Citations de Édouard Louis (796)
Les autres femmes s'interrogent à la sortie de l'école L'autre elle a toujours pas fait de gosses à son âge, c'est qu'elle est pas normale. Ça doit être une gouinasse. Ou une frigide, une mal-baisée.
J'ai dit à Clara que j'avais aimé le bruit de sa respiration, que j'avais eu envie de prendre son souffle entre mes doigts et de l'étaler sur mon visage. Pourtant, je ne répondais pas à son sourire.
Voir les autres détenus qu'il haïssait, même les amis qu'il s'était faits là-bas, d'ailleurs, ceux avec qui il passait du temps pendant les pauses dans la cour, à qui il parlait de sa femme et de ses enfants, ceux qui étaient devenus une deuxième famille pour lui, il disait mon clan, ceux qui le protégeaient, l'aidaient, qu'il protégeait et aidait en retour, même eux il les détestait quand il y réfléchissait (comme si les individus, les autres, étaient toujours associés à un lieu, un espace, un temps particuliers, dont il était impossible de les dissocier, comme s'il existait une géographie des liens, de l'amitié, et que la détestation des lieux entraînait, inexorablement, fatalement, la détestation de ceux qui s'y trouvent) .
-Les parents sont les derniers à admettre qui leur fils est fou.
-Ces fois où, plus le temps passe, plus les chances de corriger une erreur, de régler une situation embarrassante, sont minces, et plus la capacité à réagir s'amenuise.
-Il avait raconté à ma grand-mère le sentiment de bonheur qu'il avait éprouvé durant sa permission. Il avait compris que quiconque avait connu autant de difficultés pouvait éprouver le bonheur mieux que n'importe qui d'autre. Il avait compris que l'un n’existait que par rapport à l'autre et qu'il manquait quelque chose à ces gens qui ne connaissent que le confort sans jamais éprouver le besoin ou l'humiliation. Comme si ceux-là n'avaient pas vraiment vécu.
Le grand roux et l'autre au dos voûté me mettent un ultime coup. Ils partaient subitement. Aussitôt ils parlaient d'autre chose. Des phrases du quotidien, insipides - et ce constat me blessait : je comptais moins dans leur vie qu'eux ne comptaient dans la mienne. Moi qui leur consacrais toutes mes pensées, mes angoisses, et ce dès le réveil. Leur capacité à m'oublier si vite m'affectait.
"Pourquoi choisit-il de parler, de se comporter comme une fille alors qu'il est un garçon ? Il est bizarre ton fils Brigitte de se conduire comme ça." Cet étonnement me compressait la gorge et me nouait l'estomac. A moi aussi on demandait "Pourquoi tu parles comme ça ?" Je feignais l'incompréhension, encore restais silencieux - puis l'envie de hurler sans être capable de le faire, le cri, comme un corps étranger et brûlant bloqué dans mon œsophage.
[...] souvent, nous parlions top ensemble, quitte à nous couper la parole, nos phrases se superposaient, elles s'entrechoquaient, une phrase s'introduisait dans l'autre par la fissure d'une respiration et la faisait imploser et la conversation changeait brutalement de direction. p. 229
[...] on ne devient qu'en excluant d'autres possibilités de devenir, d'autres vies possibles [...] p. 217.
[...] la honte est en fait la forme de mémoire la plus vive et la plus durable, une modalité supérieure de la mémoire, une mémoire qui s'inscrit au plus profond de la chair, à croire, comme le soutien Didier, que les plus vifs souvenirs d'une vie sont toujours ceux de la honte.p 142
[...] je ne pouvais plus voir un sourire ou entendre un rire, dehors, dans les rues, au parc, au café, partout, les rires transperçaient mes tympans et restaient bloqués dans mes oreilles, ils résonnaient à l'intérieur de mon crâne pour le reste de la journée, bloqués dans mon crâne, dans mes yeux, sous mes lèvres- comme si les rires existaient contre moi [...]. p. 27
oui, oui, que de critiques déjà bien constructives sur cette oeuvre, qui m'a interpellée ou dérangée, je ne sais pas vraiment... mais n'a pas amené ce que je cherche dans un livre c'est à dire de l'évasion.
J'ai bien apprécié le livre car il nous immerge complétement dans la vie de l'auteur, il dit sans se voiler la face et sans pudeur certaines actions peu recommandables voire obscènes (Voir chapitre "Le Hangar")
J'aime bien aussi la façon dont il décrit sa vie de tout les jours dans son milieu social et le moyen qu'il met en œuvre pour s'en sortir.
Je conseille ce livre que j'ai vraiment apprécié.
Mathieu 2°8
Je sais pas quand est-ce qu'y va mourir celui-là mais bordel de brun qu'est-ce que c'est long. [...] Prépare-toi à être de deuil la semaine prochaine, je sors de chez la voyante il lui reste soixante-douze heures à vivre.
Parler philosophie, c'était parler comme la classe ennemie, ceux qui ont les moyens, les riches. Parler comme ceux-là qui ont la chance de faire des études secondaires et supérieure et, donc, d'étudier la philosophie.
De mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux.
Edouard Louis