dans ces trois récits, ce ne sont pas tant la violence et l’avidité poussées à l’extrême que le caractère pathétique de ces clients devenus esclaves d’un système qui les pourrit, d’un système qui les avilie et les vide de leur substance. Plus pitoyable qu’écœurants, plus digne de pitié que de haine. Mais si Nana Kwame Adjei-Brenyah parvient à nous épater, c’est par son sens de la nuance, une nuance précieuse, formidable, émouvante. Cette capacité à traiter en humain dans un système qui ne le permet pourtant plus. Ou lorsque le vendeur de Dans la vente avoue que sa cliente toute heureuse de l’entendre baragouiner quelques mots de sa propre langue, à savoir l’espagnol, « est tout pour moi. ». Il reste dans ces écrits à priori terribles, une humanité troublante qui naît du sentiment intime que fait naître Nana Kwame Adjei-Brenyah entre le lecteur, le narrateur de son histoire et les pauvres âmes qu’ils croisent en chemin.



Refusant les cases et les genres, Nana Kwame Adjei-Brenyah se balade de dystopie en histoires fantastiques en passant par l’horreur et même par le conte.

Assumant cette liberté de ton jusqu’au bout du bout, l’auteur nous emmène par exemple dans une société dystopique où la Vérité règne en maître, où l’émotivité est une faiblesse et où tout un chacun doit sacrifier son amour-propre devant le jugement impitoyable des autres. Une société où l’on se drogue au Bien, enfants compris, pour trouver le Meilleur des Mondes.

Au sein de cette Nouvelle Fédération, Ben se rend compte que quelque chose cloche, que la cruauté est devenue la norme sous prétexte d’authenticité, que le mensonge, que l’on décriait tant, a peut être son utilité sociale en fin de compte. Surtout quand certains ont le droit à des manipulations génétiques prénatales qui les optimisent pour le monde réel. C’est encore une double identité qui accable notre héros, celle d’un gamin tiraillé entre la vérité des Têtes Baissées et l’injustice d’une société impitoyable qui a voulu devenir trop transparente, trop impeccable.

C’est l’uniformisation de la pensée qui détruit l’individu, peu importe de quelle idéologie ou bonne intention on part.

Des bonnes intentions, on en retrouve ailleurs et notamment dans L’Hôpital où, récit fantastique où un jeune homme mène son père qui a mal au bras à l’hôpital alors que celui-ci devient un lieu de fantasme(s), où les patients et les rencontres forment une suite d'éléments fantastiques sous la tutelle d’un mystérieux Dieu aux douze langues. Un récit à la fois étrange, surréaliste, et signifiant à plus d’un titre. Celui d’un auteur en quête d’une langue pour l’aider à écrire et celui d’un gamin qui regarde son père bientôt condamné.

Toujours en mêlant fantastique et intime, Nana Kwame Adjei-Brenyah continue avec le brillant et émouvant, Le Lion et l’Araignée, récit d’un passage à l’âge adulte sur fond de relation père-fils complexe et de mythes africains où Anansi trompe d’un lion pour sauver une famille de lapins.

Ce rapport à l’intime confine au sublime dans le court et taiseux Ces choses que disaient ma mère, bourré jusqu’à ras bord de sacrifice(s) maternel(s) et de fierté. La perte d’une chose pour en trouver une autre.

La perte aussi traverse le chemin des récits de Nana Kwame Adjei-Brenyah. La perte de l’humanité pour sûr, mais aussi la perte du sens, du réel.

En parlant des massacres à l’arme à feu dans les écoles américaines, Cracheuse de Lumière montre que le mécanisme de la souffrance, le rapport du dominé et du dominant ne cesse d’enclencher un cycle de violence et de morts où personne ne gagne. Où la réalité perd pied.



