Cette année, le père Noël était un peu en retard.
Il est passé en janvier, mais je ne lui en veux pas le moins du monde car il a profité d'une opération "Masse Critique" et d'un envoi des éditions Caurette (merci !) pour déposer dans ma boite aux lettres un bien bel ouvrage.
"Chouette une BD !", pensais-je, avant de me raviser : il s'agit là de tout autre chose, en fait d'un joli livre de croquis dénué du moindre phylactère et signé
Achdé, fils spirituel et successeur de Morris - adoubé par le maître ! - qui perpétue depuis bientôt 20 ans la légende du grand Lucky Luke.
Ici point de planches savamment agencées, donc, pas d'aventure à découvrir, de scénario haletant ni de fusillades épiques, mais à la place des trognes incroyables, des Stetson superbes et des moustaches pas possibles sous des pifs déments, des portraits prodigieusement expressifs, des indiens aux regards perçants et des cow-boys aux fronts burinés, des chevaux qu'on dirait vivants, écume aux lèvres et crinières au vent, des colts et des rodéos, des bisons et des diligences : en un mot l'OUEST dans toute sa splendeur !
Et qu'importe si je n'y connais rien en dessin, qu'importe si je suis bien incapable d'émettre un avis pertinent sur les différents styles et techniques utilisés (crayon graphite, fusain, pastel, gouache, feutre, pierre noire et que sais-je encore ?) : le fait est que "ça fonctionne" !
On se laisse facilement saisir, tant par ces visages que par ces animaux en mouvement, et très vite nous voilà transportés en plein far west, comme téléportés dans un film que
Sergio Leone se serait amusé à projeter sur la toile joliment déformante imaginée par
Achdé, dessinateur passionné aux talents de caricaturiste évidents.
Toutes ces images inspirées par les pères fondateurs de l'illustration américaine m'ont d'ailleurs donné envie de me pencher sur les travaux de Charles Marion Russell, Robert McGinnis,
William Matthews et autres Roy Andersen, cités dans la préface et dont j'ignorais tout !
Que de nouveautés en perspective !
Ainsi, quand
Achdé dit espérer que "les amoureux de l'Ouest imaginaire et les anciens petits enfants qui aimaient jouer aux cow-boys et aux Indiens prendront plaisir en découvrant ce matériel tout droit sorti des réserves de [son] atelier", je le rassure immédiatement : j'ai beaucoup aimé son carnet de croquis et ses fragments de "western en papier" !
Qu'il lui soit permis de seller sereinement Jolly Jumper et de partir avec lui en sifflotant au soleil couchant (" ♪ I'm a Poor Lonesome Cowboy ♫ ..."), avec le sentiment du devoir accompli !