NE TIREZ PAS SUR LA CHANTEUSE !
Ce qui me cloua sur le trottoir, ce n’était pas sa façon de conduire : c’était le type à moitié chauve vautré sur le capot de la voiture. La petite Wolkswagen a un capot incliné et le type avait un mal fou à s’y accrocher. Il se cambrait et gigotait comme un dingue pour essayer de se mettre à califourchon sur le capot, tandis qu’avec les mains il tentait désespérément de se retenir aux essuie-glaces.
La jeune fille de la photo était du type que la Californie savait autrefois produire mieux que n'importe quelle autre contrée au monde. Une vingtaine d'années, avec des cheveux décolorés par le soleil et des taches de rousseur. Elle avait les yeux bleus, perdus dans le vague. Son visage, avec son sourire timide et enfantin avait cet air absent qui m'apprit qu'elle croyait aux soucoupes volantes, au riz macrobiotique et aux effets humanitaires de l'herbe et de l'acide. Elle était naïve, mystique et prête à croire n'importe quoi pourvu que toute souffrance en fût exclue.
« La cuisine était tellement épicée que ça vous dilatait les pores, vous dynamitait les sinus et vous donnait l’impression de respirer par le front. »
Extrait de: Harris, Timothy. « Un pt’it tramway dans la tête. » iBooks.
« Tout le monde s’en fout. Le monde est comme ça, maintenant. »
« Ce qu’il y avait de bien à la morgue, et qui n’avait pas changé, c’est qu’on était toujours content d’en sortir. Même s’il faisait un temps de chien, même si l’air était étouffant, on avait toujours l’impression d’être en sursis, une fois dans la rue. »
Extrait de: Harris, Timothy. « Un pt’it tramway dans la tête. » iBooks.
« Le monde est plein de pauvres types fébrilement occupés à dissimuler leurs véritables désirs. Je trouvais que ça demandait trop d’énergie de déguiser mes sentiments. »
TIREZ SUR LA CHANTEUSE !
Un livre jubilatoire, avec un humour ravageur ! On ne s'ennuie jamais: le personnage de Thomas Kyd, le privé, a des réparties jubilatoires. L'enquête, dans le milieu de la drogue et du show biz, est menée tambour battant.
Un livre pour se vider la tête, mais pas que !
La Wolkwagen apparut au bout de la rue ; le type à poil était toujours étalé sur le capot, agrippé aux essuie-glaces. Je le vis clairement quand la voiture tourna pour entrer dans le garage souterrain et, soudain, le spectacle ne me sembla plus drôle du tout. Les yeux révulsés, l’écume aux lèvres, la bouche déformée par un rictus
TIREZ SUR LA CHANTEUSE !
A lire la description de la soirée, on eût dit que de braves gens du show biz s’étaient réunis pour jouer aux scrabble et aux charades. Il n’était pas question de partie carrée dans la chambre à coucher des hôtes, pas question de cocaïne, d’héroïne et de barbituriques.
TIREZ SUR LA CHANTEUSE !
La cuisine était aussi dans les tons de brun, et la peinture murale du couloir y était reproduite. On aurait dit qu’un étudiant des Beaux-Arts avait passé trois jours à manier le pinceau en se soûlant la gueule, avant de se suicider. [Thomas Kyd chez Sassari]