Nana Kwame Adjei-Brenyah impressionne par sa capacité à creuser profondément ses personnages, les souffrances et la culpabilité des uns et des autres. Lark Street, véritable chef d’œuvre de noirceur et de lucidité, décrit la culpabilité d’un père après l’avortement de ses enfants, comment survivre à la souffrance…et comment se rendre compte de la souffrance de l’autre, de la mère qui a fait ce choix, un choix inévitable mais terrible, que l’on ne juge pas mais avec lequel on doit vivre. Et puis Après l’Éclair, étrange nouvelle où une communauté entière se retrouve piégée dans une boucle temporelle après une fin du monde thermonucléaire. Un cycle ininterrompu de violences et de souffrance où Nana Kwame Adjei-Brenyah va au bout des choses et déploie des scènes horrifiques quasi-insoutenables. Jamais rien n’est pourtant gratuit dans ce récit où l’on se venge de son ancien harceleur avant de devenir ami avec lui et d’en faire un monstre encore plus terrible. Jamais rien n’est gratuit pour Ama Grace reine du Couteau qui ne sait plus qui elle est entre la tortionnaire et la sauveuse. Ce déchirement de l’identité, cette façon de ne pas savoir quelle voie adopter pour avancer, cette violence qui règne au fond de soi et qui ne demande qu’un craquement de la société autour pour surgir, cette envie de justice et d’humanité envers et contre tout.

C’est peut-être ça être noir en Amérique aujourd’hui.



Douze histoires de haine(s) et d’humanité, de noirs dans un monde dominé par les blancs, de vendeurs fatalistes et de clients désœuvrés, de frères, de mères, de pères, d’enfants, de victimes, de coupables. Douze histoires qui nous offrent la naissance d’une immense voix sensible, intelligente et vibrante, celle de Nana Kwame Adjei-Brenyah, un GRAND auteur américain.
Lien : https://justaword.fr/friday-..
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Friday Black

Friday Black de Nana Kwame Adjei-Brenyah est un recueil de nouvelles dont la première m'a touché en plein cœur, me le retournant comme une chaussette. Si le reste était du même acabit, il allait finir en coup de cœur, en jouissance littéraire, en plat dont on se relèche les babines.



Hélas, si l'entrée était magnifique, d'une justesse douloureuse, violente, montrant parfaitement le mépris des Blancs envers les Noirs, les suivantes m'ont déroutées en partant dans d'autres univers comme la dystopie, le fantastique et l'horreur.



En racontant, pour les dénoncer, les travers de l'Amérique contemporaine à l'aide de récits dystopiques, zombiesques ou fantastiques, l'auteur m'a perdu totalement.



Si la première bouchée m'avait explosée les papilles, pour les autres, j'ai picoré dans les différentes assiettes, sans vraiment rien apprécier et finalement, j'ai fait ce que je n'aime jamais faire : ne pas terminer...



Une fois de plus, me voici en train de passer à côté d'un livre qui avait tout pour me plaire.

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Friday Black



Voici un recueil de nouvelles qui, je pense, trouvera sa place dans la bibliographie « Black live matter ».

Le genre utilisé est celui de la dystopie, qui permet de grossir le trait jusqu’à l’absurde (en sommes-nous certains ?). C’est ainsi qu’un père de famille est relaxé pour légitime défense après avoir décapité en pleine rue cinq enfants noirs qui se trouvaient sur son chemin et qui lui ont donné le sentiment d’être en danger par leur simple présence.

Voilà pour la première nouvelle. Elles sont toutes aussi aberrantes et nous montrent combien le traitement de la société diffère selon que les personnages sont Blancs ou Noirs.

Mais l’auteur va plus loin. Il met en exergue la déshumanisation de la société de consommation, entraînant une grande confusion sur ce qui est essentiel, existentiel. La nouvelle Friday Black est en ce sens un vrai chef-d’œuvre.

Petit bémol : beaucoup de violence dans ces récits, heureusement que le format de nouvelles m’a permis de faire des pauses sans casser la trame.

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Friday Black

Une telle accumulation de claques, dans un même livre, à fortiori le premier de son auteur, est une expérience singulière.



Décidément, la collection Terres d’Amérique d’Albin Michel est un terrain fertile pour les recueils de nouvelles inclassables, qui marquent fortement les esprits (cf, en 2020, La chance vous sourit de Adam Johnson). Friday Black me restera en mémoire pour longtemps, les ressentis gravés au plus profond.



La nouvelle n’est pas un genre reconnu comme il le devrait en France. C’est tout le contraire dans les pays anglo-saxons, où ces courtes histoires sont vues comme des textes de valeur égale aux romans.



Le recueil de Nana Kwame Adjel-Brenyah est un modèle d’inventivité, d’engagement, de puissance et d’émotions diverses. Douze récits, dont au moins neuf me resteront marqués au fer rouge dans le cœur et dans les tripes.



Voilà l’exemple parfait de ce que je dis souvent : il n’y a que deux genres de livres, ceux qui vous passionnent et les autres. Pourquoi vouloir toujours cataloguer une histoire dans un genre spécifique ? Cette collection de textes montre admirablement que la forme peut servir le fond, qu’elle peut concourir à appuyer un message.



