🪼Chronique 🪼
Le soleil est sexy
Qui ne serait pas partant pour un petit break en Espagne? Qui ne rêve pas de soleil, de désir, de possibles qui brilleraient aussi fort que l’astre? Et la mer, et la mer, et la mer…Je suis attirée comme un aimant, vers le nouveau livre de Deborah Lévy. La promesse d’évasion sans doute, ou cette idée de réconfort dans le lait chaud. Je ne sais pas. Je me laisse porter. Je me laisse porter comme sur une vague. Et justement, tout ici, ramène à la mer. Les méduses, le cadre idyllique de la Méditerranée, le sable, les sandales, la canicule, l’eau claire…Je me laisse porter car tout m’est familier, et j’aime cette ambiance estivale. Pour autant, Deborah Lévy ne se contente pas de faire un tour d’horizon agréable et futile, mais elle nous emmène plonger sous la surface. Et de mer à mère, il n’y a qu’une lettre qu’elle va se plaire à nous conter: cette fameuse relation mère-fille si complexe. Alors laissez-vous aussi porter par cette vague, car c’est bel et bien dans ce son feutré, que Rose et Sofia vous confieront leurs secrets et paradoxes…Les oreilles qui bourdonnent d’être restée sous l’eau, avec elles, je ne vois que le trouble, sans rien trop distinguer, d’abord. Et puis, viennent les méduses. Les méduses urticantes qui laissent des traces visibles sur la peau. Les méduses qui ont le pouvoir de paralyser. Et cette relation mère-fille a de cette teneur. Au sens propre, comme au figuré. Est-ce que ces piqûres sont réelles? Est-ce que Méduse s’est emparée de la mère? Quelle est la part de responsabilité de la fille dans cet immobilisme? La maladie de Rose est un mystère qui les contraignent tant à deux, et finalement est-ce que cet espoir de guérison mènera, les deux, à leur liberté individuelle? Et puis le soleil est tellement sexy, que le Désir s’emmêle dans les jambes, mais qui s’en relèvera? Tu vois, c’est beaucoup de questions pertinentes qui font tempête. Mais le leitmotiv de ce roman, est l’intrépidité. Il faut être assez intrépide pour tout risquer dans cette clinique aux soignants controversés. Il faut être intrépide pour se détacher du lait chaud du sein de la mère. Il faut être intrépide pour se laisser prendre aux jeux multiples du Désir. Et chacune à leurs manières s’y résout, avec plus ou moins, de bonne volonté…
Et moi, je les regardais avec admiration. Parce que l’intrépide me fascine. L’intrépide, c’est la vie que l’on prend à bras le corps. L’intrépide, c’est la vie qu’on embrasse à pleine bouche. L’intrépide, c’est braver les obstacles de la vie, et l’aimer encore, sans modération. Intrépide. Il a bien fallu, l’arracher, ce mot qui s’était perdu entre les eaux troubles, dans le gluant de la mélancolie, sur les esquifs du ressentiment. Je le voyais, hardi, combattre les vagues. J’y croyais et c’est advenu. L’intrépide les touchait, elles et moi. Et je n’ai pas lâché Hot Milk, la force de suggestion était trop puissante. Et toutes aussi effrayantes, monstrueuses, piquantes, que peuvent l’être une mère, une femme, une méduse, j’ai observé avec toute mon attention, leurs faits et gestes. Et j’ai vu un signe, un genre de clarté, une révélation qui ne demandait qu’à rejaillir. La beauté de ce roman est exceptionnelle. Intelligent, subtil, sensoriel, il a vraiment tout pour plaire. Et je rajouterais même, soyons intrépide aujourd’hui, Exquis. Exquis comme la douceur d’un bon lait chaud…Un coup de cœur 🩵
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