Une longue discussion autour du roman "Babel", de R. F. Kuang, par la Garde de Nuit.
Je crois très dangereux de signifier à un auteur ce qu'il peit et ne peut pas écrire : c'est de la censure. [...] je détesterais vivre dans un monde où l'on imposerait aux gens d'écrire ceci ou cela en raison de la couleur de leur peau. Retournez donc votre argument et voyez ce que ça donne. Est'ce qu'n auteur noir ne peut pas écrire un roman avec un protagoniste blanc ? Et que dire de tous les auteurs qui ont parlé de la Deuxième Guerre mondiale sans l'avoir vécue ? On peut critiquer un livre pour ses qualités littéraires et sa représentation de l'histoire - oui, bien sûr. Mais je ne vois aucune raison pour laquelle je ne devrais pas trqiter ce sujet pour peu que j'accepte de faire le boulot.
- Vous voyez ? reprit Anthony. Les langues ne sont pas seulement faites de mots. Ce sont des modes de vision du monde. Les clefs de la civilisation. Et c’est une connaissance qui mérite qu’on tue pour elle.
Eh bien, fit-elle d'une voix traînante, on a dû décider de devenir des filles parce que, pour être des garçons, il aurait fallu renoncer à la moitié de nos cellules cérébrales.
" Avant d'avoir terminé leur thé, ils étaient tous quasi amoureux les uns des autres - pas encore tout à fait, car le véritable amour demande du temps et des souvenirs, mais ils en étaient aussi près que pouvait les conduire une première impression."
Mais quel est le contraire de la fidélité ? demanda le professeur Playfair. Il approchait de la fin de son raisonnement, il ne lui restait plus qu'à conclure sur un coup d'éclat. La trahison. Traduire, c'est faire violence à l'original, c'est le déformer pour des yeux étrangers ignorants de sa forme première. Alors, où cela nous mène-t-il ? Comment conclure si ce n'est en reconnaissant qu'une traduction est toujours une trahison ?
Schleiermacher pensait qu’une traduction devait être assez peu naturelle pour se présenter sans ambiguïté comme un texte étranger. Selon lui, il y a deux choix possibles : soit le traducteur laisse l’auteur en paix et en rapproche le lecteur, soit il laisse le lecteur en paix et en rapproche l’auteur.
" - Ce que j'aimerais, moi, coupa M.Ratcliffe, c'est que les femmes cessent de participer aux débats anti-esclavage. Elles se reconnaissent trop dans cette situation; cela leur met des idées en tête.
- Comment ? fit le professeur Lovell. Mme Ratcliffe serait insatisfaite de sa situation domestique ?
- Elle aime à se dire qu'il n'y a qu'un pas entre l'abolition et le vote des femmes." M.Ratcliffe lâche un rire mauvais. "Ce serait vraiment un comble."
Vous êtes vous déjà interrogé sur le mécanisme de popularisation ? Comment ule personne cesse-t-elle d'être un individu réel, qu'on a bel et bien connu, pour devenir une suite d'arguments de marketing et de publicité, pour se retrouver consommée et vantée par des fans qui croient la connaître alors qu'ils ne la connaissent pas, mais qui sont conscients du processus et l'acclament néanmoins ?
Ol décrit toujours la jalousie comme une horreur verte, tranchante et vénimeuse. Infondée, aigre et malveillante. Mais j'ai découvert que, chez les écrivains, elle est plus proche de la peur.
Les bonnes nouvelles continuent d’affluer. Brett m’envoie par e-mail des nouvelles des ventes de droits à l’étranger. On a négocié des contrats avec l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne et la Russie. Pas encore avec la France, mais on y travaille, me dit-il. Cela dit, personne ne se vend bien en France. Si les Français t’apprécient, tu sais que tu fais carrément fausse route.