Court récit digne des meilleurs romans noirs, dystopie, fantastique, satire, anticipation… La palette des styles est incroyablement large et étonnement imagée. Sombre, le plus souvent. Exigeantes, toujours.



A coups d’allégories, de métaphores ou d’idées coup de poing, le primo écrivain de génie nous parle de quête d’identité, de justice, de ce qu’est être noir, de consumérisme immodéré. Des sujets universels qu’il habille avec inventivité, en déplaçant les curseurs de telle sorte qu’on se prend les récits en pleine face.



Les maux de l’Amérique (mais on peut facilement extrapoler et penser à nos contrées européennes). Le passé, le présent et l’avenir. Des sociétés qui perdent pied.



Les textes d’Adjel-Brenyah ne sont pas le genre de nouvelles à chutes fracassantes. Elle plongent au contraire le lecteur dans des univers et des ambiances impossible à anticiper, déroutantes, souvent cruelles et qui chamboulent.



J’en suis ressorti plus d’une fois totalement halluciné, hagard. A la fois le regard dans le vide et l’esprit qui tourne à mille à l’heure.



Ces récits d’une intelligence folle sont portés par une plume vibrante au possible, et qui ose. Une parole unique qui s’avère universelle. Je sais déjà que je relirai certains de ces textes au fil du temps, pour m’en imprégner encore, différemment.



L’écrivain a été sélectionné par l’écrivain Colson Whitehead pour intégrer la National Book Foundation, gage que ses pairs ont très vite compris son talent inné.



Une telle réussite, aussi marquante, qui plus est pour un recueil de nouvelles, est admirable. Friday black est un livre proprement exceptionnel. Une lecture rare.



Nana Kwame Adjel-Brenyah est une voix qui porte, unique, qui touche l’âme autant qu’elle fait méditer. Un immense talent est né.
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Friday Black

Aujourd’hui je viens vous parler d’un recueil de nouvelle d’un jeune auteur afro-américain. Un bouquins que je regrette de ne pas l’avoir sorti plus tôt de mon immense PAL tellement il est incroyable et qu’il reflète parfaitement le manque d’humanité dans ce monde impitoyable. J’aurai du écouter deux amis blogueurs.

Friday Black c’est douze nouvelles dans lesquelles les personnages vivent des situations où la violence et les injustices auxquelles les Noirs américains font quotidiennement face. Comme par exemple : l’acquittement d’un meurtrier blanc ayant décapité des enfants noirs ou bien d’un jeune homme forcé de combattre sa couleur pour trouver du travail ou encore un parc d’attractions raciste.

Le recueil comporte les nouvelles suivantes : « Les 5 de Finkelstein », « Ces choses que disait ma mère », « L’Ère », « Lark Street », « L’hôpital où », « Zimmer Land », « Friday Black », Le Lion et l’araignée », « Cracheuse de lumière », Comment vendre un blouson selon les recommandations du Roi de l’hiver », « Dans la vente » & « Après l’éclair ».

Dans la première et inoubliable nouvelle de ce recueil, Adjei-Brenyah nous dresse un bilan sans faille des préjugés implacable du système judiciaire américain.

C’est à la fois passionnant, vital, contemporain et brutal.

Un livre puissant, qui dénoncent les travers de la société actuelle aux USA. Et en plus ce recueil d’une douzaine de nouvelles est totalement et brillamment maitrisées. Une dystopie électrifiante à l’humour noir féroce et écrite avec acuité. C’est du grand art !
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Friday Black

Parfois vous passez à côté d’un livre à sa sortie, car il se retrouve noyé dans la masse des nouvelles productions puis vous retombez sur lui plus d’un an après et… c’est le bon moment, vous êtes prête pour la découverte. C’est exactement ce qu’il s’est passé pour Friday Black, premier livre de Nana Kwame Adjei-Brenyah. Peut-être, car c’était un recueil de nouvelles ou parce que la couverture extrêmement sobre ne m’appelait pas. Et je n’aurais qu’un conseil : passez outre, et prenez ce livre. Lisez-le, petit à petit, nouvelle après nouvelle. Prenez le temps de les digérer, de les comprendre et de les ressentir, sans cesser de vous demander dans quelles mesures ces histoires écrites par un jeune auteur américain d’origine ghanéenne en plein mouvement « Black Lives Matter » peuvent également parler à une lectrice ou un lecteur européen, quelle que soit son origine ou la couleur de sa peau.

