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Rue de l`échiquier [corriger]


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Les Semeuses

Rosalie est de retour dans sa maison d’enfance, sur les terres de son peuple, les Dakhota. Veuve et mère, elle a passé les deux dernières décennies dans la ferme de son mari blanc, trouvant du réconfort dans son potager alors que la propriété était dans la tourmente entre les aléas climatiques et la mainmise d’une entreprise de semences. Aujourd’hui, elle revient se confronter à son passé, à son enfance déracinée, à la recherche d'une famille, d'une identité et d'une communauté à laquelle elle peut enfin appartenir. Elle va apprendre ce que signifie descendre de femmes Dakhotas, ces femmes qui ont toujours cherché à protéger leurs familles, leurs traditions et leurs précieuses graines de maïs.



Si les romans sur les peuples autochtones d’Amérique du nord sont légion, je crois bien que c’est la première fois que je vois le sujet traité de cette façon. Pour démontrer une fois de plus les spoliations dont on souffert les indiens, Diane Wilson évoque un point qui concerne en fait tous les paysans du monde : le lobbying des semenciers.



Aujourd’hui, partout, le contrôle sur les semences par des multinationales comme Monsanto ou Syngenta, transforme les paysans qui réutiliseraient leur récolte en délinquants, pouvant être accusés de contrefaçon. Cela concerne ceux qui réutilisent une variété protégée par un brevet comme ceux qui utilisent leurs propres semences issues de leurs propres sélections. Si vous voulez semer, vous n’avez pas d’autre solution que d’acheter à ces grandes entreprises. C’est la fin de l’agriculture paysanne, c’est la mécanique capitaliste appliquée à la terre.



Par les voix de quatre femmes, gardiennes à travers les temps de graines de maïs, Diane Wilson montre une autre facette de l’asservissement des natifs. Une saga émouvante sur la mémoire et la transmission, en totale adéquation avec la ligne éditoriale de la maison Rue de l’Echiquier, toujours douée pour dénicher les fictions qui aident à réfléchir et pointent du doigt les enjeux fondamentaux de notre monde.



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Les Semeuses

Depuis que j'ai commencé à explorer la littérature américaine, je me suis prise de passion pour les récits des autochtones. J'ai adoré (presque) tous les textes de Louise Erdrich, j'ai été sidérée par l'écriture de Tommy Orange, et envoûtée par la force incantatoire de Leslie Marmon Silko ou encore par la magie horrifique des textes de Stephen Graham Jones.



Avec son admirable premier roman, Diane Wilson rejoint les voix contemporaines qui portent haut les couleurs de la littérature des Premières Nations. A travers l'histoire de Rosalie Iron Wing, une dakhòta née dans le Minnesota, l'autrice nous entraîne sur les chemins de plusieurs générations de femmes, gardiennes des graines, garantes de la survie de leur peuple.



Dans une structure narrative qui creuse le sillon des origines jusqu'aux années 1880, lorsque le lien à la terre fut brutalement rompu par l'irruption des Blancs dans la vie des ancêtres de Rosalie, Diane Wilson écrit un roman bouleversant. Elle évoque dans une langue poétique et belle l'héritage d'un peuple, transmis coûte que coûte, malgré les massacres, les familles séparées, les enfants arrachés à leur foyer, par ces semeuses, courageuses et déterminées. La graine en dormance, encouragée par les récits, les chants, et la vigilance de celles qui veillent, ne demande qu'à s'épanouir à nouveau, nourrie par les mots.



Un roman vibrant aussi, d'une relation sensible, vitale à la terre, aux cycles de la nature, aux éléments et à l'ensemble du vivant qui se heurte à la stérilité moderne, celle des graines génétiquement modifiées ou aux produits qui abîment durablement la nature.



D. Wilson compose un hommage bouleversant à tous les autochtones massacrés, humiliés et acculturés tout en célébrant une renaissance contemporaine, une prise de conscience de la grandeur et de la vitalité de la culture des Amérindiens. Son discours écologique dénonce notamment la surexploitation des ressources naturelles et nous invite à nous rappeler que chaque graine est un trésor de vie.



Un premier roman magnifique, un objet-livre toujours très beau dans la collection Fictions des éditions Rue de l'Echiquier.
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Camel Joe

Après une première publication en 2018, Camel Joe est de retour avec une nouvelle couverture colorée et une préface de Pénelope Bagieu (excusez du peu).



Camel joe c'est Claire Duplan, une jeune illustratrice qui en a marre des machos, des harceleurs et des violences faites aux femmes, ou plutôt Camel Joe c'est celle qu'elle voudrait être quand elle est excédée, car Pénelope Bagieu l'assure, Claire Duplan est une pacifiste, profondément non-violente et cette killeuse de Camel Joe un véritable défouloir pour son avatar, Constance. Camel Joe est une justicière qui fait un doigt d'honneur au sexisme et au patriarcat, qui ridiculise les machos, le tout avec un look très étudié : leggings panthère et sneakers parceque, dit-elle, y en a marre des "Supermeuf n'ayant aucun pouvoir à part d'avoir celui d'être le quota sexy et d'avoir le costume le moins pratique du monde ". Mais comme toutes les héroïnes, derrière le masque (qu'elle ne porte pas), Camel Joe vit des amours pas simples car en contradiction avec ses convictions féministes.



Camel Joe est une bd décapante, trash, féroce, qui appelle un chat un chat, sans détours ni point-virgule. Le dessin suit l'intention, le trait est énergique et forcé dans les expressions. On sent des références avec l'humour de Penelope Bagieu mais une Penelope Bagieu qui serait vraiment très sur les nerfs ;) .



Merci aux éditions Rue de l'échiquier et à la Masse Critique de Babelio pour cette découverte.







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