Depuis quelques temps, Glénat semble lui aussi, comme d’autres éditeurs, revenir sur ses premières années comme éditeurs de manga. Retour de DragonBall en version intégralement colorisé, réédition de Ryoichi Ikegami avec ses célèbres Crying Freeman et Sanctuary. Yan qui vient de débarquer est complètement pour moi un hommage à ce dernier univers très violent, très cinématographique, très posé et j’adore !
Manhua que l’on doit à Chang Sheng, déjà croisé sur le court Oldman chez feu Kotogi, Yan est un triptyque aussi beau qu’excessif, aussi percutant que foutraque, aussi attendu qu’inattendu. Il est clairement marqué par l’école graphique chinoise avec son trait très posé, ses noirs et blancs profonds, sa narration moins fluide qu’un manga et surtout ses scènes de combat très chorégraphié comme dans un de ces films d’arts martiaux chinois. Si on aime, c’est vraiment un régal et ce dès la couverture malgré son rose très criard, qui rappelle un peu d’ailleurs le jaune de Tarantino dans Kill Bill dont il est un bel écho.
C’est en effet également une histoire de vengeance avec une femme qui a été lésée qu’on nous propose ici. Très classique au début avec la rencontre d’une ex-artiste de l’opéra de Pékin qui cherche à faire payer à ceux qui ont massacré sa famille 30 ans plus tôt. On découvre au fil des chapitres, au tempo haletant, une histoire aux ramifications plus nombreuses que cela et surtout un scénario assez imprévisible. J’ai eu l’impression que l’auteur mettait ici tout ce qui lui faisait plaisir, tout ce qu’il aimait, avant de le passer au blender et de nous en donner à boire le résultat. Surprenant !
Comme dans un Tarentino, c’est violent, épique, sans concession, mais en prime, on a ici de la SF qui sort de nulle part, un complot politico-médical avec manipulation génétique (?) et bien sûr une belle bavure policière. Les influences fusent et le scénario rebondit sans cesse dans une direction improbable avec toujours en fil rouge cette héroïne vengeresse en tenues ultra moulantes inspirées des montes en l’air et de l’Opéra de Pékin. L’auteur ne se gêne pas d’ailleurs pour nous imposer son male gaze gênant et bien sûr totalement inutile, comme dans un Ikegami… quand je dis que je sens un hommage ^^!
Je suis incapable de dire à ce stade où ira l’histoire tant les croisement et rencontres sont improbables. J’aime la folie et la violence de cette oeuvre fort divertissante. Je trouve cependant le scénario un peu léger pour le moment dès qu’on creuse. Tout reste en surface : personnages comme intrigues, qui sont justes de bons gros archétypes chargés de nous secouer et nous distraire, le tout avec de beaux dessins. C’était déjà le cas dans Oldman. Si vous êtes adepte de série B avec beaux dessins à la clé, ne boudez pas votre plaisir. Si vous cherchez plus, pas sûre que les 3 tomes vaillent l’investissement mais je ne demande qu’à voir.
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