Pour faire simple, Friday Black est une série de 12 claques destinées à réveiller les consciences, mais aussi pour certaines d’entre elles à apporter une nuance d’espoir ou de poésie. Certaines comme Les 5 de Finkelstein ou Zimmer Land font référence au racisme ambiant de l’Amérique en imaginant deux dystopies différentes, mais aussi cruelles l’une que l’autre, Après l’éclair va elle parler de l’ultraviolence, Cracheuse de Lumière des tueries et du phénomène incel, L’Ère va parler d’un monde où l’honnêteté et l’efficacité poussées à l’extrême sont devenues une autre forme de violence, et la trilogie du centre commercial (Friday Black, Comment vendre un blouson selon les recommandations du Roi de l’hiver, et Dans la vente) dénonce les dérives du consumérisme avec à chaque fois une facette différente montrée de façon plus ou moins gore et plus ou moins violente.

Mais Nana Kwame Adjei-Brenyah n’écrit pas que des choses sombres et dures, certaines de ses nouvelles sont empreintes de douceur, d’espoir et de poésie, surtout quand elles parlent des relations entre parents et enfants, comme L’hôpital où, Le lion et l’araignée, Ces choses que disaient ma mère ou paradoxalement Lark Street (qui parle des conséquences d’un avortement vécues par le géniteur). Même Cracheuse de Lumière et L’Ère ont une lueur d’espoir au milieu de leur dureté. Et l’auteur reste toujours en nuance et saute d’une facette de l’imaginaire à l’autre d’une nouvelle à l’autre : la dystopie ultraviolente, l’horreur pure, le fantastique, le conte, le réalisme magique, le post-apocalyptique, etc. Cette facilité avec laquelle il change de sujets, de longueurs et de styles en un aussi court recueil est très séduisante. En tout cas, je ne ferai pas deux fois la même erreur : la prochaine fois que je verrai son nom sur une couverture, je m’y intéresserais plus vite.
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Friday Black

Cher Nana Kwame,



Ouvrir un recueil de nouvelles, c’est un peu comme ouvrir une boite de chocolats…Tu peux tous les consommer les uns derrière les autres, et le danger c’est qu’à la fin tu ne te rappelles même plus le goût du premier ou bien que tu frôles l’excès…trop d’un coup, plus dans la compulsion et moins de plaisir.

Sinon, tu peux prendre le temps, un peu pour chaque jour, faire durer la sensation, t’en délecter doucement pour en prendre toute la puissance, les arômes, les parfums, les sensations en bouche, savourer. Quand la boite se révèle de qualité, il est dommage de dévorer sans prendre le temps de les apprécier…



Les nouvelles, quand elles sont comme les tiennes, parfaitement ciselées, fortes comme un coup au plexus, dérangeantes parfois mais efficaces pour transmettre leurs messages, tu les lis doucement, tu laisses mijoter entre chaque, tu observes chaque idée faire son chemin, tu t’interroges…Elles sont là pour dire, pour faire entendre. Elles ne veulent pas que l’on reste passifs, non, elles veulent toucher au plus profond, donner à réfléchir, faire réagir…



Et même lorsque tu refermes le livre, c’est toujours là… Certains passages, expressions, marquent l’esprit, des scènes tellement réalistes, même lorsqu’elles ne sont que monde imaginaire dansent encore sous tes yeux. La précision en quelques pages, une écriture ou chaque mot à son importance, c’est précis, travaillé, convaincant, tu reconnais l’implication de l’écrivain, son talent évidemment, l’exercice n’est jamais facile…



Je confirme, quand la boîte de chocolat ou le recueil de nouvelles sont à ce niveau de qualité, il est essentiel de leur accorder toute notre attention !!


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Friday Black

Je tiens à remercier tout particulièrement le Picabo River Book Club. Léa ainsi que les Editions Albin Michel pour cette belle découverte.



Si au départ je ne suis pas friande de nouvelles, j'aime quand l'histoire et les personnages sont bien développés, là j'avoue que j'ai été conquise.



Le mot qui me vient en premier : saisissant !



En douze nouvelles, l'auteur stigmatise les maux de la société américaine actuelle et en la projetant dans un futur proche teinté de fantastique, il en grossit les aspects les plus sordides pour en donner la pleine mesure. Racisme, société de consommation, élitisme, inégalité judiciaire, violence, dérive du progrès...

