Après plusieurs escales dans l'île, gardes et prisonniers se sont habitués à mes venues. Bora, parce qu'il est malgache, a été discrètement interrogé aussi bien par les gardes que par les prisonniers, tous étonnés de mes arrêts fréquents en un lieu où aucun voilier ne fait jamais escale. Ma rencontre avec le directeur du bagne de passage dans l'île - il réside à Analalava, se déchargeant sur ses gardes de la gestion quotidienne des prisonniers, règle la question car lui-même ne trouve rien à redire à ma présence. Autorisation tacite il va sans dire mais efficace, puisque personne ne m'interrogera plus sur les raisons de mes allées et venues à Nosy Lava. Un assentiment peut-être dû à l'hésitation qu'ont de nombreux Malgaches à manifester une opposition aux Blancs. Un héritage de l'ère coloniale qui démontre que le poids de l'asservissement ne s'efface pas facilement de l'esprit des peuples colonisés.