Chaque nouvelle propose un élément, une possibilité qui frappe l'imagination, qui alerte. Avec beaucoup d'intelligence et d'inventivité, l'auteur offre une vision particulièrement sombre d'un possible avenir, il interroge l'identité noire et son devenir.

En choisissant la narration à la première personne, il donne la parole à ses personnages tous pétris d'émotions diverses. C'est d'une profonde humanité !



12 nouvelles, 12 histoires parfaitement abouties qui chacune témoigne d'une grande maîtrise du format.

Un auteur à suivre !
Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Friday Black

Je crois que je ne serais jamais allée vers ce livre, si on ne me l'avait pas envoyé. ( Merci à Gilles et à Carol)..J'ai été secouée. J'ai dû faire une pause après la première nouvelle. Ce livre,"Friday Black" compte 12 nouvelles, plus ou moins longues, et dès la première on se retrouve au coeur de la vie du narrateur, un noir, qui vit dans une époque -par ailleurs qualifiée de dystopique- où le racisme ordinaire américain est poussé jusqu'à des limites insensées. Les familles noires apprennent à leurs enfants comment baisser leur "niveau de noirceur" par leur façon de s'habiller, de parler, de se mouvoir, afin de pouvoir vivre dans une société où les blancs ont le droit de tout, y compris de tuer des enfants noirs, passant devant une bibliothèque, à l'aide d'une tronçonneuse, sous le prétexte de protéger ses propres enfants, qui pourraient être en danger, à l'intérieur. Dans ce cas particulier, le tribunal acquitte l'homme, ce qui mêne à un soulèvement chez plusieurs jeunes noirs, pourtant très bien "intégrés" : ils partent venger les 5 enfants en tuant des blancs au hasard, même innocents, mais au nom de ces enfants noirs. En les nommant.

Une autre nouvelle, Friday Black, qui donne son nom au livre, est une dénonciation de la société de consommation américaine, où les clients d'un centre commercial s'entre-tuent pour posséder la parka, le jean qu'il faut avoir pour accéder au niveau de valeur qu'ils croient atteindre en portant tel vêtement, en achetant telle télévision. Dès l'ouverture des portes, les vendeurs, postés chacun dans leur rayon, mais ayant chacun leur place hors d'atteinte du troupeau de clients, sont tendus à l'extrême, comme des gardiens de zoo à l'entrée de fauves dans la place. Les vendeurs ayant réalisé le plus de chiffre peuvent gagner une prime. Dès l'entrée, il y a des morts, piétinés par la foule. Mais c'est "normal" pour un Black Friday. Les clients ne parlent pas vraiment, ils feulent. Les vendeurs doivent comprendre exactement ce qu'ils veulent. Et leur donner leur article. À la fin de la journée, il y a du sang partout, des cadavres empilés dans une pièce "ad hoc".... c'est la société de consommation poussée à son extrême.

Je n'ai ici résumé que deux nouvelles. Les autres sont toutes aussi prenantes, profondes, violentes, dans un monde futur ou dystopique. C'est atroce, c'est hyper violent, ça pose question. Plein de questions. Sur la place des afro-américains dans la société américaine, avec les faits divers constants à propos des policiers qui tuent des noirs désarmées, de George Floyd et de tous les autres, du mouvement "Black Lives Matter", de la déshumanisation de la société. Ce sont des réflexions en chaine, sur le bon et le mauvais, faut-il que les afro-américains se défendent plus que ça, qu'ils retournent la situation ? Cela risque t'il d'être pire ? Ou le faut-il ? Ou bien l'alternative serait d'avoir de nouvelles voix dans la littérature Américaine, portant le sentiment des jeunes noirs, leur besoin de révolte, lus par tous, des coups de poing qui tuent le racisme au figuré, plutôt ? Ce livre m'a fait une impression incroyable, tant il est fort.


Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Friday Black

J'ai choisi ce livre pour la photo de couverture et je n'avais même pas vu la mention Nouvelles. Il est toujours difficile pour moi de donner un avis sur un recueil de nouvelles et je trouve qu'il est rare d'avoir un coup de coeur en si peu de pages ou pire, avoir un coup de coeur pour la 1ère qui ensuite se retrouve dilué dans le reste du recueil, bref j'en lis peu. Ici, j'ai reçu une grosse claque dès le début avec Les 5 de Finkelstein, complètement immersive dès les premières lignes, avec son déroulement sur deux lignes temporelles.

Ensuite je n'ai pas saisi la profondeur de Ces choses que disaient ma mère, beaucoup trop courte, et de L'hôpital où, trop "perchée" pour moi.

L'ère et Zimmer Land m'ont intéressée par leur côté dystopique et leur ambiance assez glaçante, je me retrouvai en terrain de lecture plus familier. La violence est-elle intrinsèque à l'homme et doit-il trouver des "défouloirs" légaux ? Entre autres combats, jeux vidéos de tueries ultra-réalistes et séries / films mettant en avant la vengeance comme seule justice efficace... je m'interroge souvent sur cette dérive vers la violence extrême. De fait, ce parc d'attractions de Zimmer Land ne me paraît pas si farfelu et c'est bien ce qui fait froid dans le dos.

Lark street... problème pour moi car elle me semble remettre en cause un droit que je considère fondamental, même si l'information, les précautions et la réflexion doivent toujours le précéder. Si le but est plus de réflexion sur les conséquences, j'adhère mais j'ai l'impression qu'il y a un pas de trop de l'autre côté.

Merci
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Friday Black

La première nouvelle de ce recueil paru chez Albin-Michel ( collection »Terres d’Amérique ») place la barre très haut. Avec « Les 5 de Finkelstein », le ton est donné : voici une voix, une écriture intéressante à suivre. C’est celle de Nana Kwame Adjel-Brenyah qui signe douze nouvelles, dystopies très réalistes, histoires fantastiques, contes glaçants, avec brio, dans ce Friday Black.

Je ne vais pas toutes les résumer, bien sûr, mais plutôt vous inciter à aller les lire. Dans la nouvelle que je viens de citer, un massacre a été perpétré sur cinq enfants noirs par un homme blanc. Pourquoi ? Et bien, il s’est simplement senti menacé par leur présence. Il y a procès. La justice donne raison à… l’homme blanc. Un écho qui sonne terriblement familier à nos oreilles, poussé à l’extrême, car l’histoire continue, mais je n’en dirais pas plus. La nouvelle est une réussite de bout en bout

Adjei-Brenyah instille la tension, joue avec l’absurde, déstabilise, met en lumière la violence de notre société actuelle (et de son propre pays, les USA) par le biais de la dystopie.

Haine, humanité/déshumanisation, dominés/dominants, victimes/coupables, tout cela s’enchaîne et se mêle dans ce recueil.

A lire, donc.
Lien : https://imaladybutterfly.wor..
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Friday Black

Un ensemble de nouvelles percutantes ! Certaines s’aventurent sur le terrain du fantastique, tout en faisant écho à notre société actuelle, pour la dénoncer et mettre en lumière des maux de notre société. Un livre qui m’a réconcilié avec les nouvelles, un genre que je fuyais depuis la lecture imposée au collège des nouvelles fantastiques de Maupassant. Une lecture à laquelle je continue de penser plus d’un mois après l’avoir terminée, c’est dire sa force. J’ai hâte de découvrir le prochain écrit de cet auteur.
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Friday Black

Douze nouvelles tour à tour réalistes, fantastiques, horrifiques voire complètement barrées où l’auteur malaxe les thématiques du racisme, de l’acceptation de soi, de la justice, des liens familiaux. Le lecteur est transporté dans des dimensions spatio-temporelles pas toujours très claires, les récits commençant souvent brusquement sans exposition préalable mais l’auteur a le mérite à travers ce recueil de nouvelles de bousculer la littérature.

Quelques nouvelles marquantes :

Les 5 de Finkelstein : un homme assassine cinq enfants noirs et est acquitté. Ou comment ressentir le racisme jusqu’au fond de son être.

L’Ere : dans le futur, on dit toujours la vérité. On reçoit des doses de Bien (drogue euphorisante) quand on en a besoin. Certaines personnes sont optimisés, d’autres ont vu leur optimisation ratée et d’autres encore sont ordinaires.

Lark Street : deux fœtus avortés viennent rendre visite à leur père pour lui demander des comptes.

Zimmer Land : un parc d’attraction où l’on peut se faire justice soi-même.

Friday Black où le Black Friday poussé à son paroxysme gore.

Après l’éclair : dans un futur post-apo, les personnages sont coincés dans une bulle temporelle où ils passent leur temps à se tuer. Un vrai cauchemar.
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